L’État doit-il verser un salaire aux femmes et aux hommes qui font le choix de rester à la maison?
Une question intéressante sur lesquels les opinions sont plus que partagées. Plusieurs vont travailler sachant très bien que s’ils en avaient les moyens, ils resteraient à la maison pour s’occuper de leurs enfants. Certains et certaines le font, ils laissent de côté le travail pour se consacrer à leurs enfants et rester au foyer. Mais on ne peut se le cacher, rester à la maison, ce n’est pas une option possible pour tout le monde car elle est coûteuse. Se passer d’un revenu n’est pas toujours évident. Puisque l’on subventionne déjà les garderies, la question se pose; devrions-nous donner aux parents qui font le choix de rester à la maison, le montant équivalent versé aux garderies pour chaque enfant? Selon moi, cette question implique plusieurs différents aspects que je vais analyser.
Premièrement je dois dire que je suis d’accord pour dire que la situation des femmes et des hommes aux foyers est peu reconnue et que cela doit changer. J’inclus ici les hommes car on les voit de plus en plus prendre ce rôle, quoiqu’ils soient beaucoup moins nombreux que les femmes. En effet, je trouve que les personnes qui font ce choix sont des personnes admirables qui ont de bonnes valeurs familiales. Je suis donc en accord pour que ces personnes aux foyers obtiennent plus de reconnaissance dans la société. Toutefois, je ne crois pas qu’un salaire soit la meilleure option. Je ne crois pas qu’on doit les reconnaitre d’un point de vue monétaire. Il est dommage que nous soyons rendus, dans notre société, à un point où il faut un salaire pour être reconnu, pour ne pas se sentir jugé. Même si être au foyer n’est pas rémunéré, c’est un travail comme les autres, un travail qui a été choisit. Personne ne devrait avoir honte de dire que son occupation est de s’occuper de ses enfants. Pourtant, c’est souvent le cas. De plus, un salaire équivalent à 10 000$ par année, est-ce vraiment le montant que vaut le travail d’une femme (ou homme) au foyer. Est-ce vraiment avec un montant que nous allons attribuer la valeur de cet emploi? Je trouve que d’y mettre un montant, une étiquette, est une manière de comparer ce travail, qui pour ma part, est un travail qui ne se compare pas à d’autres. N’y aurait-il pas d’autres options à envisager? Des crédits d’impôts, des rabais sur des activités culturelles comme on le fait dans d’autres pays avec les gens bénéficiant du bien-être social? Finalement, serais-ce possible de donner une valeur aux personnes au foyer en leur attribuant une catégorie dans les divers documents à remplir. Au lieu de devoir cocher la catégorie autre, qui les confine à se sentir dévalorisées, serait-ce possible de rajouter cette catégorie : travail au foyer. Déjà, je pense que ce serait un bon pas pour la valeur de ce travail.
D’un point de vue économique, subventionner les parents qui restent à la maison implique des coûts importants pour l’État. Il ne faut pas oublier que tous ces gens qui décideraient de rester à la maison, payaient des impôts avant, ce qu’ils ne feraient plus. De plus, il y aurait moins de travail dans les garderies puisque certaines familles subviendraient elles-mêmes à ce besoin. Comme l’a indiqué l’économiste Pierre Fortin, ce programme couterait prêt de deux milliards et demi à l’État. Est-ce vraiment un projet réaliste? Le gouvernement a déjà de la difficulté à obtenir des places en garderies subventionnées pour tous et en plus nous lui demanderions de payer les personnes aux foyers. Il me semble que d’autres solutions s’imposent. Ne serait-il pas plus avantageux pour tous que l’État investisse davantage dans les garderies et qu’il ouvre davantage de places à temps partiels comme tant de familles le requièrent? Devrions-nous plutôt miser sur des emplois qui réduisent les heures de travail pour faciliter une meilleure conciliation travail/famille. De cette manière, il serait possible d’exercer son métier sans avoir à faire des concessions sur sa famille. Je crois que cela est une bonne manière d’aider les familles et la société. Toujours d’un point de vue économique, le fait que les femmes retournent au foyer (car il ne faut pas se leurrer, il y aura davantage de femmes que d’hommes) fera diminuer le salaire moyen des femmes. En effet, lorsqu’elles voudront retourner sur le marché du travail, leur salaire sera plus bas étant donné que le salaire est basé sur l’expérience de travail pertinent. Il serait triste selon moi, de voir cette moyenne diminuer.
Si les femmes restent à la maison, je crois que l’on peut craindre une certaine déresponsabilisation de leurs maris. La femme ayant comme travail de s’occuper des enfants, il est probable que l’homme décide de dédier plus de temps à son travail, confiant que la garde de ses enfants est entre bonnes mains. Il donc possible selon moi, que la place du père diminue dans les familles où la femme reste au foyer, ce qui n’est pas une option positive. Cela pourrait contribuer à renforcer les stéréotypes hommes/femmes.
