Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Blogue #2 - LAFRANCE - La pauvreté et Le modèle québecois - Mtle - Jeudi soir

Souvent, on entend dire que le Québec a l'un des plus forts taux de pauvreté au Canada. Est-ce réellement le cas? Ce n’est pas justement l’inverse de ce que nous prônons au Québec?


Tout d'abord, comment se définit la pauvreté? Selon le dictionnaire politique «Toupictionnaire», une personne en situation de pauvreté ne dispose pas des ressources matérielles suffisantes (manque d'argent) et vit dans des conditions qui ne lui permettent pas d'exister dignement selon les droits légitimes et vitaux de la personne humaine et qui la condamnent à survivre péniblement au jour le jour.
La pauvreté absolue est la situation des personnes qui ne disposent pas de la quantité minimale de biens et services permettant une vie normale.
La pauvreté relative s'établit par comparaison avec le niveau de vie moyen du pays dans lequel on se trouve. On détermine d'abord le revenu médian, revenu qui partage la population en deux parties égales. La pauvreté se définit alors par rapport à une proportion de ce revenu médian.

Au Canada, la pauvreté est associée en général au manque de revenu nécessaire pour assurer le bien-être physique des gens. Le fait d’être pauvre ici veut dire qu’on a de la difficulté à payer l’alimentation, le logement et les vêtements et le transport. 

Statistique Canada diffuse chaque année les seuils de revenu avant et après impôt, appelés seuils de faible revenu (SFR).  Ces seuils sont fondés sur la proportion de ménages qui, en comparaison des ménages moyens consacrent au moins 20 points de pourcentage de plus de leur revenu à la nourriture, aux vêtements et au logement; les seuils diffèrent en fonction de la taille de la famille et de la communauté. La plupart des intervenants se servent de ces seuils pour déterminer la prévalence de la pauvreté au Canada.

En 1986, au Canada, un pauvre sur trois était québécois, soit 615 000 ménages pauvres au Québec et 597 000 en Ontario.

Le 12 juin 2002, le Québec s'est doté d'une Loi-cadre, soit la loi 112, la Loi visant à lutter contre la pauvreté et l'exclusion sociale. Il s'agissait d'une stratégie globale de lutte contre la pauvreté à laquelle le Québec.

En 2004, Statistique Canada a estimé que le revenu moyen par habitant en Ontario était de 41 700$ et de 35 100$ au Québec. Ce 35 100$ équivaut à un pouvoir d’achat de 39 600$ en Ontario… 5% moins riche que l’Ontario, mais pas pauvre! Si on regarde au niveau mondial, il est au 18e rang sur 191 pays membre des Nations unies : dans le même groupe que la France, l’Allemagne et le Japon! Ce n’est pas rien!

En 2000, le ministre fédéral des Ressources humaines a comparé la capacité des Canadiens de plusieurs régions d’acheter un panier fixe de biens et services essentiels avec leur revenu disponible. Au Québec, c’étaient moins de 12% des gens qui avaient un revenu suffisant contre 13,5% pour ceux hors Québec!

En 2003, parmi les 20% des familles les plus pauvres, leurs revenus autonomes étaient de 8 700$ en Ontario et de 7 100$ au Québec. Pour comparer les deux revenus, nous devons ajouter les prestations sociales reçues et déduire les impôts payés. Nous arrivons maintenant à 14 000$ en Ontario et à 13 100$ au Québec que nous ajustons pour tenir compte du coût de la vie moins élevé au Québec pour terminer avec un pouvoir d’achat de 14 800$ : soit 800$ de plus que le 14 000$ en Ontario!

En 2007, le Québec était l'une des provinces qui comptait proportionnellement le moins de familles pauvres. Voici les données utilisées par le Ministère des Finances du Québec dans le budget de 2010-2011 :

Québec

Alberta

Ontario

Colombie-Britannique

Nouveau-Brunswick

Taux de faible revenu des familles

6,0%

5,2%

7,9%

9,5%

11,2%

Rang

          2e

        1er

          10e

Taux de pauvreté relatif des enfants

7,3%

12,3%

18,4%

17,3%

(Taux de faible revenu chez les moins de 18 ans)

Comment y sommes-nous arrivés? D’où provient cette initiative? Cela provient d’un groupe de pression pour le moins atypique. Cette loi avait d’abord été mise de l’avant par un collectif de groupes et d’associations né des luttes antérieures entourant la réforme de l’aide sociale et la pauvreté. En 1995, il y a eu la marche des femmes «Du pain et des roses» traitant de la pauvreté. Il y a eu également une série de discussions avec des groupes sociaux concernant la lutte contre le déficit du Québec et ils ont profité de l’occasion pour dire : « Nous acceptons l’idée d’éliminer le déficit, mais en échange, nous devons avoir notre mot à dire sur ce qui sera fait. » Il y a donc eu une série d’événements qui ont porté la question de la pauvreté à l’avant-scène, et la loi a été adoptée en 2002.

