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LA PLETHORE DANS LA FONCTION PUBLIQUE MALIENNE : UNE REALITE QUÉBÉCOISE ?

Rappel Historique

Le Mali est un pays de l’Afrique de l’Ouest situé au 17ème parallèle. Il a un climat tropical, une longue saison sèche allant d’octobre à mai (8 mois), une saison pluvieuse de juin à septembre (3 à 4 mois) et des écarts de température oscillant entre 23 et 41°c à l’ombre. Il couvre une superficie de 1.240.696 km2 avec une population estimée à plus de 13 millions d’habitants et une densité d’un habitant au km2 au nord et 20 habitants au km2 au sud.

Le relief est caractérisé par une vaste zone saharo-sahélienne par des plaines et plateaux. Le pays est arrosé par deux grands fleuves (le sénégal et le niger[1]) et des lacs (débo, télé…etc.). La flore et la faune se concentrent plutôt au sud et dans une moindre mesure au sud de Tombouctou.

L’économie repose essentiellement sur l’agriculture, l’élevage, la pêche, le commerce, les transports, quelques unités industrielles.

Historiquement, ses débuts remontent en l’an 600 après J.C, mais « l’empire du Ghana » (ex nom du Mali) connu son apogée vers 1000. Après les dominations des conquérants almoravides venus du Maroc en 1076, la première forme de gouvernement démocratique (1230) vit le jour avec le roi Soundiata Keïta qui établit l’empire du Mali et proposa une « une constitution appelée Kurukanfuga» ou charte des peuples (avant 1789 s’il vous plait). Les empereurs et rois se succédèrent jusqu’à la colonisation française et l’indépendance de la République du Mali le 22 septembre 1960 dont le cinquantenaire vient d’être fêté avec éclat.

Le 1er gouvernement socialiste dirigé par Modibo Keïta fut renversé par un Comité Militaire de Libération Nationale le 19 novembre 1968 suite à certaines dérives du régime et ce dernier fut aussi remplacé malheureusement dans la douleur en mars 1991qui vit la naissance de la 3ème République. La constitution du 12 janvier 1992 consacra la démocratisation avec une séparation nette des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire. Elle a rendu effective la décentralisation, l’indépendance de la justice et la liberté de la presse.

Les faits

La démocratie a nécessité une véritable refonte de l’administration publique malienne où l’accent fut mis sur sa professionnalisation à travers la mise en place du CDI[2] qui a piloté la création la mise en place dans tous les départements ministériels des Directions des Ressources Humaines. Cette nécessité de cadrage des effectifs, du renforcement de leurs capacités et par ricochet de la maîtrise de la masse salariale a été déjà perçue en 19913[3] sous la 2ème République par la mise à la retraite volontaire de certains fonctionnaires. L’appât du gain rapide a incité plusieurs fonctionnaires notamment ceux de l’enseignement à tenter leur chance ailleurs en provoquant un déficit dans ce corps. Mais plusieurs structures furent affectées du même coup et il a fallu encore recruter d’autres agents (les contractuels) pour pallier ces difficultés.

Bien que le besoin en dotation de qualité soit toujours d’actualité, il faut reconnaître que l’environnement politique a influencé certains choix. Une pléthore d’agents concentrés dans la capitale (Bamako) et certaines villes principales et une pénurie dans le reste du pays.

Comment en est on arrivé à ce constat ?

  • Le premier facteur serait imputable aux ajustements structurels imposés aux pays en voie de développement confrontés à un endettement en spirale ayant conduit le Mali à privatiser ou liquider certaines sociétés et entreprises d’Etat mettant au chômage technique un grand nombre d’agents.
  • Le coût de la vie chère a incité les agents du niveau opérationnel (catégorie B pour pouvoir joindre les deux bouts) à se perfectionner à l’Université devenant du coup des agents de conception.
  • La concentration de plusieurs services stratégiques dans la capitale et  la politisation des cadres à tous les niveaux (je ne dis pas que c’est un mal en soi, mais dès que les nominations sont empreintes d’appartenance politique, il y a des questions qui méritent d’être posées quant à la neutralité de ces derniers vis-à-vis des décisions prises).
  • L’absence ou le manque de courage des chefs de service de procéder à un redéploiement des effectifs.
  • Le train de vie luxueux de certains fonctionnaires parvenus pour la plupart en raison de leur accointance avec la sphère politique ont convaincu le commun des mortels qu’il faut se faire aider par le politique.
  • Malgré qu’il existe un concours d’intégration dans la fonction publique, on a assisté depuis le début de la 3ème République à des « recrutements politiques » au détriment de certains méritants.
  • Il est à noter le reversement des contractuels de l’enseignement et des autres départements dans la fonction publique.
  • Le  prolongement de l’âge de la retraite.

