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Taxer dignement...

Taxer dignement…

 

« Montréal pourrait imposer une nouvelle taxe aux automobilistes »

 

Première réaction : Encore?, deuxième réaction : pourquoi?, troisième réaction : celui qui fait des efforts va payer encore …

Revenons sur quelques faits qui amènent le maire de Montréal à faire cette déclaration :

 Congestion qui perdure aux heures de pointe pour entrer et sortir de l’île de Montréal.

  • Près de 1,5 million de citoyens vivent dans la métropole[1] du Québec. En effet, le projet de loi 22  a introduit dans la charte de Montréal la reconnaissance du terme métropole : elle lui reconnaît qu’elle est un de ses principaux acteurs en matière de développement économique.
  • Il y aurait pour environ 11 milliards de dollars de projet de transport en commun soit en chantier ou à l’étude dans la grande région métropolitaine[2].
  • De plus, depuis juin 2008, la loi modifiant diverses dispositions législatives concernant Montréal, projet de loi 22, accorde également à la ville un nouveau pouvoir de taxation l’autorisant à imposer, par règlement, des taxes municipales directes sur son territoire.

Le maire de Montréal, dans une suite logique d’analyse sans nuance s’est dit : « nouvelle taxe pour (financer) le transport en commun et pas seulement aux automobilistes de Montréal mais aussi à ceux des couronnes Nord et Sud ». N’est-ce pas une façon simpliste de trouver du financement? On ne peut froidement imposer une taxe sans avoir fait préalablement l’analyse de quelques variables qui pourront peut être faire prendre une décision différente.

 Voici un blogue en trois mouvements : premièrement, un portrait de situation des besoins; deuxièmement, comment se traduira cette nouvelle taxe pour le citoyen et finalement, les principaux problèmes.

 Besoin

Petite analogie avec le réseau de la santé dans lequel je travaille : ici aussi, le financement était et est toujours criant et le ministère a proposé différentes méthodes pour augmenter ses sources de revenus. Par ailleurs, le ministère de la santé et des services sociaux a reconnu que ces citoyens n’avaient pas tous les mêmes maladies et les mêmes besoins et il s’est ajusté et a même reculé devant des annonces qu’il avait fait (ticket modérateur par exemple).

Au niveau municipal, les citoyens ont ou non des voitures et en font usage selon leur besoin.   Première question à se poser, pouvons-nous imposer de manière généralisée cette taxe à tous les automobilistes pour financer le transport collectif qu’il soit ou non résident de l’île de Montréal?  La réponse est non. Posséder ou non une voiture demeure un choix mais ce n’est plus un luxe.  La société avec son rythme ultra structuré et la métropole dans lequel le citoyen tourbillonne ne lui permettent pas toujours de prendre le transport en commun pour faire ses activités de la vie quotidienne.  Tout citoyen responsable (et pas seulement celui qui réside à Montréal) reconnaît les avantages du transport collectif et voudrait y contribuer le plus possible, en autant que le service soit efficace et réponde aux besoins de déplacements.  Le gouvernement reconnaît-il les citoyens qui font des efforts pour aider à financer le transport collectif?

 Pour le citoyen, ça va couter combien?

Pour le citoyen sans voiture, il n’aura pas à subir la nouvelle taxe, sa façon de contribuer au financement du transport collectif si l’utilise, c’est en achetant un titre de transport.

Pour le citoyen qui possède une voiture et qui n’utilise pas le transport collectif, il aura à payer la nouvelle taxe pour financer le transport collectif et s’il demeure sur l’île, il paie déjà un montant dédié au transport en commun via ses immatriculations plus une taxe sur le stationnement et une hausse récente de 1,5 cents de la taxe sur l’essence.

Pour le citoyen qui possède une voiture et qui utilise le transport collectif aux heures de pointe, il aura à payer la nouvelle taxe, plus son titre de transport plus les autres taxes s’il réside sur l’île.  Donc le citoyen responsable qui fait des efforts pour réduire la congestion automobile aux heures de pointe en utilisant le transport en commun n’a aucune reconnaissance de la part de la Ville et des sociétés de transport. Il est taxé dignement.

 Principaux problèmes

Revenons aux deux principaux problèmes avant de prévoir taxer tous les automobilistes de la grande région de Montréal, soit la congestion aux heures de pointe et le fait qu’il y a un manque de transport collectif.

