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La Loi 100 2e blogue

2 eme blogue

Hélène Lamalice

ENP 7328

 

La Loi 100

Depuis plusieurs années, les CSSS se voient diminuer de façon considérable leur budget d’opération. En avril dernier, une nouvelle loi a été adoptée, la Loi 100. Celle-ci a pour objet de mettre en œuvre des mesures visant le retour à l’équilibre budgétaire en 2013-2014 et la réduction de la dette. Elle exige des organismes qu’ils adoptent des mesures  réduisant de 25 % les dépenses de publicité, de formation, de déplacements et autres dépenses de fonctionnement de nature administratives. Le tout par contre doit être fait sans affecter les services directs à la population. (Extraits de la lettre adressée par le Ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) aux présidentes-directrices générales et aux présidents-directeurs généraux des Agences de la Santé et des Services sociaux en date du 29 juillet 2010).

La modalité d’application qui m’interpelle le plus comme professionnelle de la santé et comme conseillère-cadre s’occupant de la planification et de l’organisation de la formation au sein de mon CSSS est sans aucun doute celle de la réduction de 25% des dépenses de formation.

Mon titre d’emploi est celui de conseillère-cadre à l’optimisation des compétences et au transfert des connaissances auprès des professionnels. À même mes fonctions, je dois m’assurer de leurs compétences et de la qualité des actes professionnels qu’ils posent. Je dois aussi planifier, coordonner et organiser les différentes formations dans le CSSS pour que les intervenants maintiennent à niveau leurs connaissances. Donc, la Loi 100 est une entrave majeure à mon travail ainsi qu’au développement professionnel des intervenants.

En plus de la Loi 100, le MSSS a mis en place depuis 2008 un plan d’accès qui vise à rendre les services accessibles dans des délais raisonnables, et ce, à travers l’ensemble du réseau québécois. Il vise l’amélioration continue de l’accessibilité aux services et s’exprime à travers divers principes[1] :

·         Satisfaction des besoins des personnes  et de leur famille

·         L’équité

·         L’intégration et la complémentarité des services

·         La mobilisation de tous les acteurs impliqués

·         Une approche rigoureuse de gestion de l’accès

·         L’utilisation des données probantes

 Ceux-ci rejoignent certaines caractéristiques de l’administration publique[2] soient :

·         Qualité

·         Accessibilité

·         Universalité

·         Efficacité

·         Transparence

·         Imputabilité

 À mon humble avis, la Loi 100 est dichotomique  avec les caractéristiques de l’administration publique,  les différents plans d’accès mis en place, la mission de ma direction et celle des différents ordres professionnels sur certains points :

Premièrement, la formation professionnelle continue est une nécessité pour assurer la qualité des actes professionnels. Plus que jamais, les professionnels doivent avoir accès à de la formation pour maintenir ou même rehausser leurs compétences, dans un contexte où leur rôle et  leurs conditions d’exercices sont en pleine transformation. Une direction professionnelle a reçu le mandat de son établissement d’être la vigie de la qualité  des soins prodigués par ses employés.

 Deuxièmement,  avec les différents plans d’accès mis en place qui visent à augmenter l’accessibilité en diminuant le temps d’attente et ce en utilisant de meilleures pratiques basées sur des données probantes; il faut que nos professionnels puissent continuer à se former pour pouvoir y répondre adéquatement.

 Troisièmement, les différents ordres professionnels dont la principale fonction est d’assurer la protection du public par la surveillance de l’exercice de la profession, obligent leurs membres de maintenir à jour leurs compétences. Plusieurs professionnels sont soumis à une réglementation exigeante en matière de formation continue obligatoire (Tenue d’un porte folio, nombre minimal de crédits, etc.) pour pouvoir renouveler leur licence.

 Quatrièmement, dans une société où  il existe une grande pénurie de main d’œuvre professionnelle et où il existe une grande compétitivité entre le secteur public et le secteur privé;  comment faire pour recruter et retenir notre main d’œuvre et éviter un exode vers le privé? Compte tenu, que les avantages sociaux sont légiférés par des conventions collectives et qu’on ne peut augmenter la rémunération des employés, pourquoi ne pas égaler et s’assurer que les professionnels aient accès à de la formation comme au secteur privé. Cela serait selon moi, une bonne façon de recruter, de retenir et de mobiliser nos intervenants.

 En tant que gestionnaire, je suis tout à fait consciente de la problématique budgétaire à laquelle le gouvernement est confronté. Je suis en accord avec certaines mesures administratives apportées par la Loi 100 et autres; mais je crois qu’au niveau de la formation, c’est une dépense à couper prudemment. J’arrive vite à la conclusion que le budget de la formation et de développement des compétences doit être maintenu.

 Je suis assurée qu’il y a un retour sur l’investissement lorsqu’on permet des activités de formation :

  • Le maintien d’un niveau de qualité des services
  • Le pouvoir de répondre aux différents plans d’accès
  • Le pouvoir d’améliorer l’efficacité et l’efficience des services et ainsi être plus performant
  • Le maintien d’un certain niveau de compétitivité avec le secteur privé

 Par contre une question restera toujours en suspens. À qui appartient la responsabilité de la formation et de son budget?  À l’individu ou à l’établissement qui l’emploie? Je crois pour ma part que c’est une coresponsabilité. L’établissement doit favoriser un contexte de formation et d’apprentissage en ayant un politique de développement des ressources humaines (PDRH). Celle-ci doit comprendre un plan de formation et d’activités de développement adapté à l’organisation et aux employés. Le tout doit être chapeauté par un comité de développement des ressources humaines (comité paritaire prévu à l’article 413.6 des présentes conventions collectives.) Le budget doit être à la hauteur du budget conventionné et même si possible que l’employeur puisse investir plus que celui-ci (comme il le faisait les années précédentes). L’employé pour sa part doit se responsabiliser en allant à des formations et même à assumer une certaine partie des frais si ceux-ci dépassent le budget octroyé par l’établissement.

