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ÉTHIQUE-CONTÔLE- IMPUTABILITÉ, DES MOTS QUI SONNENT!

 

 

 

PAR BRIGITTE GAUTHIER-PERRON groupe du jeudi.

Ils sonnent de toute part ces mots qui tendent à se faire rassurants.  Dans tous les secteurs de l’administration publique, les dirigeants politiques, les élus municipaux, les ministres, les directeurs généraux des organisations ou des sociétés, ces mots sont sur utilisés.  Proférés en tous lieux et à toutes les sauces, ces mots n’ont plus la portée désirée.  Ils sont à toute fin utilisés pour mieux paraître, pour essayer de donner du sens à des situations complexes de la réalité de l’administration publique au Québec.  En fin de compte, ces mots sont utilisés pour rassurer ou faire taire les plus revendicateurs ou les victimes qui vivent des situations déplorables.

Voyons quelques exemples qui dernièrement ont fait jaser les médias et fait couler les plumes de différents éditorialistes.  L’ex-lieutenante-gouverneur, Mme Lise Thibault devait par ses fonctions démontrer un sens éthique exemplaire.  Son rôle constitutionnel est défini comme étant : « [] fonctionnaire exécutif en chef de la province ainsi que le représentant légitime de l'autorité au Québec. Par conséquent [] reconnu comme le plus haut dignitaire sur le plan protocolaire ».  Par ces nouvelles révélations, d’abus de confiance et de falsification de documents, elle vient du revers de la main bafouer le sens du mot éthique.  Loin de prêcher par l’exemple, en utilisant frauduleusement les fonds publics, Mme Thibault a fait abstraction au sens éthique du poste qu’elle occupait.  On estime à plus de 700 000 $ les fonds publics utilisés à des intérêts personnels. Les autorités judiciaires veulent maintenant démontrer par leurs accusations qu’ils ont le contrôle de la situation.   Ils souhaitant récupérer les sommes dépensées afin que soit retournés, aux contribuables, ces argents.  Nous avons bien là un exemple signifiant que tous les dirigeants de la fonction publique sont imputables à leurs actions.  Malheureusement, cela arrive tardivement.  Les accusations qui accablent présentement l’ex-lieutenant-gouverneur reposent sur une période de 10ans. Il est légitime de se questionner sur le type de contrôle que font les hauts fonctionnaires du conseil exécutif dont l’un de leurs mandats est de recevoir et autoriser  les demandes de remboursements.

Un autre sujet grandement médiatisé portant sur les dons aux écoles privées par une société publique, Hydro-Québec. Bien que l’on ne parle pas ici de fraude, ni d’actions illégales,  on reconnaît ici un manque d’éthique dans le mandat du président-directeur général d’Hydro-Québec, M. Vandal.  Il pourrait y avoir apparence de conflit d’intérêts puisque les dons équivalent à près d’un demi-million de dollars. Ces fonds étaient prévus pour deux organisations dont l’une où M. Vandal avait fait ses études secondaires et l’autre dans une école où il siège à titre de membre du conseil d’administration. Son statut de dirigeant d’une société publique le rend imputable aux diverses décisions.  Je ne peux pas croire qu’il s’agit ici de la décision d’un seul homme.  Alors, qui contrôle les dons offerts? Qui décide? D’où proviennent ces fonds?  Toutes des questions qui évoquent des réactions chez les contribuables de mieux en mieux informés qui demandent des comptes et exigent un meilleur contrôle des fonds publics.  

Nous pourrions aborder l’histoire sur les compteurs d’eau à la ville de Montréal pour arriver au même constat.  L’imputabilité du maire dans ce dossier qui, par la même occasion, a bien failli lui coûter son poste lors des dernières élections, sans compter les frais encourus  par une mauvaise gestion et un mauvais contrôle de la situation.

Ces mots qui sonnent donnent une fausse note à l’administration publique. Ils ne peuvent pas être utilisés à toutes les sauces.  Ils se doivent d’avoir du sens. Au-delà de les dire, il faut les mettre en application.  C'est pourquoi ces mots à la mode se retrouvent de plus en plus dans les politiques, et même inscrits dans la loi.

