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LE QUÉBEC ET LA VACCINATION….. DE NOTRE LANGUE RAISONNABLE!

Par Nancy Gilbert, groupe du mardi, ENP 7505

BLOGUE #2

 

 

Le Québec, à l’instar de tous les grand pays de ce monde, connaît un moment historique avec la campagne de vaccination de masse afin de contrer le virus de la grippe A H1N1.

A travers toute la polémique entourant la vaccination, il y a eu certains aspects qui sont passés presqu’inaperçus.

 

On aura réussi à y inclure encore des débats entourant la langue….

Quelle ne fut pas ma stupéfaction d’entendre un reportage au TVA 22 heures concernant l’accessibilité des documents d’information concernant la vaccination.  En effet, on y mentionnait qu’afin de rejoindre plus de gens, et donner un accès le plus large possible, il avait été demandé que les documents d’information soient publiés dans des langues autres que le français et l’anglais, car certains citoyens pourraient ne pas se faire vacciner, faute d’avoir pu consulter l’information dans leur langue maternelle…

 

Quel autre grand défi pour l’administration publique…

Les groupes de pression ont sans doute usé de leur influence afin de faire valoir leurs intérêts, et faire pression sur le gouvernement qui doit rendre accessible les services aux citoyens.

Toutefois, jusqu’où faut-il aller?  Qu’en est-il de la responsabilité de l’administration publique dans l’accessibilité des services versus la responsabilité individuelle des citoyens et des différentes collectivités du Québec?

Est-ce vraiment de la responsabilité de notre administration publique d’aller aussi loin?

 

Examinons les responsabilités du gouvernement dans ce dossier :

 

Le gouvernement a procédé à l’achat des vaccins en faisant le choix d’en acheter un nombre suffisant pour toute la population, contrairement aux États-Unis par exemple.  Il a ensuite organisé la plus grande campagne de vaccination que le Québec n’a jamais connue.  Des centres de vaccination ont vu le jour dans chacune des régions du Québec.  Le gouvernement a aussi coordonné l’ordre de priorité de vaccination de la population en considérant les données scientifiques identifiant les groupes les plus à risque de contracter le virus du H1N1.  En coordonnant au niveau provincial cette campagne de vaccination, le gouvernement a assumé ses responsabilités en évitant des dérapages et des iniquités entre les différentes régions du Québec en adoptant une approche  centralisatrice de la démarche.  Sinon, nous aurions pu assister à la désobéissance civile.  Déjà, nous avons vu poindre ici et là certains écarts de conduite, tant de la part des professionnels que de la population.  De plus, le vaccin a été mis à la disposition de la population gratuitement.

Finalement, les élèves des écoles ont pu être transportés vers les centres de vaccination de leurs régions respectives.  Toute la population toutes catégories confondues, peut maintenant être vaccinée.

Je pense que du côté de la responsabilité gouvernementale face à l’accessibilité des services, le gouvernement a plus que rempli son mandat, et a préservé les valeurs propres à la gestion publique :

  • l’intérêt public
  • l’accessibilité, la gratuité des services
  • l’équité
  • la justice sociale

 

Seule petite ombre au tableau….. le recul du gouvernement face aux groupes de pression réclamant la vaccination plus hâtive des gens âgés de plus de 65 ans….., ce qui traduit bien le dilemme moral de la gestion publique décrit par Joseph Facal : «faut-il faire ce qu’on pense être bon, même si c’est impopulaire, et risquer de perdre ses élections, ou se soucier uniquement du court terme, et dire et faire seulement ce que les gens veulent entendre et vous voir faire?»  Le ministre de la santé est et sera imputable de tout ce qui se passera de bon et de moins bon dans ce dossier de la vaccination.

Nul doute que le ministère de la santé aura rempli une de ses mission qui est la coordination du programme national de santé publique et l’instauration de mesures destinées à protéger la santé de la population.

Que serait-il arrivé si cette gestion avait été assumée par l’entreprise privée, guidée par de toutes autres priorités?  Je n’ose l’imaginer.

