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« Notre place dans le monde passe pas l’éducation »

 

« Notre place dans le monde passe pas l’éducation » a dit M. Jacques Parizeau lors sa visite à l’ENAP le 15 novembre dernier.

 

Concernant la mondialisation et son impact, il nous a, notamment, entretenu de la langue. Il a clairement fait valoir que, force est de constater, que la langue anglaise s’est imposée de façon internationale et ce sans qu’aucune loi ne l’impose.  Maintenant, pour avoir accès à certaines fonctions, à certaines informations, l’utilisation de l’anglais devient incontournable.  Or, au nom de la préservation de l’identité québécoise, l’enseignement de l’anglais a été maintenu dans la marge et n’a pu évoluer en tenant compte de la mondialisation et de ses nécessités.  Les québécois sont ainsi moins bien outillés pour prendre leur place!

 

Selon Monsieur Parizeau, « l’université est maintenant un des principaux instruments de la croissance économique » (Parizeau, p.184) afin que la population se développe de façon à pouvoir prendre sa place dans le monde.  « Des sommes considérables devront être investies dans l’enseignement universitaire » pour assurer la place du Québec dans le monde.

Cependant, au nom de la liberté universitaire, (possibilité pour le corps professoral de continuer d’établir ses propres normes et de s’auto-évaluer) on laisse les universités gérer à leur guise leur budget et, notamment, décider des priorités de développement des programmes de formation. Or, nous conviendrons que les priorités des professeurs et chercheurs de carrière ne sont pas nécessairement au diapason de celles de la population québécoise.  Les rapides changements qui se produisent à tous les niveaux nécessitent d’être appuyer par des connaissances et des compétences ce qui s’avère très difficile dans certains domaines.

 

En 1995, la Fédération québécoise des professeures et professeurs d’université (FQPPU), adoptait sa Déclaration de principe sur la liberté académique. On y précise le rôle de l’Université qui doit assurer « la formation supérieure, la production et la diffusion du savoir, principalement par l'enseignement, la recherche, la création et les services à la collectivité » (Landry, 2001, p.10).  Selon eux, l'autonomie universitaire et la liberté académique sont essentielles.  L'autonomie universitaire y est définie comme étant « le droit à l'autonomie afin d'assurer la réalisation de leur mission sans ingérence indue de la part des Gouvernements, des Églises, des corporations, des corps policiers et tous groupes d'intérêt ou institutions » (Landry, 2001, p.10).   Quant à la liberté académique, elle est définit comme « le droit qui garantit l'accomplissement des fonctions professorales…Elle leur permet d'accomplir ces tâches sans être assujettis à des pressions ou censures et ce, quels que soient l'orientation de leur pensée, leur style de vie, leur origine ethnique, leur langue, leur sexe, leur orientation sexuelle, leur handicap physique, leurs opinions et actions politiques ou religieuses, leur âge, leur état civil. » (Landry, 2001, p.10).  Par ailleurs, on y ajoute que « La permanence est une importante garantie de l'exercice de la liberté académique. En protégeant les professeures et professeurs contre toutes représailles, la permanence leur permet d'accomplir leur mission d'universitaires. » (Landry, 2001, p.11). 

 

Un tel niveau de liberté laisse place aux abus d’un tout autre ordre.  En effet, elle place les professeurs dans une situation qui tend à favoriser leur narcissisme au détriment d’une population à former ! 

 

Auparavant, dans le milieu de la santé, on voyait fréquemment des projets de développement clinique s’orienter en fonction des intérêts des cliniciens ou chercheurs.  Ainsi, on pouvait voir un psychiatre dans un rôle de thérapeute d’un groupe d’art thérapie alors que la liste d’attente était d’un an pour une évaluation psychiatrique! 

Avec la venue du concept de la responsabilité populationnelle, graduellement, un changement de culture s’opère,  dans le réseau de la santé, vers des développements en fonction des besoins de la population et même plus, au devant de ces besoins. « Le but ultime de la réforme du système de santé qui s’amorce est d’optimiser l’impact des services sur la santé de la population en introduisant le concept de la responsabilité populationnelle, une approche essentiellement fondée sur la conviction que la santé est une richesse collective qu’il faut maintenir et développer » (ASSSM, 2004, p.4)                                                                                                                              

 

À quand la responsabilité populationnelle dans le domaine de l’éducation ? Car  « Notre place dans le monde passe pas l’éducation »…..

 

 

Merci à M. Parizeau d’avoir pris le temps de venir nous rencontrer à l’ENAP. Il y a chez cet homme une forme d’indépendance d’esprit que l’on devine dans le regard qu’il porte sur le monde et qui nous amène à vouloir élargir le nôtre! 