Par exemple depuis l’histoire des dons, Hydro-Québec a modifié sa politique de « dons et commandites » à la demande de la ministre des Ressources naturelles et vice première ministre du Québec Nathalie Normandeau.  Hydro-Québec ne pourra plus verser de dons entre autres aux écoles privées et toute institution qui déposeraient une demande et qui pourraient avoir un lien avec le dirigeant.  Ces demandes devront être acheminées au conseil d’administration. (Éthique) de plus, le dirigeant ne pourra avoir aucun apport décisionnel dans ce type demande. (Contrôle)

La tendance des différents partis politiques est de demander des commissions d’enquête par-ci, des commissions d’enquête par-là, afin de faire la lumière sur différents litiges qui d’apparence semblent légaux, mais transgressent le sens éthique d’une bonne gestion et d’un mauvais contrôle des fonds publics. Lors de la réalisation d’une commission d’enquête, il s’agit encore une fois de fonds publics. 

Les différentes lois devraient prévoir des articles qui incitent à l’éthique, le contrôle et l’imputabilité des dirigeants ainsi qu’aux droits et limites de ceux-ci.  Pourquoi ne pas ajouter aux différentes lois les obligations des hauts fonctionnaires à agir dans les cas nébuleux afin de prévenir les litiges? 

Le projet de loi 44, la loi modifiant la Loi sur les collèges d’enseignement général et professionnel, présenté par Mme Michelle Courchesne, Ministre de l’Éducation, du Loisir et du Sport, a pour objet d’établir des principes de saine gouvernance au regard de la gestion des collèges. Cette loi prévoit la création d’un comité de gouvernance et d’éthique (éthique), un comité de vérification (contrôle) ainsi qu’un comité des ressources humaines dont les fonctions sont déterminées par la loi (imputabilité). 

Alors que dans d’autres cas, il faut compter exclusivement sur le bon sens éthique des gens imputables et sur le contrôle des différents fonctionnaires ou travailleurs de l’administration publique pour tenir la ligne de conduite de tous ces dirigeants, les écrits des lois donnent un sens appliqué à ses mots.  Tel que le mentionne le proverbe : « Les paroles s’envolent et les écrits restent » si ces mots se retrouvent dans la loi, il y a fort à parier que les gens les utiliseront avec plus de retenue.

Commentaires

  • Commentaire du Blogue de l’étudiante Brigitte Gauthier-Perron, groupe du jeudi. Ethique- Contrôle- Imputabilité- Des mots qui Sonnent.

    Par Hibrahim, groupe du Lundi soir, automne 2009.

    Je constate que votre blogue aborde plusieurs sujets en rapport à la question de l’éthique. En ce sens je ne voudrais rien oublier dans mon commentaire. Car ils sont très intéressants.

    En mai 2009 la Ministre des Affaires Municipales Nathalie Normandeau a fait savoir qu’elle allait demander à ce que toutes les municipalités soient dotées d’un code d’éthique face à la dérive quant au respect des règles de saine gestion à Montréal. Elle a informé qu’un comité serait créé et devait présenter ses recommandations, lesquelles se transformeraient en changements législatifs, qui seraient présentés à l'automne 2009, pour être mis en œuvre en 2010.

    Pour la Ministre, il est clair que la principale proposition serait de demander aux villes d'adhérer à un code d'éthique. De rares municipalités, comme Laval et Sherbrooke, en ont un, disait-elle. Toutes les municipalités devront en avoir un. Pour elle, il est clair que les déboires de Montréal ont été les déclencheurs de cette initiative. Elle a souligné en revanche, qu’il n'a jamais été question de mettre la métropole sous tutelle, en dépit des problèmes de l'administration Tremblay. C'est arrivé très rarement. Quand on recourt à la tutelle, c'est qu'on a démontré que la ville est bloquée, qu'il n'y a plus de décisions qui se prennent. Souvent, il y a des démissions massives au Conseil. On est bien loin de cela, a insisté Mme Normandeau.

    Ce bref rappel permet de comprendre que l'éthique n'est pas externe à l'économie, à la gestion à l’administration publique, mais l'éthique est un principe interne, intérieure, intrinsèque de l'économie, qui ne fonctionne pas si on ne tient pas compte des valeurs humaines, de la solidarité, de la responsabilité réciproque et de la volonté de modernisations successives. Intégrer l'éthique dans l’administration publique, dans la construction économique est le grand défi actuel de tout Etat démocratique.

    En effet, par rapport à votre blogue, je comprends la préoccupation d’intégrer ces concepts managériaux, ces composantes organisationnelles dans les lois. Tous les exemples que vous avez relevés prouvent le rapport entre administration et politique, législatif et bureaucratie. A mon sens l’éthique représente un important facteur qui accroit la réddition de compte et la confiance de la population. Si l’on se réfère au rappel ci-dessus, les recommandations du comité qu’a présidé M. Roland Gagné et formé par la Ministre, par rapport à l’objectif de code d’éthique dans les municipalités, il y a l’obligation de déclarer les intérêts personnels de l'élu, ainsi que ceux de sa famille immédiate. L’obligation de régir l'après-mandat de l'élu et l’obligation d’exiger des entreprises qui font affaire avec la municipalité à se conformer au code d'éthique, sous peine de sanction.

