Oubliez les péages au pourtour de l’île, disposons-les autour du Plateau Mont-Royal !
Derrière ce titre accrocheur, je n’ai pas la prétention de pouvoir discourir à fond de tous les tenants et aboutissants de cette ville qu’est devenue Montréal. Cette structure municipale complexe évolue au rythme de divers enjeux et tente de jouer son rôle de métropole. Mon intérêt se porte vers l’arrondissement du Plateau Mont-Royal qui fait la manchette régulièrement. Les uns sont en faveur et les autres décrient les bien-pensants de ce territoire les accusant de vouloir influencer l’ensemble des québécois jusqu’au fond de nos régions rurales. Disons-le tout de suite, je ne demeure pas sur le Plateau j’aime ma ville, du moins encore pour le moment… Je ne suis pas pour ou contre le Plateau, ce coin a ses particularités; mon maire à moi a des projets de poulaillers….
Je souhaite regarder de plus près certains enjeux de l’administration publique à travers ce microcosme qu’est le Plateau, non pas pour son côté jet set mais pour les mesures qui y sont véhiculées et mises de l’avant. À tort ou à raison, on ne peut pas parler ici d’immobilisme… mais est-ce le meilleur pour cette ville qu’est Montréal, pour le citoyen ?
Une mesure les parcomètres? Pour augmenter les revenus, pour favoriser la mobilité de la clientèle et par ricochet le commerce local ou pour décourager l’utilisation de la voiture et favoriser un meilleur environnement ?
La formation Projet Montréal, actuellement à la tête du Plateau-Mont-Royal depuis 2009, a des idées novatrices en matière d’environnement et de développement durable et d’ailleurs, tout le discours sur les rues piétonnières (comme la rue Mont-Royal), les mesures d’apaisement de la circulation (comme l’exemple de changer le sens circulatoire sur l’axe nord-sud qu’est la rue Christophe-Colomb) et finalement la récupération de la gestion des parcomètres vont dans ce sens. Ce discours à la sauce environnementaliste plaît à plusieurs mais que ce cache-t-il vraiment derrière tout ça ?
Je réagis à l’annonce effectuée le 11 octobre dernier par le chef de Projet Montréal, monsieur Richard Bergeron, qui se réjouissait du transfert des responsabilités mais surtout des revenus de la gestion des parcomètres et du remorquage aux arrondissements montréalais. « Les arrondissements pourront enfin gérer la question, toujours problématique, du stationnement avec des solutions locales plutôt qu'avec les solutions mur à mur habituelles. Depuis des années, les revenus des arrondissements stagnent, mais à partir de maintenant, ils auront le choix, ou non, de les augmenter sans devoir passer par une taxe spéciale ». Cette mesure décentralisatrice, qui devrait entrer en vigueur au premier janvier 2011, est d’ailleurs une initiative de monsieur Luc Fernandez, maire de l’arrondissement.
Monsieur Pierre Gagnier, maire de l’arrondissement Ahuntsic-Cartierville et également de la formation Projet Montréal en rajoute en spécifiant que suite à l’élection de 2009, deux des arrondissements les plus endettés à Montréal étaient Ahuntsic-Cartierville et le Plateau-Mont-Royal. Ahuntsic-Cartierville a remboursé ses dettes et a réussi à faire un surplus en 2009. Le Plateau-Mont-Royal est sur le point d'y arriver également.
Une réelle source de financement pour les arrondissements ?
A première vue, on serait tenté de répondre positivement. En 2009, les revenus des parcomètres ont rapporté 50,8 millions à Stationnement de Montréal, qui en a reversé 42,5 millions à la Ville (sous forme de taxes, loyers, permis, intérêts sur la débenture, compensation et redevances). Celle-ci en a redonné une partie aux arrondissements à l'intérieur de ce qu'on appelle leur «montant d'équilibre», qui correspond grosso modo à leur dotation. Toujours pour bien saisir l’ordre de grandeur, à la fin du mois de septembre, 572 parcomètres sur 16 000 étaient non utilisables en raison des nombreux chantiers et autres événements qui bloquent les rues, privant ainsi la Ville de Montréal d’un revenu quotidien de plus de 15 000 $. On évalue qu’un parcomètre procure un revenu moyen journalier de 36 $.
