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Blogue-2: Dette nationale du Québec, quelle dette?

dette.jpgDans un temps de récession comme celui que nous vivons présentement, les pressions exercées sur les gouvernements sont de toutes parts et de tous côtés. Aujourd’hui, même dans les journaux nous faisions mention des dépenses gouvernementales qui ne cessent de croître à des vitesses inquiétantes. Une menace ne cesse de clamer sur la survie de certains programmes sociaux. Avec le vieillissement de la population au Québec, on craint ses répercussions sur les générations futures pour en assurer la pérennité. Depuis des années, on constate les difficultés encourues par le Ministère des services sociaux à équilibrer les budgets au niveau de la Santé. Quelle sera l’issu de la problématique entourant la dette nationale en prévision des besoins croissants en Santé ? Qui sait? Assisterons-nous à la privatisation de certains programmes jusqu’ici publics? Où verrons-nous l’apparition de nouvelles formes de taxes à l’usager? Peu importe l’issu prochaine, nous allons dans les prochaines années devoir repenser certains fondements de notre vision de l’État providence.

Le dernier programme du gouvernement Charest prévoit une réingénierie de l’État québécois. Madame Jérôme Forget, la Présidente du Conseil du trésor, a mis de l’avant un programme prévoyant entre autre une réduction des employés du gouvernement. Érudit de la science rattachée à l’administration publique, elle s’est présentée aux élections convaincue de ses capacités à l’effet de rétablir la situation au gouvernement. Ainsi, en concordance avec ce nouveau programme, les fonctionnaires qui partent à la retraite seront remplacés en respectant un ratio d’un sur deux. Voilà, l’un des moyens privilégiés mis de l’avant par le présent gouvernement afin de réduire considérablement les dépenses publiques de plus de deux milliards de dollars. Le programme de réingénierie inclut également de nouveaux incitatifs à ce que les employés de l’État modernisent leurs façons de travailler. Pour ce faire, on fera appel davantage aux technologies de l’information de manière à répondre plus concrètement au besoin de la société. Malgré tout, les experts sonnent l’alarme, toutes ces bonnes intentions ne réussiront pas à réduire le fardeau de la dette sur notre richesse collective au Québec. Ces mesures ne réussiront pas, à elles seules, à rétablir la problématique de l’endettement public. De nos jours, certains économistes prévoient que le slogan liberté 55 devra être changé pour liberté 75. En effet, c’est la première fois depuis plusieurs générations que les économistes affirment avec véhémence que la présente génération sera vraisemblablement plus pauvre que les précédentes!

Le vieillissement de la population au Québec agit à titre de facteur prédominant en ce qui à trait à l’endettement du gouvernement. On reconnaît par cette situation que nous serons moins de gens à nous partager le fardeau de la dette dans les décennies à venir. Le départ massif à la retraite d’une part importante de notre population active inquiète les spécialistes, à savoir par quels moyens allons-nous pouvoir répartir le paiement de la dette du gouvernement du Québec sans sabrer dans les programmes sociaux? Devant l’inexistence de ce facteur, nous pourrions passer sans trop de difficulté à la prochaine génération le fardeau de notre dette environnant les deux cent milliards. La réalité est loi d’être le cas d’un passage de flambeau. Tous les scénarios présentés à ce jours vacillent autours d’une réduction des programmes publics et l’introduction de nouvelles formes de taxes. Rien pour calmer les ardeurs du mécontentement général, alors que les dernières années affichent des scandales grotesques en termes de dérapage dans les dépenses gouvernementales tels que les contrats en constructions, le scandale des commandites,etc. Ces événements effritent notre conception de l’État de droit alors que la confiance de la population envers la classe politique est en chute libre. Le concitoyen moyen grogne à l’égard de la classe politique. Il a l’impression de se faire toujours avoir par ses élus qui semblent incapables de prendre des décisions justes et équitables envers lui. Le public en général a l’impression que le gouvernement ne travaille pas pour lui mais plutôt pour assurer sa continuité. L’exercice à la démocratie est menacé en quelque sorte. La faible participation au suffrage universelle témoigne de cette impression populaire où l’exercice démocratique ne suffit plus à éradiquer toutes les distorsions de la machine gouvernementale.

