Mourir dans la dignité
27 septembre 2010 Mourir dans la dignité… Depuis plusieurs jours, j’essaie d'entreprendre l’écriture de ce blogue sans y arriver. J’ai beaucoup d’idées dans la tête, mais je n’arrive pas à les mettre par écrit. Je ne pense qu’à ça. Cette commission me touche au plus haut point. Ce matin, j’ai décidé de me lancer… Pourquoi ce matin? Nous sommes le 27 septembre, aujourd’hui, c’est l’anniversaire de ma mère, elle aurait eu 65 ans. Je sais maintenant que je n’ai pas voulu la laisser mourir dans la dignité! Je ne voulais pas qu’elle me quitte. Alors, égoïstement je fermais les yeux sur sa souffrance et son désir de mourir. Elle me lançait des messages tous les jours… J’étais sourde! Je me voie encore l’a forçant à manger, à faire les exercices que le physiothérapeute lui demandait de faire. Il a fallu qu’elle me force à partir en vacances loin d’elle pour pouvoir enfin demander à son médecin de cesser tous traitements. Deux jours plus tard, elle se retrouvait aux soins palliatifs et elle mourut tranquillement comme elle le voulait, entourée des personnes qu’elle aimait, mais sans moi. Je suis arrivée dix minutes trop tard! Je ne peux croire que deux ans plus tard, j’écris mon histoire sur Internet! Maintenant, je comprends ce que veut dire « Mourir dans la dignité » tout être humain, qu’il soit en fin de vie ou atteint d’une maladie le rendant prisonnier de son corps, qui souffre physiquement et psychologiquement devrait avoir le droit de choisir le moment de mourir. Qui a-t-il de pire que d’être là, impuissant, à attendre la mort dans la souffrance? Avoir l’opportunité de s’exprimer dans cette commission spéciale est une chance inouïe pour la population. En 2010, nous sommes prêts à en discuter. Parlons de l’euthanasie. Dans une certaine mesure, de façon informelle, l’euthanasie est déjà pratiquée depuis des années! Personne ne peut nier que d’augmenter les doses de morphine ou autres médicaments, dans le but d’abréger ou d’alléger les souffrances, c’est ce qu’on appelle l’euthanasie! L’espérance de vie est plus longue aujourd’hui, ce qui est une bonne nouvelle en soi. C’est certain que je souhaite vivre le plus longtemps possible. Mais, pas à n’importe quel prix!!! Depuis que j’ai assisté ma mère dans les derniers mois de sa vie. Je comprends maintenant que ce n’est pas ce que je souhaite pour moi et mes proches. Maintenant, le suicide assisté. Là, je dois dire en toute honnêteté que malgré le fait que je sois en faveur, cette question me dérange un peu plus. Il y a une grande différence entre regarder une personne que l’on aime partir lorsqu’elle est plus ou moins consciente et qu’il ne lui reste que quelques jours à vivre et de regarder un être cher tout à fait lucide avaler un cocktail et attendre qu’elle parte. Une personne en santé physique qui décide de se suicider pour en finir avec ses souffrances psychologiques a toutes les opportunités de le faire sans demander la permission à personne. Pourquoi ne pas aider une personne qui fait ce même choix, mais qui ne peut le faire elle-même??? Je pense que c’est une réflexion doit être faite par tous. J’ai une connaissance, qui à la suite d'un accident de la route grave est restée quadriplégique. Il a 47 ans. Avant cet accident, il était comblé par la vie. Une très bonne santé, une conjointe et des enfants. Une famille heureuse quoi! La dernière fois que je l’ai vu, il avait constamment les yeux dans l’eau, plus rien ne semblait lui faire du bien moralement. Il ne l’a pas dit ouvertement, mais, je sentais qu’il avait le goût d’en finir. Que faire pour l’aider ??? Je suis presque certaine que dans ces circonstances, je demanderais de m’aider à mettre fin à mes jours. Je suis en faveur de la légalisation de l’euthanasie et du suicide assisté. Par contre, pour ce faire, il est nécessaire de continuer à travailler avec l’équipe d’experts. Je suis aussi d’avis qu’il faut absolument inclure dans ce comité, des gens qui comme moi ont vécu l’accompagnement d’une personne très malade en fin de vie pour l’aider à aller vers un monde sans souffrances physiques et psychologiques. À ce même comité, il devrait y avoir des aidants naturels qui s’occupent des personnes atteintes d’une maladie dégénérative qui rend ces personnes prisonnières de leur propre corps sans pouvoir décider de mettre fin à leurs souffrances, et ce, dans la dignité. Pour les opposants à la légalisation qui mentionnent que « le fait de légaliser ces pratiques revient à nier le caractère sacré de la vie et risque de banaliser un geste, celui de se donner la mort »[1] je vous donne mon humble avis. Ces opposants n’ont peut-être pas vécu une situation aussi traumatisante que de voir une personne en fin de vie qui agonise. Si les personnes en fin de vie ont fait un choix libre et éclairé entouré d’une équipe d’experts compétents. Qui sommes-nous pour empêcher ces êtres humains de mourir dans la dignité, qui, souvent se trouvent à être ceux qui nous on donné la vie! Je ne pense pas que de légaliser l’euthanasie et le suicide assisté ferait en sorte qu’il y ait un dérapage. Les statistiques démontrent que dans les pays où se pratique l’euthanasie et le suicide assisté que le pourcentage des décès faisant référence à ces pratiques est très faible. Les opposants mentionnent que « la relation de confiance entre une personne et son médecin pourrait être ébranlée. S’il peut procéder à l’euthanasie, ceux qui sont contre sa légalisation craignent que le médecin ne fasse pas tout pour maintenir son patient en vie. »[2] Voici quelques lignes du Serment d'Hippocrate[3] : · Mon premier souci sera de rétablir, de préserver ou de promouvoir la santé dans tous ses éléments, physiques et mentaux, individuels et sociaux. · Je respecterai toutes les personnes, leur autonomie et leur volonté, sans aucune discrimination selon leur état ou leurs convictions. · J'interviendrai pour les protéger si elles sont affaiblies, vulnérables ou menacées dans leur intégrité ou leur dignité. · Je ne prolongerai pas abusivement les agonies. Je pense que le médecin fera tout ce qu’il peut avec les moyens très sophistiques que nous avons dans notre société pour faire en sorte de guérir son patient même s’il y a légalisation de l’euthanasie et du suicide assisté. Aucun professionnel de la santé ne laisserait mourir son patient s’il n’a pas tout tenté pour le guérir. C’est très difficile de perdre un être cher… Mais, c’est encore plus insupportable de voir cette même personne agoniser et souffrir! N’est-il pas mieux d’aider une personne en fin de vie à mettre fin à ses souffrances que de la voir se tirer une balle dans la tête ??? J’aimerais être libre de choisir le moment et la façon de mourir. Je veux mourir dans la dignité ! Lucille Turner, étudiante en maitrise ENP-7328, jeudi PM, automne 2010 Enjeux contemporains de gestions dans les organisations des services de santé et de services sociaux.
