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Êtes-vous fiers de travailler dans le réseau?

            Alors? Combien lèvent la main? Vous aimez probablement votre travail, parfois votre équipe. Mais beaucoup moins les conditions. Et ça commence à peser lourd sur vos épaules… À la base de la pyramide, nous sommes tous à bout de souffle en raison du travail qui se complexifie, des coupures de personnel, des changements de structures imposées, des réorganisations bâclées et du manque de support généralement vécus. Pourtant, si j’étais votre patron, je vous demanderais encore une petite chose de plus…

            Nous partageons tous ce souci d’efficacité et d’efficience dans l’accomplissement de notre devoir professionnel. Bien traiter nos clients. Leur donner ce dont ils ont besoin. Les aider à guérir ou les faire cheminer avec la maladie. De magnifiques actes dont nous sommes les auteurs et qui s’ancrent profondément dans nos valeurs. Qui deviennent sacrées. Intouchables. D’où notre grande révolte lorsque des décrets, des orientations ministérielles, des politiques de gestion ou des décisions administratives s’immiscent dans ces relations thérapeutiques privilégiées et nous dictent une conduite à tenir ou une manière d’exécuter ces actes qui va complètement à l’encontre de nos valeurs professionnelles indépendantes. Nous sommes les experts; qui sont-ils pour nous dire quoi faire? La révolte vient avec la prise de conscience du fait que nous demeurons professionnels, presque dociles et que nous obéissons. «Pas le choix» dirons-nous. Après tout, nous avons tous besoin d’un gagne-pain. On investit déjà assez d’énergie avec nos clients et on en a assez d’obéir aux contraintes de nos ordres professionnels, on ne se mettra pas l’employeur à dos en plus de tout ça. Mais devons-nous baisser les bras et nous contenter de «faire notre temps au travail»? Est-ce là l’avenir de notre réseau?

            Notre culture professionnelle en tant que membres ayant adhéré aux principes du réseau implique généralement qu’on va se conformer à l’autorité qui y règne. On respecte nos supérieurs et la hiérarchie inhérente. On demande la permission. Dans le réseau, on ne peut s’exécuter que si c’est permis. N’est-ce pas? Et si je vous incitais à la délinquance? Et si je vous disais que la seule solution qui pourra concrètement changer le réseau à court terme nous appartient et dépend de nous. Nous devrons dorénavant prendre certaines libertés afin d’assurer le maintien de la flamme pour notre emploi. Je ne parle pas ici de dissidence ou de refus d’obtempérer; je vous incite simplement à utiliser votre gros bon sens pour simplifier les processus existants. Je vous encourage à répondre à votre besoin d’accomplir votre devoir professionnel en tirant profit des opportunités qui s’offrent à vous.

            Les fusions forcées, les guerres interprofessionnelles, la communication pénible avec les autres établissements, les rancunes syndicales, les équipes décimées par les coupures et les départs… Voilà ce que nous devons mettre derrière nous. Pourquoi? Simplement parce que nous ne pouvons plus rien y changer même si nous ne sommes toujours pas d’accord avec les événements. Nous devons apprendre à être plus imperméable aux changements occasionnés par le contexte difficile que nous vivons actuellement. Nous devons nous tourner vers demain et rechercher rapidement les avantages que peuvent procurer le changement, ce qui n’est certes pas une tâche aisée lorsque l’on vit notre amertume face à une récente décision. Mais toute cette énergie que nous gaspillons à cultiver notre grogne face au réseau… nous pourrions la canaliser différemment.

            En refaisant le focus sur l’objectif le plus grand que chacun de nous desservons comme professionnel, nous pourrons trouver des réponses. Lorsque l’on considère que chaque individu qui travaille au sein du réseau œuvre à servir le public, peu importe s’il appartient au réseau ou s’il vient d’une agence, peu importe sa place dans la hiérarchie, peu importe son établissement d’appartenance, on reste centré sur la mission qui interpelle chacun d’entre nous, chaque matin où nous nous levons pour aller affronter nos défis. Il s’agit de la seule manière d’aller de l’avant et d’amener un «input» positif à la culture de notre équipe de travail.

