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Un principe pour les Québécois

 

 

Un principe pour les Québécois

 

Le 19 décembre 1989, je suis descendue d’un avion de la compagnie d’Air Canada avec ma famille pour venir m’installer dans notre nouvelle « terre promise » : le Canada, plus précisément nous avions choisi de nous installer au Québec, dans la ville de Montréal. Même l’hiver glacial ne nous a pas découragés puisque nous étions dans un pays où nos droits et libertés étaient reconnus et respectés. Quelques mois plus tard, je suis tombé malade. On ne savait pas ce que j’avais et un transport dans un établissement hospitalier fut nécessaire. À ce moment, on m’a expliqué que je détenais une carte dans les nombreuses cartes en ma possession qui allait me permettre d’avoir accès à des soins médicaux sans frais. Imaginez! Moi, qui venais d’un pays corrompu où probablement mon état de santé se serait dégradé faute de moyen pour me faire soigner, je venais de réaliser qu’ici le système de santé était gratuit. Je trouvais cela incroyable!

 

En date du 30 octobre 2010, un article du journal le Devoir a attiré mon attention : 40ième anniversaire de l’assurance maladie la forteresse du régime public tien le coup. On y mentionnait le fait que l’assurance maladie est probablement la mesure à laquelle les Québécois sont le plus attachés. Par contre, on ne semble plus être en mesure d’assumer cette charge financière qu’apportent les frais de cette gratuité. Certains affirment que les réalités du Québec ont changé et que nous sommes bien loin du 1er novembre 1970 où Claude Castonguay, ministre de la Santé dans le gouvernement libéral de Robert Bourassa, annonçait haut et fort l'entrée en vigueur du régime universel d'assurance-maladie. D’ailleurs, monsieur Castonguay ; lui-même affirme aujourd’hui que le programme d'assurance-maladie prévoyait à l'origine l'instauration d'une contribution pour la santé. D’autre part, je me souviens qu’en mars 2010, le gouvernement Charest annonçait la mesure du ticket modérateur en santé pour permettre une baisse des frais causés par le régime de santé gratuit. Cette annonce m’avait fait réagir puisque selon moi, tous n’avaient pas les moyens pour pouvoir se permettre de défrayer les frais demandés. Mon inquiétude s’est estompée en septembre 2010 lorsque le ministre des Finances, Raymond Bachand annonçait la volte-face de son gouvernement.

 

Malgré tout, je me demande combien de temps la castonguette telle qu’on la connait va rester en vigueur? Puisque même son père la remise en question en 2008 dans un rapport qui recommandait d'instaurer un ticket de 25 $ pour chaque visite, sans toutefois que le montant total exigé chaque année dépasse 1 % du revenu du patient. À l’époque, le ministre de la Santé de l'époque, Philippe Couillard, avait alors rejeté cette proposition. Selon lui, il s'agissait d'une idée intéressante, mais difficilement applicable, qui augmentait le fardeau fiscal des Québécois.

 

Pour ma part, il est évident que la présence de la gratuité des frais médicaux via la carte d’assurance maladie doit rester puisqu’il ne faut pas oublier un principe fondamental du système public de santé et services sociaux ; l’accessibilité. Ainsi, il ne faudrait pas qu’un jour un malade ne puisse pas avoir des soins pour faute d’argent. Malgré le fait que les services privés soient une menace évidente à l’universalité des soins. En tant que société nous devrons nous battre et l’État devra être prêt à s’endetter pour maintenir le régime. Cet endettement favorisera l’équité intergénérationnelle.

 

D'ailleurs, il y a 40 ans la naissance de la carte de l’assurance maladie et ses dépenses à venir allait certainement dans les sens de la Loi de Wagner ainsi la gratuité des soins de santé au Québec donnée un  processus de développement qui impliquait des investissements lourds, non rentables à court terme et qui nécessitant un financement public.

 

En temps que personne qui a immigrée au Québec et me considérant aujourd’hui comme faisant partie de la société québécoise, j’ai appris à connaitre les valeurs des Québécois et j’y adhère. La santé est au cœur des préoccupations de nos préoccupations. Je ne voudrais pas que mes enfants ne puissent pas dans l’avenir ne pas avoir accès aux mêmes conditions que moi pour se faire soigner. Sinon, pour moi cela va représenter un échec et nous allons défavoriser une fois de plus les plus pauvres de notre société. Dans 40 ans j’espère lire un article dans un journal titré : 80ième anniversaire de l’assurance maladie la forteresse du régime public tien le coup.

 

Naima ( ENAP7505)

 

Commentaires

  • Je ne vois pas comment une cotisation de 25$ par visite pourrait avoir un impact négatif sur l'accessibilité, considérant le nombre de fois qu’une personne peut aller voir le médecin en une année et le fait qu’il y avait une limite aux cotisations, soit 1% du salaire.