Or, selon la lettre envoyée à toutes les directions d'arrondissement le 30 septembre dernier, ces nouveaux revenus seraient simplement déduits de la dotation que les arrondissements reçoivent de l'administration centrale. De surcroît, les neuf arrondissements de l'ex-ville obtiendront le pouvoir de fixer les tarifs de tous les parcomètres ce qui était déjà pratique courante au sein des ex-banlieues.
La chef de l'opposition officielle, Louise Harel, a fait valoir qu'il ne s'agit pas d'un «problème de décentralisation, mais de dotation». «Les arrondissements, surtout de l'ancienne ville, sont sous budgétés pour les services qu'ils ont à rendre à leurs citoyens, à leurs visiteurs et ceux qui y transitent», a-t-elle fait valoir. Les arrondissements n'ont qu'à revoir les zones réservées aux résidants qui détiennent une vignette s'ils souhaitent leur faire plus de places, a poursuivi la chef de Vision Montréal.
Je considère personnellement que cette mesure décentralisée n’est pas favorable aux citoyens. Les arrondissements porteront l’odieux de cette hausse de tarif presqu’inévitable et ces tarifs vont être susceptibles de fluctuer d'une intersection à une autre, sur la même artère tout comme l’amende de remorquage qui pourra varier selon l'arrondissement où notre voiture aura été saisie. Cela rappelle de douloureux souvenirs sur les mesures disparates des règles de déneigement sur les grandes artères chevauchant plus d’un arrondissement… Ça me donne le goût de chanter comme Charlebois : «Demain l’hiver, je m’en fous, je m’en vais dans le sud au soleil, me baigner dans la mer et je penserai à vous en plantant mes orteils dans le sable doux».
Un des faits inusité de notre administration municipale est la composition du comité exécutif où des représentants des différents partis s’y retrouvent. Or, bien que la correspondance fût réellement acheminée aux directions des arrondissements, les représentants d’Union Montréal sont en furie puisque c’est le représentant de Projet Montréal qui en a fait l’annonce. Sa nomination à titre de responsable de l’urbanisme en avait déjà fait grincer plus d’un, certains membres du caucus du maire Tremblay fulminent devant les sorties publiques de monsieur Bergeron. Un autre prix à payer pour sauvegarder cette ville à tout prix et conserver la confiance d’un maximum de citoyens : faire une croix sur la solidarité du parti au sein même de l’exécutif ! Nous saurons toute la vérité sur la mise en place de cette mesure prochainement. Le maire parle de coupures nécessaires à la hauteur de 250 M$ et les arrondissements doivent présenter leur budget à partir du 20 octobre.
L’histoire ne parle pas de l’impact sur les opérations et l’alourdissement des structures. Je ne peux la prédire mais sachez que la société en commandite Stationnement de Montréal (Stationnement de Montréal) est une filiale de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain et existe depuis 1995. Sa mission est d’assurer la gestion optimale du stationnement public tarifé, sur rue et hors rue, afin de favoriser le développement de l’activité économique de la Ville. De par sa nature même, Stationnement de Montréal n’a pas de conseil d’administration. Accesum inc., son commandité, agit en son nom. La Chambre de commerce du Montréal métropolitain, quant à elle, est le commanditaire d’Accesum inc. Stationnement de Montréal emploie 90 personnes dont 79 employés de la Ville de Montréal.
Des frais de stationnement bons pour l’environnement mais aussi pour notre jeunesse
Automobilistes, soyez heureux d’apprendre que Stationnement de Montréal collabore à la lutte contre le décrochage scolaire en versant chaque année une part de ses bénéfices (0,6 million de dollars pour 2009) au Fonds Ville-Marie, promoteur du projet Classe Affaires qui offre aux élèves de troisième et quatrième secondaire des opportunités de stages liés au monde du travail. De plus, Stationnement de Montréal a choisi d’accorder le mandat d’entretien des vélos en libre-service à une entreprise d’économie sociale qui emploie des jeunes en insertion sur le marché du travail. L’entreprise est mise sur pied par le regroupement des Corporations de développement économique communautaire (CDEC).
