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Plus ça change ... plus c'est pareil !

PLUS ÇA CHANGE, PLUS C’EST PAREIL :

Le retour de l’ineffable atavisme de l’administration publique.

 

Depuis maintenant des mois, le gouvernement du  Québec – tant directement que par l’entremise de divers portevoix – brosse un inquiétant portrait de nos finances publiques.  Pas besoin de Mirador pour comprendre la manœuvre : plus le bon peuple en arrivera à craindre le pire, plus ce qu’on finira par lui annoncer lui semblera anodin.

 

Si l’on en croit la rumeur, l’ouragan qu’on craignait tant ne nous frappera pas.  Du moins pas tout de suite.

 

Exit probable les hausses de tarifs !  Exit anticipé de l’augmentation du prix du bloc patrimonial d’électricité !  Et si la tendance se maintient, la négociation avec les employés du secteur public pourrait même se conclure sans larmes ni grincements de dents.

 

On s’en tirera avec tout au plus deux petites hausses de la TVQ, dont l’une était déjà annoncée.  En somme, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, il n’y avait pas de quoi fouetter un chat.

 

Du côté de l’administration publique, si on attend toujours le dépôt du budget avant de pousser définitivement un soupir de soulagement, la tension des derniers mois s’est néanmoins considérablement apaisée.  Finies les douloureuses remises en question.  Exit les plans d’urgence.  Le ciel s’éclaircit, la menace s’écarte, la haute fonction publique s’apprête à réintégrer à nouveau les confortables pantoufles du statu quo.

 

Et pourtant …

 

Pourtant rien n’est réglé.  Les raisons qui, il y a quelques semaines à peine, justifiaient ces douloureuses remises en question et ces plans d’urgence, sont toujours là.  Comme des termites qui minent le bois d’une charpente, elles poursuivent inexorablement leur œuvre de destruction.  Même si rien n’y paraît de l’extérieur, la charpente s’affaiblit de jour en jour, jusqu’au jour où elle s’écroulera.

 

Depuis 2003, une règle du Secrétariat du Conseil du Trésor impose le non-remplacement d’un départ à la retraite sur deux.   Combinée à la vague de départs à la retraite que connaît la fonction publique en raison de la structure d’âge de ses effectifs (largement composés de « baby boomers »), cette règle se traduit par une diminution importante d’effectifs dans un court laps de temps ET une perte dramatique d’expertise.

 

Ceci ne serait pas dramatique SI des mécanismes avaient été prévus pour, d’une part compenser la diminution des effectifs par des pratiques, processus et outils de travail plus performants, et d’autre part pour assurer une transmission efficace de l’expertise.  Or, ces mécanismes n’existent pas et, pire encore, ne sont pas prévus à court terme.

 

Pendant un trop bref moment, la haute fonction publique a semblé vouloir vraiment agir pour faire face à la situation, motivée qu’elle était par le discours ambiant sur l’état des finances publiques et sur la nécessité de faire le ménage.  Mais tout ça semble malheureusement n’avoir été qu’un fugace espoir. 

 

Les initiatives amorcées pour moderniser les processus et outils de travail commencent déjà à avoir du plomb dans l’aile.  Si on ne parle pas encore de les mettre au rancart, on les soumet néanmoins à nouveau à la dictature du consensus administratif qui – on le sait bien – signifie le plus souvent un refus de tout changement significatif au statu quo historique.

 

Et pourtant …

 

La vague de départs à la retraite se poursuivra, la structure d’âge de la fonction publique n’ayant pas changée.  Elle risque même de s’accentuer avec le découragement de certains fonctionnaires face à l’augmentation croissante de la charge de travail, et à la diminution proportionnelle des moyens pour y faire face.

 

Pendant que la haute fonction publique se prélasse dans ses pantoufles, les termites poursuivent leur travail de sape.  Des patients passent un temps interminable aux urgences, oui.  Les infirmières ne savent plus où donner de la tête, certainement.  Les professeurs manque de moyens pour agir efficacement contre le décrochage, encore oui.  Mais aussi il arrive de plus en plus que des contrôles primordiaux ne soient plus appliqués et que des vérifications ne soient plus effectuées.  Ce qui fait que des millions de dollars dont on a cruellement besoin se perdent dans la nature.

 

L’imputabilité de l’administration publique, c’est bien davantage que la gestion par résultats, et l’obligation de déposer son rapport annuel de gestion à l’Assemblée Nationale.  Ça devrait être le souci constant de pouvoir affirmer, en regardant ses concitoyens dans les yeux, qu’on a bien géré leur argent.   En dépit de toutes les assurances données la main sur le cœur et le trémolo dans la voix, on n’en est malheureusement pas encore là.

 

Sylvie Bourassa

ENP 7505 - groupe du mercredi soir, Brossard

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