#2-L Bouliane -Repenser notre système de santé: deuxième partie
Pour faire suite à notre premier blog, nous souhaitons apporter des pistes de réflexion quant aux solutions potentielles permettant de répondre aux lacunes de notre système de santé. En effet, une réforme est nécessaire afin de mieux répondre aux besoins de la population québécoise et d’assurer la pérennité de nos services d’utilité public, particulièrement dans le domaine de la santé. Dans un article du journal Métro du 21 février, une journaliste comparait notre système de santé à celui de l’Allemagne qui consacre la même part de son PIB que le Québec en santé . Elle valorise leur système mixte dont les réformes n’ont pas nui à la qualité des soins, éliminant le temps d’attente aux urgences. Il est judicieux de s’attarder sur ce qui est fait dans d’autres pays offrant une très bonne qualité de soins, dans un délai très court, afin de repenser notre système de santé. Il faut repenser nos structures actuelles et mieux articuler les partenariats existants. Il ne s’agit pas de privatiser nos services publics qui assurent un accès universel aux services, mais de planifier une collaboration du secteur public et du secteur privé dans certains champs de pratique pour lesquels les listes d’attente restent très longues d’année en année. Par exemple, une distribution de services pour un plus grand nombre de types de chirurgies, les prises de sang et les bilans sanguins ainsi que les services à domicile pour assurer les activités de la vie quotidienne et de la vie domestique (AVQ et AVD) des personnes en perte d’autonomie pourraient être davantage délégués au secteur privé par contrat de prestations. Les expériences d’autres pays peuvent nous aider à réfléchir sur d’autres modèles.
Par exemple, le système de santé suisse est basé sur une « modèle d’assurance qui se trouve à mi chemin entre une assurance sociale et une assurance privée ». En 1994, la LAMal a fait l’objet d’une révision intégrale, rendant obligatoire à tous les citoyens de contracter une assurance maladie introduisant, par conséquent, le principe d’un accès plus équitable aux soins. Elle obligeait donc les caisses d’assurances maladies d’accepter toute demande de couverture sans aucune discrimination. Malgré les effets pervers d’un tel système dont la mobilité des assurés pour obtenir des primes réduites d’année en année la sélection des risques ou l’augmentation générale des primes, ce système assure une qualité des services exemplaire, sans un temps d’attente exagérée à la dispensation des soins. Son financement se divise parmi trois acteurs distincts : les assureurs, les assurés et l’État qui garantit l’accès à tous.
Du côté des caisses-maladie, elles assurent un tiers de la couverture. Le deuxième tiers est pris en charge par les assurées et le reste, dépendamment de la situation financière de l’assuré, est pris en charge par l’État. Sa part est répartie entre la Confédération et des cantons selon leurs compétences. Toutefois, l’examen de l’OCDE sur le système de santé suisse révèle que, malgré une bonne qualité des prestations de soins et un bon niveau de l’état de santé global de la population helvétique, cette dernière paie un prix élevé. En effet, les dépenses en santé de la Suisse sont des plus élevées, en comparaison internationale, se positionnant juste après les États-Unis. En dépit des différentes révisions de la LAMal qui cherchent à endiguer l’augmentation des coûts de santé, ces dépenses s’élevaient à 11.4 % du PIB en 2009 . En raison d’un système basé sur la responsabilisation du consommateur, les ménages assument 66.8% des dépenses de santé. Cela signifie donc qu’une grande part du revenu du ménage est consacrée aux paiements des frais en matière de santé, des primes se situant entre 400 et 800 CHF par mois, en moyenne, dépendamment des couvertures complémentaires (chambres privées ou semi-privées par exemple).
Force est de constaté que tous les pays sont confrontés à l’augmentation des coûts et ne peuvent que tenter de les freiner, selon la réalité internationale actuelle qui démontre bien la loi de Wagner. Il faut arriver à s’entendre sur un bon compromis entre le prix à payer pour une bonne qualité des services, permettant de répondre aux besoins de la population. Les expériences des autres pays peuvent nous servir de modèle afin de développer un peu plus notre forme de dispensation des services, c’est-à-dire en trouvant un modèle mixte fluide, sous la gouverne de l’État québécois pour assurer l’accessibilité des services, leur qualité et la régulation des coûts. Un modèle mixte s’impose pour assurer la pérennité de notre système de santé, dans un contexte de vieillissement de la population. La question reste à savoir : comment articuler un système mixte dans le contexte québécois ?
Louise Boulianne
Commentaires
PS mes notes de bas de page ne sont pas apparues...