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LEVEZ-VOUS PÈRES!

LEVEZ-VOUS PÈRES!

« J’ai tué ma mère », ça ne vous rappelle pas le titre d’un film? C’est pourtant un drame bien réel qui est arrivé au coin de ma rue, à Ste-Julie en Montérégie, au mois de juin dernier. Un petit quartier tranquille, un joli petit bungalow et au fait, nous avons été proclamé 2 fois « La ville du bonheur au Québec » en 2008 et 2009. Il y avait de nombreux badauds et plusieurs médias sur place. « Un jeune de 15 ans accusé d’avoir tué sa mère » c’était le grand titre quand nous avons ouvert la télé mon fils et moi. Que s’était-il passé pour qu’un ado. d’un si jeune âge en arrive à poser un tel geste? Nous avons appris qu’il s’agissait d’un jeune au passé trouble, qui vivait seul avec sa mère (famille monoparentale),  qui a fait des cures de désintoxication, dont les grands-parents l’ont hébergé pendant quelques temps  et par la suite,  pris en charge  par un centre d’accueil. Le centre avait autorisé l’ado. à se rendre chez sa mère pour le week-end. Selon une amie du jeune, il se chicanait parfois avec sa mère au sujet de sa consommation. La veille justement, un voisin a entendu une dispute entre les 2 occupants  qui se trouvaient dans la maison. Les voisins sont sous le choc et les collègues de travail étaient au courant des problèmes de cette mère avec son fils. Soudain, un détail me frappe. Il manque une pièce du puzzle. Où est le père de ce garçon? Son père, agent de la GRC, était séparé de la mère depuis plusieurs années et ne voulait pas s’occuper de son fils.

Il est facile dans ce contexte de constater que les services sociaux étaient au courant puisque le jeune résidait dans un centre jeunesse et recevait donc l’aide et l’encadrement nécessaire à ses besoins pour le problème de drogue entre autre. La mère aussi était supportée dans son rôle et a sûrement  fait tout son possible pour s’occuper seule de ce fils.  Ces mères sont  très présentes dans les services de santé et les services psycho-sociaux. Elles consultent  principalement pour épuisement, insomnie, anxiété, fatigue générale et ce, après des années de surcharge, d’isolement, d’absence, de support, d’insuffisance de revenus. Au Québec, il existe même des organismes comme la Fédération des associations de familles monoparentales  qui permettent à des parents seuls, de se rencontrer  et de parler. Mais force est de constater que ce n’est pas suffisant si le résultat est une telle tragédie.  Voici quelques données sur la monoparentalité : Il est évident que ce n’est pas un phénomène nouveau de notre époque. Depuis toujours, et ce pour nombre de raisons qui, finalement, sont sensiblement les mêmes qu’aujourd’hui (décès, abandon, rejet de responsabilité, divorce, etc.) des parents de tous les milieux et de toutes les époques, majoritairement des femmes, ont dû élever seuls leur progéniture. Or force est de constater, les dernières décennies ont vu le nombre de familles monoparentales augmenter en même temps que la précarité des conditions de vie de ces familles. Quelques chiffres? En 2006, ¼ des familles québécoises étaient dirigées par un seul parent, majoritairement des femmes.

Par conséquent, si les problèmes de ce jeune de 15 ans, particulièrement celui de la drogue, était plutôt une conséquence de l’absence du père au lieu des services sociaux inefficaces dans ce cas-ci. C’est en tout cas ce que j’ai pu apprendre de recherches  effectuées sur ce type de problématique. Voyons un peu le rôle du père particulièrement envers son fils. Chaque société ou chaque milieu impose aux pères des rôles qui sont propres aux différentes cultures; alors que la fonction paternelle est considérée comme un élément important dans le développement normal et la maturation psycho-affective de l’enfant. Le père doit offrir une image d’identification suffisamment valable à son fils pour que celui-ci puisse parvenir à l’acceptation totale de la virilité. En nous provoquant, il mesure notre stabilité. Il cherche en fait à s’identifier. Pour le garçon, il incarnera celui à qui il veut ressembler, un modèle. C’est un vrai père que l’ado. veut rencontrer! Un homme qui fasse le poids. Un père conscient de ses limites tout en étant intensément présent, attentif et exigeant. L’ado. a besoin d’un modèle auquel se heurter, dans un premier temps, mais auquel il se conformera par la suite, un modèle de force et de douceur,  un modèle de virilité et de tendresse et surtout inébranlable.  C’est le père dans la famille qui positionne la place de chacun! Sans le savoir forcément, et sans avoir besoin de taper du poing sur la table, c’est lui qui établit les repères et définit les limites. Le maintien de relations avec le parent non gardien est associé à un développement harmonieux pour la plupart des enfants. Le père doit apporter un soutien à la mère. Il est garant d’une certaine sécurité.

