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Dossier santé Québec: à quand la vérité vraie?

Une personne de mon entourage a travaillé au sein de l’équipe du dossier santé Québec (DSQ). C’était alors mon premier contact avec le plus gros projet informatique en cours au Québec. À partir de ce moment, je me suis mise à m’intéresser aux développements du projet.  J’ai été très surprise de constater un traitement médiatique très polarisé. Mais avant d’exposer davantage ma perplexité, je débuterai par un descriptif de ses avantages, j’exposerai mon constat de ce qui est relevé dans les médias et énoncerai quelques motifs potentiels des retards dans le projet du DSQ.

Selon le site internet du DSQ, ses avantages sont multiples pour les patients (ex : augmentation de la sécurité pour les traitements reçus), pour les médecins et le personnel infirmier (ex : accès instantané à une plus large gamme de données cliniques intégrées dans un seul dossier, délai d’intervention plus rapide et plus efficace, possibilité d’intervenir à distance, diminution du temps consacré à reconstituer l’information clinique et clarifier des directives imprécises incluses dans l’ordonnance), pour les pharmaciens (ex : réduction des effets secondaires et des interactions thérapeutiques) et pour le réseau de la santé et des services sociaux dans son ensemble (ex : diminution du nombre d'analyses en laboratoires et d'examens d’imagerie diagnostique faits en double, dispensation des services de spécialistes dans les régions éloignées, établissement d’une collaboration et une communication meilleure entre intervenants, une réduction des activités administratives telles, par exemple, demandes de dossier ). Il est donc clair que le DSQ, à terme et à cause des gains en efficience, permettra de réduire les impacts de la pénurie de personnel dans le réseau, notamment celle des médecins puisque l’association médicale du Québec estime que les médecins seront en mesure de prendre environ 20 % de patients de plus (Lacoursière, A., Cyberpresse, 4 avril 2009).   De plus, il aura l’avantage de générer des économies avec ces gains d’efficience et puisqu’il évite de la redondance (reprise de tests) en plus d’offrir une meilleure qualité de services.

Ensuite, il bénéficie de l’appui de grands groupes influents en santé : Association québécoise des établissements de santé et de services sociaux, Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (Breton, P. LaPresse 10 octobre 2007), Fédération des médecins spécialistes du Québec (Lacoursière, A., Cyberpresse, 4 avril 2009).    Alors, pourquoi, en fouillant sur Cyberpresse.ca, mis à part un article saluant la signature d’une entente pour un projet-pilote dans l’Outaouais (Mercier, J. Le Droit, 27 mai 2010), il n’y a aucun article dans les 12 derniers mois vantant les mérites du DSQ? Seuls les dépassements de coûts relevés dans les rapports du vérificateur général, d’ailleurs toujours niés à ce jour par le gouvernement ou sur le changement de capitaine à 4 reprises sont décriés. Est-ce seulement le fait que les bonnes nouvelles ne stimulent pas le lectorat? Ne devrait-on pas plutôt se demander pourquoi autant de départs de la part des gestionnaires en chef? N’y trouverions-nous pas des réponses, du moins en partie, aux motifs de retards du projet du DSQ?

Il est mentionné dans les articles que nous ne profitons pas du financement du fédéral à la même hauteur que les autres provinces, du fait de notre retard (le financement fédéral est tributaire de l'avancée des travaux). Pourquoi alors personne ne questionne les raisons de ces retards? Par exemple, n’avons-nous pas choisi comme province des stratégies, au départ, comme le opting in au lieu du opting out et un niveau de sécurité plus élevé ? Nous sommes, depuis, revenus avec des objectifs plus terre-à-terre, c.-à-d. l’option opting out et le choix du même niveau de sécurité que celui retenu par les autres provinces, ce qui a probablement permis l’avancée des travaux.

Également, on ne fait mention à aucun moment que les fédérations médicales militent pour une hausse de leurs honoraires selon ma source, prétextant la surcharge de travail occasionnée par le DSQ.   Étonnant, car je n’ai lu dans les articles disponibles que des avantages pour les médecins et même, une estimation d’un gain d’efficience de l’ordre de 20 %!  Comme ces professionnels sont rémunérés à l’acte, cela se traduit donc par une hausse de salaire avoisinant les 20%, non? Pourquoi bloquent-ils le processus, alors? Il me semble que si cette information était diffusée, ces fédérations n’auraient pas la faveur de la population sur ce point...

Un aussi gros projet ne peut voir le jour sans une période d'expérimentation sérieuse et rigoureuse. C’est la région de la capitale nationale qui a tout d’abord été sélectionnée. Toujours selon ma source, les retards occasionnés dans l’implantation du projet-pilote dans la première région ciblée sont en grande partie causés par des associations et fédérations qui freinent systématiquement le processus. Avec autant de ressources financières et humaines d’impliquées dans le projet, comment accepter qu’un aussi gros bateau soit accosté à cause d’une petite poignée d’individus? Il me semble essentiel de s’entourer de gens « vendus » au projet pour le faire avancer. Comment ça se fait que personne n’ait dénoncé cette situation? L’initiative d’ajouter l’Outaouais au printemps 2010 m’apparaît une bonne avenue pour aller de l'avant avec le projet.

