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Blogue #2 : Le système de santé …. Vue de l’intérieur !

Par : Guy Bouffard (Brossard)

 

Comme vous le savez lors du dernier dépôt du budget du gouvernement Charest, une cotisation santé a été introduite afin de financer le système de santé québécois. Dès cette année,  un adulte devra verser 25 $ à même sa cotisation de revenu. Ce montant passera à 200 $ en 2012, ce qui permettra d’engranger tout près d’un (1) milliard de dollars par année. À cela,  s’ajoutera une franchise santé dont les modalités d’application seront connues plus tard.

Est-ce que l’apport de ces nouveaux modes de financement viendra réellement redonner au système de santé ces lettres de noblesse? Aurons-nous un système sans liste d’attente tel que promis par tous les partis politiques depuis des lunes? Aurons-nous une salle d’urgence avec peu de délais de consultation? Aurons-nous moins de civières dans les corridors de l’urgence? Aurons-nous moins d’heures supplémentaires obligatoires pour le personnel? Aurons-nous moins recours au secteur privé afin de dispenser les services ?

Ce milliard ne changera rien à la situation dans le réseau de la santé. Il ne fera que couvrir les frais sans cesse grandissants que le réseau a besoin afin de continuer d’offrir le service : Augmentation de salaire, augmentation du coût des fournitures, augmentation des coûts d’électricité etc. Alors, continuez d’être patient à l’urgence !!!

Mais qui est ou qui sont les responsables des problèmes du réseau de la santé?  Pour plusieurs,  ce sont les administrateurs, les agences ou le gouvernement et son volumineux ministère de la santé. Pour d'autres,  les problèmes sont plutôt dus à la pénurie de médecin et d’infirmière. Et dans certains cas,  on attribue les problèmes aux lieux physiques.

Tout dépend de la lunette avec laquelle l’on regarde le réseau de la santé : syndical, patronal, journaliste, médecin etc.

Les syndicats

Pour les syndicats, comme la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec – FIQ, la solution passe par de meilleures conditions de travail et, par conséquent, par un réaménagement du temps de travail. Cela agira directement sur l’attraction et sur la rétention du personnel infirmier en plus d'améliorer la qualité des services offerts à la population québécoise.

Mais qu’en est-il réellement sur le terrain de l’ouverture du syndicat d’améliorer les conditions et de réaménager le temps de travail?

Lorsque l’on discute et négocie avec le syndicat sur de possibles réaménagements de temps de travail, l’employeur fait face à de grands défis. Pas facile de faire accepter l’horaire de 12 heures à un syndicat. Pourtant, cela fonctionne dans bon nombre d’hôpitaux principalement anglophones. Pas facile non plus de faire accepter le roulement des quarts de travail. On invoque immédiatement l’ancienneté, des droits quasi ancestraux, du genre « moi j’ai travaillé pendant des années de nuit avant de pouvoir obtenir un poste de jour, alors la plus jeune n’a qu’à attendre son tour ».

Le syndicat demande également des postes à temps complet pour l’ensemble des membres. Mais saviez-vous que plusieurs infirmières ne désirent pas de temps complet? Saviez-vous également que la convention prévoit plusieurs dispositions afin de permettre des congés sans solde ou des partiels sans solde? Imaginez le remous que cela causerait si ces conditions de travail disparaissaient des conventions collectives. Ce n’est pas bizarre de maintenir un tel avantage en temps de pénurie ou lorsque l’on demande des postes à temps complet.

En passant, les syndicats critiquent la taxe santé, mais qui, selon vous,  seront les premiers à en bénéficier avec des demandes d’augmentation salariales évaluées à plus de 3,5 milliards?

Les employeurs

Ils sont aussi responsables des difficultés du réseau. L’employeur a tardé à faire de l’organisation du travail sa priorité dans le réseau. Il a également tardé à réorganiser le travail et ainsi exploiter au maximum l’opportunité que la loi 90 lui offrait lors de son entrée en vigueur en janvier 2003.

Il a plutôt décidé de choisir la voie la plus facile par l’embauche d’agence privée afin de faire face à un manque criant de personnel infirmier. Pour le personnel en soins infirmiers seulement, plus de 1,9 million d’heures ont été travaillées par la main-d’œuvre indépendante en 2007-2008. Voilà qui se traduit par plus de 158 millions de dollars dépensés par les établissements publics pour des services privés pour l’ensemble du Québec.

Les médecins

Docteur Barrette désire plus d’argent pour les spécialistes. Les omnipraticiens eux désirent aussi leurs parts du gâteau. Avec ces publicités, le Dr Barrette a fait plusieurs suggestions au gouvernement Charest. Mais a-t-il suggéré de vraies pistes de solution afin d’améliorer l’accessibilité à ces spécialistes ou à un médecin de famille?  Dernièrement, je n’ai rien lu ni même entendu de ces médecins des suggestions afin d’améliorer le réseau.

De l’intérieur, on entend toutes sortes d’histoires qui paralysent le système en lien avec les médecins. À l’urgence, un médecin couche sur une civière quelqu’un afin qu’il passe plus rapidement ces tests. Un autre, en couche un dans l’attente des résultats d’une prise de sang qu’on vient de prélever. Un autre a atteint la limite de patient pour la journée (ça ne sera plus payant si j’en vois d’autres), alors ceux dans la salle d’attente devront attendre le prochain quart de travail. Sur l’étage, un patient peut avoir son congé de l’hôpital, mais le médecin ne passe qu’en fin de journée pour le signer ce qui a pour effet de garder une personne sur civière à l’urgence.

Les spécialistes demandent  4 % par année minimum après avoir obtenu un rattrapage salarial de 25,3 % d'ici 2015. La Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) quant à eux réclame une augmentation de 30 % des fonds que lui consacre le gouvernement Charest, soit 443 millions de dollars de plus. Les omnipraticiens demandent donc au gouvernement de réduire à 20 % l'écart salarial qui les sépare des médecins spécialistes.

En résumé, nous consacrons 5 milliards sur un budget total de 64 milliards (57 milliards si on exclut le service de la dette) seulement pour rémunérer les médecins (ou 8,8%). Pensez-y….Presque 10% des dépenses annuelles du gouvernement pour payer leur salaire. (Source : Plan budgétaire 2009)

Le gouvernement

Le dernier de la liste mais comment important dans la solution aux nombreux problèmes du réseau c’est le gouvernement. Plusieurs rapports écrits demeurent sur les tablettes comme le dernier de la liste mais non le moindre celui du « Rapport Castonguay ».  Quand aurons-nous un gouvernement ou même un ministre qui fera preuve d’un vrai leadership et qui verra à réunir tous ces intervenants afin de trouver de vraie solution au système de santé?

Si tout ce beau monde faisait son mea culpa peut-être que le réseau s’en porterait mieux et qu’il n’aurait pas besoin de cette cotisation santé ou même de la franchise. Si tout ce beau monde se demandait comment comme syndicat, médecin, employeur ou gouvernement je pourrais améliorer le système et ce, sans toujours mettre la faute sur les autres, peut-être aurions-nous un système plus efficace que présentement. Si tout ce beau monde faisait preuve d’une vraie volonté, tout le monde en sortirait GAGNANT.

 

Référence :

http://www.budget.finances.gouv.qc.ca/budget/2009-2010/fr/documents/pdf/PlanBudgetaire.pdf

Loi 90 : http://www.opq.gouv.qc.ca/

http://www.financementsante.gouv.qc.ca/fr/rapport/pdf/RapportFR_FinancementSante.pdf

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