Cette liste non exhaustive est pour rappeler la juxtaposition ou pléthore de cadres parfois à ne rien faire (absence de structures d’accueil ou de profils de compétence). Il en découle forcément des dysfonctionnements imprévisibles, des roulements de personnels qui affectent négativement l’atteinte des objectifs, une masse salariale non maîtrisable au bout de quelques années.

Les mêmes similitudes ? 

Il ressort des différentes études faites que, « le marché de l’emploi au Québec recèle plusieurs générations[4] »  surtout dans la fonction publique où la gestion des ressources humaines est complexe. Les causes pourraient être de plusieurs ordres selon l’auteur comme :

-       La difficile conciliation des valeurs que les uns et les autres se font du travail,

-       Le cycle de carrière cyclique au Québec,

-       Le personnel est responsable de son employabilité.

En analysant ces différentes hypothèses, on remarque que des attitudes et comportements considérés comme références hier n’ont plus droit de cité notamment l’honneur, la dignité, le patriotisme…etc, tandis qu’actuellement l’accent est mis sur la liberté, le progrès individuel. L’auteur les nomme « génération X et Y » surtout les derniers ayant coïncidé avec les NTIC, ils sont mus par « l’optimisme, la confiance, la débrouillardise…etc ».

Pour ce qui est du caractère cyclique des fonctionnaires au Québec, l’on ne peut que faire son corollaire de croissance de dépenses qu’il entraîne inévitablement ce qu’a regretté Monique Jérôme Forget[5]. Il est tout fait clair que dans une population vieillissante et qu’on ne peut pousser à la porte du fait de la loi, il s’en suivra une baisse de rendement, des méthodes de travail non partagées par tous d’où des possibilités de dysfonctionnements nonobstant les salaires qui iront en grossissant. Même la politique du ½ ne peut être un palliatif à long terme.

Toujours selon Saba, au Québec « le personnel est responsable de son employabilité et que les jeunes entre 31 et 40 ans sont les plus aptes à rechercher des postes plus intéressants ». Ceci entraînera un taux de roulement beaucoup élevé et lié à des facteurs externes de l’organisation. Les conséquences sont visibles, malgré une volonté affichée gouvernement fédéral de réduire les effectifs, le Québec est à la traîne surtout du secteur de la santé et de l’éducation. Et la presse de s’étonner : « la santé emploie  un cadre tous les jours » en même temps « la cadence ralentit [6]» slogan du gouvernement. On peut affirmer sans se tromper que la théorie de Wagner a de beaux jours devant elle aussi au Mali qu’à Québec.

Recommandations :

Il ressort de ce qui précède, le gouvernement du Québec ne pourra soutenir de telles dépenses dans une logique fédérative, d’une interdépendance internationale de plus en plus intégrative et compétitive.

Eu égard même à sa position de neutralité, l’État devrait favoriser :

-       Le transfert de certaines compétences aux pouvoirs locaux et régionaux (une décentralisation plus accrue et des délégations plus audacieuses) pour se consacrer à sa mission d’arbitre et non de compétiteur ou d’entrepreneur.

-       La réduction des postes ministériels,

-       La réduction des coûts (40 milliards de dépenses) et des effectifs (65.000 fonctionnaires)

Il faut oser remuer les tabous en déterminant un âge à la retraite pour tous les corps.

Boubacar YATTARA



[1] A ne pas confondre avec les noms des pays

[2] Commissariat au Développement Institutionnel

[3] Programme de départ volontaire à la retraite

[4] Tania Saba, , les différences intergénérationnelles au travail, Gestion, volume 34/n°3 Automne 2009, p25-32

[5] Devoir du 12/4/2009

[6]

 

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