 

Nous constatons à travers cette expérience combien les dépenses de l’état croissent toujours, confirmant ainsi une fois de plus la loi de Wagner.  Les québécois doivent réaliser que l’augmentation de ces dépenses, dans le cas de la vaccination, aura donné accès au vaccin gratuitement à tous les québécois.  Il y a toujours un coût à payer pour nos services publics, sinon, il faut accepter d’en défrayer une partie.  Ce débat sera à faire avec la population qui parfois a un peu l’approche de la «pensée magique» en ce qui concerne les finances publiques et l’État-providence….  La crise économique mondiale actuelle, combinée à la menace de la pandémie, ont mis à mal les finances publiques du Québec.

 

Revenons à la question qui est soulevée concernant les langues dans lesquelles les documents d’information sur vaccination contre la grippe A H1N1 sont disponibles. Cela ne m’apparaît pas être une problématique de l’accessibilité des services, comme l’ont prétendu certains groupes de pression.

 

C’est une façon détournée de ramener les débats linguistiques qui nous divisent, ainsi que celle des accommodements raisonnables.

 

La langue officielle du Québec est le français.  Les deux langues officielles au Canada sont l’anglais et le français.  En ce sens, l’accessibilité des documents officiels du gouvernement du Québec, parus en français et en anglais, répondent à la réalité de notre province et de notre pays.

 

Si une communauté d’origine culturelle différente constate qu’il y a des difficultés de compréhension importante en raison de la barrière de la langue (même en anglais….), je pense qu’il est de sa responsabilité d’y faciliter l’accès.  Soit en s’engageant des traducteurs qui pourront traduire les documents dans la langue souhaitée, soit en organisant des séances d’information au sein de leur communauté, dans la langue de leur choix.

Soyons franc : cette problématique est presqu’exclusivement le fait de la métropole qui est cosmopolite.  Ailleurs au Québec, ce n’est pas du tout la même réalité.

 

Ce n’est pas la responsabilité du gouvernement du Québec de rendre accessible les documents publics en d’autres langues que les deux langues officielles du pays.  Sinon, en combien de langues faudrait-il traduire les documents?  Le chinois, le mandarin, l’italien, le grec, le yiddish, l’arabe et j’en passe…..

Les débats sur les accommodements raisonnables nous ont laissé en héritage la peur d’affirmer notre spécificité culturelle.  Ce n’est pas faire preuve de xénophobie de mettre nos limites, car dans un contexte de mondialisation, tant des marchés que de la communication et de l’information, devons-nous obligatoirement abdiquer notre identité culturelle au profit de toutes les autres? Je ne le crois pas.

Je m’imaginais avoir émigré en Chine, et être au cœur de la pandémie.  Aurais-je pu prétendre avoir le droit d’obtenir de l’information de la part du gouvernement chinois en français, ma langue maternelle?

 

Les peuples autochtones du Québec doivent sourirent un peu en observant ce débat pour des communautés qui réclament l’accès dans leur langue, alors que nos premières Nations, qui étaient là bien avant tous les autres, voient leurs droits ne pas être plus reconnus…. Et vlan pour les droits aborigènes….

S’il n’y avait qu’une seule autre langue dont je pourrais comprendre qu’on donne accès ou que l’on supporte la traduction se serait celle des Premières Nations  du Québec.

 

Vous me direz en bout de ligne qu’il n’y a pas eu de suites à tout ça.  C’est bien vrai.  Mais le seul fait qu’on y ait pensé, et d’en avoir fait la demande sur la place publique est le symptôme d’un malaise important.

Devons-nous nous vacciner contre le français!!!!!