    Je suis parfaitement en accord avec cette mesure qui envoie un message clair : la population doit se responsabiliser face à sa santé et ne pas compter constamment sur l’État pour les materner. La collectivisation des services amène une déresponsabilisation des citoyens. En effet, pourquoi prendre soin de mon alimentation, de faire de l’exercice, etc., si l’État va se charger de me débloquer les artères, et ce, gratuitement?

    Évidemment, il y a quelques exceptions et les maladies qui nécessitent des soins constants ne devraient pas être incluses dans ce ticket. C’est d’ailleurs ce que fait la France en excluant une trentaine de maladies qui exige beaucoup de soins. Néanmoins, je n'ai aucun problème avec «l'esprit» du projet de loi et je serais prêt à pousser cette logique beaucoup plus loin.

  • Personnellement, je suis d'accord avec cette mesure, c'est au moins transparent. Contrairement à certaines cliniques.
    Je suis atteinte de la maladie des yeux appelée le "glaucome", je dois consulter au moins une fois par année mon spécialiste à l'Institut du Glaucome à Montréal, la visite me coûte 125$, auxquels s'ajoutent d'autres frais, je m'en sors facilement entre 600 à 800$ et ce n'est pas remboursé, ni par mon assurance privée, ni par la RAMQ. C'est le prix à payer ...

  • J'abonde dans le même sens que mes collègues sur le principe de la responsabilisation des citoyens et de cesser de prendre l'État comme un support maternel pour guérir tous nos maux. Pour reprendre les paroles de Joseph Facal, cesser de traiter nos institutions comme des "vaches sacrées", dont le seul questionnement vaut une visite au bûcher.

    Seulement, une cotisation de 25$ par visite peut effectivement affecter l'accessibilité aux soins. Non pas sur le fait que les établissements fermeront la porte à ceux et celles qui ne veulent payer, mais plutôt dans la perception même des citoyens. Prenons l'exemple d'un famille monoparentale avec deux enfants. En ces temps où la grippe refait son apparition, que fera le parent si ses deux enfants souffrent de complications liés à la grippe? Acceptera-t-il de payer 50$ pour rendre visite à un médecin, ou optera-t-il pour laisser les symptômes passer, au risque de se retrouver devant une situation critique?

    On se retrouverait de nouveau devant une gestion curative et non préventive des maladies. Or, on le sait déjà, il est beaucoup plus économique pour l'État de viser la prévention que la guérison.

    Au lieu d'un tarif de 25$ par visite chez le médecin, pourquoi ne pas mettre en place un impôt proportionnel dédié à la santé, accompagné par certains crédits d'impôts pour l'inscription à des activités sportives ou récréatives?

    Ne serait-ce pas là la promotion de la prévention, la démonstration que l'État se préoccupe de notre santé et que les citoyens doivent se responsabiliser d'une certaine façon face à leur état de santé?

  • La responsabilisation des citoyens : oui ! Mais je ne peux être en accord avec une approche punitive qui risquerait fort de décourager certains d'aller consulter en cas de besoin. 25 $ ou encore 1 % du revenu annuel familial représente beaucoup pour certains, particulièrement pour les gens qui souffrent de dépendances, les assistés sociaux, les ainés et les familles monoparentales. Souhaitons-nous vraiment que nos aînés, trop souvent isolés, hésitent à dépenser leur argent pour des soins ? Le problème avec une telle approche, c'est qu'elle ne peut être réellement équitable.

    Je suis d'accord avec mon collègue en ce qui concerne la mise en place d'un impôt proportionnel, mais je trouve inconcevable qu'il soit "coûteux d'être malade". La maladie frappe souvent au hasard, et rien ne devrait freiner l'accessibilité aux services.


    En ce qui concerne la prévention et la promotion des saines habitudes de vie, je crains qu'il ne faille plus que le crédit d'impôt (déjà en place) pour activités récréatives.

    Les municipalités sont parsemés d'installations, de parcs récréatifs pour les touts-petits, qui constitueront bientôt que la plus petite partie de la pyramide démographique. Nos pistes cyclables peuvent à peine acceuillir les tri-roues des ainés et que très peu d'aires sportives leur sont dédiés. Le gymnases des écoles sont trop souvent fermés après les heures de classe, eux qui pourraient accueillir une foule de gens (enfants, adultes, ainés) pour pratiquer des sports en toute sécurité. Plusieurs initiatives peuvent être mises en place à même des ressources déjà existentes.

  • @ Eve Fréchette

    Je suis d'accord sur le fait qu'il soit totalement inéquitable que la santé ait un prix, vu le caractère imprévisible de la maladie.