En terminant, le citoyen peut participer au budget du Plateau-Mont-Royal
Cet arrondissement est la première instance publique au Québec à avoir instauré la notion de budget participatif. Inspiré de Porto Alegre au Brésil, le modèle «plateauidien» a été initié en 2006 et a évolué depuis. Les résidents proposent et priorisent les actions à mener dans le cadre du budget d’investissement que représente le programme triennal d’immobilisations (PTI) de l’arrondissement. Les élus adoptent, par la suite, les projets à réaliser dans l’année qui vient. Une réflexion est en cours pour voir comment le citoyen peut ensuite être impliqué dans la mise en œuvre et l’évaluation de celle-ci. Cette participation citoyenne se veut un moyen efficace de légitimer les décisions publiques et en augmenter la qualité pour le bien collectif, selon le directeur du centre d’écologie urbaine de Montréal, monsieur Luc Rabouin.
En conclusion
Je suggérerais fortement aux gens de la banlieue de penser à faire d’autres choix que la voiture en terme de transport; peut-être qu’un volume vraiment haussé aura, une fois pour toute, un effet levier sur les mesures de transport collectif ? N’oubliez pas de surveiller l’annonce du Plan de stationnement des élus du Plateau-Mont-Royal qu'ils feront connaître d'ici la fin novembre. Quant à la Ville de Montréal, je demeure persuadé qu’une vision globale est nécessaire, peut-on souhaiter un modèle mixte de centralisation et décentralisation établit dans une perspective globale de développement ?
JoBlo ENAP-7505
Références :
Les parcomètres :
http://www.cnw.ca/fr/releases/archive/October2010/11/c9619.html
http://argent.canoe.ca/lca/affaires/quebec/archives/2010/09/20100928-183258.html
http://fr.canoe.ca/infos/quebeccanada/archives/2010/10/20101012-211401.html
Stationnement de Montréal
Budget participatif :
http://www.ecologieurbaine.net/videos
http://ville.montreal.qc.ca/portal/page?_pageid=98,17890181&_dad=portal&_schema=PORTAL
Commentaires
À lire avec grand intérêt. Proftrudel
Je suis en faveur d’une perspective globale de développement. Je ne crois pas toutefois que celle-ci ait besoin d’être hostile envers les automobilistes.
En ce sens, je partage les propos de Monsieur Christian Yaccarini, p.-d.g. de la Société de développement Angus (SDA), rapportés par Le Devoir le 20 octobre dernier, à l’effet qu’ «on est en train de "scraper" le développement durable par manque de pragmatisme.» (http://www.ledevoir.com/politique/montreal/298388/le-developpement-de-montreal-passe-aussi-par-le-stationnement-croit-yaccarini)
La centralisation du pouvoir de fixer les tarifs de parcomètres, bien que justifiée sous l’angle de la cohérence des interventions, ne sera pas le remède au problème. La tarification des espaces de stationnement ne doit pas être perçue comme une source de financement au bénéfice du développement et de la mise en valeur du territoire.
Une réflexion plus globale en la matière par l’administration municipale est de mise.
C'est ce matin qu'est sorti le budget de Montréal pour 2011 avec la nouvelle taxe d'immatriculation pour les voitures enregistrées à Montréal. Alors qu'aucune autre ville environnante ne s'est engagée à en faire autant et que les autos qui sillonnent nos rues sont bien loin de toutes appartenir aux Montréalais. Oui, pour le transport en commun mais surtout oui, oui, oui pour les résidents permanents, les gens qui se couchent et se lèvent à Montréal, qui prennent souvent l'autobus et parfois leur auto et qui n'ont pas à être désavantagés de demeurer de ce côté-ci des ponts.
Danielle Deland, ENP7505, lundi soir