La mise en place d’une Agence métropolitaine de transport (AMT) relevant du ministère du Transport pour les banlieues de la ville de Montréal et la Société de transport de Montréal (STM) n’ont-elles pas dans leurs mission et mandats respectifs de trouver des solutions durables qui donneront le goût aux citoyens de contribuer davantage plutôt que de se faire imposer une nouvelle taxe pour financer leurs projets.  Le transport collectif, c’est un projet de société, tous et toutes  doivent y contribuer et ceux qui font plus d’effort devraient y retrouver un gain car ils risquent à un moment donné de changer d’idée et d’habitudes de transport.

La congestion automobile et le temps passé en voiture augmentent avec les années (le temps passé en voiture est même devenu une donnée statistique pour la satisfaction de la qualité de vie et du bonheur!). Plusieurs facteurs ont été identifiés responsables de cette congestion et du temps en voiture, dont par exemple: étalement des banlieues, manque de transport collectif, individualisme, horaire incompatible, accès très tôt à la propriété automobile…est-ce un choix d’être dans le trafic ?

L’AMT et la STM n’ont-elles pas proposées des idées de projet pour réduire la congestion aux heures de pointe? La cour est pleine de projets, dont celui du péage pour entrer/sortir de la ville de Montréal (utilisateur-payeur), le tramways, le prolongement des lignes de métro, etc. C’en est rendu où?

Nous sommes à même de constater que ce sont de très gros dossiers, très complexes, qui nécessitent une vision globale à long terme, tellement complexes que même les acteurs principaux semblent avoir des difficultés à prioriser et à faire des choix, avec en plus la question du financement qui vient complexifier la prise de décision. 

Ces dossiers de milliards de dollars, qui touchent directement la qualité de vie des citoyens; ceux-ci voudraient peut-être participer autrement que de suivre cela passivement dans les journaux. Il faut augmenter la participation des citoyens dans le processus! 

 

 

 

Nadine Bergeron

 

 



[1] Loi modifiant diverses dispositions législatives concernant Montréal, éditeur officiel du Québec, 2008

[2] Cyberpresse.ca/actualités/régional en date du 6 novembre 2010

Commentaires

  • Effectivement, la situation n'est pas nouvelle et plus le temps passe, plus il est difficile de faire des choix et trouver les financements adéquats. Je crois que Montréal a perdu son tramway en 1950 et il n'est toujours pas budgété. Les infrastructures sont plus coûteuses à entretenir si on ne les maintien pas en état régulièrement. Or l'échangeur Turquot est loin d'être en santé, pas plus que nos routes souvent.

    En attendant le prochain plan de transport du ministère, il serait bon que les différents acteurs publics se concertent pour définir une politique tarifaire qui s'inscrive dans le temps en fonction des projets d'amélioration visés. Les taxes à vie sont rarement populaires! En basant ces mesures incitatives et dissuasives sur le principe de pollueur-payeur et de l'utilisateur-payeur par exemple, cela serait plus simple à accepter pour la population.

    Quoi qu'il en soit, il faudra mettre la main à son portefeuille pour contribuer aux améliorations du réseau des transports. Autant le faire en ayant l'impression que c'est utile et juste!

  • Je vais vous présenter des chiffres qui m'ont fait réfléchir en lisant les communiqués sur le site de bombardier.

    Le 19 novembre 2010, Bombardier annonce une commande de la Deutsche Bahn pour 51 nouveaux trains Talent 2, pour un montant total de 200 millions d'euros soit 271 millions de dollars américains.

    L'équipementier de transports canadien précise que ces trains de banlieue, à savoir 36 longs de trois voitures et 15 comprenant quatre voitures, seront mis en service vers la fin 2013 à Leipzig, dans la région de Saxe, en ex-Allemagne de l'Est.
    Ce qui veut dire 168 wagons en tout pour 271 millions de dollars.
    Calcul simple = 1.61 millions par wagon

    Rappelez moi combien on paye le wagon a Montréal???
    le 22 octobre 2010, à Montréal, on lit:

    «Le consortium composé de Bombardier Transport et d’Alstom Transport, a signé un contrat avec la Société de transport de Montréal (STM) pour fournir 468 voitures de métro (52 rames de neuf voitures) qui remplaceront les voitures MR-63, en service depuis 1966, et optimiseront le service. La valeur approximative de ce contrat est d’environ 1,2 milliard de dollars CA.»
    Calcul simple: 2,6 millions par wagon!

    Ca me fait poser des questions, pas vous???? quelqu'un peut-il m'éclairer??

    PP pht

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