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Pour l’étiquetage obligatoire des OGM

Par Loïc Blancquaert

 

L’étiquetage obligatoire des organismes génétiquement modifiés (OGM) nécessiterait des ressources humaines et financières importantes de la part de l’État, et nous en sommes conscient. Cependant, nous pensons que la protection de la santé publique et de l’environnement l’emporte sur la croissance économique et le développement industriel. Les consommateurs devraient être en mesure de décider eux-mêmes s’ils veulent manger ou pas des OGM, ce dont ils sont incapables à l’heure actuelle faute d’une législation forçant les compagnies à jouer franc jeu. De plus, les plantes OGM sont généralement résistantes à des herbicides très puissants, ce qui a pour effet de contaminer sensiblement les sols agricoles. Tout ceci est d’autant plus déplorable que plus de 40 pays à travers le monde ont implanté l’étiquetage obligatoire des OGM.

 

Comme cette technologie est nouvelle, il n’est pas rare d’assister à des dérapages considérables. Ce fut notamment le cas aux États-Unis en l’an 2000 lorsqu’une variété de maïs OGM (Starlink) approuvée pour la consommation animale se retrouva dans la chaîne alimentaire humaine. La propagation à grande échelle des OGM sans que son innocuité n’ait été prouvée laisse peser un lourd danger pour la suite des recherches scientifiques. En effet, à l’heure actuelle, les chercheurs sont incapables de faire la distinction entre les personnes qui consomment des OGM et celles qui ne le font pas en raison de leurs usages répandus et de l’absence d’étiquetage obligatoire.

 

La situation au niveau fédéral

C’est en 1995 que le Canada autorise la dissémination des OGM dans l’environnement et dans la chaîne alimentaire. En 2000, à la demande de Santé Canada et de l’Agence canadienne d’inspection des aliments, le gouvernement mandate un regroupement de scientifiques afin d’obtenir son avis sur le système réglementaire canadien concernant la biotechnologie alimentaire. Un an plus tard, le groupe produit un rapport contenant 58 recommandations afin de rendre plus sévère le système de réglementation canadien. Or, il s’avère qu’aujourd’hui très peu de ces recommandations ont été mises en œuvre. Par exemple, les données expérimentales conduisant aux décisions réglementaires régissant les OGM ne sont pas encore rendues publiques. De plus, en 2004, le comité consultatif canadien de la biotechnologie a lui aussi affirmé que le Canada devait se doter d’une réglementation plus musclée en la matière.

 

En avril 2004, le gouvernement prend une décision finale et unilatérale concernant l’étiquetage des OGM. Il adopte ainsi une approche dite volontaire, c’est-à-dire que ceux qui le désireront pourront afficher que leur produit contient des OGM. Cinq ans plus tard, nous n’avons jamais vu un seul produit arborant un tel avertissement («avec OGM»), montrant par le fait même toute l’invraisemblance de laisser le soin à l’industrie alimentaire de se réglementer elle-même. Le ministre fédéral de l’Agriculture en 2007, Chuck Strahl, va même jusqu’à dire : «…l’intervention du gouvernement n’est pas nécessaire puisque les entreprises s’adapteront aux besoins et désirs des consommateurs, si les pressions populaires sont assez fortes». Les conservateurs sont reconnus pour leur foi aveugle envers la loi du marché et le non-interventionnisme de l’État, mais le constat du ministre frise le ridicule. Il faut se demander en effet comment les consommateurs pourront envoyer un message à l’industrie s’ils ne sont pas capable de discriminer entre les produits contenant des OGM et ceux qui en sont exempts. En refusant d’appliquer l’étiquetage obligatoire, on prive les citoyens de leur droit de ne pas manger d’OGM.

 

Les choses continuent se détériorer avec les conservateurs au pouvoir. Ainsi, le 15 juillet 2009, le gouvernement autorise la commercialisation d’une nouvelle variété de maïs génétiquement modifié, le SmartStax (produit par Monsanto et Dow), sans que Santé Canada ni l’Agence canadienne d’inspection des aliments n’aient procédés à une évaluation des risques environnementaux reliés au produit. Un tel laxisme est tout simplement inacceptable.

 

La situation au niveau provincial

 Dans leur programme politique datant de janvier 2003, le Parti libéral du Québec (PLQ) indiquait vouloir réaliser ce qui suit : «Développer une politique rendant obligatoire l’étiquetage de tous les aliments contenant des organismes génétiquement modifiés (OGM), qu’il s’agisse d’aliments non transformés, d’aliments transformés ou d’intrants utilisés dans la transformation». Le député libéral de l’époque, David Whissel, tiendra en 2003 les propos suivants parlant de l’étiquetage obligatoire: «…on le veut et on prendra les moyens pour y parvenir. Et tant pis si le reste du Canada ne suit pas. Le Québec sera un chef de file». La presse rapporte aussi que Jean Charest s’est dit favorable à cette mesure. Puis, en juin 2004, le rapport sur la sécurité alimentaire qui a été adopté par tous les membres de la Commission de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (CAPA) recommandait l’adoption de l’étiquetage obligatoire des OGM au Québec harmonisée avec celui de l’Union européenne. On recommandait aussi dans ce rapport de faire pression sur le gouvernement fédéral afin qu’il adopte lui aussi l’étiquetage obligatoire au lieu de l’approche volontariste. Malgré tous ces engagements et ces recommandations, force est de constater que rien ne s’est encore concrétisé aujourd’hui.

D’après un sondage Léger Marketing réalisé pour le compte de Greenpeace, 87% des Québécois étaient en accord avec l’étiquetage obligatoire des OGM. Il est rare qu’on atteigne un tel consensus au Québec! Après presque un an de règne, le bilan législatif du nouveau gouvernement Charest est bien mince, alors pourquoi n’en profiterait-t-il pas pour réaliser une vieille promesse de 2003?

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