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Les bas prix valent-ils réellement le coût social?

Blogue #1

Par Mélanie Grenier, ENP-7505

 

Notre pays c’est doté de lois afin de protéger les droits de tous ses travailleurs. Ces lois sont mieux connues sous le nom de « normes du travail ». Notamment, en tant que société, nous avons établi qu’il devait y avoir un salaire minimum qui doit s’ajuster au coût de la vie. Dans les faits, nous trouvons déraisonnable que les gens soient sous payé pour un travail dûment accompli. De plus, nous sommes contre l’exploitation des enfants; nous avons également la Loi sur la protection de la jeunesse afin de protéger nos enfants. Qui plus est, nous avons combattu afin que les femmes et les hommes soient payés à « travail égal/ salaire égal ».

 

J’aimerais comprendre pourquoi nos travailleurs dans le domaine industriel (textile, automobile, pneus etc) perdent leurs emplois. Il semblerait que notre main d’œuvre coûte trop cher et nous ne sommes plus concurrentiels avec le marché international. Est-ce que ce sont les citoyens canadiens qui ont décidé qu’ils ne voulaient pas payé un prix équitable pour les biens et services qu’ils consomment? J’ai parfois l’impression que notre besoin de payer les produits de consommation de moins en moins cher se fait au détriment de nos valeurs en tant que société. Au-delà du montant qu’on paye, est-ce qu’on se demande qui a fabriqué ce produit et dans quels conditions?  Je trouve paradoxale que d’un côté nous sommes fier de nos « normes du travail », car elles nous protègent et nous permettre de travailler dans la dignité. D’autre part, nous acceptons que d’autres citoyens de différents pays soient exploités si cela nous permet individuellement de payer moins cher. Selon moi, la vraie question à se poser est : Est-ce que cela coûte vraiment moins cher?  En fait, nous devons nous questionner sur l’impact économique et social à long terme. Notamment, les pertes d’emploi, l’augmentation du taux de chômage, l’aide sociale, le risque de dépression etc.

 

Ce qui retient mon attention depuis quelque temps, c’est le projet d’appel d’offre au niveau international du métro de Montréal. Selon l’avis public international publié le 23 janvier 2010 par la STM les exigences sont : Un contenu canadien (minimum 60%), un échéancier de livraison, les flux monétaires, l’indexation et les lettres de crédit et cautionnement. Il y a également une fiche technique à respecter. Où est-il question des droits des travailleurs qui vont construire les voitures de métro? Je comprends qu’une partie des travailleurs seront protégés par les lois canadiennes, car 60% du projet doit avoir un contenu canadien. Notamment, l’assemblage final doit se faire au Canada, mais qu’est ce qui se passe avec l’autre 40% ? 

 

En date du 6 mars 2010, on pouvait lire dans le devoir les propos de monsieur Louis Hébert : 

 

« On parle souvent de la mondialisation des marchés, mais il faut aussi regarder la mondialisation de l’offre », fait remarquer Louis Hébert, spécialiste notamment en gestion stratégique, ainsi qu’en internationalisation et en mondialisation. Ainsi, les « mêmes » grands acteurs se font concurrence sur tous les continents. « Il y a des règles qui s’appliquent. On est pris avec ses règles-là. Même pour le leader mondial, qui est Bombardier, son marché local n’est plus protégé. Ce qui est un peu cocasse dans ce contexte-ci, c’est que le leader mondial se voit forcer de jouer les mêmes règles qui sont imposées à tout le monde dans son marché local », souligne-t-il. « On espère juste que nos joueurs internationaux, lorsqu’ils vont dans les marchés étrangers, puissent s’appuyer sur les mêmes règles [notamment celles fixée par l’Organisation mondiale du commerce (OMC)] » ajoute M. Hébert. (Le Devoir, extrait de l’article de Marco Bélair-Cirino, Le bout du tunnel? Le feuilleton des voitures du métro de Montréal est loin d’être terminé, en date du 6 mars 2010)

 

Dans ses propos, monsieur Hébert fait référence à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) :

 

« C’est la seule organisation internationale qui s'occupe des règles régissant le commerce entre les pays. Au cœur de l'Organisation se trouvent les Accords de l'OMC, négociés et signés par la majeure partie des puissances commerciales du monde et ratifiés par leurs parlements. Le but est d'aider les producteurs de marchandises et de services, les exportateurs et les importateurs à mener leurs activités ». (Définition prise sur le site www.wto.org)

 

Monsieur Hébert précise « on espère » que les joueurs internationaux vont se soumettre aux mêmes règles. Cependant, ce n’est pas toujours le cas et les règles peuvent varier d’un pays à l’autre.  

 

« En 1996, tous les Membres de l'OMC ont signé la Déclaration de Singapour,  dans laquelle ils se sont engagés à observer les normes fondamentales du travail, ils ont appuyé l'OIT [Organisation international du travail], ils ont affirmé que le commerce contribue à la promotion de normes du travail plus élevées, ils ont rejeté l'usage des normes du travail à des fins protectionnistes et ils sont convenus que l'avantage comparatif des pays – en particulier des pays en développement à bas salaires – ne devait en aucune façon être remis en question. L'OIT a adopté la Déclaration de 1998 relative aux principes et droits fondamentaux au travail, entérinant les principes fondamentaux de la liberté d'association, du droit à la négociation collective, de l'élimination du travail forcé, de l'abolition effective du travail des enfants et de l'élimination de la discrimination dans les pratiques en matière de recrutement et d'emploi.»

(Extrait d’un texte sur le site de l’OMS (http://www.wto.org/french/thewto_f/minist_f/min99_f/french/press_f/pres152_f.htm), Press/152, Le Directeur général de l'OMC, Mike Moore, dit aux syndicats que la question du travail est un “faux débat”, qui occulte un consensus sous-jacent, 28 novembre 1999.)

 

Je comprends que le Canada bénéficie également de la mondialisation des marchés et cela nous permet d’obtenir des contrats au niveau international, mais lorsqu’on obtient un contrat d’un autre pays, les travailleurs canadiens qui effectuent le travail sont soumis aux normes du travail de notre pays. Pourquoi l’inverse n’est pas un automatisme? C’est-à-dire, nous pouvons choisir de faire affaire avec des pays qui ont des normes du travail équivalentes à celles du Canada.

 

Je trouve intéressant le choix de Zhuzhou Electric Locomotive Company (compagnie chinoise qui participe a l’appel d’offre de la STM dans le remplacement des voitures de métro) d’embaucher Julius Gray, un avocat spécialisé dans les questions de liberté individuelles. Je me demande si monsieur Gray a également le mandat de faire valoir le droits des travailleurs chinois?

 

Le but de ce texte n’est pas de dire que Zhuzhou Electric Locomotive Company ou toutes autres compagnies qui comptent faire un appel d’offre exploite leurs employés. Cependant, nous devons faire des choix responsables et évaluer les conséquences de nos décisions commerciales. Autrement dit, j’espère que nous allons être cohérent avec nos valeurs sociales et que nous allons évaluer les conséquences économiques à long terme. Je crois que le seul pouvoir que nous avons individuellement pour dénoncer les compagnies qui prône le « cheap labor » au dépend des droits humains, c’est notre pouvoir d’achat. Comme monsieur Hébert, je souhaite que nos appels d’offre contiennent une clause concernant les droits des travailleurs.  

 

 

 

   

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