 

 

Agence de la santé et des services sociaux de Montréal (2004) « L’approche populationnelle : une nouvelle façon de voir et d’agir en santé » http://www.santemontreal.qc.ca/pdf/PDF_CSSS/approche.pdf 

 

Landry, S. (2001) « LA LIBERTÉ ACADÉMIQUE ET L’AUTONOMIE UNIVERSITAIRE: UN RECUEIL DE CITATIONS »  Les cahiers de la FQPPU, Comité de la liberté académique et de l’autonomie universitaire, Québec,

 http://fqppu.org/assets/files/publications/cahiers/cahiers_fqppu_6.pdf

 

Parizeau, J. (2009) « La Souveraineté du Québec », Michel Brulé éditeur, Montréal.

 

 

MJ

607@videotron.ca

Blog 2

ENP 7505 : Groupe du lundi soir

 

 

Commentaires

  • C’est un problème fort complexe que vous soulevez. D’un côté, la liberté universitaire est nécessaire pour assurer une certaine impartialité de celle-ci ou pour pouvoir avoir une éthique respectable. L’éthique de recherche est déjà en péril lorsqu’on pense aux commandites du secteur privé (par exemple la faculté de science politique de l’Université d’Ottawa qui est dans l’édifice Paul Desmarais suite à une donation de 15 millions de dollars) Que pouvons présager d’une ingérence gouvernementale dans la gestion des universités? Des recherches qui vont seulement dans la direction du gouvernement en place? Il y a, à mon avis, un danger réel que les universités deviennent que des thinks tanks pour le pouvoir en place.

    De l’autre côté, les universités reçoivent d’importantes sommes du gouvernement et il serait intéressant que celles-ci contribuent au bien collectif. La ligne est mince entre la censure et une saine intervention. Je ne sais pas comment une mesure pourrait assurer le respect des deux institutions.

  • J'aime beaucoup votre expression "saine intervention" !
    En effet, il y a un équilibre à trouver entre les services à rendre à la collectivité, tant dans la recherche que dans la formation offerte et une certaine liberté de penser comme de "chercher".
    Je ne souhaite pas que le gouvernement contrôle tout ce qui se passe dans les universités mais tout au moins qu'un mécanisme régule un peu plus l'offre de services des universités en fonction des besoins de notre société.

    MJ

  • J'aime beaucoup votre expression "saine intervention" !
    En effet, il y a un équilibre à trouver entre les services à rendre à la collectivité, tant dans la recherche que dans la formation offerte et une certaine liberté de penser comme de "chercher".
    Je ne souhaite pas que le gouvernement contrôle tout ce qui se passe dans les universités mais tout au moins qu'un mécanisme régule un peu plus l'offre de services des universités en fonction des besoins de notre société.

    MJ

  • Il est vrai que la pensée de Jacques Parizeau jouit d'une belle indépendance et qu'elle nous en est d'autant plus précieuse. Encore merci de votre visite, M. Parizeau, nous ne l'oublierons pas. Je crois absolument dans la force de l'éducation, du partage de la connaissance, de cette réflexion qui est le début d'une forme de sagesse. M. Parizeau ajoute que ce doit être l'un de nos principaux investissements, que l'éducation universitaire doit être accessible non seulement en milieu urbain mais aussi en région, partout au Québec. Allons-y, investissons un peu. Et du groupe des professeurs auto centrés sortiront les vrais enseignants, ceux qui donnent le goût de l'apprentissage, de la connaissance.
    Danielle Deland, ENP7505, lundi soir

  • L'indépendance de Mr Parizeau n'est plus à démontrer. Je pense qu'il a été un grand serviteur de l'État québécois et son intervention est pertinente. L'éducation reste un domaine ou l'intervention de l'État doit être complète. Une nation se construit par ses élites intellectuelles. L'éducation est un investissement et non une dépense. On récolte ce que l'on a semé.
    Aussi, investissons dans ce créneau et ne négligeons aucune partie du Québec,..région rurales, éloignées ou autres. Ouvrons nos écoles pour acceuillir tout le monde et qu'il n'y ait de barrières pour accèder au réseau de l'éducation comme pour la santé.
    Par contre, l'investissement en recherche par exemple ne doit pas s'accompagner de contrôle de la recherche. Il faut faire confiance au sens de l'éthique de nos chercheurs
    Notre place sera fonction des résultats de nos universités

    Malika Yantren
    Cours du mardi

  • Très beau sujet. Je suis d'accord avec toi sur l'idée principale. Je suis absolument d’avis que Laisser les universités agir en toutes libertés n’est pas la meilleure des solutions. Mois je crois qu'il devrait y avoir des sortes de Commissions Suprêmes composées de chercheurs, d'universitaires, de hauts dirigeants, de politiciens, de consultants pour étudier l'utilité, la faisabilité et surtout la nécessité de tel ou tel autre investissement ou étude ou encore pour la création de tel programme. Je me joints à toi pour remercier M.Parizeau de nous avoir honoré de sa présence à la prestigieuse. Et pour finir mon commentaire, je dirai que ce qui urge actuellement, c'est vraiment le décrochage scolaire des plus jeunes et surtout des garçons. Voilà, le cancer qui ronge le Québec actuellement. À mon sens il faut faire de ce sujet la priorité nationale. Car si aujourd’hui il n’y a pas d’élèves, demain il n’y aura pas d’étudiants.

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