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Quelques points m’ont rejoint dans vos propos dont le fait qu’en étant bien encadré, les pays où se pratiquent l’euthanasie et le suicide assisté, le pourcentage de décès est en effet très faible. Je ne pense pas non plus qu’en légalisant ces pratiques il y ait dérapage. Je crois plutôt que le dérapage actuellement dans notre système de santé se situe plutôt à 2 niveaux. Il y a d’abord celui où pour cesser ses souffrances psychologiques et/ou physiques, un malade utilise un moyen violent pour mettre fin à ses jours. Rappelons-nous le cas de M. Laurent Rouleau atteint de sclérose en plaques, dont la famille a témoigné à la Commission sur la dignité de mourir et qui est mort après s’être tiré 2 balles dans l’abdomen. Il a atteint un tel niveau de souffrance dans sa maladie dégénérative, qu’il n’était plus capable de vivre ainsi. Il exprimait clairement son désir de mourir. Il avait demandé l’aide pour le faire à son médecin et consulté les professionnels qui l’entouraient. Il devait agir vu que personne d’autre ne voulait l’aider à mourir. C’est terrible d’en arriver à prendre une telle décision pour en finir pour le malade et ses proches. C’est tout, sauf mourir dans la dignité.
Le second risque de dérapage selon moi se situe présentement avec le médecin et son serment d’Hippocrate sur le fait que les opposants à la légalisation de l’euthanasie craignent qu’il ne fasse pas tout pour maintenir son patient en vie. Au contraire, selon moi. Le(s) médecin(s) traitant(s) en fait (font) parfois trop. C’est en effet un problème très souvent rencontré comme professionnelle dans mon domaine, avec une clientèle en oncologie et soins palliatifs. Beaucoup de médecins sont mal à l’aise avec un patient qui se détériore et qui s’en va en fin de vie. Ils ont de la difficulté à en parler avec le malade et sa famille. À prendre les décisions qui s’imposent par exemple pour la non-réanimation ou la médication appropriée à prescrire dans ces cas, pour accompagner le malade et soulager adéquatement les symptômes tels la douleur. Ce qui fait que nous sommes confrontés à des malades déjà très affaiblis, qui au lieu d’être soignés pour viser le confort, se retrouvent par exemple à recevoir un traitement de chimiothérapie jusqu’à la veille de leur décès, ou encore plus récemment opérer une patiente pour une fracture de la hanche à 102 ans et qui est décédée un mois plus tard.
C’est le devoir et le rôle du médecin de s’asseoir avec ce malade et de lui expliquer qu’arrivé à un certain stade qu’il n’y a plus rien à faire et qu’on doit lui offrir tous les soins pour le rendre le plus confortable possible jusqu’à son décès et ainsi promouvoir une fin de vie dans la dignité.
C’est en effet parfois beaucoup plus difficile pour un proche qui accompagne un malade en fin de vie que pour le malade lui-même. L’acceptation du laisser partir n’est pas assez encadré par les intervenants sociaux de l’hôpital par conséquent, le patient n’a plus le droit de mourir dans notre société.
Les malades à qui on administre le bon médicament au bon dosage pour soulager les douleurs vivent souvent mieux et plus longtemps, ce qui fait que la famille en contre partie ne veut pas abandonner la bataille de l’acharnement, de soigner à tout prix. Rappelons-nous, qu’Il y a plus de 40 ans, les mêmes patients ne recevant aucun analgésique mourraient plus rapidement et dans d’atroces souffrances, à vouloir s’en arracher les tripes! Là les familles demandaient de leur donner des médicaments pour alléger les souffrances. Était-ce une forme de démission face à la mort évidente, une forme de désir d’abréger les souffrances même dans un contexte d’état plus religieux?
Je suis en faveur des recommandations du Barreau sur le fait qu’en 2010, la société québécoise a suffisamment évoluée pour permettre de modifier la loi afin qu’un individu puisse décider de mettre fin à ses jours dans la dignité.
Écrit par Diane Brière ENP 7328
On va lire ça avec grand grand intérêt. Proftrudel