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La hausse des frais scolaires face à la classe moyenne
Voici un autre blog sur la hausse des frais de scolarité, car il faut en parler ! Cette fois le point de vue vient d’un individu avec un revenu familial moyen et ayant trois enfants aux études supérieures. Selon une obligation légale, les familles ayant un revenu de 30 000 $ et plus doivent contribuer aux études de leurs enfants. En réalité, seule une famille sur deux y contribue. La volonté d’investir ou non dans l’éducation de leurs enfants peut être un simple choix de valeur des parents ou encore un manque de marge de manœuvre dans le budget familial. Que ce soit le parent ou l’étudiant qui débourse pour les études, l’accessibilité aux prêts et bourses demeure la même : c’est le revenu familial des parents qui sera pris en considération que ceux-ci contribuent ou non.
L’accessibilité aux prêts et bourses même bonifié ne concerne seulement que 25 % de la population. Les 75 % restant, dont la majorité sont de la classe moyenne, devront payer des frais plus élevés, sans compensation. Contrairement à ce que la ministre Line Beauchamps tente de nous faire croire, la bonification des programmes d’aide financière ne compensera pas la hausse des frais de scolarité. Seuls les boursiers actuels auront droit à cette compensation supplémentaire. L’augmentation, sans l’ombre d’un doute, va frapper de plein fouet la classe moyenne.
Réussir à couvrir les coûts actuels pour une famille comme la mienne est déjà tout un tour de force. Alors débourser 1 625 $ de plus par enfant par année peut devenir un obstacle presqu’insurmontable. Alors, pour les étudiants vivant dans une famille de classe moyenne qui ne reçoivent aucune aide financière de leurs parents et qui sont toujours considérés à leur charge, l’augmentation sera certainement le facteur déterminant pour l’arrêt des études supérieures. L’accroissement des frais sera d’autant plus difficile pour les étudiants venant des régions et des milieux ruraux qui doivent se reloger plus près de leur université ou qui doivent effectuer plusieurs voyages depuis leur lieu d’habitation pour assister à leurs cours.
La Ministre ainsi que certains médias croient que les étudiants doivent faire leur juste part et arrêter de faire les enfants gâtés. Malheureusement, ils font abstraction au fait que la majorité des étudiants sont issus de familles de classe moyenne qui n’auront jamais droit à un prêt, encore moins à une bourse. Paradoxalement, se sont bien ces familles de classe moyenne qui sont toujours les plus taxées et qui font plus que leur juste part. Le syndrome de « pas dans ma cour » que la ministre Beauchamps site sur toutes les tribunes ne tient vraiment pas la route.
Par une manipulation des faits et une certaine montée d’individualisme dans la société, la perception de la population envers les étudiants semble de moins en moins positive. Pourtant, l’éducation n’est pas comme un objet de luxe que l’on achète telle une autre marchandise, mais bien un enjeu collectif essentiel au développement d’une société.
Pourquoi le gouvernement s’entête-t-il ? La formation universitaire est une richesse pour la société québécoise, les statistiques le prouvent. Comme les gens du gouvernement libéral le mentionnent eux-mêmes : les diplômés universitaires vont gagner généralement plus d’argents. Donc, au cours de leur vie active, ils vont payer proportionnellement plus d’impôts et de taxes que les non diplômés. Le Québec ne peut se passer des diplômés universitaires, ce sont eux qui paieront une grande partie des dépenses futures de la fonction publique.
En conclusion, le gouvernement Charest a le devoir d’initier un dialogue le plus rapidement possible avec les étudiants. Ils doivent respecter l’électorat étudiant aux mêmes titres que les autres groupes d’intervenants de la société québécoise. Peu importe la manière, les deux parties vont devoir mettre de l’eau dans leur vin. La solution serait probablement d’avoir une plus grande accessibilité à l’aide financière et une augmentation des frais beaucoup plus raisonnables.
Par Jean-Marc Cloutier
Étudiant - ÉNAP - Montréal
28 mars 2012
Commentaires
Bonjour Jean-Marc,
Tu as raison, l’augmentation des frais de scolarité me gène un peu moi aussi, d’autant plus qu’elle ne tient pas compte des catégories sociales comme d’ailleurs le reste de la tarification mise en place par le gouvernement ! Pour une famille qui gagne 30000$ par an, la somme de 1625$ de frais de scolarité représente 5,4% ; alors que pour un recteur d’université qui gagne 300000$ par an, 1625$ de frais de scolarité représente 0,54%. L’équité serait que le recteur d’université paye aussi 5,4% pour les études de ses enfants soit 16200$. Ce n’est pas normal qu’un enfant d’un ministre paye la même chose qu’un enfant des ouvriers dont monsieur et madame gagnent 10$ de l’heure. Si cette famille a 3 enfants c’est 16,2% !
Boniface.