Le malheur des uns devrait faire le bonheur de certains ?
Suite aux actes de "piratage", je dépose à nouveau mon premier blog.
Caroline Guertin
ENP 7505 – Principes et enjeux de l’administration publique.
Professeur : M. Rémy Trudel
Groupe du mardi p.m.
Le malheur des uns devrait faire le bonheur de certains ?
La planète est actuellement au prise avec un virus dont la souche cause bien des préoccupations tant pour la population que pour les différents paliers gouvernementaux. En effet, la pandémie de grippe A (H1N1) qui sévit présentement dans le monde apporte avec elle son lot d’inquiétudes. Cet événement fait l’objet de nombreux débats sur la place publique, les journaux, les émissions télévisées ou l’internet et elle ne laisse personne indifférente. Déjà que la situation est polémique et revêt un caractère antagoniste pour plusieurs, voici que plusieurs spécialistes reliés de près ou de loin à cette pandémie se questionnent sur la pertinence d’appliquer un vaccin pour la contrecarrer, ou s’interrogent toujours à savoir si le vaccin pour la grippe saisonnière devrait être appliqué avant ou après celui de la pandémie. D’ailleurs, la population est aussi divisée sur ce sujet que peuvent l’être les spécialistes.
Les compagnies pharmaceutiques, médicales et les ordres professionnels sont d’autant plus concernés par la situation que peut l’être l’administration publique. Le rôle de l’État en matière de santé a pour principes l’universalité, l’équité, le caractère public et l’adaptation continue des services. En outre, la loi sur les services de santé et les services sociaux a pour mission le maintien, l’amélioration et la restauration de la santé et du bien-être des personnes. En complément à cette disposition légale, les établissements, qu’elle que soit leur mission, ont pour fonction d’offrir à la population des services de qualité accessibles et continus. De leur côté, les ordres professionnels doivent apporter leur soutien en donnant la qualité de services escomptée et les compagnies s’engager à fournir les produits et différentes fournitures nécessaires pour combattre ce fléau. Mais est-ce vraiment le cas ? Nul doute que la réponse est oui !
Mais voilà que certaines catégories de professionnels désirent profiter de la confusion de cette situation pour réclamer une compensation financière. Les journaux ont fait grand cas dernièrement des exigences de nos médecins omnipraticiens, citant leurs demandes pour obtenir des primes pour s’occuper des patients atteints de la grippe A de type H1N1. Est-ce une nécessité, une réalité, éthiquement correct ou même une demande à l’encontre de leur profession ? Déjà que l’État se retrouve sous les feux de la rampe pour l’application des mesures d’urgence sans oublier qu’il doit rassurer la population et prévoir toute la logistique de la campagne de vaccination, on lui rajoute un fardeau supplémentaire avec les demandes, justifiées ou non, de nos médecins omnipraticiens et spécialistes. Comme si ce n’était pas assez, voilà que les infirmières, via la Fédération interprofessionnelle du Québec (FIQ), demandent à rencontrer le ministère de la Santé pour une forme de compensation pour ses membres qui devront faire face à cette grippe. Nous n’avons pas fini de tousser !
Est-ce vraiment l’argent qui nous vaccine contre les risques de cette grippe ou plutôt une bonne application des mesures de base lors de la prise en charge des patients ? J’ai toujours cru que les méthodes pour éviter le risque de contracter une maladie infectieuse est l’application de mesures prônées par la prévention des infections. Quelle utopie ! Est-ce à dire que d’autres ordres professionnels, directement impliqués dans cette lutte, vont aussi emboiter le pas et tenter de profiter de cette manne ?
Tous ces professionnels possèdent pourtant un code d’éthique et de déontologie propre à chacune de leur profession. Ils ont le devoir et l’obligation de donner des services de santé de qualité, au meilleur de leur connaissance, de mettre en œuvre tous les moyens dont ils disposent pour traiter leurs patients. En aucun cas il n’est mentionné dans leur engagement, ou serment, que cela doit se faire au détriment d’une compensation financière supplémentaire lorsqu’arrive une situation hors de l’ordinaire. Est-ce qu’un pompier reçoit une prime supplémentaire lorsque l’incendie qui fait rage est plus violent que d’habitude ? Ou est-ce qu’un policier reçoit une prime supplémentaire lors d’une poursuite en véhicule que lorsqu’il donne un constat d’infraction ?
Je n’ai aucun doute sur l’intégrité et le professionnalisme de nos spécialistes du secteur de la santé, bien au contraire. Par contre, j’ai de la difficulté à comprendre que ces personnes puissent profiter de cette situation pour appliquer une pression supplémentaire sur l’appareil gouvernemental. Comment est-ce que l’État doit réagir à ces demandes ? Cela place l’administration publique dans une situation délicate. Doit-elle répondre aux demandes de nos professionnels et ainsi s’assurer de leurs pleines collaborations lors de la pandémie ou ne pas acquiescer à leurs doléances financières et risquer un manque potentiel de participation, prenant la population comme monnaie d’échange? Peu importe la décision que l’État va prendre, il se retrouvera coincé entre l’arbre et l’écorce. S’il cède aux demandes, d’autres corps professionnels vont vouloir profiter de la même opportunité dans une situation hors de l’ordinaire pour y aller, eux aussi, de demandes aux différents organismes publics et parapublics. S’il tient son bout, il sera soumis à une pression considérable des corps professionnels. L’enjeu peut paraître anodin à première vue mais la réponse donnée aura des répercussions majeures lors de prochains événements exceptionnels.
L’État est sûrement capable de rétribuer ces gens à leur juste valeur et d’offrir des compensations financières pour les heures supplémentaires, sans aucun doute. Et il met en œuvre tous les moyens nécessaires pour offrir l’équipement de protection sécuritaire pour ces professionnels qui auront à intervenir en première ligne. Quant à savoir s’il va acquiescer à ces demandes, c’est une autre paire de manches. Puisque les médecins sont payés à l’acte, est-ce qu’ils auront l’impression qu’ils vont donner des services gratuitement pendant la pandémie ? Mais alors les infirmières, qui sont rémunérées comme tous les autres employés de la santé, auront-elles l’impression de ne pas avoir l’opportunité d’être payées en conséquence ? Ou bien, tout simplement, l’impression que ces deux catégories de professionnel veulent passer à la caisse.
Le gouvernement devra démontrer de très grandes habiletés de médiation et s’assurer de régler la situation à la satisfaction de tous les intervenants car, dans l’éventualité que la situation perdure et que les pressions de ces groupes revendicateurs continuent, cela pourrait être les organismes publics et parapublics qui écoperaient de cette situation désagréable. Tout compte fait, si le gouvernement demeure inerte en bout de ligne, cela pourrait être même la population qui serait pénalisée. Et ça, on ne pardonnerait pas facilement à l’administration publique son inertie dans ce dossier.
http://quiz.cyberpresse.ca/Questionjour/archivequestionjour.php?categorie=1
http://www.ledevoir.com/2009/09/16/267197.html
http://www.ledevoir.com/2009/09/15/267087.html
http://www.ledevoir.com/2009/10/06/270370.html
Commentaires
vu