 Donc, réduire les budgets de formation est selon moi irresponsable. L’actualisation des compétences est nécessaire pour relever les nombreux défis liés aux attentes de services de la population et du gouvernement. La santé et les services sociaux sont des secteurs qui sont en constante évolution. À court terme, il n’y a pas de gain visible et aucune économie de budget. Mais à moyen et long terme, investir dans la formation veut dire : augmenter la qualité, augmenter l’efficacité, augmenter le rendement et la satisfaction des employés et donc par le fait même augmenter le service à la clientèle, et ce,  tout en évitant un trop grand roulement de personnel. Donc, une formule gagnante pour l’employé, l’employeur et la population.

 La possibilité d’avoir accès à de la formation et du perfectionnement est une priorité pour les professionnels.

 Je crois donc que le gouvernement devra se raviser sur cette commande à l’aveugle de coupure paramétrique de 25% du budget de  formation.

 

 Hélène Lamalice

 



[1] Plan d’accès aux services pour les personnes ayant une déficience. Juin 2008

[2] Notes de cours ENP 7505 : principes et enjeux de l’administration publique. Hiver 2009, Gil Rémillard.

Commentaires

  • Merci Hélène pour le portrait de la situation du point de vue d'une cadre à la CSSS. Si nous devons couper dans le budget, il m'apparait cependant préférable que ce soit dans les bureaux que dans les soins. Votre argumentaire sur la nécessité de ne pas couper dans la formation est bien développé mais où pourrions nous couper sans affecter les services directs à la population selon vous?

    Nicholas Borne
    ENP 7505

  • Merci d'avoir pris le temps de lire mon blogue. La réponse n'est guère facile. Étant physiothérapeute avnt d'être gestionnaire, je suis en accord avec vous que les coupures doivent se faire plus au niveau des secteurs administratifs, informatiques et de soutien. ces secteurs ont parfois l'opportunité de se faire payer des formations par des compagnies externes au CSSS. Il ne faut pas oublier que le but d'un CSSS est avant tout de soigner des patients. Avant l'avenue de l'informatique (quoi que je ne dénigre aucunement l'utilité de celle-ci), on soignait quand même des patients. Je crois que les coupures sont là pour rester. Donc, à mon humble avis il faut vraiment que les organisations priorisent les formations aux professionnels en premier lieu et par la suite aux autres employés. Il ne faut pas par contre autoriser toutes les formations. Nous devons avoir un PDRH comme je le disais dans mon blogue. Par contre, il faudrait aussi que les syndicats nous aident dans notre démarches. Dans les nouvelles conventions collectives qui ont été signées dernièrement, il est stipulé que tous les frais doivent être remboursés: inscription, frais de déplacement, frais de logement, stationnement, repas et naturellement toutes les heures de formation même si celles-ci ont eu lieu la fin de semaine. En remboursement tout, cela diminue considérablement la »cagnotte».Est-ce qu'on ne pourrait pas couper la poire en deux. Donner un montant X et un nombre X de journée par individu pour sa formation. Si celle-ci dépasse, l'individu devra défrayer l'exédentaire. Avec un tel mode, il y aura plus de professionnels qui pourront bénéficier de formation au lieu d'un nombre restraint. On est pas sorti du bois!!!!

  • Je viens de lire votre blog et beaucoup des points rejoignent le mien que j'ai publié aujourd'hui même. Comme vous, je partage une profonde inquiétude par rapport aux compressions dans les budgets de formation. Cependant, je ne peux me permettre d'aller aussi loin que vous dans mes propos. Personnellement, mon rôle de chef de service m'amène à me préoccuper de la relève, de leurs connaissances et de la perennité de la qualité des soins donnés à la population dans ce monde en changement dans lequel nous vivont, ces formations sont plus que nécessaires, elles sont incontournables.
    Éric Tétreault

  • À lire avec grand intérêt. Proftrudel

  • Les compressions demandées dans le cadre de la loi 100, comme c'est souvent le cas, présument qu'il y a des abus et du gaspillage des ressources, qu'il y a une mauvaise gestion. Peu importe où sont affectées les coupures, c'est généralement sur de fausses hypothèses que ces dernières sont déterminées. Je crois définitivement que le gouvernement attaque le problème des finances des établissements du mauvais côté, ne faisant qu'effleurer un problème beaucoup plus complexe. Il cherche des solutions à court terme, rien pour assurer une pérennité au système de santé et de services sociaux.

    Un piste de solution, à mon avis, c’est d'abord l'abolition des dédoublements de missions entre le Ministère, les agences et les CSSS. Cela permettrait de récupérer de l'argent pour le réinvestir en services directs à la population, sur le terrain, et non dans les tours à bureaux des bons penseurs de l’administration publique.

    Rappelons par ailleurs que le manque à gagner actuel équivaux à peu près aux baisses d'impôts que le gouvernement a consenti, il y a quelques années, suite à la nouvelle entente sur le partage de la richesse entre les provinces et le gouvernement fédéral.

    Ces baisses d'impôts, qui ont permis de gagner quelques votes afin d'obtenir un gouvernement majoritaire, c'est aujourd'hui que les établissements les paies et demain que les individus les paieront. Belle vision à long terme!

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