Par ailleurs, l’immigration au Québec est souvent citée comme une autre piste de solution aux problèmes d’endettement. Comme les prévisions actuarielles prévoient que la présente génération sera moindre en nombre sur le marché du travail, une fois les Baby Boomers à la retraite, les gouvernements voient l’immigration comme étant une voie d’avenir. D’un autre côté, on connait bien les difficultés éprouvées à l’intégration des immigrants au marché du travail québécois et cela surtout, au niveau de la reconnaissance des acquis des professionnels étrangers, soit les fameuses « équivalences »! Malgré les récentes ententes entre le Québec et certains pays européens au niveau de la reconnaissance des diplômes étrangers, cela n’a rien changé à la problématique entourant l’acceptation des travailleurs spécialisés au sein des Ordres professionnels d’ici. D’autre part, les professionnels tels que les ingénieurs ou les chercheurs se plaignent qu’une fois leurs études reconnues, ils sont souvent confrontés à une autre barrière quant à la reconnaissance de leurs expériences de travail à l’étranger. Les organisations québécoises considèrent ces expériences peu pertinentes, voire même incomparables au contexte de travail au Québec. Ce phénomène se traduit ici comme ailleurs en Amérique du Nord. C’est pour cette raison qu’il n’est pas rare de rencontrer un ingénieur ou un avocat qui gagne sa vie à conduire un taxi ou à travailler comme agent de sécurité. À long terme, cet état de fait résulte non seulement en un mécontentement général au sein d’une communauté mais aussi en une perte considérable de potentielle humain. Qui plus est, l’entrée massive d’immigrants n’est pas toujours vu d’un bon œil. Après tout, nous doutons que nous pouvons faire comme les ontariens. Ils les lancent dans l’arène et advienne que pourra… Les québécois au cœur latin réagissent davantage et certains se sentent rapidement envahis. L’intégration des immigrants nécessitera du leadership et de la planification du gouvernement. Il faudra préparer le terrain au sein de la population. Diriger tout en s’expliquant semble des plus appropriés. Certaines lois devront être renforcées pour éviter que les hommes étant des hommes ne s’amusent à exploiter leurs limites. Sinon, certains groupes de fanatique pourraient à eux seules provoquer les québécois à devenir méfiant des étrangers comme dans le cas de la polémique des accommodements raisonnables.

Le ticket modérateur est souvent cité comme l’une des solutions les plus viables à lutter contre le déficit du gouvernement. Il nous évite ainsi de transférer davantage le fardeau à l’ensemble des contribuables sous forme d’impôts. Idée légendaire du mouvement ‘Public Choice’ des années 60, elle répond à la préoccupation de laisser le marché libre de régler certaines de ses propres distorsions dans l’allocation des ressources tout en évitant un trop grand interventionnisme du gouvernement. Avec la croissance incessante des dépenses combinée aux pratiques de malversation des fonds publics, cela paraît fortement liée à certains arguments du mouvement du ‘Public Choice’. À l’effet que l’État n’est jamais parfaitement neutre, il finit toujours par défendre ses intérêts et dans le fond, il s’éloigne graduellement de l’intérêt du public. Ce phénomène reflète quelque peu la situation vécu au Québec depuis les dernières décennies alors que la loi de Wagner sur l’accroissement des dépenses publiques représente la norme. Par la force des choses, le gouvernement devient le principal instigateur à sa pérennité et il cherche avant tout à justifier l’évolution de nouveaux programmes et le développement de certaines déjà existantes.

D’autre part, la privatisation de certains programmes sociaux va de paire avec cette même ligne de pensée alors qu’elle ouvre la porte à une plus grande liberté individuelle à ce que l’usager paie pour les services voulus. Pour les partisans de ce mode de pensée, la privatisation représente un moyen efficace à ce que les services à la population soit mieux adaptés et rapprochés à leurs besoins. L’État québécois apparait avoir atteint sa limite de capacité de payer. Les façons de penser ont évolué aussi au Québec quoiqu’un peuple plus socialiste par rapport à ses voisins autant du Sud que de l’Ouest. Les québécois n’ont plus la même propension à la collectivité. On aurait dit qu’après la prospérité des cinquante dernières années (les trente glorieuses), les gens ont commencé à se préoccuper davantage de leur propre petite affaire. Le vent tourne et les contribuables ne veulent plus payer la note pour tout le monde. Un peu en raison des mauvaises décisions des gouvernements qui témoigne d’une certaine élite parfois insouciante des lourds sacrifices des travailleurs. Les électeurs s’attendent de plus en plus à ce que les décisions prises à Québec aient de réelles répercussions dans leur quotidien. Ils perçoivent mal la machine gouvernementale qui dépensent des milliards de dollars alors qu’ils éprouvent le plus grand mal à faire des économies pour leur vielle âge. Bref, nous allons devoir repenser certains programmes sociaux. Il devient clair que les jours sont comptés quant au concept en vertu duquel le gouvernement continue de prendre en charge tous les besoins de la population. C’est tout simplement irréaliste de croire que nous ayons le moyens de le faire. Chance pour nous, les idées du ‘Public Choice’ ont déjà été éprouvées. On connait tous, les déboires étasunisiennes quant à leur système de santé. Les données indiquent qu’au moins un américains sur six est incapable de se payer des soins de santé. C’est loin d’être un système à imiter et cela ne reflète en rien les valeurs des gens d’ici. On devrait s’attendre plutôt à l’apparition de poste de payage sur les ponts et de nouveaux frais d’utilisateur payeur dans les années à venir. Une chose est certaine plus on attendra et plus les coûts devront être élevés pour des fins de rattrapage. L’avenir des jeunes, les valeurs de notre société ainsi que l’âme du Québec moderne doivent être la pierre angulaire solutionnant cette dette.

SOURCES

• [1] Jean, Mercier, L’Administration Publique. De l’école classique au nouveau management public, Les presses de l’université de Laval, 2008.
• [2] Secrétariat du conseil du trésor du Québec, Moderniser l’État pour des services de qualité aux citoyens, Plan de modernisation 2004-2007, Deuxième rapport d’étape. Briller parmi les meilleurs, Mai 2006.
• [3] TRUDEL, Rémy (2010). Principes et enjeux de l’administration publique : Simplement en toute complexité, notes de cours, ENAP.

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