Lorsque le ministre s'en mêle
François Vincelette - ENP 7328, groupe 21, jeudi pm Montréal
Lorsque le ministre s’en mêle
Selon l’approche structurelle, le ministre se trouve à la tête. Il donne des orientations politiques de gouvernance et demande des résultats. Il a l’autorité morale sur le ministère qui doit s’arranger pour que ça marche. Ce dernier a autorité sur les agences qui ont autorité sur les CSSS, les centres hospitaliers, les centres de réadaptation et les centres jeunesse. Le ministre change la structure de l’organisation, en ce qui concerne la gestion des urgences, en exerçant directement son autorité sur les directions générales des centres hospitaliers.
Selon l’approche politique, c’est au bout du compte une question de financement pour les urgences. Du point de vue de l’environnement politique, ce ministre nommé par le premier ministre alors qu’il n’était pas élu, a été expressément mandaté pour redresser la situation de l’attente dans les salles d’urgence. Donc cette attitude est légitime. Aux grands maux, les grands remèdes.
Publiquement, les gestionnaires ne peuvent se soulever contre la vertu, et surtout celle qui est exercée par leur ministre. En adoptant l’approche symbolique de la gestion, la décision du ministre affecte le symbole qu’il est, ça donne une impression d’incompétence des subalternes. Surtout que le DG du CHUM a été congédié « manu militari » selon les termes des auteures. Il mine son autorité morale en agissant de la sorte.
Le ministre dispose d’un tableau de bord extrêmement performant qui lui indique l’état des urgences de tout le territoire en temps réel. Lorsque l’on met un urgentiste à la tête du ministère de la santé où les résultats d’attente aux urgences sont insatisfaisants, la tentation sera extrêmement forte de prendre les choses en main. C’est comme asseoir un enfant affamé devant un gâteau…
Est-ce que cette approche se démontrera plus efficace? Pour l’instant il n’a gagné qu’une demi-heure depuis mai 2010. C’est à suivre. Cette situation résulte clairement du virage moderne de la gestion des organisations publiques qui prône une approche axée sur les résultats. Les moyens d’aujourd’hui sont tellement performants, qu’un ministre peut suivre en temps réel une situation et être tenté d’intervenir personnellement en faisant fi du travail et du rôle des gestionnaires concernés.
Bibliographie
1. Lévesque, K. et Rioux, L.-M. (2010) Bolduc s’immisce dans la gestion quotidienne des urgences, Le Devoir, 29 sept. 2010
2. Proulx , D. (2010) Les approches en management : La pertinence de traiter des approches en management in Proulx D. Management des organisations publiques, 2e Presses de l’Université du Québec, pp.5-30
3. Proulx, D., Mazouz, B. et Tardif, M. J.B., (2010a) À propos de la performance : l’Arlésienne de la sphère publique, in Proulx D. ibidem, pp. 31-58
4. Proulx, D., Mazouz, B. et Tardif, M. J.B., (2010b) L’à propos des structures organisationnelles au-delà de l’organigramme. Questionnements des structures organisationnelles à l’ère de la gestion par résultats, in Proulx D. ibidem pp. 113-161
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