Privé - Public
Non ! Pas encore un texte sur le privé et le public. Cette fois-ci, dites-vous que c’est pour une bonne cause : la mienne, et peut-être la vôtre. Pour ceux qui me côtoient comme collègue de classe ou de travail, vous connaissez peut-être déjà mon problème. Pour les autres, voici. J’œuvre depuis une douzaine d’années dans le secteur public et depuis 4 ans comme cadre. Amis, famille et belle-famille, eux, dans le secteur privé. Les discussions sont animées, et bien souvent ils sont en surnombre, mais je sais me défendre… Du moins, j’espère mieux le faire grâce à vos réactions à ce commentaire.
Comparaison difficile
Les discussions concernant la gestion publique et privée sont bien souvent polarisées. Les thématiques abordées le sont toujours de manière dichotomique : efficacité/inefficacité, innovation/conservation, prise de risque/immobilisme, etc. Bien entendu, les aspects négatifs sont attribués au secteur public et force est de constater que les préjugés envers les fonctionnaires perdurent même si la réalité du secteur public a bien changée à travers les années.
Un premier problème survient concernant la comparaison de la performance des deux secteurs. D’une part, à cause des limites de l’évaluation de l’efficacité, il est presque toujours question de la performance perçue. D’autre part, les «perceptions » ne tiennent habituellement pas compte des caractéristiques des deux secteurs et de leur environnement. Quand il est question, par exemple, de la lourdeur bureaucratique, il n’est pas rare qu’un beau-frère compare son usine de 8 employés avec le centre hospitalier de sa région…
Efficacité et efficience ?
Un ami qui travaille pour un constructeur automobile américain m’appelle de l’étranger avec son portable, celui fourni par son employeur. Nous parlons pendant plus d’une heure. Une conversation coûteuse pour l’entreprise, mais il me rassure en me disant que c’est autorisé. Ouff !!! Je ne peux pas faire ça moi. Normal me dit-il, dans ton cas c’est mon argent, mes impôts… Suite au plan de sauvetage américain de l’industrie automobile, je n’en suis pas si certain. Il en va de même pour l’efficacité. Difficile de déterminer ce qui relève du public ou du privé dans ce contexte (utilisation de deniers publics). Pour ce qui est de « Wall Street » et des grandes banques, c’est, entre autres, les abus de l’entreprise privée et le manque de mécanisme de contrôle du marché qui a déclenché une crise économique mondiale. C’est également l’État, qui « sauve » des multinationales dont les cadres supérieurs ont des salaires qui en disent parfois long sur leur engagement collectif et éthique… Disons que la main invisible d’Adam Smith devient baladeuse ? Et qui veut se fier sur une main invisible pour réguler le marché ? Le contexte actuel est bien paradoxal. Loi du marché et capitalisme, mais pas pour tous et pas toujours on dirait.
Problème d’image
C’est en lisant un article écrit par Michel Hébert du Journal de Québec « Comme des Rois. 26/10/2009» que je réalise qu’une autre différence entre les deux secteurs réside au niveau de l’exposition et du traitement médiatique. Les révélations de ce journaliste n’aident pas vraiment ma cause. Monsieur Hébert nous apprend que pour divers motifs, les fonctionnaires de l’aide sociale se réunissent régulièrement dans des hôtels et des auberges comme le Canard huppé, l’Auberge Handfield, le Château Laurier pour des colloques, des séminaires et des soirées «reconnaissance» qui se comptent à la douzaine semble-t-il. Disons qu’aux premiers abords, ça parait mal. Par contre, mis à part quelques émissions de journalisme d’enquêtes, il est plutôt rare que le secteur privé soit scruté à ce point par les médias. Pourtant…
Enfin, il est vrai qu’il survient des événements déplorables, mais je persiste à croire qu’il s’agit d’exceptions. De manière générale, j’atteste que les employés de l’État travaillent fort et ce n’est vraiment pas le « jet set » d’œuvrer comme cadre intermédiaire ou supérieur dans le réseau de la santé et des services sociaux. Malheureusement, ce phénomène d’exposition et de traitement médiatique engendre un problème d’image qui est loin de rassurer le contribuable et de valoriser des fonctions qui seront à combler massivement dans les années à venir, et ce, dans un contexte de pénurie de ressources.
