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Mourir dans la dignité

Mourir dans la dignité

Une commission spéciale sur la question mourir dans la dignité est en cours depuis septembre 2010. Cette consultation générale tient lieu de débat concernant les thèmes de l'euthanasie, le suicide assisté et les soins palliatifs. Une consultation qui s’élève au-delà de seulement l’opinion des experts, mais également de la population.

Les situations parues dans les médias de gestes de compassion, de demandes devant  la justice réclamant une mort digne, une fin des souffrances sont présentes régulièrement. L’opinion publique résonne jusqu’au Parlement ou à l’Assemblée nationale. Les politiciens sont sensibles devant ces questions, mais semblent préoccupés devant le fait de légiférer surtout au niveau de l’euthanasie et du suicide assistée.

Une question se pose, mourir dans la dignité, comment pourrait-il en être autrement? Réclamer l’euthanasie, ou le suicide assisté au nom de la diminution ou la perte de la qualité de vie et placer ce choix au-dessus de tout, est-ce que ce que nous voulons? Vivre des épreuves, l’humanité n’en serait-il plus capable?

Mourir dans la dignité, comment pourrait-il en être autrement, lorsque dans la Loi de la santé et des services sociaux nous retrouvons dans l’article 3 et 5  les termes dignité, droits et libertés, autonomie. Les articles 3 et 5 stipule que :

Article 3 : « La raison d’être des services est la personne qui les requiert, le respect de l’usager et la reconnaissance des ses droits et libertés doivent inspirer les gestes posés à son endroit, dans toute intervention, l’usager doit être traité avec courtoisie, équité et compréhensions, dans le respect de sa dignité, de son autonomie et des ses besoins ».

Article 5, « Toute personne a le droit de recevoir des services de santé et des services sociaux adéquats sur les plans à la foi scientifique, humain et social, avec continuité et de façon personnalisée ».

Devant les avancés technologiques, médicales et  pharmaceutiques qui repoussent continuellement la mort, avons-nous mis de côté la mort, inclut dans le continuum de la vie  et que la médecine a des limites quand au guérir? En même temps, la médecine a fait de grands pas dans la pharmacopée en lien avec le soulagement de la douleur physique et psychologique. Les données probantes concernant l’intervention appropriée afin d’offrir un accompagnement en fin de vie sont abondantes. Nous retrouvons dans la littérature plusieurs définitions des soins palliatifs, j’ai retenu celle de l’OMS qui stipule que :

« Les soins palliatifs sont l’ensemble des soins actifs et globaux dispensés aux personnes atteintes d’une maladie avec pronostic réservé. L’atténuation de la douleur, des autres symptômes et de tout problème psychologique, sociale et spirituel devient essentielle au cours de cette période de vie. Les soins palliatifs soutiennent la vie et considèrent la mort comme un processus normal, ne hâtent ni ne retardent la mort, atténuent la douleur et les autres symptômes, intègrent les aspects psychologiques et spirituels des soins, offrent un système de soutien pour permettre aux usagers de vivre aussi activement que possible jusqu’à la mort ».

Cette définition exprime bien l’offre de soins pour une clientèle en phase palliative. Soins palliatifs dans nos milieux signifient en particulier les soins de fin de vie pour une clientèle atteinte de cancer. Lors du débat, la question du nombre de lits insuffisants a été grandement remise en question. Il est vrai de prétendre qu’il y a un manque de lits ciblés en soins palliatifs, car si nous ajoutons la clientèle atteinte d’une maladie chronique, d’une maladie dégénérative, d’une démence et des personnes âgées etc., ces personnes auront à un moment de leur vie un pronostic réservé, donc passeront de la phase aigue à la phase palliative. Quelles seront les alternatives en termes de lits en soins palliatifs face au vieillissement de la population?

