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Mieux gérer notre système de santé

par Caroline Landry

ENP-7328

 

Le Québec s’est doté d’un système de santé universel garantissant à ses citoyens la gratuité de la majorité des services et des soins qu’ils reçoivent sur le territoire de la province. Afin de rencontrer son obligation d’universalité des soins de santé, le gouvernement a vu ses dépenses en santé croître de 8% par année depuis les dix dernières années et consacrera pour l’année 2010-2011 44,7% de son budget à la santé. Malgré cette portion importante consacrée à la santé, le réseau de la santé n’est pas en mesure de répondre à la demande. Pourquoi? Est-ce parce que le réseau de la santé est mal géré? Est-ce parce que le panier de services est trop large? Est-ce parce que les citoyens utilisent mal le système? Est-ce parce que les conventions collectives sont trop limitatives des droits de gérance? Je réponds « oui » à toutes ces questions. Dans un rapport qu’elle a publié en septembre dernier, la très prestigieuse Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) s’est prononcée la situation du système de santé au Canada.  Selon l’OCDE, une réforme en profondeur du système de santé canadien et québécois est nécessaire. Le système de santé est très coûteux mais les citoyens n’en retirent pas le maximum. Selon l’OCDE, la problématique ne se situe pas dans les investissements que nous faisons dans notre système de santé mais plutôt dans sa gestion. Le système de santé coûte trop cher pour la qualité qu’il donne en retour. Cette évaluation est principalement faite à partir des constats suivants : pénurie de médecins de famille, engorgement des urgences et délai d’attente trop long pour les chirurgies. L’OCDE y va avec une liste de recommandations, qui, selon elle, solutionneraient les problématiques du système de santé canadien. Parmi ses recommandations, on y retrouve les suivantes : réduire la croissance des dépenses en santé de 8% à 4% par année; procéder à une réforme de la Loi canadienne sur la santé afin de permettre la couverture privé des services de base;  procéder à une réforme du système de financement des hôpitaux en procédant sur la base du niveau d’activités et introduire une participation financière des patients. Évidemment, il ne s’agit que d’une liste de recommandations. À nous de choisir lesquelles nous conviennent. L’OCDE a fait une belle « job » de nous placer devant une réalité que nous ne pouvons plus ignorer.  Notre système de santé est un gouffre sans fond!

 

Il faut se rendre à l’évidence qu’un changement radical dans la façon dont nous administrons le réseau de la santé s’impose. Cessons de demander aux établissements de santé des redditions de compte à n’en plus finir et consacrons-nous à ce qui est important, les soins et les services à offrir aux citoyens. Syndicats, aidez nous à réorganiser le travail en mettant la clientèle au cœur de nos préoccupations. La solution ne se trouve pas dans l’imposition d’un ticket modérateur ou dans une franchise santé. Les contribuables québécois sont parmi les plus imposés au Canada. À cela s’ajoute, les contributions au Régime québécois d’assurance parentale, à la Régie des rentes du Québec, à l’assurance-emploi et les taxes de toutes sortes (TPS, TVQ, taxes municipales et scolaires). En bout de ligne, plus de 50% de nos revenus vont au gouvernement. C’est assez!  Cessons de saigner à blanc la classe moyenne. Arrêtons d’investir dans des futilités comme un super amphithéâtre à Québec. Demandons aux citoyens corporatifs de contribuer plus en haussant leur taux d’imposition ou encore en exigeant que les soins de base soient couverts par les régimes d’assurances de groupe des employeurs au même titre que les médicaments. En tant que société, il faut faire un choix et déterminer ce qui est important : la santé ou la culture? Si la réponse est la santé et on peut s’imaginer qu’elle le sera, prenons les moyens en conséquences. Oui, les budgets des autres ministères s’en verront réduits, mais ce sera notre choix. Est-ce vraiment nécessaire d’avoir 20 ministères? Pourquoi ne pas procéder à une cure minceur et en regrouper certains afin de diminuer les coûts opérationnels du gouvernement. Ces économies pourraient être investies dans la santé. Avant de puiser dans les proches des patients comme le suggère l’OCDE, regardons les autres recommandations et tentons de solutionner le problème en procédant à une saine gestion de notre système. C’est trop facile d’augmenter les impôts et d’imposer des franchises santé ou un ticket modérateur. Ces solutions que je considère « band-aid » ne feront que panser le bobo et ne règleront rien à long terme.

Commentaires

  • Je conçois que le rapport de L’OCDE est clair sur le fait que le Canada a tout intérêt à revoir certains éléments du système de santé. Comme tous les systèmes, ce dernier est perfectible. Toutefois, je crois comme vous qu’avant de modifier la Loi canadienne, d’autres avenues doivent être explorées notamment en regard des coûts ou des tarifs exigés pour des biens ou produits dispensés par l’État québécois.
    Cette révision pourrait dégager des marges de manœuvre financières pour le système de santé et ainsi permettre d’envisager de conserver l’universalité de ce dernier. Je m’explique; certains services rendus ou biens produits par l’État ne sont pas tarifés à leurs justes valeurs économiques. Ils sont donc soit financés par les impôts, afin de combler le manque à gagner, soit ils se traduisent par des revenus supplémentaires non générés. Par exemple; le maintien de tarifs d’électricité sous le prix courant, a-t-il pour effet de permettre aux plus démunis de se chauffer à bon prix ou plutôt de permettre à des gens qui consomment beaucoup d’obtenir une subvention à la consommation; pensons notamment à ceux qui ont plusieurs résidences, ou de très grandes? Aurions-nous avantage
    • à augmenter ce tarif plus près de son véritable coût économique
    • à fixer des échelles de tarif selon la consommation
    • à aider directement les plus démunis
    En d'autres mots, aider de façon ciblée ceux qui en ont besoin plutôt que tous les citoyens du Québec?

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