Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Les garderies: Un changement pour le mieux?

Peut-on croire qu’encore aujourd’hui en 2010, les nouveaux parents qui veulent envoyer leurs petits à la garderie doivent avant même la naissance de l’enfant, s’inscrire sur une liste d’attente pour être sûr d’avoir une place le moment venu. Mais pire, comment peut-on ne pas réagir quand certaines gens réussissent à contourner la liste par favoritisme et que les autres, souvent les plus démunis, se trouvent à rester sur la liste à attendre que leur tour arrive.

C’est à la lecture d’un article dans Le Devoir, paru samedi le 6 novembre dernier que je pris conscience de la problématique qui perdurent depuis plusieurs années et ne pu faire autrement que de me questionner sur le processus. Dans cet article 1 : ‘’Fini le favoritisme dans les garderies’’, la ministre de la famille et des aînés du Québec, Yolande James, a annoncé le dépôt à l’Assemblée nationale du projet de loi 126. Ce projet de loi prévoit un nouveau processus d’attribution des places subventionnées, un mécanisme pour stopper les chaînes de services de garde et contrer la garde illégale, la responsabilisation des actionnaires et un nouveau régime de sanctions efficace et dissuasif.

Bien qu’il y ait beaucoup à dire sur tous ces changements, je m’attarderai que sur le nouveau processus d’attribution des places subventionnées.  Le projet de loi propose d’inclure dans la loi sur les services de garde éducatifs à l’enfance le processus de consultation des milieux régionaux pour l’attribution des places à contribution réduite. Les Directions régionales du Ministère mettront en place des comités régionaux, qui seraient formés d’intervenants des milieux régionaux et locaux. Ces comités auraient pour tâche d’analyser, sur le territoire déterminé, les projets admissibles qui répondent le mieux aux besoins des familles et  de recommander des projets à la ministre.

En fait, ce ministère avec ces régions de coordination donne une impression fausse d’être un ministère décentralisé alors que dans les faits ce ne sont que de la coordination qui se fait et que toutes les décisions sont prises par le ministère pour l’ensemble de la province et non  selon les besoins de chaque région. Il en est de même pour ce fameux processus de consultation. Cela donne  l’impression que chaque comité aura la décision dans l’attribution des places subventionnés alors qu’en fait, comme le mot le dit, ce sont des comités de consultation qui feront que des recommandations au ministre. Ainsi la décision finale sera prise par le ministère.

Et pourtant, ce processus aurait mérité d’être décentralisé puisque certaines régions ont des besoins plus criants que d’autres. Juste à penser à la région de Lanaudière où on observe une augmentation de l’arrivé de jeunes familles ou  encore dans les régions de l’Abitibi-Témiscaminque et la Côte-Nord où  le taux de natalité a aussi beaucoup augmenté2. Le gouvernement devrait en tenir compte pour planifier le développement de nouvelles places en service de garde. Il reste à espérer que les recommandations des comités seront prises en compte et que la décision finale de la ministre reflètera vraiment bien les besoins de chacun.

La venue de ce projet de loi ne fait pas exception aux principes de l’administration publique. Un des principes fondamentaux est que tout en administration publique doit faire l’objet de reddition  de compte. C’est dans cette optique que la ministre prévoit faire connaître ses orientations et priorités et cela en toute transparence. Tout un défi, c’est certain.

Quant aux principes d’universalité et d’équité, ils sont  en pratique loin d’être aux rendez-vous selon l’Institut économique de Montréal3. Effectivement ce modèle coûte de plus en plus cher et restreint de façon considérable le choix de milliers de familles. Dans un article de Cyberpresse paru le 20 octobre 2010 4 :’’ Discrimination dans les services de garde en milieu familial’’, il est expliqué la difficulté de se trouver une place alors que certaines garderies font de la discrimination en sélectionnant leur future clientèle telle que recevoir les enfants des enseignants seulement.  C’est à espérer que ce projet de loi changera les choses pour le bien des parents. C’est semble-t-il la volonté du gouvernement, de mettre de l’avant ces principes de l’administration publique tel que la transparence, l’équité, l’universalité et la sécurité des tout-petits.

L’Association québécoise des Centres de la petite enfance  (AQCPE) 5, semble satisfaite de ce projet de loi mais ajoute que des problèmes importants demeurent non résolus. Entre autre, pour que les comités fonctionnent, il faudrait qu’Il y ait plus de places à attribuer.   Effectivement, le gouvernement promet  depuis deux ans 15000 places supplémentaires mais aucune annonce concrète n’a encore été faite6. 