Mais quand le père est absent ou disparaît dans la nature, les répercussions sont de plusieurs ordres.  De nombreux enfants ont des difficultés scolaires, sont mal éduqués, ont un manque affectif et comportemental qui nuit à leur personnalité. À elle seule, la structure de la famille explique assez peu la délinquance infantile ou juvénile. Mais conjuguée à d’autres difficultés, elle devient potentiellement porteuse de risques.  Statistiques américaines sur les conséquences de l’absence du père : 85% de tous les enfants qui montrent des désordres de comportements   (Centre of disease control) et 70% des ado. dans les institutions correctionnelles (U.S. dept. Of Justice special report 1988) viennent de maisons sans père.

La démission du père,  de son rôle de contrôle d’une part et la défaillance de son rôle dans la vie familiale d’autre part, entraînent un déséquilibre global chez l’enfant qui aura la possibilité de transgresser les règles

Il serait temps comme société de s’occuper de ces pères irresponsables et de les ramener pour qu’ils s’occupent de leurs enfants  pas seulement au niveau financier mais qu’ils jouent également leur rôle de parents. Pouvons-nous dire que parfois ils ont peur de leur paternité et qu’ils se sentent en faillite en tant que père?  Daniel Roche prof. À la Sorbonne écrivait que : « la débâcle des pères redouble l’incertitude des fils ». Mais cela demande de l’énergie, du courage et surtout d’avoir conscience que c’est leur responsabilité. L’engagement vis-à-vis des ado. doit être inconditionnel.  Marie Rhéaume présidente de la fédération des organismes communautaires Familles du Québec  a tenu les propos suivants lors d’une conférence prononcée sur la responsabilité en tant que société du père absent de son rôle parental. « Il incombe à la société dans son ensemble de les soutenir  dans leur rôle.  Ce soutien doit s’exprimer dans les domaines financiers, politiques et sociaux et tenir compte des réalités personnelles, familiales, professionnelles et sociales des parents. Il faut en finir avec les mesures à la pièce qui ne durent que le temps d’un mandat électoral. Les familles qui vivent déjà suffisamment de fluctuations dans leur vie quotidienne, ont besoin de pouvoir compter sur une certaine continuité dans l’aide qui leur est consentie ».  S’ils ont besoin d’aide, il existe au Québec le Regroupement pour la valorisation de la paternité qui vise à mettre de l’avant toute l’importance du rôle du père dans la famille et dans la société pour le développement et le bien-être des enfants. Les services sociaux apportés aux besoins des enfants devraient être un complément au rôle du père et non jouer le rôle de substitut ou de celui qui essaie de réparer les pots cassés. Car dans l’histoire rapportée au début de ce texte, il s’agit d’un vrai gâchis. La mère est morte étranglée par son propre fils et rien ne la ramènera.

Quant au fils, lui, quel avenir lui est réservé?  Qui le prendra en charge à 18 ans ?  Personne?  Sommes-nous en train de former un futur délinquant sociétal ? Que faire du père inconscient ?  Doit-on lui imposer via un jugement de la cour, de prendre ses responsabilités ?  

Écrit par : Diane Brière  ENP 7328

                 16-10-2010

Commentaires

  • C`est vrai que l`absence du père y est pour quelque chose, mais il ne faut pas oublié l`influence néfaste du centre jeunesse (en réalité une prison en bonne et due forme). J`ai moi-même été incarcéré dans un de ces établissement, et je peut vous confirmer que la violence, la drogue et la pédophilie y sont omniprésents. Tout cela derrière les portes closes de la "DPJ" où même la police n`a pas le droit d`enquêter. Ces centre font sortir ce qu`il y a de pire dans les jeunes, et la plupart finissent souvent par commettre les pires crimes une fois sortis. Il sortent du centre physiquement à 18 ans, mais toute leur vie durant ils traineront tout le mal qu`ils ont enduré la-bas et plus souvent qu`autrement le feront subir à d`autres rendus adultes.

  • Je vais seulement émettre un petit doute sur la certitude de "père inconscient" en posant simplement deux questions ? Et si ce père avait vécu quelque chose de semblable lui-même étant jeune, sans modèle ? Et si ce jeune devenait père un jour, le fera-t-il sans faille aucune, puisqu'il n'a pas eu de modèle ?

