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Parlons de M.O.I.

 

Les conditions et l’organisation du travail dans le secteur de la santé et des services sociaux soulèvent bien des débats et des préoccupations au sein du personnel qui y travaille et dans la population québécoise.  Une forte densité de main d’œuvre y est présente où l’importance des compétences des salariés est primordiale pour des soins et services de qualité.  Le personnel du réseau de la santé et des services sociaux a dû s’adapter à plusieurs réorganisations des services et du travail, imposés par différentes commissions et instances ministérielles.

 

De plus en plus, les pénuries de main d’œuvre s’étendent dans le secteur public à presque toutes les catégories d’emploi.  Les besoins sont criants, les postes difficiles à combler.  Lorsque les taux d’absentéisme augmentent, parce que les professionnels en soins et services sont épuisés, démotivés, le recours à la main d’œuvre indépendante (M.O.I.) s’avère une tendance fortement utilisée pour éviter une éventuelle rupture de services.  Ainsi, la pression mise sur les équipes en place qui sont régulièrement appelées à faire des heures supplémentaires pour suppléer au manque de ressources est diminuée.

 

Maintenir l’accessibilité des services, éviter les délais d’attente inacceptables et la surcharge du personnel en place est la volonté exprimée par le gouvernement pour préserver, améliorer et renforcir le système public.  Il doit remédier aux pénuries qui privent la population des services gratuits auxquels elle devrait avoir droit, sans trop de délais.

 

Des solutions publiques s’imposent pour s’attaquer aux problèmes de pénuries tout en stimulant l’emploi.  Cependant, à bout de souffle en raison des pénuries constantes, accueillir de la M.O.I. comme moyen de soutenir les équipes épuisées ne doit pas servir de solution permanente, mais doit plutôt être considérée comme une option temporaire.  D’autant plus que la mission principale des agences privées est de faire du placement de personnel et des profits.  Chaque heure facturée doit être payée à même les fonds publics.  Le coût horaire moyen de la M.O.I. est supérieur à la rémunération du personnel du réseau public et les professionnels d’agence bénéficient de conditions de travail plus avantageuses.

 

Avons-nous les moyens d’avoir deux classes de salariés?  D’approuver les iniquités pour les professionnels du réseau public?  Pour garantir une prestation de soins et services constants, de qualité, avec du personnel stable, familier et expérimenté, il faut investir dans sa propre main d’œuvre.  Différentes stratégies peuvent soutenir l’objectif rentable d’attirer et retenir les salariés au sein du réseau.  Il faut s’assurer que la main d’œuvre ait intérêt à mener et poursuivre une carrière dans le réseau public en lui permettant d’avoir des conditions de travail favorables, comprenant notamment des augmentations de salaire pour être plus compétitif, bonifier les primes d’inconvénients, mettre en place des mesures de conciliation travail-vie personnelle et dédier des fonds supplémentaires à la formation et au développement des ressources humaines.  Les travailleurs expérimentés doivent être reconnus pour leurs qualités professionnelles,  la continuité de leur travail, leurs connaissances du milieu, des clientèles, des protocoles de leurs établissements.  Pour rendre plus attractif le réseau public, il faudra cibler la promotion des services de santé et des services sociaux, développer de nouvelles méthodes de recrutement et valoriser les emplois.  Favoriser une approche où le salarié est partenaire, où l’implication dans le milieu est reconnue et encouragée par la formation, l’intégration à l’emploi, la relève des compétences.  Le réseau public aurait tout avantage à se positionner comme étant un « Employeur de choix », miser sur le développement des compétences, aménager des horaires de travail, clarifier les rôles et responsabilités de chacun pour une meilleure utilisation des ressources et ainsi maximiser les compétences.

 

Le recours aux agences a des impacts qu’il ne faut pas minimiser sur le climat de travail, la prestation des services, la disponibilité, l’attraction et la rétention du personnel.  Si la volonté du gouvernement est d’investir dans une main d’œuvre de qualité pour assurer la pérennité des services publics, il devra développer des projets d’organisation du travail avec des cibles et des formules innovatrices, offrir des salaires concurrentiels, bonifier les tâches et titulariser des postes.

 

Pallier au manque d’effectifs par le recours aux agences privées ou à M. Mme Inc. ne représente pas une solution efficace pour retenir ou attirer des professionnels dans le réseau public.  Cela fragilise plutôt nos services publics et ouvre la porte au personnel voulant quitter pour de meilleures conditions dans le secteur privé.

 

Parlons de M.O.I. comme moyen d’appauvrissement du secteur public.  Parlons de l’amélioration du système de santé et des services sociaux pour le rendre plus attractif, éviter les ruptures de service et contrer les pénuries.  La population québécoise a à cœur les services publics, et ceux qui les dispensent y mettent tout leur cœur.  Le gouvernement doit poser des marques de reconnaissance pour ceux et celles qui œuvrent dans le réseau, il contribuera ainsi à développer des solutions publiques et durables.

 

  

Nadia Chouinard

 ENP 7505 lundi soir

 

 

 

 

 

Commentaires

  • Je suis totalement en accord avec votre commentaire. La MOI est un "band aid" à la pénurie de main d'oeuvre dans notre réseau de santé. À court terme ça va mais encore, il y a des effets néfastes. Pour les jeunes professionnels qui veulent concilier travail-famille, il est certain que les avantages d'aller travailler pour une agence privée sont grands. Meilleur salaire, choix de leur horaire de travail, etc. Qu'allons-nous faire pour pallier à ce manque dans le réseau public? Il faut se réveiller avant que l'exode soit trop grand! Il faut revoir nos processus, nos organisations de travail pour être aussi attrayant que le privé? Sommes-nous prêts comme organisation et est-ce que les syndicat le sont aussi (revoir cetaines clauses)? Un grand débat qu'il faut faire rapidement avant que le privé gouverne le public!

  • Comme vous le dites, la population québécoise a à coeur ses services publiques. Son système de santé est une valeur importante pour elle. Néanmoins les commentaires effectués sur les services de santé sont rarement positifs. Quand parle-t-on dans les journaux de tous les efforts mis en place pour répondre le plus efficacement possible aux besoins des usagers? Parle-t-on des projets novateurs et créatifs qui sont mis en place dans divers milieux? Très peu souvent. Ce manque de communication est dommage. La mauvaise réputation du travail dans le système de santé est en partie responsable de l'exode des professionnels du public vers le privé. Les conditions de travail difficiles le sont aussi. Par manque d'effectif, on a alors recours à la M.O.I., ce qui peut créer de nouvelles inéquités et mécontentements pour les travailleurs du public, qui de plus en plus quitte le réseau. C'est un cercle vicieux dangereux dans lequel on s'engage.

    Il faut revoir l'organisation des services, en partant tant des préoccupations et besoins des usagers que de ceux des travailleurs du réseau de la santé. Il est important de se pencher sur la question pour s'assurer d'avoir un personnel stable et expérimenté, désirant rester dans le réseau et heureux d'y travailler.

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