            D’aucuns ne nient qu’un des enjeux du réseau pour les années à venir passe par la redéfinition de la collaboration interprofessionnelle ainsi que de ses modes actuels, en allant au-delà de la pratique normative. L’avantage de cette perspective où tous travaillent dans un objectif commun crée une ambiance favorable à la création d’idées et à la mise en place de solutions possibles. Le partage d’un but commun crée un climat de confiance qui favorise la collaboration interprofessionnelle. Cela semble évident; pourtant, vous rappelez vous la dernière fois où vous avez commencé une réunion de travail en vous rappelant la mission commune que vous servez? Notre travail ne peut pas prendre de sens si nous ne le réalisons pas dans une optique plus globale. Voilà la clé, l’avantage principal que nous détenons en faisant partie du réseau public de la santé. Et cela peut devenir une puissante arme. Imaginez : nous sommes les mieux placés pour connaître et répondre aux besoins de notre clientèle. Conséquemment, nous sommes les mieux positionnés pour mettre en place les idées émergentes. Et nous sommes nombreux! Quand nous prenons des initiatives collectives et que nous améliorons le sort de nos patients ou l’organisation du travail, il y a un effet rétroactif positif. L’équipe gagne en motivation et poursuit sa collaboration en l’étendant à d’autres aspects. Croyez-vous qu’il y aura un seul cadre ou un seul directeur qui ira à l’encontre de nos idées? Et si quelqu’un osait, ne croyez-vous pas qu’on le condamnerait publiquement et que l’on dénoncerait son incompétence?

            Sans notre équipe de travail, point de salut! Actuellement, le réseau se charge de nous organiser puisque nous nous y réalisons en temps que professionnel indépendant. On nous perçoit comme un élément d’une unité. Nous manifestons bien collectivement notre désaccord mais poursuivons notre travail seul avec nos clients. Je sais, nous mettons en commun nos idées par l’entremise des équipes interdisciplinaires et l’on assiste parfois à de belles collaborations entre les établissements. Mais nous devons aller encore plus loin dans notre concept d’équipe. Nous sommes au service des clients du réseau et nous avons tous l’objectif commun de les aider.

            Faites-moi plaisir : ne demandez plus la permission à votre patron pour améliorer votre sort. Prenez des initiatives collectives. Celles-ci répondent à vos besoins en tant qu’intervenants du réseau et s’exercent dans le cadre de l’emploi pour lequel on vous a engagé! Qu’avez-vous à perdre?

            Il est peut-être vrai que si vous vous présentez demain au travail avec une fierté hors de l’ordinaire parce que vous venez servir les palpitants clients du magnifique réseau de la santé et des services sociaux, on vous fera subir un contrôle anti-drogue! Sauf qu’ironiquement, si vous ne prenez pas plus de fierté à contribuer à un ensemble et que vous poursuivez seul votre petit bout de chemin, vous contribuez directement à la démotivation générale et au climat d’insatisfaction qui règnent dans nos milieux de travail.

            En terminant, voici donc ma demande. Demain matin, demandez-vous en quoi consiste votre travail. Ne dressez pas de liste exhaustive des tâches que vous aller accomplir. Regardez plutôt en quoi la totalité de vos tâches de la journée contribuera à l’ensemble. Quel rôle jouez-vous? Vous verrez que vous êtes essentiel. Valorisez-vous. Soyez fier. Vous le méritez. Gardez cette réflexion en tête pour la journée. Prenez plaisir à travailler. Et si vous passez une meilleure journée, passez donc le message…

 

Frédérick Boulé

 

Commentaires

  • Le réseau a besoin d’une révolution !

