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Quel avenir pour nos ainés?

La population vieillit. C’est un fait.  Ce changement démographique est connu  depuis de nombreuses années.   Les répercussions d’un tel changement sont nombreuses et touchent plusieurs sphères, en particulier le système de santé.  Physiologiquement, certaines capacités diminuent avec l’âge.  Conséquemment, les personnes âgées perdent tôt ou tard une partie de leur autonomie, et ce à différents niveaux.  En contrepartie, l’espérance de vie a augmenté considérablement au cours des dernières années.   Nous nous retrouvons donc avec de plus en plus de personnes âgées, vivant des difficultés dans leur fonctionnement quotidien.  Cette réalité était prévisible mais semble tout de même nous frapper soudainement.  L’État a-t-il joué un rôle suffisant dans la gestion de ce changement démographique?  À voir le portrait actuel des services offerts aux ainés, la question se pose.

 Dans le cadre d’une série de reportage, Radio-Canada a voulu donner un visage à la réalité des personnes âgées en perte d’autonomie, en particulier les problèmes d’accessibilité aux soins à domicile et aux centres d’hébergement.  Le 4 octobre dernier, le Téléjournal de Radio-Canada présentait un reportage sur le cas de M. Marcel Luc, 81 ans, aidant naturel pour son épouse Rachelle atteinte d’Alzheimer.  M. Luc a ainsi demandé 8 heures d’aide par semaine au CLSC, mais ce dernier en offre plutôt 4, soit la moitié.  Ainsi confronté à un quotidien de plus en plus insoutenable, M. Luc doit maintenant songer à placer son épouse dans un centre d’hébergement.  Mais le CHSLD convoité par le couple, où Rachelle a elle-même travaillé, est plein.  Et il n’y a pas de place avant plusieurs mois, ce qui veut dire qu’elle devra aller en transit dans un autre centre. 

Le lendemain, le journaliste Patrice Roy, visiblement touché par le cas de M. Luc, recevait en entrevue Mme Pascale Larocque, du CSSS Pierre Boucher en Montérégie.  Au cours de l’entretien, sommée de donner une réponse à M. Roy, Mme Larocque a évoquée l’idée de faire un échange volontaire avec un résident d’un autre centre d’hébergement.  Solution simple et tout à fait logique lorsqu’on y pense un peu.  Mais pourquoi attendre une entrevue télévisée avant de proposer cette solution?  Si ce changement avait été fait ou proposé d’emblée, les médias n’auraient peut-être pas eu à intervenir.

C’est que la gestion de l’hébergement et des soins à domicile pour les personnes âgées est très difficile, notamment dans la région de Montréal.  En fait nous sommes arrivés à une impasse : les services communautaires n’arrivent plus à répondre aux besoins pour les soins à domicile ET il manque de place dans les ressources d’hébergement.

L’exemple de M. Luc nous permet effectivement  de constater que l’aide à domicile est insuffisante.  Cet homme voudrait bien pouvoir garder son épouse à la maison,  et les 4 heures supplémentaires de soins coûteraient probablement bien moins cher aux contribuables qu’une place en CHSLD.  En entrevue le 7 octobre, Mme Lise Denis, présidente de l’AQESSS, faisait remarquer que le gouvernement a annoncé, dans son dernier budget, 30 millions en crédit pour les soins à domicile.  Or, personne n’a encore vu la couleur de cet argent, qui se fait grandement attendre.  Ce montant représente une augmentation d’environ 12% sur les 240 millions dédiés annuellement aux soins à domicile.  Le virage vers les soins à domicile ne doit pas seulement être annoncé, il doit se faire concrètement.  Cette étape est primordiale dans la gestion des soins dispensés aux personnes âgées.

