BLOGUE #1 Faut-il étatiser les banques? Hamza Outmoune (Prof. Rémy Trudel - Brossard)
Tout le monde s’accorde à dire que la crise financière qui vient d’ébranler la finance mondiale, ces derniers mois, est causée par les institutions financières privées, en l’occurrence, les banques. Les responsables «DG, PDG …et autres cadres» desdites institutions ont des salaires faramineux atteignant des millions de dollars par année par cadre, sans compter les différentes indemnités auxquelles ils ont droit en parallèle. L’ampleur de cette crise, malheureusement, n’est pas encore chiffrée avec exactitude, car ce désastre financier a mis en faillite non seulement des entreprises et autres institutions mais des états entiers.
Le comble, est de constater que la genèse de ce désastre a commencé bien avant l’annonce en publique des fameux «papiers commerciaux» acquis par certaines institutions bancaires. La réalité que le commun des mortels sait, maintenant, est que ces papiers ne sont que la face cachée de l’iceberg, idem pour les prêts accordés à haut risque. En réalité, il s’agit de toutes les pratiques de ces banques ainsi que leur façon de faire qu’il faut remettre an cause.
Il est inconcevable que ces institutions annoncent, quelques semaines avant la catastrophe, des montants exorbitants de profits nets pour ensuite, soudainement, avorter les déficits inimaginables chiffrés à des centaines de milliards de dollars.
À quel sein vont-elles se vouer? Évidemment, à celui de l’administration publique!
Le rôle que doit jouer l’administration publique dans la société l’oblige à prendre le taureau par les cornes afin de trouver les solutions globales, urgentes et fiables pour régulariser la situation, et pour lesquelles (solutions) cette administration publique sera obligée de justifier la faisabilité, l’efficacité, et d’assurer les résultats tout en rendant compte avec le moindre détail à toutes les parties de la société y compris celle qui a causé toute cette catastrophe.
Pourquoi la société ne demande pas à ces banques de lui rendre compte? Au contraire, on continue de déposer notre argent chez les mêmes banques, et c’est vers l’administration publique que l’on regarde et, c’est elle la responsable à nos yeux d’une façon ou d’une autre!
Est-elle responsable parce qu’elle n’a pas pu prévoir cette catastrophe? Ou parce qu’elle n’a pas pu l’éviter? Simplement elle est responsable de facto, conformément à l’adage africain «L’un l’a mangé et l’autre a développé l’allergie»!
Tandis que les gouvernements, encore, se font et ce défont à cause de ce tsunami financier, le bal des annonces des bénéfices réalisés par les mêmes banques au premier trimestre de l’année en cours s’ouvre avec des centaines de millions de dollars de profits nets.
Ironie du sort, de l’autre côté (au sein de l’administration publique) les coupures drastiques viennent de rentrer en vigueur aux niveaux de tous les paliers de l’administration publique tout en relevant les objectifs à atteindre pour tous les services offerts, le cas échéant on décide de garder le même niveau de service avec moins de moyens. À titre d’exemple, les frais de déplacement des employés de la fonction publique fédérale sont coupés de moitié, même si, ces frais de déplacement des employés sont, depuis longtemps, scrutés à la loupe. Alors que, ceux (les frais de déplacement) dans l’administration privée sont considérés par la plus grande majorité comme étant un moyen de motivation des employés on allant même à les considérer parfois comme un outil de management! Ces frais de déplacement sont, d’une façon ou d’une autre, des frais déductible de l’impôt, car ils sont comptabilisés come charges de l’entreprise, c’est pour cette raison que l’administration privée a tout un intérêt à les utiliser comme moyen de récompenses pour stimuler davantage la motivation de ses employés, mais ces mêmes frais sont vus par le commun des mortel comme le pêché impardonnable que l’administration publique commet.
À partir de là, nous pouvons se poser la question suivante :
Pourquoi l’administration publique est toujours responsable –pour ne pas dire fautive- aux yeux de la société même si ce n’est pas à elle qu’incombe la faute ou l’erreur? Pourquoi deux poids, deux mesures!
Ce qui est édifiant, dans ce questionnement, est que cette situation constitue un énorme paradoxe juridique devant le principe fondamental du droit universel qui consiste à rendre responsable la partie fautive. Hors que dans notre cas, ici, la responsabilité est imputée à l’administration publique et c’est elle qui en subi les conséquences, par contre les banques et autres institutions financières (administrations privées) mêmes si elles sont secourues par l’administration publique et l’argent du contribuable elles se sont complètement lavées les mains tout on refilant et la facture et le dossier à l’administration publique.
On pourra spéculer davantage sur l’imputabilité de l’administration publique, mais l’enseignement qui doit être tiré de cette crise mondiale de la finance est le suivant :
L’administration privée est peut-être bonne dans la gestion de l’abondance, mais l’administration publique excelle dans la gestion des crises et sait gérer aussi l’abondance car elle fait de la répartition égale.
Aux États-Unis d’Amériques la dette et les déficits du secteur privé sont épongés par l’état, donc par le contribuable, dans ce cas, sommes-nous entrain d’assister au retour de la manivelle?
Hamza Outmoune