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Mourir dans la dignité: la dignité de définit dans le regard que les autres portent sur nous!

Café latté et muffin pour emporter, je me dirige rapidement à la bibliothèque de l’Enap. Je dois, dans le cadre du cours Enjeux contemporains de gestion dans les organisations de services de santé et de services sociaux, rédiger un commentaire sur la commission spéciale sur la question de mourir dans la dignité. Je ne me suis jamais vraiment questionnée sur ce sujet. L’euthanasie et le suicide assisté sont des actes qui peuvent sembler être une option à considérer pour des personnes très malades ou gravement handicapées. Je me rappelle l’affaire Latimer. Ce fermier de la Saskatchewan qui a tué sa fille lourdement handicapée[1]. J’avais beaucoup de compassion pour lui. Et, sans avoir fait une analyse de ce cas,  j’ai trouvé sa sentence sévère, « 18 janvier 2001: La Cour suprême du Canada rend son verdict: elle confirme la peine de prison à perpétuité de Robert Latimer»[2]. Et, toujours tiré du même article, « Selon la Cour, la sentence n'est ni cruelle, ni inusitée, ni disproportionnée pour le crime le plus grave en droit, celui de meurtre ». Monsieur Latimer a-t-il tué sa fille ou l’a-t-il euthanasié? Monsieur Latimer a-t-il soulagé sa fille de ses souffrances ou c’est-il libéré de sa responsabilité envers elle?  Pouvait-il ainsi décider de la vie de sa fille? Et, si c’était moi ou vous la personne handicapée, cette vulnérabilité doit-elle donner le droit de mort sur nous? Mon café latté à, tout à coup un goût amer!

Le droit d’imposer ou de s’imposer la mort est une question complexe qui entremêle plusieurs enjeux. Le doit criminel, l’éthique, les valeurs sociales culturelles, la religion sont tous des éléments à considérer quand on parle d’infliger la mort. Et, la question qui tue, et c’est le cas ici, qui décide de procéder à l’étape finale de la vie?

Afin de garder une approche objective, je prends connaissance du document de consultation de mai 2010,[3]  je fais la lecture de différents commentaires sur le sujet et je commence à  remplir le questionnaire associé à la question qui figure sur le site de l’Assemblée nationale[4]. Peu importe de quel angle on analyse cette question, il est très difficile, voire impossible, de conclure avec des points uniquement rationnels. La mort est la destination finale de l’être vivant. Peut-être y a-t-il une connexion vers une autre destination, mais, pour l’instant, cela n’est que croyance. De décider d’éteindre la vie qui nous a été donnée mystérieusement, est une question qui ne peut pas faire l’objet d’une loi sous un article quelconque dans le code criminel ou civil. C’est une affaire d’analyse de cas par cas.

Je décide d’élargir mes sources d’informations avant de compléter mon commentaire. Je demande à un médecin ce qu’il pense de la question mourir dans la dignité? Il est médecin de garde dans une résidence pour personnes lourdement handicapées. Il me mentionne que la plupart de ces personnes restent en vie en raison de différents médicaments qui aident leur circulation sanguine, pression artérielle, insuffisance respiratoire, insuffisance rénale… Si l’on cessait d’administrer ces ordonnances, qui aident les organes vitaux dans leur fonction, plusieurs patients pourraient mourir dignement, sans soulever l’épineuse question de l’euthanasie. Les soins palliatifs sont là où les efforts doivent être dirigés. Ces soins doivent être accessibles à tous, une approche douce, la morphine et autres médicaments de soulagement, dans un environnement agréable et paisible. La douleur doit être le mieux possible contrôlée pendant que chacun des organes, privés d’une molécule pharmacologique, meurt doucement. Le médecin m’explique qu’il a dû prescrire des antibiotiques à une personne souffrant de la maladie d’Alzheimer pour la soulager d’une pneumonie. Or, sans ce traitement, la dame serait probablement morte.

La question demeure pour ceux qui survivent. Alors, j’ai encore élargi ma réflexion. J’ai posé la question à plusieurs personnes, mourir dans la dignité, pour ou contre l’euthanasie? Et, un ami africain m’a finalement donné la réponse. Dans leur communauté, lorsque quelqu’un est malade on ne le laisse jamais seul. Chacun a un tour de garde et prie avec le malade et reste à le réconforter. Il n’est jamais question de provoquer la mort. Dans cette réponse, j’ai tristement réalisé que peut-être notre société et notre mode de vie sont eux les vrais malades!

Nous sommes pressés, nous vivons à toute allure et nous avons très peu de temps à offrir à nos proches. Nous sommes programmés pour ne pas déranger les autres et nous en arrivons même à vouloir mourir pour ne pas déranger. Si la souffrance est le véritable enjeu, investissons massivement dans les soins palliatifs. La dignité se définit dans le regard des autres. Si ma famille et mes amis me lavent, me soignent, me bercent et me réconfortent dans la maladie n’est-ce pas là une preuve d’amour et de générosité? Où suis-je égoïste de penser ainsi?

La vie est un mystérieux cadeau. Je crois qu’il faut la vivre à plein. On doit éviter l’acharnement thérapeutique quand le corps donne des signes de faiblesses graves. Il faut mettre sur la douleur beaucoup d’amour, d’amitié et un peu de morphine!

Nathalie Quesnel

Étudiante à l'Enap

ENP-7328

 

 

 

 



[1] http://www.radio-canada.ca/nouvelles/societe/2007/12/11/001-latimer.shtml

[2] Idem à #1

[3]http://www.assnat.qc.ca/fr/travaux-parlementaires/commissions/CSMD/consultations/consultation-97-20100525.html

[4] https://www.assnat.qc.ca/csmd/mourirdansladignite.aspx

Commentaires

  • Je suis d'accord avec toi. Il n'est pas simple de prendre position face à de tels sujets. Pourquoi faut-il légiférer sur le sujet alors que la médecine possède tout ce dont elle a besoin pour supporter nos malades. Il est vrai que nous vivons à vive allure et qu'il nous faut tout faire vite, même mourir, pour éviter d'être un fardeau pour nos familles et amis.
    Je travaille depuis plus de vingt ans dans le réseau de la santé et des services sociaux plus spécifiquement auprès des enfants ayant des handicaps sévères et des problèmes de santé très importants. Il est vrai que les soins qui sont prodigués à ces enfants sont de grande qualité mais si on laissait la vie jouer son rôle sans essayer de la déjouer, nous ne serions pas confrontés à des débats tels que la légalisation de l'euthanasie et du suicide assisté.
    Comme tu le mentionnes, il faut investir dans les soins palliatifs, pour qu'ils soient disponibles en qualité et en quantité suffisante pour diminuer la pression qui s'exerce actuellement sur les familles. À partir du moment où elles pourront compter sur ces services, elles pourront consacrer plus de temps à juste aimer la personne malade.

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