Le plan d’action montréalais, qui vise la fermeture des lits d’hébergement dans les centres hospitaliers a débuté en 2007.  À l’échéance, prévue en 2012, 792 lits devraient être ainsi éliminés.  L’objectif est noble : rendre disponible davantage de lits de soins aigus et surtout favoriser l’hébergement des personnes âgées dans des réels milieux de vie plutôt qu’en centre hospitalier.  À ce jour, le centre hospitalier St-Mary et le CHUM ont aboli 171 lits de soins de longue durée, transformés en lits de soins aigus.  Le projet est au ralenti depuis quelques mois puisque, contrairement à ce qui était prévu, les places disponibles en CHSLD non pratiquement pas augmentées.  En fait, le nombre de lits en CHSLD a diminué depuis 2007. L’agence rétorquera que pour compenser,  des places dans des ressources intermédiaires ont été développées.  Malheureusement, cette réponse équivaut en quelque sorte à comparer des pommes et des oranges, puisque le nombre d’heures soins dans les CHSLD est différent de celui dans les ressources intermédiaires.  La création de ce type de ressource est certainement  bénéfique, mais que fait-on des personnes âgées qui demandent plus de soins? 

Plusieurs questions me viennent en tête quant à la gestion de ce dossier.  Premièrement : la logique la plus simple n’aurait-elle pas voulu qu’on créé d’abord des lits d’hébergement dans d’autres centres avant de fermer ceux des hôpitaux?  Ces lits étaient occupés de toute façon, et en réduisant ainsi leur nombre on augmente inévitablement la fréquence et la durée des transits.  Dans un autre ordre d’idée, a-t-on pensé à revoir à hausse les ressources  des unités de soins de longue durées des CH qui ont été reconvertis unités des soins aigus? Un patient dans un lit de soins aigus nécessite automatiquement plus de ressources (examens, médecins, professionnels).

La gestion de cette partie du système de soins n’est certainement pas facile, mais je suis convaincue qu’il est possible d’y arriver.  Avant toute chose, il est important de prendre le temps d’analyser la situation et planifier les interventions.  Cette étape a selon moi été négligée dans le passé mais il n’est pas trop tard pour y remédier.  Il est évident que de nouvelles places en hébergement devront être crées.  Par contre, je crois qu’il faut tout autant miser sur les soins à domicile, pour pouvoir ensuite utiliser plus efficacement  ces ressources d’hébergement (intermédiaires et CHSLD).  L’apport précieux des aidants naturels t ne doit pas être négligé.   Une vision globale et un processus centralisé de gestion des demandes de services  sont primordiaux. 

En centrant d’abord la gestion sur les besoins des personnes et non pas des programmes, je suis convaincu qu’il sera possible d’améliorer les services de maintien à domicile et, dans certains cas retarder la réorientation.   Au bout du compte, tout le monde en sortira gagnant.

 

Christine Arsenault (jeudi PM)

Commentaires

  • Très bon blogue! J'aime particulièrement votre phrase "En centrant d’abord la gestion sur les besoins des personnes et non pas des programmes", je trouve que cette phrase devrait devenir la pierre angulaire des changements qui doivent être apportés dans le réseau pour assurer sa périnité. Partons de la base pour établir la liste des besoins et ensuite on créera les programmes nécessaires aux bons endroits pour la bonne clientèle. D'ailleurs, cela ne fait-il pas parti de l'approche populationnelle dont nous entendons parler?
    Carolyne Gingras (jeudi pm)

  • Tout à fait d'accord, des budgets doivent être débloqués rapidement pour les soins à domicile. C'est en effet, la meilleure façon de poursuivre sa vie, tant qu'on en est capable, au sein même de notre propre cellule, de notre communauté. L'aide des proches lorsqu'elle est disponible doit être encouragée et accompagnée, reconnue comme une grande valeur non seulement financière mais également sociale. Ne devrions-nous pas tous être entourés d'enfants, d'adultes et de personnes âgées dans notre cellule familiale ? L'État doit se hâter de s'ajuster, et c'est sans doute par là qu'il faudrait commencer.
    Danielle Deland, lundi soir

  • À lire avec grand intérêt. Proftrudel

  • J’aborde dans le même sens que toi ainsi que de Carolyne et Danielle. On constate bel et bien une augmentation des demandes d’aide de soins à domicile. Les aidants naturels sont souvent trop seuls à subvenir aux tâches quotidiennes sans pouvoir prendre un répit. Ils finissent par être trop épuisés et finalement lâches-prise et viennent à l’évidence d’être obligés de placer la personne demandant de plus en plus de soins. La population fait sa part, les ressources de santé existantes font aussi la leur. C’est maintenant urgent que le gouvernement mette plus d’argent pour plus de ressources avant que tous s’essoufflent.

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