    Je crois effectivement qu'il y a des pères très présents, des pères volontairement absents (ou inconscients), et des pères victimes de leur passé...

    Il faut juste avoir tout ça en tête, et le fait d'être de la GRC n'explique en rien. La capacité émotionnelle et la capacité professionnelle d'un individu sont dissociables. Rappelez-vous cette situation en exemple :

    http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/actualites/justice-et-faits-divers/201002/08/01-947562-le-commandant-de-la-base-militaire-de-trenton-accuse-de-deux-meurtres.php

    Des familles monoparentales réussissent très bien (autant la mère seule que le père seul).

    Quelqu'un s'est-il questionné sur la mère ?

  • À lire avec grand intérêt. Proftrudel

  • Il est vrai que le fait de n'avoir qu'un seul parent pour nous élever n'est pas optimal dans la vie mais il faut considérer que pour se rendre en centre d'accueil, il y a généralement plusieurs facteurs de risque qui nous y mènent (et non seulement un). C'est une combinaison de plusieurs manques. Il y a donc plusieurs familles monoparentales qui s'en sortent très bien.

    Je tiens à souligner que je travaille moi-même dans un de ces établissements et que sur mes 13 jeunes; je peux dire que ceux dont le père n'est pas présent, la mère ne l'est guère davantage. Je ne crois donc pas que c'est une question exclusivement de père mais aussi de mère. Bref, il est vrai que les parents doivent prendre leur responsabilité, peut importe leur sexe.

    Je voudrais revenir au premier commentaire anonyme. Je suis très surprise de la gravité de ce dernier, surtout qu'il ne représente pas la réalité dans laquelle je travaille au quotidien. Il est vrai que les centres jeunesses ont étés critiqués pour leur abus de pouvoir mais je dois dire que dans les dernières années cela a changé pour le mieux. Il y en en effet tellement de politiques, règlements et de différentes mesures qui visent à protéger les droits des jeunes, que la violence et la pédophilie ne peuvent y avoir leur place. De dire que ces centres sont une prison en bonne et due forme et partiellement vrai. Il y a différentes lois qui régissent le placement des ces jeunes, dont la LSJPA (loi sur le système de justice pénale pour adolescents) pour les jeunes qui ont commis une infraction au code criminel. Donc, pour les unités accueillants ces jeunes, il est vrai que c'est une prison pour les adolescent ne pouvant être jugé aux adultes. Toutefois, toutes les autres unités sont loin de ce concept.

  • L’équation est un peu simple! Il ne faudrait pas croire que tous les enfants provenant de famille monoparentale sont des enfants avec des difficultés. Ma mère divorcée a pris soin de 3 enfants et, somme toute, les résultats sont très bien! Certes, l’absence du père ou, même de la mère aura des effets pervers sur les enfants, mais cela ne fait pas d’eux des criminels. Ce garçon de 15ans qui a tué sa mère devait assurément avoir un problème de santé mentale qui a été négligée, ignorée ou peut-être pire encore même pas diagnostiqué! La question qui se pose, comment se fait-il que le centre jeunesse ait permis qu’on le retourne dans son milieu familial? Une mère seule qui impose une discipline a un jeune garçon aux prises avec de sérieux problèmes de consommation et agressif, une confrontation était inévitable. Malheureusement, cette confrontation a été fatale pour la mère! À qui la faute? La mère trop téméraire qui aura sous -estimé l’agressivité de son fils? Le père absent? Le centre jeunesse qui aura permis le retour trop tôt? L’ensemble de ces réponses est l’équation qui nous mène le plus près de la réponse. Mais, je voudrais bien savoir qui était le médecin de famille de ce jeune. Il faut sensibiliser la population au manque de prévention et prise en charge des patients ayant des troubles de santé mentale. Les diagnostics sont mal faits, les suivis sont inexistants et les parents et familles restent seuls avec le problème.
    Beaucoup d’enfants vivent des situations difficiles, certains plus que d’autres. Dans un milieu familial éclaté ou dans une famille où le père et la mère sont présents, peu importe le contexte, il faut être attentif aux signes de santé mentale. Les médecins doivent être plus conscients des comportements à risques de leurs patients. Les médecins devraient exiger de nos gouvernements des services sociaux plus efficaces pour tous les patients qui souffrent de dépression, anxiété et de troubles de personnalités. Certes, les centres jeunesse jouent un rôle important, mais cela n’est pas suffisant. Il faudra revoir les programmes de santé mentale au Québec, car cette négligence est criminelle!

    Nathalie Quesnel

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