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Faut- il légaliser l’euthanasie et le suicide assisté ?

Faut- il légaliser l’euthanasie et  le suicide assisté ?

 

 

 

Une grande consultation publique a lieu en ce moment même  dans le but de

savoir si oui ou non il faut légaliser l’euthanasie et le suicide assiste  au Québec. La commission « Mourir dans la dignité », créée en vertu d’une motion adoptée à l’unanimité par l’assemblée nationale du Québec le 4 décembre 2009,  est chargée de diriger ce grand débat  qui interpelle plus d’ un et ce à juste titre. Il s’agit en effet de légaliser un acte qui permettrait de mettre fin intentionnellement à la vie d’autrui ou de lui donner les moyens d’y parvenir par lui même. Car c’est bien de cela qu’il s’agit puisque l’euthanasie se définit globalement comme un acte  provocant de manière volontaire la mort d’autrui pour mettre fin à ses souffrances. Le suicide assisté pour sa part, se définit comme le fait d’aider une personne à mettre fin à ses jours en lui procurant les moyens et/ou les informations pour y arriver. Ces deux expressions sont donc liées dans la mesure ou elle faciliterait de façon active ou passive la mort d’un être humain dans les cas de maladie graves et incurables engendrant des souffrances qui paraissent inutiles parce que  la guérison n’est plus possible. Etant donné que chacun d’ entre nous peut expérimenter une maladie chronique et incurable dans sa propre vie ou dans la vie d’un proche, la question nous concerne donc tous. En outre le caractère sacré de toute vie semble a priori incompatible avec la possibilité ou même l’éventualité d’y mettre un terme volontairement. Serions-nous des criminels du point de vue moral si on le faisait, même dans des conditions légales bien définies ?

Si ce grand débat de société qui retient l’attention des Québécois et Québécoises a lieu présentement c’est parce que le Québec peut réfléchir sur la légalisation de l’euthanasie sans violer le Code criminel canadien. En effet, bien que le suicide assisté et l’euthanasie soient encore considérés par le Code criminel canadien comme des actes criminels, chaque province a l’autorité pour engager des poursuites pénales et criminelles. Il revient à chaque province

d’appliquer le code criminel. A ce propos il est à souligner que le projet de loi C- 384, proposant une modification du Code criminel canadien dans le but de légaliser conditionnellement  l’euthanasie et le suicide assiste, a été rejeté par un vote majoritaire à la chambre des communes le 21 Avril 2010.

  La question de savoir si oui ou non on est pro euthanasie  ou pour le suicide assisté appelle une réponse ou il semble difficile de nuancer car soit on en est pour, avec ou sans condition, soit on est contre. Il apparaît en effet qu’une réponse à cette question fait moins appel aux données purement scientifiques qu’à la vision que chacun d’ entre nous a de la mort, de la vie et de la souffrance en général. Le nom même attribué à la commission se rapproche de l’argument mis en avant par les partisans de l’euthanasie qui y voient principalement un moyen pour mourir dans la dignité. La question qui me vient à l esprit est la suivante : un être humain perd t- il de sa dignité s’il meurt dans des conditions de souffrance et de dépendance liées par exemple à l’incontinence ? Pour ma part ce ne sont pas les souffrances en elle mêmes ou ce qui en découle qui attentent à  la dignité  d’un être humain mais plutôt les images dévalorisantes  que les autres ont de lui, ce qui peut par le fait même atténuer le sentiment de valeur que chacun a de soi-même. Il semble en effet qu’on éprouve du respect pour ses semblables seulement quand ceux-ci possèdent toutes leurs capacités physiques et mentales. L’expression consacrée pour ceux qui ont perdu leur autonomie n’est elle pas « végéter comme un légume » ? Il est à mon avis grand temps que l’on accorde plus de considération à chaque personne, indifféremment de ses aptitudes physiques ou mentales.  Il n’y a pas, de façon générale, une manière digne ou indigne de mourir par rapport à la souffrance, il n’y a que les traitements dignes ou indignes que nous-mêmes nous infligeons à nos semblables, les empêchant ainsi de mourir dignement. Dans ce sens, il m’apparaît tout aussi important de réfléchir sur des moyens d’améliorer les soins palliatifs que de promouvoir le débat sur l’euthanasie.