    Très beau blog, up-lifting, extrêmement valorisant à nous, professionnels de la santé. Genre de discours que nous devons tous entendre répétitivement de nos patrons immédiats, qui devraient tous être descendants de la nouvelle génération de cadres. C’est vrai qu’on entend rarement faire allusion, lors de nos réunions et discussions, à la mission-vision-valeurs de nos établissements; encore plus rarement de l'appréciation! Tout ce qu’on entend c’est qu’on n’est pas assez performants, ou qu’on doit se débrouiller avec ce qu’on a, car aucune augmentation de ressources en vue avec toutes ces compressions budgétaires…On est devenus tous empêtrés dans nos frustrations et problèmes quotidiens. Chaque jour, on s’attend au pire. On sombre dans notre quotidien et on a hâte que la journée finisse.
    On est devenu champions en Aplaventrisme. On oublie de penser out-of-the-box. Merci pour ce petit rappel.
    Il y a un poste de chef de programme vacant là où je travaille, n’ont pas trouvé preneur encore...
    Ça te tenterais-tu d’y appliquer ?? ;-)

  • Je trouve cette mise à jour du sens premier de notre mission très rafraichissante. Je suis privilégié de ne pas vivre ce genre de désarois. En fait, et heureusement, le "carré de sable" qu'offre le cadre de mon travail est assez large pour être créatif et performant. Cependant, pour atteindre cela, il faut une bonne dose d'idéalisme et d'affirmation de soi. On doit être en mesure de négocier avec nos collègues et nos patrons et ne pas trébucher dans des règles trop rigides. Nous devons également nous assumer et accepter la réprobation de nos collègues. Le défi est fort stmulant dans la perspective où je crois en nos services publiques tout en étant conscient de leurs fragilités.

  • J'aime votre vent de fraîcheur, votre goût de la délinq uance, votre gros bon sens pour simplifier les processus. Jeune cadre dynamique et qui a une vision nouvelle de l'avenir. Cessons de regarder derrière et avançons vers le futur. Inutile de gaspiller notre temps, nos énergies et notre salive; faisons "avec le changement". Travaillons main dans la main et remettons au centre de nos préoccupations le patient.

  • Moi je lève la main!

    Soutenir, partager, informer, agir, écouter, conseiller, accompagner… tels sont les gestes du quotidien que j’ai choisi d’accomplir et qui me permettent de me réaliser professionnellement et personnellement. Un attachement profond à des valeurs de justice, de solidarité, de liberté et de coopération m’a amené à travailler pour les services publics.

    Bien que la reconnaissance patronale brille souvent par son absence, où la gestion participative demeure davantage un concept qu’une application réelle, le rayonnement de mon implication auprès de mon équipe et des patients que je côtoie me satisfait et me donne envie de me lever chaque matin pour aller travailler, me permet de revenir le soir avec le sentiment d’avoir un peu changé les choses. Par cet état d’esprit et cette façon de concevoir mon travail dans son ensemble, je sais que j’influence les collègues qui m’entourent et que les effets positifs se propagent aussi rapidement que les virus! Mieux vaut être touché par la fierté que nous procure notre travail dans le réseau que par le grippe A-H1N1!

    Nadia Chouinard
    ENP 7505 lundi soir

  • Moi aussi je lève la main, très haut et j'en suis fière...
    Il est vrai que ce n'est pas toujours facile et que nous sommes critiqués par tous mais après plus de vingt ans dans ce réseau, je suis toujours prête à poursuivre. J'ai travaillé au début de ma carrière dans le privé mais croyez moi si on parle de conditions de travail, celles qui balisent notre quotidien sont plutôt intéressantes. Je suis cadre dans ce merveilleux réseau depuis 2002. J'ai décidé de faire le saut de syndiqué à cadre parce que je savais que je pouvais aider à faire changer certaines choses. J'y crois encore et j'y travaille fort.
    Il est vrai que nos patrons nous en demandent beaucoup mais lorsque je quitte le travail le soir, je le fais avec le sentiment du devoir accompli, pas parce que j'ai réussi à tout faire mais parce que j'ai aidé quelqu'un, que ce soit un usager, un de mes employés ou encore un collège.
    Comme patron, je ne pourrai jamais être en accord avec la délinquance mais avec la créativité et les projets novateurs je dis OUI et pour cela, il y a de place dans notre réseau. Il suffit d'être dans un établissement qui prône cette ligne de conduite.
    Accepter de travailler dans un établissement du réseau est un choix personnel, si ça ne nous convient pas, il est possible d'aller explorer ce qui se fait dans un autre établissement.

