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L'armée: Gestionnaire responsable ou non ? 2ième blogue Guirrycat A-09

L’armée : Gestionnaire responsable ou non ? 2ième blogue Gurrycat A-09

 

Lundi soir dernier (16 novembre), le réseau TVA sortait à son bulletin de nouvelles de 18h00, l’histoire de hauts gradés de l’Armée Canadienne qui prenaient leur retraite mais continuaient à travailler pour l’armée à titre de contractuel pour une période de 1 à 2 ans. Ils touchaient alors leur pleine pension en plus d’un nouveau salaire dû à leur poste de contractuel. Pierre Bruneau a même eu le culot (oups, vous connaissez donc déjà mon opinion) de présenter le journaliste Raymond Filion en disant qu’il était à l’origine ce «scoop».

 

Rappelons les faits. Le Brigadier Général Christian Barabé prend sa retraite de l’armée après 35 années de loyaux services mais continu d’être à l’emploi de l’Armée Canadienne en signant un contrat d’une année à titre de Chef d’État-major au numéro 2 de l’Armée. Résultat, il empoche une pension de 110 000$ par année en plus de son salaire de contractuel de 120 000$, ce qui lui fait un salaire annuel de 230 000$, soit presque le salaire du Général des Forces qui est le poste le plus haut de l’armée.

 

 Est-ce que quelqu’un est surpris de cette pratique ? Je ne crois pas et ceux qui disent le contraire ont les yeux fermés depuis trop longtemps. D’ailleurs cette pratique ne se passe pas seulement dans l’armée mais, dans bien des postes publics. Des gens avec une grande expérience de travail prennent leur retraite et sont engagés comme consultant peu de temps après par leur ancien employeur.

 

Les règles de l’Armée indiquent qu’une personne doit prendre sa retraite après 35 années de service ou 55 ans d’âge mais peut demander à continuer jusqu’à un maximum de 60 ans d’âge. Dans ce cas-ci, M. Barabé a 35 années de service et 55 ans et n’a pas demandé à continuer jusqu’à 60 ans. Est-ce grave ? Est-ce pire qu’un haut fonctionnaire municipal qui prend sa retraite et devient sous-ministre, d’un juge à la retraite qui préside une commission d’enquête ou d’un officier dans un service de police qui prend sa retraite et devient directeur de police dans un autre service. Il est vrai que l’argent ne sort pas des mêmes poches mais c’est le même principe.

 

Deux  points sont importants à prendre en considération dans cette argumentation :

Le premier; dans notre société actuelle, nous avons de plus en plus de difficulté à combler les postes de responsabilités dans les différentes organisations. Les plus jeunes se concentrent plus sur les loisirs et la famille. Ils ne veulent plus des postes de grandes responsabilités qui demandent de travailler beaucoup d’heures. En plus, cette fois-ci, sans temps supplémentaire car la grande majorité des cadres n’ont pas droit aux temps supplémentaire. Ils doivent travailler les heures nécessaires à leur travail et des heures, il y en a à faire. Dans le reportage de TVA, il était mentionné que ce poste aurait pu revenir à un plus jeune, à la relève. C’est vrai. Mais M. Barabé n’est sûrement pas en poste pour nuire aux plus jeunes mais probablement pour aider à préparer la relève et ainsi éviter des coûts inutiles. Je m’explique. Je travaille dans le milieu municipal depuis 15 ans et comme cadre depuis 10 ans. Au début des années 2000, le directeur de notre service a été congédié en majeure partie pour son incompétence. Son adjoint, qui était en poste depuis 3-4 ans seulement, aurait pu prendre la place immédiatement et l’organisation serait restée la même. Cependant, en bon gestionnaire, les autorités municipales ont décidés de se questionner sur la structure et sur le service offert à la population. Je crois que c’est là d’agir en bon gestionnaire et en personne responsable. Il faut constamment se questionner sur notre façon de faire sinon on passe à côté des éléments essentiels, surtout lorsqu’on offre un service à la population. Les autorités ont donc décidé d’engager un contractuel externe mais venant du même milieu de travail. Ceci ayant pour but de remettre en question la structure en place et préparer la relève, c’est à dire le directeur-adjoint. Ce fût une superbe réussite et notre service a amincit sa structure, est devenu plus efficace et a augmenté son service à la population à un point tel que même avec une loi votée en 2001, la population et les autorités municipales ont décidé de garder ce service en place alors qu’ils auraient pu l’abolir.