Le dernier point sur lequel je voudrais me pencher est les effets positifs de la garderie. En effet, en allant passer la journée avec d’autres jeunes, les enfants en retirent plusieurs enrichissements. Ils apprennent à socialiser, à sortir de leur cadre familial et cela leur permet par la suite de commencer l’école du bon pied. Malheureusement, lors du sondage de Léger Marketing qui tente de vérifier si les parents resteraient à la maison si on les payait, plusieurs répondent oui pour les mauvaises raisons. En effet, si on demande à ces familles si elles aimeraient avoir plus d’argent, elles répondraient sûrement oui. Selon le sondage, 90% des familles questionnées qui ont un salaire familial entre 20 000$ et 40 000$ ont répondu oui, comparativement à 58% des parents qui ont un revenu familial de plus de 80 000$. On peut donc dire que plus le revenu familial est bas, plus la proposition de recevoir de l’argent pour s’occuper des enfants est attrayante. Toutefois, les familles démunies ont un grand besoin d’avoir un service de garderie de qualité, question que les enfants sortent de ce milieu et ne reproduisent pas le «pattern» de leurs parents. Certains de ces enfants ont davantage besoin d’être stimulés intellectuellement dans un milieu extérieur car ils ne le sont pas toujours à la maison. Je pense donc que si les parents démunis sont les plus nombreux à rester à la maison et cela dans un but d’avoir un peu plus d’argent et non par choix de vie, cela n’est pas souhaitable. Et ceci est sans nommer les quelques familles, mais non négligeables, qui feront des enfants dans le seul but d’obtenir un revenu supplémentaire. Est-ce là où nous voulons en venir, procréer pour être rémunéré?
Bref, je crois qu’il y a un problème de valorisation des personnes au foyer dans notre société et que l’on doit y remédier. Je ne pense toutefois pas que subventionner les parents pour qu’ils restent à maison est une solution individuellement, socialement et économiquement rentable.
Références
1- Elkouri, Rima. «Les parents n’ont pas toujours raison», La Presse, 15 octobre 2010.
2- FORTIN, Pierre. http://bazzotv.telequebec.tv/ , 28 octobre 2010.
3- GALIPEAU, Silvia. «Pour en finir avec les listes d’attendre», La Presse, 15 octobre 2010.
4- GALIPEAU, Silvia. «La parole aux parents», La Presse, 15 octobre 2010.
Laurence Demers-Rivard, cours du mardi soir
Commentaires
C’est un sujet extrêmement complexe que tu soulèves. Il est vrai que la logique des CPE est de se financer à travers les revenus supplémentaires du parent qui va travailler plutôt que de rester à la maison et que le but est d’augmenter la population active. Cependant, il serait quand même intéressant que les familles aient le choix de recevoir en allocation ce que coûtent leurs enfants à l’État ou d’envoyer leurs enfants à la garderie/école. Peut-être qu’une telle démarche pourrait se justifier économiquement en prétextant qu’un enfant passant plus de temps avec sa famille a plus de bénéfices: (meilleure estime de soi, enseignement plus personnalisé, etc.) et donc coûterait moins cher à long terme à l’État.
De plus, un peu de compétition ne fait jamais tord, cette nouvelle liberté de choix obligerait les garderies à s’adapter aux besoins des citoyens. Bref, il y a plusieurs possibilités à envisager, car la situation actuelle ne répond pas nécessairement aux besoins de tous.
Ton sujet peut nous ramener plusieurs décennies en arrière où les familles avaient plus d'enfants et que les femmes restaient au foyer tandis que les hommes allaient travailler pour nourrir sa famille. Les aides gouvernementales n'existaient pas...
Lors d'un stage en garderie publique en France, j'ai eu l'occasion de m'occuper d'un enfant de 18 mois dont la mère avait l'obligation de mettre son fils à la garderie pour son développement psychomoteur. La mère était suivie par les services sociaux de part son diagnostic de débilité légère, elle avait plusieurs enfants "normaux". Ses enfants ne lui avaient pas été retirés. Des recherches ont démontrées que les enfants étaient mieux avec leurs parents même déficients qu'en famille d'accueil. Et dans ce cas précis, on alliait la mère et la garderie pour l'éveil psychomoteur de l'enfant.
La vie relationnelle est un facteur essentiel pour l'élaboration du développement psychomoteur. Pour permettre un développement psychomoteur et psycho-affectif harmonieux, les enfants ont besoin de recevoir une qualité et une continuité d'attention pour mettre en place des attachements privilégiés, c'est-à-dire des relations stables et sécurisantes.
Je pense que les enfants de moins d'un an sont mieux à la maison qu'à la garderie.
Par contre, pour un meilleur éveil psychomoteur de l'enfant, on pourrait avancer l'âge scolaire entre 2 et 3 ans plutôt que 5 ans actuellement. Ce qui permettrait aussi aux enfants de familles défavorisées de se développer à travers l'école maternelle.
Les parents pourraient ainsi prendre un congé parental allant d'un à trois ans selon leur choix personnel et financier en mettant leur enfant à la garderie après sa première année et avant son entrée à l'école. Le parent resté à la maison pourrait reprendre son activité professionnelle plus tôt.