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Le désengagement du CSSS de la Montagne dans l’action communautaire locale

Peut-on se poser la question, si c’est la meilleure méthode pour améliorer un partenariat avec les organismes du milieu de Côte-des-Neiges?

 

Côte des Neiges  est  le quartier  plus multiethnique de Montréal, on remarque plus de 60,000 résidants (2 sur 3) sur les 91,000 sont issus des communautés culturelles. Plus de 45,000 résidants (1 sur 2) sont des immigrants nés à l'étranger.  On y retrouve en effet une population immigrante composée de, tamouls, philippins, chinois, africains, roumains et asiatiques... Plus de soixante-dix organismes se sont impliqués dans le quartier pour soutenir et accompagner ces résidants pour leur offrir des services qui répondent à leurs besoins.

Les organisateurs communautaires délégués par les CSSS de la Montagne jouaient un rôle clé dans le dynamisme, et l’évolution des organisations du quartier.  Ils étaient présents dans le milieu appuyaient  professionnellement les organismes, soutenaient,  contribuaient aux résolutions des problèmes du milieu, participaient à la concertation et à la mobilisation tout en soutenant les projets. Ils participaient à la concertation ainsi qu’à la mobilisation des ressources du milieu. L’appui des organisateurs communautaires facilitait grandement les liens entre la communauté et les institutions publiques.  

 

C’est en 2006 que la direction du centre local de santé et des services sociaux de la Montagne informait les organismes du virage qu’ils appelaient « communautaire » et qu’elle venait d’embaucher une firme privée dont le mandat consistait à consulter les organismes du quartier pour analyser le partenariat entre eux et le CSSS.

 

Ces organismes ont librement partagé leur idéologie et leurs attentes pour le développement du partenariat. Les quelques organisations qui ont été consultées ont souligné l’importance et la nécessité des organisateurs communautaires comme essentiels au développement du partenariat. Ils ont tous reconnu leurs inquiétudes face à la loi 25 et la mise en œuvre des projets cliniques. En effet la présente loi 25 vise « à rapprocher les services de la population et à faciliter le cheminement de toute personne dans le réseau de services de santé et de services sociaux. »L.R.Q.,chapitre A-8.1

 

Les organismes du quartier qui ont participé à cette consultation n’ont jusqu’présent reçu aucun rapport de la part  du CSSS de la Montagne.  Par contre ils ont reçu une lettre leur annonçant l’abolition des postes d’organisateurs communautaires qui seraient remplacés par d’autres postes tels que : un poste de directeur du partenariat et quatre postes d’agent de planification,  programmation et  recherche. Une décision farfelue puisqu’elle ne représente aucunement la volonté exprimée par le milieu lors de la consultation du milieu communautaire. Une déception totale des organismes qui se voient abandonnés par le CSSS de la Montagne.

  

Les Conséquences

 

Les organismes sont tous surpris de cette décision qui suscite incompréhension et indignation. Ils disent tous que les organisateurs communautaires restent un réel besoin dans le quartier pour le lien avec les institutions publiques. Aussi tout le processus entourant la démarche qui a mené à cette décision remet en cause les acquis  de confiance et de collaboration établis au fil des années.  Cette décision traduit une rupture drastique du partenariat bâti depuis longtemps. Et que dire des organismes qui ont été créés à demande de la santé publique telle que la table jeunesse et la table familles, Table de concertation des ainés pour ne nommer que ceux-là et qui du jour au lendemain n’on plus accès au soutien en plus de ne plus avoir de répondant au niveau public.

 

 De plus cette décision a un impact sur les relations privilégiées établies entre les organismes communautaires et le CSSS quant à la connaissance mutuelle des sphères d’intervention propre à chacun et la concertation en vue de mieux desservir la population. En effet le nouveau personnel nommé (le directeur du partenariat et les postes agents de planification,  de programmation et  de recherche) pour entretenir le lien avec les organismes communautaires n’ont tout simplement pas le temps devenir aux différentes réunions organisées, car leur agenda est surchargé.

