Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Blogue #2 - Turcotte - Le poids politique du Québec faiblit à Ottawa

Cours du Jeudi soir (Montréal)

Le poids politique du Québec faiblit à Ottawa

 

Voilà plusieurs années que la possibilité de revoir la répartition des sièges à la Chambre des communes circule. En fait, avec le fort accroissement de la population dans certaines régions canadiennes, on se doutait que ce changement n’avantagerait certainement pas le Québec. Cela s’est confirmé le 1er avril dernier, alors que le gouvernement Harper est encore une fois venu réaffirmer son intention d’aller de l’avant avec son projet de loi qui vise à augmenter le nombre de députés dans 3 provinces. Cela ferait en sorte que l’Alberta aura 5 nouveaux sièges, la Colombie-Britannique en aura 7 et l’Ontario, grande gagnante de ce remue-ménage, en aura 18.  Résultat, le nombre de sièges à la Chambre des communes passera de 308 à 338, sans qu’aucun nouveau représentant du Québec ne puisse se joindre à ce nombre. Pire encore, cet ajout de 30 nouveaux sièges contribuera à affaiblir le poids des 75 représentants du Québec.

 

Il faut dire que la nouvelle ne surprend personne, surtout quand on prend en considération les nombreux efforts du gouvernement conservateur pour se faire élire majoritairement. C’est en Ontario et dans l’Ouest que le parti est le plus enclin à faire des gains, alors le gouvernement Harper a tout intérêt à aller de l’avant avec sa réforme. D’autre part, en diluant le nombre de représentants du Québec, il sera plus facile pour les conservateurs de mettre de côté cette province où les gains aux dépens des bloquistes et libéraux sont plutôt minces. Puis, bien qu’il existe un certain mécontentement dans la population québécoise avec la perte de pouvoir du Québec, le gouvernement conservateur n’a pas beaucoup à perdre avec seulement 10 sièges dans la province et un gouvernement provincial qui n’ose pas défendre avec vigueur les intérêts de sa population. 

 

Plus que jamais, les Québécois doivent être vigilants. Maintenant que le gouvernement conservateur a abandonné sa campagne de séduction envers le Québec, due aux piètres résultats de celle-ci, la province est oubliée et ne fait pas l’objet de considération très soutenue de la part de ce gouvernement. Alors, imaginer la situation si celui-ci devenait majoritaire. Dès lors, le Québec devrait subir les politiques qui sont contraires à ses valeurs et à ses intérêts.

On s’apprête donc à laisser s’établir un dangereux précédent pour le Québec. À savoir que même si la nation québécoise, reconnue par le gouvernement fédéral, est en position minoritaire, son pouvoir politique dans la fédération n’est pas garanti dans le futur. Ainsi, malgré toutes les considérations historiques, culturelles et identitaires, le point de vue du Québec sera peu à peu oublié. Il est évident que le gouvernement fédéral ne souhaite pas que ce peuple dispose d’un ratio de représentation minimal, ce qui constitue un revers important quand l’on sait que les discussions sur l’Accord de Charlottetown avaient l’intention de garantir au Québec 25 % des sièges à la Chambre des communes.

 

Dès lors, quelles options reste-t-il pour le Québec? Alors que les discussions constitutionnelles sont au point mort et que le gouvernement du Québec a plutôt une attitude de laisser-faire face aux politiques du gouvernement conservateur, les options pour la province sont assez restreintes. D’ailleurs, au sujet de l’inaction du gouvernement provinciale, la chronique de Mme Lise Payette, dans l’édition du 9 avril du Journal Le Devoir, décrit de façon brillante la situation : « Le Québec, sous les libéraux, a joué le jeu du bon fédéraliste. Le gouvernement libéral n'a pas réclamé de pouvoirs supplémentaires. Il s'est contenté d'être une province comme les autres se laissant traiter comme une minorité dans le Canada et non pas comme un peuple fondateur»[1].

 

On s’aperçoit que peu importe l’enjeu, le Québec ne doit pas baisser la garde, car il risque de faire les frais de l’indifférence du gouvernement d’Ottawa. Cette lutte continuelle pour la reconnaissance de sa voie et de ses intérêts profonds devient avec le temps toujours plus dure et ira en se dégradant. Dès lors, on s’aperçoit qu’il n’y a pas beaucoup d’autres options qui s’offrent à nous. Finalement, en y pensant bien, même si la souveraineté n’est pas au goût du jour, il ne faut pas oublier que cette option reste en quelque sorte une  «police d’assurance» qui pourrait permettre au Québec de pouvoir réaliser ses aspirations, en accord avec ses valeurs et sa culture, sans avoir à lutter constamment pour y arriver avec un autre gouvernement.



[1] PAYETTE, Lise. Les deux peuples fondateurs, Le Devoir, vendredi, 9 avril 2010, p. A9

 

 

RÉFÉRENCES

 

CORNELLIER, Manon. La voix juste, Le Devoir, Actualités, mardi, 6 avril 2010, p. A3

LECLERC, Jean-Claude. Nouvelle carte électorale - Comment combler le fossé entre le peuple et le Parlement ?, Le Devoir, Éthique et religions, lundi, 12 avril 2010, p. B6

Le Droit, Nouvelle tentative pour ajouter des députés, vendredi, 2 avril 2010, p. 19

LEDUC, Louise. Le poids politique du Québec menacé, La Presse, Actualités, samedi, 3 avril 2010, p. A11

PAYETTE, Lise. Les deux peuples fondateurs, Le Devoir, vendredi, 9 avril 2010, p. A9

VASTEL, Marie. Carte électorale fédérale: les critiques de Québec oubliées, Le Devoir, Actualités, vendredi, 2 avril 2010, p. A2

 

Les commentaires sont fermés.