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Les groupes de pression et les médias: des régulateurs essentiels pour la bonne santé de notre démocratie

Les groupes de pression et les médias: des régulateurs essentiels pour la bonne santé de notre démocratie

 

Pour le Petit Robert (édition de 1993), la démocratie c’est la "doctrine politique d'après laquelle la souveraineté doit appartenir à l'ensemble des citoyens". Or lorsque l’on s’attarde au taux de participation dans les principales voies où le citoyen a l’occasion de faire valoir son choix, il y a lieu de s’inquiéter. En effet lors des dernières élections provinciales le taux de participation n’a pas atteint 60%, tandis qu’aux dernières élections municipales le taux était d’environ 40%. On pourrait en déduire que les gens ne se sentent pas concernés, ça semble trop loin d’eux. Pourtant dans des instances de proximité comme dans les écoles ou dans les CSSS où les citoyens ont la possibilité d’avoir une prise sur des décisions qui les touchent directement, on devrait s’attendre à un engouement spontané. Dans le premier cas, les directions d’école doivent faire des campagnes de séduction et usé d’imagination afin de mobiliser les parents à se présenter lors de l’élection du conseil d’établissement, quant au deuxième cas, combien de gens au sein de la population savent  qu’ils ont la possibilité de siéger au conseil d’administration en tant que représentant des usagers? Avec ces données en toile de fond on peut se réjouir que des groupes de citoyens avec des intérêts divers se fassent valoir en fonction de leurs moyens et que certains médias nous tienne en alerte en dévoilant au grand jour de irrégularités dans l’application de certaines règles ou en questionnant des façons d’appliquer les lois.

 

On peut être en accord ou non avec les groupes qui font connaître sur la place publique leurs revendications, doléances ou réclamation ou tout simplement leur désaccord. Cette démarche à l’avantage de faire connaître à l’ensemble des citoyens une situation méconnue qui pourra avoir l’effet d’un nombre grandissant de sympathisants et éventuellement d’adhérents à leur cause. Évidemment il n’y a pas que la place publique, certains groupes feront cheminer leurs demandes par des moyens beaucoup plus discret en échange de quoi ils pourront, par exemple, récompenser généreusement ceux et celles qui les auront appuyé dans leurs demandes. Tandis que certains autres groupes ont un rapport de force non négligeable qui donne l’obligation au gouvernement d’avoir une oreille plus qu’attentive à leurs requêtes. En ce qui a trait aux médias, ils peuvent, par moments, jouer un rôle de pourfendeur quant au rôle du gouvernement et à sa façon d’appliquer ou non les lois ce qui est d’un apport essentiel au maintien d’un quotient intellectuel minimum en regard aux grands enjeux qui nous concerne en tant que citoyen.

 

 

Au lendemain du budget du ministre Bachand, ce sont plus de 10 000 personnes, mobilisés par la coalition anti-pauvreté, qui sont descendus dans les rues de Montréal pour faire connaître leur mécontentement face au budget présenté par le ministre des finances. Cette coalition regroupant des groupes communautaires, des syndicats, et des citoyens, récemment formée, afin de dénoncer la consultation « bidon » du ministre Hamad pour la mise sur pied d’un plan de lutte à la pauvreté. Les membres de cette coalition ont donc profité de la sortie du budget provincial pour taper une fois de plus sur le clou d’un accès universel aux services publics en plus d’inviter le gouvernement à revoir son intention de vouloir hausser les tarifs tout en compressant dans certains secteurs où les plus démunis sont déjà à bout de souffle. Cette sortie, avec sa médiatisation aura certainement donné des arguments supplémentaires à un bon nombre de citoyens d’être en colère contre le ministre Bachand et son budget. Quant au gouvernement, il ne pourra pas rester insensible aux revendications de ces milliers de personnes.