    Annie Richard
    ENP7505 mardi soir

  • Je suis fière de travailler dans le réseau de la SSS et je dis OUI au changement et mettant sur pieds les idées et la créativité des "maîtrisards" de l'ENAP.

  • Je lève la main, comme bien d'autres, pour exprimer ma fierté de travaillé dans le réseau de la SSS. J'ai du plaisir à le faire, à travailler en équipe, pour nos clients. Pour innover, trouver des façons créatives de répondre aux besoins.

    Cependant, je lève aussi mon autre main pour souligner l'état de fatigue des intervenants dans le domaine de la SSS. On nous demande de faire plus, toujours plus, sans ajouter de ressources. Nous sommes capables de trouver de nouvelles façons de faire, nous sommes capables de changer de façon créative. Nous ne pourrons cependant pas continuer longtemps sans nous essoufler. Le réseau de la SSS est un bon réseau, malgré ses nombreuses coquilles. Il faut cependant prendre soin des gens qui y oeuvrent. Il faut aussi que leur travail - oui, un travail de "fonctionnaire" - soit reconnu tant par le haut de l'échelle, mais surtout par les citoyens. Sinon, le réseau frappera éventuellement un mur.

  • Merci de l’intérêt que vous avez porté à ce blog et bravo pour votre engagement! Comme vous l’avez tous souligné, la fierté que vous prenez à contribuer au réseau comme intervenants ou gestionnaires est un élément-clé dont bénéficie votre équipe de travail. C’est également la seule façon de mobiliser davantage de gens quand le courant de gestion au sein du réseau parle davantage de structures, de systèmes et de stratégies (les trois S) que de projets, de personnes et de processus (les trois P). (Bareil et al., 2002)
    Je réitère que lorsque je vous incite à la délinquance, je ne parle pas de non-obéissance. Je parle plutôt de continuer à questionner les pratiques établies et de se servir des cadres légaux en place, beaucoup plus larges que ce qu’on croit, pour initier des mécanismes de coordination ou de communication assurant un meilleur soin des patients.
    Trop de bonnes initiatives se perdent parce qu’en bons disciples du réseau, on essaie d’établir de nouveaux cadres entourant l’action que l’on désire entreprendre avant de tenter nos expériences. Et souvent, lorsque le cadre autorisant l’action est déterminé et autorisé, l’action est en elle-même dépassée ou abandonnée, les acteurs ayant parfois déjà changé de responsabilités!
    Les bonnes idées ne naissent que lorsque l’on accepte de bousculer l’ordre établi et qu’on assume avec conviction les impacts positifs qui en découleront. Voilà comment les ressources à la base de la pyramide doivent s’impliquer dans la gestion. Vendez vos idées. Ce sont les meilleures!

  • Je suis tout à fait à l'aise avec cette "délinquance" et je crois que les personnes qui sont le moindrement créatif et qui ont le désir de changer les choses et de rendre un meilleur service ou pour se dépasser professionnellement n'ont pas d'autre choix que d'agir "délictueusement" quelques fois. Faire preuve d'innovation et d'efficience sans que ça doit encadrer par 10 cadres et politiques est-ce si reprochable que ça? Je crois que le réseau doit démontrer un peu plus de souplesse pour mettre à l'essai des nouvelles façons de faire et revenir à la base auprès des intervenants pour inciter et initier les changements.

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