enjeux des élections des commissaires...
La perte d’un droit de vote, de choisir ses représentants peu importe le domaine de prédilection ... est-ce grave dans une société démocratique ?
Pourtant c’est que l’on s’apprête à faire dans les commissions scolaires. Le manque de participation à l’élection des commissaires amène le gouvernement à se positionner et à se demander si cela ne serait pas mieux d’abolir le droit de vote et de mettre en place un Conseil d’Administration qui dirigerait ces institutions publiques .
Les commissions scolaires, telles qu’on les connait, remonte à 1845, «soit environ 10 ans avant les municipalités et plus de 20 ans avant la Constitution de 1867». Elles ont pour mission de s’assurer que la population reçoive les services éducatifs à laquelle elle a droit ce qui inclus la gestion de tous les services éducatifs , l’inscription dans un établissement scolaire , l’élaboration de politiques pédagogiques et administratives , les ententes de scolarisation, l’adoption du calendrier scolaire et le transport scolaire. A ce titre, elle doit donc gérer un vaste réseau de service client qui n’est pas toujours conscient du travail accompli pour répondre aux besoins. La deuxième responsabilité de cette institution en est une de structures du réseau éducatif : c’est –à-dire qu’elle consiste «à répartir équitablement les ressources dans les établissements tout en tenant compte des besoins , des secteurs favorisés ou défavorisés de la population et des iniquités sociales et économiques.»Enfin la troisième responsabilité consiste à offrir des services à la population dans divers domaines dont : les services de garde , les services aux entreprises , les activités de formation de la main-d’œuvre, etc.
Je n’entrerai pas dans tous les détails du fonctionnement des commissions scolaires car là n’est pas le but de mon propos. Le sujet porte plus tôt sur la perte, à mon sens , d’un droit fondamental qui est : celui de choisir les dirigeants qui vont nous représenter dans les différents paliers administratifs de l’État. Certes, certains diront que cela n’est pas très important puisque les commissaires ne sont qu’une partie infime du rouage administratif du système éducatif. Pourtant, si on s’arrête et que l’on analyse la politique actuelle , ne voyons nous pas que le gouvernement prend de plus en plus le contrôle de la société de demain? La perte du droit de choisir, du droit d’élire dans une société démocratique ne vient-elle pas enlever une partie du droit de parole de la classe moyenne, de la classe des déshérités qui n’ont que pour se faire entendre que le choix de donner la parole à des représentants élus démocratiquement.
Dans ce cadre, avant de vouloir abolir cette forme de démocratie, ne conviendrait-il pas d’examiner tous les tenants et aboutissants du processus et regarder ce qui est caché ? La conjoncture économique actuelle ne vient-elle pas fausser la «donne»? En abolissant les commissaires et en le remplaçant par un Conseil d’Administration ne vient-on pas donner à l’appareil étatique un pouvoir de gérer des institutions publiques : il ne faut pas oublier que les C.S. sont dotées d’une vie politique, d’une juridiction propre à leur territoire, qu’elles ont un pouvoir de taxation, ce qui représentent les pouvoirs d’un gouvernement décentralisé qu’on voudrait peut-être ramener dans le giron centralisé. Serait-il possible d’imaginer que l’on voudrait faire «main basse» sur une autre source de revenus et ce malgré les principes de la démocratie et du système scolaire!!!
Ne devons-nous pas faire attention avant de prêter l’oreille à ce vent de changement qui, sous le couvert d’une restructuration, veut tout simplement mettre à profit, dû au désintéressement de la population , des enjeux beaucoup plus importants que tout simplement « l’élection des commissaires».
Avant de vouloir faire disparaître un moyen de communication entre la population et l’appareil étatique ; ne devrait-on pas s’arrêter sur le fonctionnement même du processus d’élection. Si la population générale ne sent pas concernée par l’élection des commissaires n’y aurait-il pas là matière à se questionner sur ce renoncement à la vie politique et à la participation à la démocratie! Peut-être serait-il souhaitable d’entreprendre une campagne d’information basée sur la fonction et le rôle des commissaires, être plus sélectifs sur le choix de nos représentants scolaires, établir un système de votation (comme en Suisse) qui serait jumelé avec les élections municipales, revoir tout le processus d’élection et le mettre «au goût du jour» comme le font les gouvernements actuellement… mais sûrement pas abolir le droit d’élire nos représentants !
COMTESSE LALUMIERE!