    Au Canada en général comme au Québec, l’omniprésence du Vérificateur Général dans la reddition de compte est très importante dans la question d’imputabilité et de contrôle. La loi sur le Vérificateur Général au Québec explique clairement en ses articles 1 et 3 : la présente loi a pour objet de favoriser, par la vérification, le contrôle parlementaire sur les fonds et autres biens publics. Les fonds et autres biens publics visés par la présente loi sont ceux des organismes publics, des organismes du gouvernement et des entreprises du gouvernement.

    Alors, sont assimilés à un organisme public, aux fins de cette présente loi, le Lieutenant-Gouverneur, l'Assemblée Nationale, le Protecteur du Citoyen, toute personne que l'Assemblée Nationale désigne pour exercer une fonction qui en relève, lorsque la loi prévoit que son personnel est nommé suivant la Loi sur la fonction publique (chapitre F-3.1.1). Tout organisme dont l'Assemblée Nationale ou l'une de ses commissions nomme la majorité des membres. C’est pourquoi, la question d’éthique se pose à tous les niveaux de l’Administration Publique.

    Aussi, les questions de contrôle de légalité, d’opportunité et de tutelle ne sont pas étrangères au système québécois. A ce propos, un contrôle hybride s’exerce sur nos municipalités, celui à priori même étant faible et un contrôle a postériori. Par ailleurs, le projet de loi 48 relatif au code d'éthique et de déontologie des membres de l'Assemblée Nationale du Québec, le comité d’éthique de la santé publique etc, sont donc des cas qui s’ajoutent au projet de loi 44 que vous avez mentionné et s’inscrivent dans ce processus de modernisation de l’administration publique lié à l’éthique. Visiblement ce sont des efforts louables.

    Cependant, on peut comprendre dès fois, que la politique ou même le politique veut empiéter sur des prérogatives de certaines organisations publiques. M. Vandal en tant Directeur de Hydro Québec n’a peut être pas mal jugé de la compensation accordée aux écoles. Parce que les Sociétés d’Etats en tant que mandataires du Gouvernement, jouissent de l’immunité fiscale qui s’applique à l’ensemble de l’appareil d’Etat. Etant exemptes de taxes municipales et scolaires, elles peuvent faire des compensations à l’une ou l’autre de ces instances.

    Je crois que les démarches de ces responsables à l’imputabilité, au contrôle et à l’éthique, s’inscrivent exactement dans le contrôle exercé par des institutions démocratiques pour le bon fonctionnement de l’Etat. C’est d’ailleurs ce qui permet de dire, que le cas de l’ancien Gouverneur Thibault ne soit pas vraiment un cas isolé. Le système marche, c’est la raison pour laquelle qu’il y a des projets de lois, des comités à l’éthique etc, dont l’aboutissement de tout, vise à mettre à jour des dispositions légales et d’autres mécanismes, ainsi que la facilitation pour les organes d’imputabilité, les instances de contrôle, de bien accomplir leurs missions.

    Enfin, il faut retenir qu’un État démocratique doit, pour bien assumer sa mission d’intérêt public et les responsabilités qui en découlent, compter sur le soutien de son administration publique moderne et compétente, dont les membres partagent certaines valeurs fondamentales et respectent les règles d’éthique propres au secteur public.

    Sources
    Vers un code d'éthique responsable (Page consulté le 24 novembre 2009).http://www.radio-canada.ca/nouvelles/Politique/2009/07/14/001-ethique-municipalites-rapport.shtml

    Assemblée Nationale, Première Session, 39ème législature (Page consultée le 24 novembre 2009).
    http://www.assnat.qc.ca/fra/39legislature1/projets-loi/publics/09-f048.htm,

    Code d’éthique et de déontologie des membres du Comité d’éthique de santé publique ( Page consultée le 24 novembre 2009). http://msssa4.msss.gouv.qc.ca/fr/sujets/ethiqSP.nsf/585b3578877da98b85256d0a0076bed0/9b1dae5bd3ed7b0785256ead00635620?OpenDocument
    Tremblay Pierre. P, l’Etat Administrateur, Modes et Emergences, édition PUQ 2009, québec, pages 66, 67.

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