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Repenser l’État providence

Ceci est le titre d’un article publié dans le journal La Presse du 26 octobre 2010 et qui m’a fortement interpellé. Les propos qui y sont développés témoignent d’un débat inachevé autour du rôle de l’État et de la relation entre le public et le privé. Tandis que d’aucuns se disent fiers de l’État providence québécois, d’autres proclament un rôle amoindri du public au profit du privé.

Ainsi, lisons-nous dans l’article, « Pierre Fortin, professeur émérite d’économie à l’UQAM, remarque que si l’État providence a souvent été remis en question dans les 20 dernières années, cela a été fait par des gens qui n’avaient pas vécu la grande dépression et qui ne ressentaient pas le besoin d’État providence avec la même intensité ».

Au fait, c’est au lendemain de la grande dépression de 1930 que l’État s’est vu interpellé pour un rôle accru dans l’économie. F.D. Roosevelt, alors président des États-Unis pendant la dépression des années trente, rejoignant les idées de l’économiste britannique J.M. Keynes, avait entrepris de grands travaux publics afin de stimuler l’économie devant le secteur privé impuissant (the new deal). C’est dans les mêmes circonstances que l’État providence au Canada a pris de l’élan.

Par ailleurs, autre le fait que l’investissement dans les grands travaux permet de stimuler l’économie, d’aucuns mettent l’accent sur le fait qu’un État providence permet de réduire les coûts de transaction (O.E. Williamson, Markets and Hierarchies, 1975). C’est dans ce sens que les partisans d’un système de santé géré par l’État au Canada font remarquer que celui des États-Unis, qui est privé, occasionne énormément de coûts de transaction (contrats d’assurance, vérification médicale de la couverture, frais juridiques en cas de litige et autres tentatives de coordination, de contrôle…).

Ce cycle, à la hausse, du prestige de l’État providence se poursuivit jusqu’aux années 70, puisqu’au début des années 80, on assista à un retour du balancier vers le secteur privé suite, entre autre, à l’échec de la guerre lancée par le Président des États-Unis L.B. Johnson contre la pauvreté dans son programme de la Great society.

Au fait, déjà au cours des années 70, un certain nombre d’économistes et de politologues ont étudié le fonctionnement, et surtout le dysfonctionnement, de la prise de décision dans le secteur public et en ont conclu que l’administration publique avait des problèmes structurels qui l’empêchaient d’être réellement efficace (désir de réélection des politiciens, intérêts individuels des fonctionnaires, domination du débat public par quelques acteurs réunis en groupes « compacts », absence de propriété des décideurs qui leur faisaient prendre des décisions irrationnelles. Cette école de pensée, le Public Choice, dans sa dimension normative, proposa de réduire la part des responsabilités du secteur public au profit du secteur privé au nom de la rationalité et de l’efficacité.

Par ailleurs, les scandales liées à la corruption et aux conflits d’intérêt dans le secteur public, décriés ici et là, nourrissent davantage les arguments en faveur du secteur privé au nom de la rationalité et de l’efficacité. « En ce moment, il y a de la corruption, des conflits d’intérêt et on paye souvent trop cher pour ce que l’on a comme  résultats », affirme Paul St-Pierre Plamondon, avocat, vice-président de la firme Delegatus et porte parole du sommet des générations d’idées (La Presse Affaire, 26 octobre 2010).

Cependant, avec la baisse du PIB et la débâcle des marchés financiers qu’on vit actuellement, peut-on faire davantage confiance à l’économie du marché?

À notre avis, peu importe les arguments avancés contre l’efficacité de l’État, son rôle économique demeure incontestable. Un rôle déterminant de l’État devrait constituer un gage en matière de prévention contre les crises financières et économiques. D’ailleurs le même Paul St-Pierre Plamondon, d’après l’article cité, ne remet pas en question la pertinence de l’État providence, mais plutôt, sa mise en application.

Ceci dit, là où l’État manque d’efficacité, l’utilisation, avec une certaine acclimatation, des recettes de gestion éprouvées dans le secteur privé, s’avère fort recommandable.

C’est d’ailleurs dans ce sens que le gouvernement du Québec a entrepris depuis quelques années une réforme majeure de l’administration publique dans la perspective de promotion d’une culture de performance axée sur les services aux citoyens.

Qui plus est, l’État, dans sa quête de modernisation, doit pouvoir faire appel au secteur privé là où il lui manque de l’expertise. La collaboration entre le gouvernement du Québec et Télus dans le domaine des technologies de l’information et de la communication en est une illustration.

 

ARN (ENP-7505, groupe mardi soir)

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