Mettons le cap sur ce qui fonctionne déjà. C’est peu, mais tout le volet de « partage informatique des images radiologiques est déjà en place » (Mercier, J, Le Droit, 27 mai 2010) alors que celui sur le registre des médicaments est en expérimentation en Outaouais et dans la région de Québec, avec quelques pharmacies avec une clinique. Le volet sur les résultats des tests réalisés en laboratoire demeure à venir.

Il est vrai qu’il est bien dommage que l’accessibilité dans toute la province ait été retardée de 2010 à 2015. Pendant ce temps, nous ne profitons pas des avantages décrits ci-dessus. Le DSQ, à mon avis, demeure d’une utilité incontestable et un incontournable si l’on désire maximiser les ressources actuelles du réseau. Pour réussir à faire plus avec autant.

À l’heure où on est à repenser le financement du système public de santé, où chaque source d'économie sert à offrir de meilleurs services à la population, où le fonctionnement en réseau doit être supporté par les outils technologiques, affirmons par une volonté politique forte notre désir de voir aboutir dans son ensemble le DSQ. Alors, journalistes, concourrez à l’avancée du projet et trouvez les « encres » du bateau pour s’allier la pression populaire et remettre l’embarcation dans le courant!

Caroline Blais,  ENP 7328

Commentaires

  • Merci Caroline de nous apporter ce nouvel éclairage concernant le DSQ. Avant de le lire, j’avais un peu «honte» d’avouer que je ne connaissais pas beaucoup les raisons entourant la lourdeur de ce projet. Je croyais que ce n’était qu’une question d’argent et de grosseur du projet. Je me rends compte maintenant que ces deux raisons sont présentes, mais elles sont peut-être la conséquence de quelque chose qui ne va pas en dessous. Ce n’est pas la première fois que nous voyons un projet, aussi génial soit-il, ralenti ou avorté par un petit bassin d’individus résistants. Comment se fait-il que nous laissions autant de pouvoir à des individus alors que la masse pense autrement. Serait-il légitime de se questionner sur le leadership de ce genre de projet?

    Cela m’amène à réfléchir à la paralysie du système que nous vivons actuellement, et pas uniquement pour ce projet. Serait-il possible que les groupes représentant une partie de la population (Associations, Corporations, Ordres professionnels, Syndicats et autres) résistent à chaque changement proposé?
    La résistance au changement est quelque chose de connue et de très humaine. Nous résistons face à un danger réel ou imaginé. De quoi avons-nous peur? De l’inconnu?
    Selon Schermerhorn, 2006 , la réussite d’un changement, qu’il soit radical ou graduel, dépend en bonne partie de «l’agent de changement». Le contexte dynamique des organisations exige de tout dirigeant qu’il joue un rôle de promoteur de changement; c’est une responsabilité inhérente au leadership. Il ne suffit pas d’analyser les traits personnels et les comportements du dirigeant pour prédire les résultats d’un leadership donné, mais il faut aussi tenir compte des caractéristiques de la situation dans laquelle ce leadership s’exerce. En période de changement, «l’agent de changement» doit favoriser sincèrement et activement la participation des personnes touchées par le changement, à sa planification et à son implantation».
    Cet auteur nous présente les conditions gagnantes de l’implantation d’un projet : le leadership, la connaissance approfondie du contexte et l’implication des différents acteurs. En plus de ces trois éléments, il ne faudrait pas négliger le pouvoir de la communication ; tout le climat dans lequel se fera le changement en dépend.
    Dans le contexte actuel où plusieurs directeurs ont quitté le projet, on peut se questionner sur le choix du leader. Non pas que les qualités de ces dirigeant soit remises en question, mais plutôt, est-ce que les leaders étaient les bonnes personnes pour ce projet précis et savaient-il dans quoi ils s’embarquaient vraiment? Est-ce que l’analyse des projets à mettre en place est bien faite et est-ce que le choix du leader est bien agencé aux projets, en général? Quel pouvoir donne-t-on au leader, quel soutien lui donne-t-on? Et à qui l’imputabilité réelle de ce projet? Les groupes impliqués et susceptibles d’être touchés par le changement sont-ils consultés et impliqués?
    Je ne dis pas que c’est le cas de ce projet, mais comme tout va vite, je me questionne toujours sur la préparation de l’implantation d’un nouveau projet. Pour éviter la résistance, n’est-il pas primordial de bien le préparer et de bien le communiquer.

    Comme tu le rapportes dans ton article, il est temps que la population entende parler des raisons qui font réellement ralentir ce projet.

    Merci Caroline.

    Manon Lacroix
    ENP 7328

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