Le contexte socio-démographique

Selon Statistiques Canada, la croissance moyenne de la population canadienne de 75 ans et plus passera de 2 224 millions en 2010 à 2 480 millions en 2021 (+ 11 %) et à 4609 millions en 2036 ( + 100%). La pression sera énorme sur le système de santé afin de respecter les principes de la prestation des soins qu’elle soit curative ou palliative.

Nous avons présentement environ 40 000 places en hébergement au Québec. Le nombre de résidents admis pour l’année 2008 a été d’environ 39 000.  Ces données expliquent le nombre de lits de soins palliatifs nécessaires afin de répondre à la demande. Avons-nous 39 000 places en soins palliatifs? Est-ce que la solution aux problèmes de mourir dans la dignité est le nombre de places en soins palliatifs ou plutôt assurer une approche de soins palliatifs dans tous nos milieux incluant les soins intensifs et l’urgence?

Nous savons que le nombre de personnes âgées souffrant de la maladie d’Alzheimer sera en croissance. Connaissant l’évolution de la maladie, est-ce que la personne atteinte de la maladie demandera dans ses moments de lucidité  de mettre fin à ses jours. Devant cet état de fait, devrons-nous accélérer le processus de fin de vie au nom de la qualité de vie?

Mise en œuvre

Nous nous sommes dotés d’une Loi de la santé et des services sociaux, avec l’article 3 et 5 qui explique la raison d’être et d’offrir des soins  dans le respect de sa dignité,  la Charte des droits et libertés de la personne stipule que « Tout être humain a droit à la vie, ainsi qu’à la sûreté, à l’intégrité et à la liberté de sa personne et a droit à la sauvegarde de sa dignité, de son honneur et de sa réputation »  le Code civil stipule que «  Toute personne est inviolable et à droit à son intégrité » et d’une  politique en soins palliatifs et fin de vie. Par ces assises légales et outil d’orientation commune, je comprends difficilement comment se fait-il que nous n’avons pas mise en œuvre la politique en soins palliatifs de fin de vie à tout le moins dans nos centres d’hébergement. Il est vrai que l’approche milieu de vie a été priorisée, toutefois nos centres d’hébergement sont des unités de soins palliatifs ayant une durée moyenne de séjour d’environ 24 mois. Les données relatives aux admissions en centres d’hébergement démontre une évolution fulgurante des diagnostics reliés aux déficits cognitifs, une multiplication des problèmes graves de santé physique, souvent concomitants et une augmentation des incapacités motrices  et une augmentation des personnes âgées de 85 ans et plus (Orientations ministérielles, « Un milieu de vie de qualité pour les personnes hébergées en CHSLD, 2003).

La consultation est nécessaire afin que nous puissions amener notre société à bien comprendre les enjeux autour du mourir dans la dignité. Toutefois, en voulant bousculer le processus de deuil de la personne atteinte et de sa famille environnante afin d’éviter des douleurs tant physique que psychologique  de part et d’autres, nous aurons une société qui évitera les épreuves afin de préserver soi disant la qualité de vie. Les épreuves font partie de la vie, comment sommes-nous depuis le début de l’humanité à survivre devant les différentes crises de l’humanité? Où est donc la place de l’humanitude dans notre société?

Nous avons tous les outils légaux nécessaires à tout le moins d’offrir une prestation de services en soins palliatifs. Il est de notre responsabilité du moins d’intégrer et surtout de mettre en œuvre les actions qui font  la raison d’être de la mission de nos réseaux locaux de services soit de PRÉVENIR, GUÉRIR ET SURTOUT EN FIN DE VIE SOUTENIR.

 

Lucie Dion ENP 7328 jeudi PM

Commentaires

  • comme d'habitude, des propos sensés et bien appuyés sur des données probantes. Par contre, je crois qu'il y a une erreur dans les nombre dans les données démographiques...sur la population canadienne. Je crois, que comme toi, qu'il faille investir dans les soins palliatifs mais vraiment se questionner sur le droit de mourir dans la dignité et d'encadrer ce processus qui, selon moi, est inévitable.

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