Pire, il semblerait que selon l’Institut de la statistique du Québec, basées sur des données de Statistique Canada, qu’on vivrait une recrudescence du taux de natalité plus élevée que ce qui a été estimée soit près de 25000 de plus que la première projection. Que va-t-il se passer? Qu’est-ce que le gouvernement va faire de plus pour ajuster le tir.

Présentement les parents sont à bout, l’intolérance s’installe, la révolte est proche. Une lettre ouverte envoyé à la ministre Yolande James, écrite par un parent a paru dans le Devoir le 11 novembre dernier8. On est rendu à y mettre des propositions d’amélioration qui sont tout même  très sensées. Il reste que cela exprime bien la crainte des parents et des futurs parents sur ce qui risque d’arriver dans un futur pas si lointain.

 Des changements pour le mieux? Espérons que les changements annoncés par la ministre Yolande James seront suffisant afin que les parents trouvent une place pour leur progéniture de façon équitable et où leur demandes seront traitées avec transparence et intégrité.

 

Référence :

1-      Article paru le 6 novembre 2010, Le Devoir.com, Fini le favoritisme dans les garderies.

2-      Statistique Canada.

3-      Notes économique de L’Institut économique de Montréal, octobre 2006.

4-      Article paru le 20 octobre 2010, Cyberpresse, Discrimination dans les services de garde en milieu familial.

5-      Association québécoise des Centres de la petite enfance (AQCPE)

6-      Article paru le 5 novembre 2010, Économie sociale du Québec.

7-      Article paru le 22 septembre 2010, Cyberpresse, Un système défectueux.

8-      Lettre paru le 11 novembre 2010. Libre opinion-Le Devoir.com, Urgent besoin de places en garderie.

Commentaires

  • Je trouve que tu as choisi un très bon sujet de blog. Nous vivons actuellement un paradoxe, d'un côté le gouvernement adopte des programmes pour augmenter le taux de natalité au Québec (congés parentaux, financement de la fécondation in vitro) et de l'autre, il n'offre aucune assurance que les garderies et les écoles seront capables d’accueillir ces nouveaux venus. Peu importe le programme, malgré les meilleures intention, tant qu'il manquera de place, il faut s'attendre à certaines anomalies. Le scandale des enveloppes dans le réseau de la santé a d’ailleurs démontré cette semaine que pour éviter la liste d’attente, l’homme en attente, l’homme avec un besoin est prêt à verser des pots de vin et que, malheureusement, certains hommes donnant les soins sont achetables.

    D’un autre côté, le pouvoir de recommandation des comités régionaux est intéressant car ces derniers sont plus près des gens, des problèmes réels. À l'opposé, les meilleures recommandations si elle ne sont pas suivies par incompréhension ou par manque de fond, ne solutionneront pas le problème. Il faudra suivre dans les prochaines années les recommandations qui seront issus de ces comités et leur taux d’application.

    Étant moi-même préoccupée par la question des garderies subventionnées, j'espère que les mécanismes qui seront mis en place permettront de mieux répondre au besoin dans un souci d’équité et de transparence comme tu l’as soulevé.

    À suivre...

  • Le monde des services de garde est complexe et renferme des aberrations. J’ai l’impression d’être devant un monstre qui a été créé pour aider mais que ce monstre se retourne maintenant vers son créateur. Avant la disponibilité des places à 5.00 dollars, chaque famille assumait la recherche d’un milieu de garde et trouvait ce qui lui convenait. La responsabilité du développement de l’enfant appartenait à la famille. J’ai l’impression à ce moment-ci, que les parents se désengagent et confient presque dès la naissance, le développement de leur enfant à un système de garde. De plus, avec ces systèmes organisés et structurés, les enfants ne peuvent plus être des enfants. À peine âgé de quelque mois, ils sont déjà sur un mode d’apprentissage et doivent être réglés comme des horloges comme à l’école. Quel est le temps qu’on consacre maintenant à les bercer, les cajoler, à jouer avec eux, en individuel. C’est le rôle des parents me direz-vous…Mais lorsque les parents vont les chercher à 18 :00 et qu’une fois à la maison c’est la course pour le souper, le bain et le dodo, il n’y a plus beaucoup de temps pour l’enfant. La création des services de garde se voulait un incitatif pour faire augmenter le taux de natalité au Québec, peut-être que cette objectif a été atteint dans certaine région mais je me questionne sur le lien parents/enfants et sur le type de génération que nous sommes à créer.

    Annie Richard (mardi soir)
    ENP 7505

Les commentaires sont fermés.