Commentaires

  • Comme cela est inscrit dans la Constitution (article 95) l’immigration est une compétence partagée entre le gouvernement fédéral et les provinces. La création du ministère québécois de l’immigration en 1968 fut un premier pas vers un meilleur contrôle de l’immigration au Québec par le Québec. Depuis 1991 et l’accord Canada-Québec, le Québec possède le contrôle total d’une des 3 catégories d’immigrants définis par le gouvernement fédéral. Alors que la gestion des réfugiés et des personnes en regroupement familial est de compétence fédérale, la catégorie des indépendants qui regroupe les gens d'affaires (investisseurs, entrepreneurs, travailleurs autonomes), les travailleurs qualifiés, les parents aidés et les personnes à charge qui les accompagnent, est de compétence provinciale. En 2008, 65% des immigrants admis au Québec relevaient de cette catégorie et avaient donc littéralement été choisi par le Québec.

    Ce rappel des compétences du Québec en matière d’immigration permet, selon moi, de légitimer la diffusion que vous trouvez si choquante de documents publics dans d’autres langues que le français. En effet, d’après les statistiques disponibles sur le site du ministère de l’immigration et des communautés culturelles (http://www.micc.gouv.qc.ca/publications/fr/recherches-statistiques/Immigration-Quebec-2004-2008.pdf Tableau 5a), en 2008, 30,1% des immigrants admis et choisis par le Québec (catégorie immigration économique) ne connaissent pas le français et 16,7 % ne connaissent ni le français ni l’anglais.

    Ainsi ces immigrants qui ne sont capables ni de lire les documents publics ni de comprendre les discours du gouvernement ont été admis et choisi par le gouvernement. Ce ne sont pas des immigrés clandestins auxquels le gouvernement ferait une faveur en faisant des traductions spécifiques, je pense au contraire qu’il en va de sa responsabilité en termes d’accueil et d’intégration.

    Le Québec connaît la situation linguistique de tous les immigrants qu’il choisit. S’il veut pouvoir légitimement parler UNIQUEMENT en français, il devra, avant tout, s’assurer de n’avoir invité à sa table que des francophones…

  • Je comprends parfaitement votre commentaire lorsque vous parlez des resposabilités du gouvernement en ce qui concerne les immigrants. Cependant, je m'interroge également sur la limite de cette responsabilité. Quelle est la part de responsabilité de l'immigrant d'apprendre une des deux langues officielles du pays, et particulièrement du français au Québec? Et jusqu'où va la responsabilité du gouvernement de traduire et... dans combien de langues?

    Bien entendu, si le Québec se veut une terre d'accueil nous nous devons d'accueillir les immigrants de façon convenable mais ces derniers n'ont-ils pas la responsabilité d'apprendre à communiquer dans la langue de cette dite terre d'accueil?

  • En effet, il est à la responsabilité des immigrés à s'adapter et à apprendre la langue du pays d'accueil.
    Si vous avez essayé d'apprendre une langue étrangère, vous verrez que cela peut prendre du temps pour pouvoir comprendre la langue française soutenue, telle que le gouvernement articule. Donc, ce processus n'est pas une pilule qu'on avale et du jour au lendemain on apprend à parler merveilleusement bien! Même avec les programmes de francisation, cela prend au moins 6 mois... En attendant, la grippe fait des ravages et si le gouvernement accepte des immigrés, des réfugiés plus exactement qui parlent ni anglais ni français et bien, ces gens-là, ils faut qu'ils se protègent! D'ailleurs, ceci est pour le bien de toute la population car moins de cas de grippe A H1N1, plus de gens en bonne santé! C'est la raison pour laquelle les brochures en questions ont été traduite en plusieurs langues. On ne verra pas de mesures pareilles pour la RAMQ ou Emploi Québec!

    Il me semble que le gouvernement du Québec suit une logique rigoureuse puisque s'il accepte environ 30% d'immigrés qui parlent ni français ni anglais en bien, il faut qu'il s'en occupe dans une situation extrême, telle qu'on vit avec la vaccination. Il faut que le gouvernement protège toute la population de la pandémie (s'il y a en a une!).

    Cependant, je suis tout à fait d'accord que toute terre d'accueil doit y avoir des limites mais de quelles limites s'agit-il, lorsqu'on parle des questions urgentes de santé?

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