Je ne milite pas en faveur d’une légalisation de l’euthanasie et ce pour deux raisons principales : La première raison est le risque de dérives qui me paraît trop grand. En désacralisant la vie de cette manière, on courre le risque à mon sens, que des personnes plus ou moins mal intentionnées  influencent les  décisions des personnes affaiblies par la maladie et les poussent ainsi à décider de mettre fin à leur jour de façon assistée. Si je conçois aisément qu’on puisse programmer une naissance, il m’est difficile de concevoir qu’on puisse programmer une mort dans un hôpital ou ailleurs en ayant recours a un empoisonnement médicale par exemple. En outre, même si l’euthanasie était encadrée par des conditions bien strictes – notamment que seulement les adultes y aient recours-, ceci pourrait ouvrir la porte à d’éventuels élargissements ou glissements par exemple par rapport a l’âge. C’est ce qui se passe de façon exemplaire en Belgique ou le parti socialiste flamand  prônait déjà, dès 2002, date de la légalisation de l’euthanasie en Belgique, l’accès à l’euthanasie pour les mineurs et les personnes démentes. Qui sait si cela n’inciterait pas des parents dont les enfants ont des maladies génétiques comme la trisomie à faire des demandes d’euthanasie au nom de leurs enfants ! La loi permet déjà au Canada à  toute personne ou à ses proches de refuser ou de cesser un traitement même si la mort devait s’en suivre. Par ailleurs la sédation terminale, utilisée déjà au pays dans les services de soins palliatifs, donne la possibiliste d’abréger la souffrance d’un malade. Elle consiste à administrer un médicament qui  endort le patient jusqu’ a ce que mort s’en suive. Cette mesure peut rendre par ailleurs la frontière avec

l’euthanasie bien mince, seulement dans ce cas, la mort survient somme toute naturellement-probablement parce que le patient est déjà affaibli- et non parce qu’on lui aurait administré un médicament qui entraîne un arrêt cardiaque ou respiratoire comme il est pratiqué dans le cadre de l’euthanasie en Belgique. La sédation terminale me parait être déjà une mesure suffisante dans les cas  extrêmes. Le recours à l’euthanasie ne s’avère pas par conséquent être une nécessité.

Le deuxième argument principal contre la légalisation de l’euthanasie concerne surtout l’aspect religieux de la question. Elle est en fait beaucoup plus subjective que la première, car elle relève de la vision que j’ai de la vie en tant que création divine. Mettre fin à la vie d’un être humain devrait seulement revenir à Dieu et à personne d’autre. Laissons-lui cette lourde responsabilité. Même s’il est  normal de chercher à prolonger l’espérance de vie ou de rendre la vie plus agréable,  faire le contraire va à l’ encontre des principes de protection de la vie, que tout état et tout individu se doit d’avoir à cœur. Si au terme de la grande consultation publique sur l’euthanasie il ressort que les Québécois et les Québécoises, tout comme les professionnels de la santé, y sont favorables, le législateur devra en tenir compte, car le peuple québécois est souverain et peut assumer une telle decision.

 

Sylvie Mbiga

Enp 7505

(groupe du Jeudi)

 

Commentaires

  • Bonjour Sylvie. Je comprends ta position par rapport à l'euthanasie. Par ailleurs, j'ai une personne proche de moi qui a eu un accident de voiture alors qu'il était dans la vingtaine. Il est maintenent paraplégique. Il a aussi d'autres handicaps physiques. Bref, il a été très durement touché. Le problème, c'est qu'il a toute sa tête et il ne peut rien faire par lui-même. Il souffre énormément, car il n'a aucune qualité de vie. Pou lui, sa vie est un enfer. Il souhaite mourir pour être lui-même libéré et pour permettre à sa famille d'être libéré de leurs souffrances. ID

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