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La formation: une dépense ou un investissement?

  

Comment aborder ce sujet sans tomber dans le démagogique, les excès ou les exceptions? Grâce à ce texte, je veux dénoncer certains impacts des coupures de budget dans la fonction publique et plus spécifiquement dans le réseau de la santé et des services sociaux. Malgré que le Québec (et le Canada) se soit assez bien sortis de la dernière crise financière, le marasme économique dans lequel nous sommes plongés a amené les différents paliers de gouvernement à réduire leurs dépenses et à couper dans plusieurs programmes.

 

Pour le réseau de la santé et des services sociaux, les coupures budgétaires qu'a effectué le Gouvernement Charest ont remis en cause plusieurs programme ainsi que différentes pratiques. Au niveau local, se sont les budgets de formation des employés qui ont largement écopés des dernières compressions, et ce, afin de ne pas porter atteinte au panier de services et aux soins aux patients (qui sont notre raison d'être!). Dans mon milieu de travail, tout ce qui s'appelle « formation » a été soit amputé, soit remis en question ou tout simplement aboli. De plus, le nombre de participants a été diminué et les frais remboursables pour participer à ces formations ont été systématiquement coupés. Par exemple, pour assister à des colloques, congrès ou formation qui ne sont pas donnés sur les lieux de travail par l'employeur, les employés doivent y participer pendant leur jour de congé, l'inscription à l'événement (après approbation) est défrayée par l'employeur mais le déplacement, les repas, l'hébergement, etc. sont aux frais de l'employé. Il va s'en dire que ces mesures compromettent la participation et l'intérêt des employés pour s'investir dans leur carrière et leur profession. Cette situation me préoccupe beaucoup car je juge que ces formations (que cela soit des colloques, des congrès ou simplement des mises à jour) sont des outils nécessaires qui doivent être maintenus afin d'assurer une prestation de soins de qualités et sécuritaires.  Dans les milieux spécialisés tel que mes secteurs d'activités (bloc opératoire, salle de réveil, chirurgie d'un jour et clinique de préadmission), ces formations sont salvatrices de la pérennité du niveau de connaissance et de la transmission de l'expertise clinique. Un arrêt total de ces formations serait dévastateur pour les services rendus à la population ainsi que la sécurité des soins, et ce, à plus ou moins longs termes. Comme vous pouvez le constater, je suis fondamentalement en faveur des formations, que cela soit pour bonifier l'expertise, faciliter l'adaptation à un changement ou tout simplement pour assurer le maintien des connaissances. Je le répète: cela permet de préserver le maintien de la qualité des soins rendus à la clientèle et d'approfondir les compétences des employés. En plus de ces facteurs non-négligeables, elles donnent un sentiment de ressourcement, un nouveau souffle aux employés et un goût de se réinvestir dans leur profession et leur travail. De plus, je suis certain qu'elles aident à la rétention et qu'elles sont des éléments d'attraction pour le personnel.

 

Je suis dans le réseau de la santé et des services sociaux depuis 20 ans et j'ai participé à quelques colloques et congrès (localement et à l'étranger). Ces colloques m'ont permis de me ressourcer, de trouver d'autres avenues pour améliorer ma pratique, de comprendre les nouvelles tendances dans les pratiques cliniques et de potentialiser mon désir de réalisation et du même coup donner du "rayonnement" à mon établissement. Cette stimulation, ce désir de me réinvestir dans ma carrière m'a donné le "guts" de présenter les résultats d'une étude interne concernant l'implantation d'une nouvelle approche chirurgicale lors d'un congrès d'infirmiers et d'infirmières en salle d'opération. Cette expérience m'a permis d'ouvrir mon éventail de connaissances et a aussi initié un désir de retour aux études afin de faire avancer ma profession et d'évoluer professionnellement. Je ne serais certainement pas où je suis aujourd'hui si ce n'était de ces formations et de ces conférences.

 

L'impact qu'on eut ces formations sur mon avenir professionnel est indéniable. Voilà pourquoi je suis touché par ces coupures, que je trouve compromettante pour l'avenir des soins de santé. Je pense que si cela a fonctionné pour moi, cela devrait avoir le même effet sur certains autres participants. Depuis que je pratique comme gestionnaire, plusieurs de mes employés sont revenus de formation en me disant qu'ils ont le goût de s'impliquer et de faire partie du changement. Ils sont stimulés et ils ont retrouvé le goût de s'investir dans l'avenir de leur carrière. Certains retournent aux études afin de parfaire leurs connaissances, d'autres initient des projets alors que d'autres s'investissent dans leurs tâches actuelles et deviennent des agents de changements. En fait, cela dynamise les équipes de travail et nous aide comme gestionnaire à faciliter l'adoption du changement. Nous sommes dans une ère de changement perpétuel auxquels nous devons faire face quotidiennement et auxquels les équipes de travail doivent impérativement s'adapter afin de progresser et de faire progresser les pratiques organisationnelles.