Ceci représente bien le «modèle québécois» basé sur nos valeurs fondamentales. Le Québec désire une classe moyenne plus nombreuse, moins de pauvres et par le fait même, moins de gens extrêmement riches.

Qu’est-ce que le «modèle québécois»?

·         Il est une version nord-américaine du social-démocratie basé sur deux grands principes : l’interventionniste de l’état dans une économie mixte et la concertation entre les acteurs de la société.

·         Ses objectifs et idéaux sont de promouvoir la culture québécoise et une plus grande justice sociale, ainsi qu’une répartition plus équitable des richesses.

·         Il a débuté à la Révolution Tranquille (vers 1960) : l’État québécois s’est servi de leviers économiques et a investi dans l’éducation et la santé.

·         L’État est perçu comme le meilleur outil de rattrapage et de développement du Québec post-Duplessis.

La façon d’aborder la pauvreté vient se coller à ce modèle. La solidarité, la concertation et l’implication de l’État dans la promotion économique. Il a ainsi agit comme un filet social pour la sécurité familiale. Il a favorisé l’emploi en adoptant la prime au travail pour le petit salarié, le soutien aux enfants et le système de garderie à 5$ puis à 7$ subventionné par l’état pour ainsi seconder les parents en prenant les enfants en charge et ainsi permettre aux intéressés à retourner sur le marché du travail. C’est carrément de l’interventionnisme de l’État et il a très bien réussi! Nous avons maintenant un système qui a atteint ses objectifs (diminution de la pauvreté), qui favorise le travail et qui en plus, assure un bon encadrement des jeunes enfants dans des services de garde supervisés. L’implantation a été un peu plus longue que prévue, mais elle est maintenant bien rodée et fait l’envie d’autres provinces et pays.

En terminant, regardons maintenant la place du Québec dans le monde. En 2005, il occupait une 37e place mondiale en économie! Son PIB était à 210 milliards $US (à parité de pouvoir d’achat) selon les données de l’Institut de la statistique du Québec. Il était précédé de la Grèce, de la Suisse et de la Suède, et suivi par le Portugal, la Norvège et le Danemark. Le Canada s’est classé au 12e rang, donc un peu plus du cinquième de l’économie canadienne pour le Québec, loin derrière les États-Unis au premier rang (PIB de plus de 11,7 billions $US). En tenant compte de la taille de la population, avec un PIB par habitant de 27 789$, il devance l’Italie avec son 20e rang. Le Canada est arrivé 7e avec un montant de 31 952$. Cela s’explique en partie par le commerce international qui a pris une grande place dans l’économie québécoise, pour un total de 53 milliards, soit 26% de son PIB (pour un total de 32 % pour le Canada). Les produits manufacturiers ont représenté 93%.

La part des dépenses des administrations publiques dans l’économie québécoise ont représenté 22% de son PIB, contre une moyenne canadienne de 19%. Trente-six pays ont devancé le Québec, dont la Suède (28%), les Pays-Bas (25%) et la France(24%).

L’éducation a été aussi un secteur significatif pour un total de 7,5% du PIB du Québec en 2004, contre 6,6% pour l’ensemble du Canada. Seulement 14 pays ont devancé le Québec dans ce domaine, dont le Danemark à 8,4% et la Suède à 7,6%. Quand aux dépenses en recherche et développement, le Québec est arrivé 7e mondialement, en fonction de son PIB. Il est arrivé devant les États-Unis, le Royaume-Uni et le Canada (17e).

En 2006, le niveau de l’emploi était de plus de 60%, soit l’un des plus élevé de son histoire, et un taux de chômage de 8,3%, le plus bas en 30 ans! Finalement, une étude annuelle de Mercer Human Ressource consulting donne à Montréal un indice de 66, soit la ville ayant un coût de la vie le moins élevé sur un total de 144 centres d’affaires à l’échelle mondiale!!! En comparaison, Toronto a obtenu 72, Paris : 95, Londres : 119 et Tokyo : 133. De plus, le coût de l’électricité pour les entreprises est l’un des moins élevés au monde.

Nous pouvons sûrement conclure que les moyens que nous prenons pour arriver à nos fins, soit le «modèle québécois» nous coûte peut-être un peu plus cher, mais les résultats obtenus compensent largement!

Les commentaires sont fermés.