 

Si on se tourne vers le ministère de l’éducation, il y a un groupe, qui lui, a usé d’une autre méthodologie afin de faire valoir ses intérêts. En effet en février dernier la ministre Courchesne proposait un règlement qui modifierait de façon importante le régime pédagogique, principalement en abolissant l’interdiction d’enseigner les samedis et dimanches. Interrogée sur l’intérêt d’une telle modification, la ministre a d’abord défendu bec et ongle qu’il s’agissait de doter les écoles d’un moyen supplémentaire en faveur de la persévérance scolaire grâce à des projets qui pourraient se faire avec les élèves ces jours où ils sont normalement en congé. Par la suite grâce aux médias, nous apprenions que des échanges avaient eu lieu entre la ministre et des représentants de la communauté juive, plusieurs mois auparavant, pour étudier les arrangements possibles afin que certaines écoles de leur communauté se conforment aux exigences du programme pédagogique du ministère tout en continuant de faire l’enseignement de la religion. De là découlait l’intérêt de pouvoir enseigner les samedis et dimanches. Cette révélation faite a mis le feu aux poudres et a mobilisé, entre autre, la signature d’une pétition par plus de 25 000 enseignants qui s’opposent catégoriquement à l’entrée en vigueur de ce nouveau règlement. La partie n’est pas terminée car des intérêts contradictoires sont en jeu : celui des écoles juives et celui des enseignants qui donne l’heure juste sur l’opinion d’une part importante de la population face à cette situation. Quant à la ministre de qui peut-elle se passer dans ce dossier de l’opinion défavorable de milliers de Québécois ou de l’appui financier non négligeable à son parti par la communauté juive?

 

Évidemment quand un groupe décide de passer par l’espace public pour faire connaître sa réalité et ou ses revendications les résultats dans l’adhésion à son idéologie et éventuellement la prise de position en sa faveur dépendront des moyens disponibles. Ici nous pensons à la Fédération des médecins spécialistes qui à coût de millions se paient de la publicité afin de proposer des solutions au grand public afin que le gouvernement retrouve l’équilibre budgétaire et par la bande réponde favorablement aux demandes des médecins spécialistes. Des moyens financiers d’une telle ampleur donne non seulement une visibilité mais permet également de se payer les services des meilleurs spécialistes en communication afin de vendre sa salade. Le nombre de membres ou adhérents à une cause peut devenir un moyen non négligeable à défaut d’avoir les moyens financiers. Pour illustrer cette dernière affirmation nous n’avons qu’à penser aux négociations dans le secteur public entre le gouvernement et le Front commun, réunissant plusieurs centrales syndicales et représentants près d’un demi-million de membres. En effet leurs 75 000 membres qui sont descendus dans les rues le 20 mars dernier pour faire connaître leur intention de ne pas se laisser faire dans les négociations actuelles et de manifester leur inquiétude quant à la qualité des services publics ne peuvent passés inaperçus. Le Front commun fait le poids grâce au nombre de ses membres et le gouvernement ne peut se permettre de balayer du revers de la main ses demandes car le coût politique serait non négligeable.

 

 

Du côté des médias, leur apport permet de mettre au grand jour des irrégularités quant à l’application de certaines lois ou de susciter certaines questions par rapport à d’éventuels dérapages administratifs. La sortie médiatique des nombreux scandales dans l’industrie de la construction, au cours des derniers mois, a permis de mettre en lumière des façons de procéder par les administrations municipales et provinciales loin d’êtres conformes aux règles en vigueur et ne seront pas sans laisser de trace dans la mémoire collective en plus de raviver l’intérêt des citoyens pour les affaires publiques. Aussi lorsqu’un journaliste s’interroge sur les mécanismes de vérification du gouvernement fédéral pour 75% de ses contribuables qui font leur rapport d’impôt par Internet sans aucune preuve de factures ou reçus, par exemple,  il arrive à semer le doute chez les citoyens et le incite le gouvernement à rester alerte.

 

Cette démonstration permet de mieux étayer le fait que ces jeux de pression, de part et d’autre existent, qu’ils prennent des formes diverses et répondent à un éventail d’intérêts souvent contradictoire les uns par rapport aux autres mais surtout qu’ils sont essentiels à la santé de notre démocratie.

 

I. Francoeur

 

 

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