 

Le deuxième; est-ce que l’armée peut se permettre, dans le contexte actuel de la guerre, de perdre l’expérience acquise par les différents généraux de son État-major ? Je ne pense pas. Il ne faut pas non plus qu’ils collent indéfiniment car là, la relève pourrait se décourager. Présentement, les hauts gradés de l’armée ne se bousculent pas aux portes pour aller en Afghanistan alors si on peut profiter un peu de l’expertise de ceux qui sont sur place ou qui y sont allés, pourquoi pas. Il est vrai que les jeunes ont de l’ambition, de l’intelligence et savent se débrouiller mais, ont tendance à vouloir obtenir tout, trop rapidement et je suis un de ceux-là. J’ai été nommé cadre à 28 ans après seulement 5 ans d’ancienneté. Les opportunités se sont présentées d’elles-mêmes et je n’ai rien volé, réussissant tous les concours de promotion. Mais j’ai continué à progresser dans l’organisation de façon rapide et dernièrement j’ai obtenu un poste de haute direction lors d’un départ à la retraite. J’arrive avec des idées nouvelles et du dynamisme mais je m’aperçois que l’expérience ne s’apprend pas, elle s’acquiert, surtout dans un domaine très syndiqué et qui fait beaucoup référence aux pratiques passées. Je vous avoue que j’aurais aimé pouvoir bénéficier de la présence de mon prédécesseur encore quelques mois avec moi.

 

Ne sautons donc pas trop vite aux conclusions. Nous avons encore besoin de contractuels, que ce soit pour régler des problèmes ponctuels, préparer la relève ou simplement par manque de relève. Une personne de la trempe de M. Barabé possède une solide expertise et l’armée a besoin de ses compétences. Il aurait été plus problématique de monter un jeune trop vite ce qui auraient pu coûter plus cher à l’État par le rachat de contrat, l’épuisement ou la démission. N’oubliez pas l’exemple de la Sûreté du Québec qui a engagé deux gestionnaires externes (aucune formation policière) comme directeur général de 1996 à 2003 et dont le dernier, M. Florent Gagné a déclaré à la fin de son contrat que ça prenait un policier pour diriger la police.

 

Alors faisons bien attention aux faux «scoops». Les médias doivent meubler 24h d’antenne et dans le contexte des mauvaises dépenses publiques, de la corruption et de la mauvaise gestion, ils cherchent n’importe quelle histoire pour remplir du temps. Dans ce cas-ci, je crois que l’Armée utilise au contraire très bien les fonds publics et agie en gestionnaire responsable. Avez-vous remarqué que cette histoire c’est arrêtée lundi soir malgré le fait que Pierre Bruneau mentionnait : Une histoire qui n’a pas finie de faire jaser…….

 

Guirrycat

Commentaires

  • Encore un texte intéressant Guirrycat...

    Je suis également d'avis que le phénomène de "rappel" de seniors à titre de contractuels ne peut que s'accentuer dans les années à venir.

    La pénurie de main d'oeuvre déjà amorcée n'est pas uniquement un phénomène démographique quantitatif de départ à la retraite massif des "boomers" mais également la perte d'expertises plus que nécessaires dans le contexte actuel. La gestion publique devient de plus en plus difficile car les réseaux et les besoins des clientèles sont plus complexes.

    TOUT devient de plus en plus spécialisé... Et à cet égard, le journalisme, à mon avis, doit amorcer une profonde réflexion de leur pratique face aux paramètres du systèmes médiatiques qui engendrent, entre autres, des "faux scoop" beaucoup trop nombreux.

    Martin B.