 

Malgré tous les bienfaits et les services qu'elle rend, la fonction publique est continuellement lapidée et battue sur la place publique. Il est vrai que, depuis toujours, les gestionnaires et les employés de la fonction publique sont perçus comme des gens choyés par les avantages sociaux, les "bons salaires" et la sécurité d'emploi et qu'ils ne travaillent pas fort! Je crois que la récurence d'articles ou d'enquêtes sur les dépenses publiques contribuent à maintenir cet état de mal-aimé. Ces articles révèlent que pendant que le Gouvernement demande aux consommateurs de se serrer la ceinture, il procède à des dépenses jugées douteuses, inutiles ou partisanes. Ils font rarement ressortir les "bons coups" mais plutôt les "abus" tels que les formations bidons (sur le rire) à la SAAQ ou pour des cadres du réseau de la santé, etc. La polémique créée par ces cas d'exceptions a indéniablement compromis la crédibilité et la pertinence des formations en général et même au sein de la fonction publique elle-même. Oui, les formations coûtent chers à l'État, mais je juge que les retombées sont des plus bénéfiques pour tous, que cela soit en durée de séjour hospitalier, en amélioration de la qualité des soins et même au développement de nouvelles avancées technologiques. En ces temps difficiles, tous les yeux sont tournés vers les dépenses publiques...il est de plus en plus difficile d'être novateur, de vouloir se démarquer...d'oser! Je crois donc, que pour évoluer et s'en sortir, il faut des individus bien outillés et formés pour faire face aux défis de l'avenir.

 

Donc, la FORMATION; est-ce une dépense ou un investissement?

 

Éric Tétreault

ENP-7328

ÉNAP Montréal

 

Commentaires

  • Qui ne souhaite pas avoir une main-d'oeuvre qualifiée et motivée? Pour ma part, peut importe le secteur d'activité, la formation m'apparait comme étant un investissement dans la main-d'oeuvre. Voir au développement des compétences des employés, cela augmente la qualité des services et la mobilisation du personnel. Une organisation qui planifie sa main d'oeuvre en fonction des défis qui se présentent ou qui sont à venir, est une organisation visionnaire et attractive. Tout le monde y gangne!

    Christine Guay

  • Je crois sincèrement que la fonction publique est bien mal perçue... Il y a de très bons gestionnaires et employés qui se défoncent, offrent un excellent service aux citoyens selon les moyens dont ils disposent, mais ça, on ne le voit jamais, les articles et reportages positifs sur le sujet sont rares... On voit des reportages sur le gestionnaire qui a laissé "dormir" des ordinateurs dans un sous-sol, mais on n'en fait pas sur ceux qui arrivent parfaitement dans leurs budgets initiaux, avec moins de gens et qui maintiennent les mêmes services offerts.

    Dans le fond, le fait de couper la formation (qui en principe devrait nous aider à être plus performants !), ça donne l'impression que tous les gestes gratifiants posés par la fonction publique, qui dénombre quand même beaucoup de gens, envers ses employés sont des abus. Pourtant, dans le privé, ces gestes là sont offerts et on ne critique pas les augmentations de tarifs à la consommation.

  • À lire avec grand intérêt. Proftrudel

  • La plupart des coupures touchent surtout des congrès et des formations auxquels assistent les gestionnaires. Pour le moment, dans notre établissement du moins, les formations s'adressant au personnel ne sont pas concernées par ces coupures.

    Il est important de rappeler que la Loi qui rend obligatoire le développement des compétences en santé et en services sociaux n'a pas été modifiée lors de l'entrée en vigueur des mesures de réduction des dépenses de nature administrative. Ce qui constitue quand même une bonne nouvelle puisque les établissements continuent de recevoir les enveloppes budgétaires prévues à cette fin.

    Plus personnellement, je me permettrai d'ajouter que les formations plus "ésotériques" qui ont fait l'actualité il y a quelques mois n'ont certainement pas aidé notre cause. Leur nature a stupéfié bon nombre de nos concitoyens et leur caractère "inutile" a été vilipendé par l'opinion publique . Or, en démocratie, il ne faut jamais négligé l'opinion publique et la perception négative que nos décisions peuvent inspirer !

  • La formation est définitivement un investissement ! C'est une question de sécurité pour le suivi adéquat de nos malades, à court, moyen et long terme. Bravo pour ce blogue j'appuie sans aucun doute vos propos!

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