    En ce qui concerne l'idée des crédits d'impôts pour l'inscription d'enfants à des activités sportives, j'ignorais cette mesure (moi qui pensait avoir eu l'idée du siècle...On repassera!). Seulement, est-ce que cette mesure ne pourrait pas s'étendre aux adultes et, surtout, aux personnes âgées pour la participation à des activités récréatives et/ou sportives?

    De plus, ce crédit est fédéral. Ne serait-ce pas mieux qu'il soit provincial et, tout comme l'impôt pour la santé, proportionnel au revenu (Comprenons-nous bien ici: inversement proportionnel au revenu) ?

    Dans un autre ordre d'idées, des mesures doivent être prises pour changer la perception des citoyens envers le système de santé. Il est devenu évident que nous devons repenser ce système, sans toutefois en détruire les fondements d'accessibilité et de gratuité.

    Mais j'ai bien peur que plusieurs de mes concitoyens voient le système de santé comme un "dû" de la collectivité envers l'individu. Le système de santé québécois n'est pas un acquis, mais c'est un choix.

    Nous devons être fier de ce choix. Mais pour en être fier, faut-il encore l'assumer.

  • Le choix a été fait il y a 40 ans où l’on a décidé, collectivement, de mettre de l’avant un principe de solidarité sociale dans notre système de santé. Par cette mesure, nous avons ciblé des actions pour combattre les inégalités et les injustices et faire profiter la population d’une couverture universelle, accessible et gratuite… Il s’agissait de nos valeurs.

    C’est bien vrai qu’il y a un coût social à la gratuité des services, mais cette volonté politique et sociale fait en sorte que la santé est un droit et nous devons y exprimer tout notre attachement.

    Quarante ans plus tard, il faut aussi poursuivre la réflexion sur les façons d’améliorer le système en place et consolider les acquis. Pas question de revenir en arrière!

    La prise en charge individuelle de la santé est une question de responsabilité… et de priorité. La protéger, l’entretenir, la valoriser, la préserver : OUI! Être taxé pour s’en occuper et compromettre ainsi son accessibilité? Quelle idée!


    Nadia Chouinard
    ENP 7505 lundi soir

  • J’ai du scepticisme…
    En proposant le ticket modérateur, le gouvernement majoritaire savait très bien que cette proposition allait être refusée car cela va à l'encontre de nos principes d'accessibilité. il y a anguille sous roche... Ont-ils proposé le pire pour qu'on accepte quelque chose de moins pire???

    Il faut aussi penser que les secteurs des médicaments et des nouvelles technologies, qui coutent très cher à notre système de santé, sont représentés par des lobbys très influençant et forts. Qui contrôle quoi.... l'argent et encore l'argent... ????
    PP pht

  • Les pays qui possèdent un système public permettent aux personnes moins fortunées de recevoir des services de santé gratuitement. En prélevant des impôts, les sommes sont redistribuées plus équitablement dans l’ensemble de la population. Je constate que là où il y a un état de droit, des lois et des règles, il y a plus de justice et les droits de la personne sont davantage respectés.

    Cependant, je constate par le biais des médias ou lorsque je voyage dans d’autres pays, que la réalité n’est pas la même qu’au Québec. J’ai été témoin de la pauvreté de certains pays qui ne possèdent pas un système public. Les gens qui n’ont pas suffisamment d’argent pour se faire soigner souffrent longtemps et parfois finissent par en mourir. J’ai d’ailleurs beaucoup de difficulté à accepter qu’il existe des personnes qui souffrent et qui meurent à cause qu’elles n’ont pas accès aux soins parce qu’elles n’ont pas d’argent. C’est vraiment injuste que les riches ont droit de recevoir des soins et que les personnes moins nanties doivent souffrir et parfois même en mourir. C’est comme s’il existait une catégorie de sous humains qui n’ont pas le droit d’être traitée comme les gens biens nantis et riches?

    Cette grande injustice me fait penser au film « Le Titanic ». Je trouve cela épouvantable. Pourtant, les humains sont considérés tous égaux selon la charte des droits et liberté. De toute façon, la pauvreté ne devrait pas exister avec les moyens dont nous disposons sur la planète. Je pense que ce n’est pas les entreprises privées et la privatisation de notre système de santé qui va diminuer la pauvreté. Au contraire, plus nous nous dirigerons vers le privé et la privatisation de nos services et plus la population s’appauvrira et les riches s’enrichiront. Nous avons juste à penser aux soins dentaires et ses coûts exorbitants. Malheureusement, c’est un exemple parmi tant d’autres. Je souhaite le développement d’un système public dans tous les pays du monde.


    Lison Trottier

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