  • Commentaires :
    Je partage en partie votre opinion, mais je me permets de poser des questions sur deux points qui vous apparaissent importants. Dans le premier, vous dites : « que dans notre société actuelle, nous avons de plus en plus de difficulté à combler les postes de responsabilités dans les différentes organisations. Les plus jeunes se concentrent plus sur les loisirs et la famille. Ils ne veulent plus des postes de grandes responsabilités qui demandent de travailler beaucoup d’heures. » Comment se fait-il que nous nous retrouvons avec ce genre de réalité? N’est-il pas du devoir et de la responsabilité des gestionnaires en place de préparer la relève ? Et ma réponse est : Oui ! Donc, si les services publics se retrouvent à court de gestionnaires compétents c’est, à mon avis, un manque de vision de la part de ceux qui sont en place. Pourquoi les services publics ne se préparent’ ils pas à travers du mentorat, du coaching, des programmes incitatifs pour justement prévoir un jour ou l’autre les départs des uns et des autres. Parce que probablement, cette forme de gestion en est une basé strictement sur le passé et le présent. Donc, un manque de vision.
    Cette même relève est d’une toute autre génération, est ce que les gestionnaires en place se préparent ? Est-ce qu’ils peuvent faire la différence entre la philosophie bébé boomer et la génération X et qui plus est, la Y qui prendra la relève des X, non. Encore une fois, où sont les mesures incitatives vis-à-vis la génération X et Y en tenant compte de leur vision du travail. Je n’ai pas encore rencontré dans la fonction publique de telle mesure. Par contre, ce que je constate fréquemment ce sont souvent des gestionnaires bien en place qui généralement performent et qui dans les dernières années de leur pouvoir s’entourent quelques fois de gens compétents, mais surtout de gens qui partagent leur philosophie et qui dans les dernières années de leur mandat ne créerons pas de vague, ni de soucis. De cette façon, le gestionnaire terminera sa carrière en beauté et au lieu de préparer la relève se concentrera sur le présent et lorsqu’il pensera à l’avenir, ce sera surtout comme première préoccupation, que vais-je faire après ma retraite ? Ce que je constate fréquemment, c’est qu’une fois qu’il annoncera sa retraite, on retrouvera sûrement ce gestionnaire d’expérience dans un autre poste cadre, mais cette fois à titre de consultant et pourquoi, parce que justement, il n’a peut-être pas préparé la relève.
    L’autre point, vous vous posez la question : « est-ce que l’armée peut se permettre, dans le contexte actuel de la guerre, de perdre l’expérience acquise par les différents généraux de son État-major ? » Moi aussi, je pense que non, mais comment se fait-il que l’armée soit aussi confrontée à une telle problématique ? Tout simplement par manque de vision et de planification. Vous parliez de la Sûreté du Québec, avant l’arrivée de premiers civils à la tête d’un corps de police canadien, en occurrence, à la Sûreté, M. Guy Coulombe, par la suite, suivi de M. Florent Gagné, il y eut une période de sept ans, sans aucune embauche. Et pendant toutes ces années, les officiers en place n’avaient autre que leurs grades, aucune formation académique et universitaire pour effectuer des tâches de gestion importantes, telles que la planification financière, gestion des ressources humaines, et, etc. Donc, la sûreté s’est retrouvée comme dans beaucoup de corps de police avec de bons caporaux, de bons sergents et qui pour atteindre ce grade n’a eu qu’à passer des examens écrits aux codes de la sécurité routière. Ce sont des sous officiers syndiqués. Par la suite, pour avoir le grade d’officier qui est le premier grade dans la hiérarchie d’officier, ils ont dû passer aussi un examen théorique et pratique concernant leurs connaissances en matières policières. Une fois le grade obtenu, ils n’auront plus jamais d’examen écrit à passer excepter, une entrevue. De cette façon, le lieutenant devient un capitaine sans examen, devient par la suite inspecteur, sans examen, inspecteur chef, peut-être DGA et un jour directeur. Seuls les faits d’armes comptent ! Et surtout, qui as-tu connu pendant ta carrière pour qu’il puisse te donner le « push » nécessaire pour être nommé haut gradé !
    Donc, en conclusion, ni le gouvernement, ni les autorités en place à la sûreté n’avaient préparé une relève adéquate de gestionnaires policiers et policières pour prendre la relève. Donc, un jour, la SQ s’est retrouvée avec aucun officier compétent et prêt à diriger ce corps de police.
    On a donc nommé des civils compétents, mais sans aucune expérience policière. Par contre, leur venue fut bénéfique, car ils ont repris l’embauche et surtout retourné sur le banc d’école de jeunes officiers talentueux en leur offrant de compléter des études universitaires, et ce, avec solde comme incitatif. Ce seront les futurs patrons policiers de demain, car présentement la police en général au Québec comme dans le reste du Canada est encore dirigée par de bons policiers, mais sans compétence académique.
    Hélène Manseau
    Cours du mardi soir

  • Monsieur,

    permettez-moi d'entrée de jeu de dire que je ne suis pas d'accord avec la thèse principale de votre blog. Je pense que l'Armée canadienne ne se comporte pas en gestionnaire responsable en dilapidant les fonds publics de la sorte.

    Votre argument selon lequel cette pratique est monnaie courante dans d'autre secteur, bien que véridique, est ridicule. On ne se justifie pas de ses actions en se comparant aux actes irresponsables des autres. Je peux d'ailleurs rajouter deux autres exemples représentatif de cette tendance. Un député qui prend sa retraite touche sa pension de l'État et touchera un salaire cumulé s'il redevient député plus tard. Les infirmières ne sont pas en reste; celles qui prennent leur retraite du réseau public touchent leur pension et continuent parfois de travailler pour des agences privées de placement, faisant alors un salaire cumulé très élevé.

    Toutes ces pratiques ne justifient pas que l'Armée canadienne le fasse à son tour. Dans un contexte de ralentissement économique et de déficit étatique, il est du devoir de chaque gestinnaire public d'oeuvrer à réduire ses dépenses, et tant que cette situation perdurera, les médias auront tout le loisir d'exposer les gaspillages de la sorte.

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