La décentralisation, toujours la solution?
La décentralisation, toujours la solution?
Nous avons vu que l’administration publique peut s’exercer en mode centralisé ou décentralisé. Or, le mode de gestion retenu par le Ministère de la Santé et des services sociaux est la décentralisation.
À chacun son rôle, le Ministère a, entre autres, pour mission de rendre un ensemble de services de santé et de services sociaux, intégrés et de qualité, contribuant ainsi au développement social et économique du Québec en déterminant les priorités, les objectifs et les orientations dans le domaine de la santé et des services sociaux et veille à leur application. Il établit, en outre, les politiques, voit à leur mise en œuvre et à leur application par les agences de la santé et des services sociaux. Le Ministère remplit sa mission en partageant ses responsabilités avec dix-huit autorités régionales qui ont comme mandat de coordonner et mettre en place des services de santé et des services sociaux en regard des besoins de leur région. Les établissements ont comme principal mandat de les dispenser à la population.
Pour se faire, ils doivent se conformer à plusieurs lois dont la Loi sur les services de santé et les services sociaux. Pour se conformer à cette loi, les établissements doivent rédiger bon nombre de documents comme un code d’éthique, un protocole sur les mesures de contrôles des usagers. Ils doivent aussi mettre en place plusieurs comités comme les conseils des infirmiers et infirmières et celui multidisciplinaire qui veillent à la mise en œuvre des meilleures pratiques et l’amélioration de la qualité des services. Or, si chacun travaille dans son établissement et de son côté, ne risquons-nous pas de réinventer la roue à chaque fois? Que peuvent contenir de si différent 191 codes d’éthiques? Pourtant l’exercice requiert la mobilisation de plusieurs personnes. Faisons un petit calcul, si la rédaction ou la révision du code d’éthique nécessite la participation de 7 personnes à raison de 35 heures de travail à un taux moyen de 30.00$, donc le travail coûte 1 400 000$ à réaliser. Je comprends que cette somme représente très peu sur le budget total, mais je constate que cet exercice est réalisé dans chaque établissement et ces documents sont forts probablement semblables. N’aurait-il pas lieu de mettre ce type d’exercice en commun et de faire réfléchir un groupe d’établissements?
Ça fait plus de vingt ans que je travaille au sein du réseau de la santé et des services sociaux et j’ai l’impression d’assister à un éternel recommencement. Ne pourrions-nous pas mettre en commun les idées et les efforts des quelques 282 200 individus travaillant dans le réseau? De se créer un portail de documents permettant les échanges. Il est vrai qu’il existe des tables de concertation régionale ou inter-régionale traitant de différents sujets, mais souvent les personnes qui y siègent sont des gestionnaires et non les personnes qui doivent faire le travail.
Autre domaine qui bénéficierait de la mise en commun du savoir, c’est le domaine des technologies de l’information. Outre les services informatiques de chacun des établissements, 17 Technocentres régionaux viennent supporter les activités des établissements en matière d’informatique. En plus, le Technocentre national, de son côté, supporte les technocentres régionaux. Pour avoir travaillé aussi bien sur le plan local, que régional et provincial je peux affirmer que plusieurs problèmes vécus ont été résolus par quelqu’un d’autres. Mais comme chacun travaille de son côté, personne ne met en commun leur savoir. Avons-nous idée de ce que pourrait être le réseau si ces ressources avaient le privilège d’échanger entre elles?
Il est incontestable que les services de santé soient décentralisés afin de répondre aux particularités des régions et des populations mais ne devrions-nous pas favoriser la mise en commun pour des services de soutien. Il en va de même pour le développement des systèmes d’information. Malgré qu’il est dit que le Ministère travaille à l’interopérabilité des systèmes d’information, dans les faits plusieurs systèmes nécessitent le maintien de systèmes parallèles afin de répondre aux différentes réditions de compte. C’est entre autres le cas pour les systèmes SISSS et RSIPA. Les ressources ayant travaillé à ces systèmes ont répondu à leur besoin d’information sans tenir compte que ces systèmes seraient déployés dans le réseau donc interpelleraient d’autres acteurs.
Il est temps que le Réseau de santé et des services sociaux travaille en réseau et puisse profiter du savoir de l’ensemble de son personnel. Cessons d’être ceux qui ont trouvé La solution mais devenons ceux qui travailleront à améliorer ce qui a été Une solution.
Lucie Denis
Commentaires
Ta réflexion est très intéressante Lucie. Je vote pour un modèle hybride ou d'un modèle mixte. Il est important de concerver la décentralisation en ce qui concerne les services. Ils doivent être adaptés aux besoins aux besoins des localités. Par ailleurs, il pourrait y avoir centralisation en ce qui à trait à des ouvrages communs comme un code d'éthique comme tu le décris dans ton texte. Bref, tu soulèves une question intéressante: comment pouvons-nous pallier au manque de ressource financière dans un contexte de coupures budgétaires? Je pense que ta réflexion amène un piste intéressante!
On va lire ça avec grand grand intérêt. Proftrudel