 

 

On constate que l’approche dite « communautaire » du CSSS de la Montagne est en fait  une approche de services. Certaines tables de concertations ont été fragilisées tout d’un coup par le retrait des organisateurs communautaires.

 

Ce manque d’implication de la part du CSSS dans la concertation du quartier se reflète par leur absence lors des fêtes de quartier par exemple et donne l’impression d’un désintéressement envers la population qu’il est censé desservir.

 

S’il y a un aspect positif suite de ce virage dit « communautaire »c’est sans aucun doute le raffermissement des liens de solidarité entre les organisations  quartier pour établir un plan d’action menant à des conférences de presse, des manifestations, des pétitions afin de continuer à montrer leur désaccord face à cette décision.

 

Malgré le retrait des organisateurs communautaires depuis plus de deux ans, cette rupture a occasionné plusieurs pertes. Les organismes des milieux continuent de réclamer une reprise de dialogue entre le CSSS de la Montagne et le milieu communautaire pour réfléchir ensemble sur les avenues possibles pour relancer un partenariat profitable pour les résidants du quartier.

 

 

Ismaila Sougou

Groupe mardi soir Montréal

Commentaires

  • Voilà une bien triste nouvelle, tant pour le quartier que pour la santé des institutions dites plus "locales" et "près des besoins et de la clientèle".

    Ayant été bénévole durant plusieurs années pour l'organisme Projet Génèse (organisme communautaire de défense des droits sociaux présent dans le quartier) et étant toujours membre, j'ai eu la chance de développer un attachement particulier envers les réalités de ce quartier bien montréalais.

    Les besoins sont énormes, entre autres en ce qui a trait à la diffusion de l'information et à la construction de relations durables. En effet, il n'est pas ici question de favoriser l'intégration des nouveaux arrivants et des personnes immigrantes de 1ere, 2e et 3e génération en les considérant comme un tout, un ensemble unique. Toutes les différences culturelles, tant québécoises, asiatiques, maghrébines, subsahariennes, russes, est-européennes, ouest-européennes, orientales - et j'en passe-, doivent être considérées afin d'inclure tous les citoyens dans la participation collective à nos institutions.

    À Côte-des-neiges, ce que j'ai pu faire ressortir en tant que bénévole aidant les personnes immigrantes à faire valoir leurs droits, c'est qu'il y a un manque flagrant de communication et d'attention portée aux communautés culturelles pour s'assurer qu'elles comprennent "comment ça marche", ce qu'ils peuvent et ne peuvent pas faire pour faire respecter leurs droits et honorer leurs devoirs.

    C'est donc par le renforcement du dialogue interculturel que nous écarterons les dangers liés à aux stéréotypes et à l'exclusion culturelle.

    En ce sens, je crois fermement que le secteur communautaire n'est pas assez intégré à la stratégie du MSSS d'orienter les actions selon les besoins locaux.

  • Mon milieu de travail étant Côte-des-Neiges, je ne peux qu’appuyer ce qui vient d’être mentionné ultérieurement. De gigantesques efforts se font de la part des gens qui œuvrent dans les organismes pour l’intégration de nouveaux arrivants et le désengagement du CSSS crée une entrave dans cette tâche, déjà ardue. Les travailleurs se heurtent à des difficultés au quotidien pour avoir accès aux informations, pareil pour la référence de leurs clients dans les services offerts.

    La réalité du portrait socio-économique se trouve comme un enjeu non négligeable aussi. La pauvreté et les mauvaises conditions de vie sont aussi présentes et le désengagement du CSSS ne favorise pas l’avancement dans ces dossiers. Le CSSS n’étant pas présent sur les différentes tables, il devient de plus en plus difficile de progresser et d’aller de l’avant.

    Ce qui est élémentaire c’est que les résidents du quartier souffrent énormément de cette cassure, mais cette réalité ne semble pas être dans les priorités du CSSS pour le moment.

    Nadine Gharios ENP 7328 / 06.11.2010

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