Performance, transparence et reddition de compte
Une autre série d’articles basée sur une enquête dénoncent un excès de bureaucratie dont sont victimes les directions d’école. Ceux-ci passeraient plus de 30 % de leur temps à signer et remplir des documents. Bien sûr, nous préfèrerions que les écoles passent 100% de leur temps à dispenser des services éducatifs à nos enfants. En ce sens, il est, bien entendu, légitime de vouloir savoir si notre argent est bien géré. Toutefois, la transparence et la reddition de compte envers le contribuable représentent un coût. L’ampleur des mécanismes de contrôle et de reddition de compte affecte donc la performance du secteur public. Cela représente une forme de cercle vicieux qui fait mal paraître le secteur public et qui augmente la « nervosité » des acteurs qui y œuvrent limitant du même coup la prise de risque.
Enfin, même si le secteur public s’améliore, il est probable que les écarts de perception perdureront et que les discussions de « salon » demeureront animées.
Martin B.
Groupe du mardi
Commentaires
Il est à mon avis très facile de critiquer le secteur public en regard du secteur privé. Tout comme il est facile de comparer des hommes d'avec les femmes et d'affirmer que celles-ci sont des dangers sur la route. On tombe alors dans une panoplie de stéréotypes. Alors que si l' on vérifie un petit peu plus loin que le bout de son nez, on en aurait long à rétorquer en se servant de statistiques à l'appui.
Vouloir comparer le secteur public du secteur privé, c'est vouloir comparer des pommes avec des carottes. Deux entités totalement différentes avec des missions totalement différentes. Généralement la première (le public) s'occupant à s'assurer que les droits reconnus par la société soit respectés. Droit à la santé, droit à l'éducation, droit à l'égalité des sexes, et j'en passe. Gérer des droits et que ceux-ci soient reconnu par l'ensemble de la population, est un exercice des plus artistiques. Un droit est un droit, mais chaque individu veut l'exercer à sa façon et bien diplomate, innovateur, imaginatif est l'administrateur du public.
Alors que l'administrateur privé, à certes lui aussi des mérites à vouloir vendre son produit, son imagination lui permet d'aller chercher toujours une plus grande part du marché etc...
Une cause est-elle plus noble qu'une autre? Le public ou le privé?
Je n'y répondrai pas à défaut d'être cohérente avec mon commentaire plus haut à l'effet que l'on mélange des pommes avec des carottes. Toutefois, j'aimerais bien pouvoir vous défendre devant des beaux-frères et belles-soeurs qui semble vouloir se considérer plus efficaces, innovateur et téméraire dans le privé que dans le public.
La reddition de compte est partout dans le public. Dans mon établissement seulement, elle prend plusieurs formes: comité des usagers, compte à rendre à l'agence, au ministère, au supérieur immédiat, desservir la population qui elle aussi à plusieurs recours si elle est mal servie. S'ajoute à cela, les journalistes, le secteur privé qui veut se rajouter des lettres de noblesses en voulant démontrer qu'il performe mieux que le public etc.
Tant de regards dirigés vers nous. Oui les gaffes font souvent la une des journaux. Mais devant une telle reddition de compte, je suis à même de constater que les gaffes sont minimes à côtés des réussites qui passent souvent malheureusement sous silence.
Et j'en rajoute, si le secteur privé fonctionne bien lui-aussi à sa façon et à sa manière, c'est que le secteur public est en santé.
Je rejoins les propos de mes collègues de classe. Il est facile d’entrer dans le jeu des comparaisons entre le secteur privé et public. Mais il s’agit de recoupements « boiteux » et inappropriés. Comment peut-on comparer un système où la reddition de compte est obligatoire et omniprésente à un système où la plupart du temps, tout est confidentiel. D’ailleurs, une des grandes qualités requises pour le gestionnaire du secteur public est de s’adapter et de composer avec la reddition de compte. Voir ses décisions contester par le public n’est pas chose facile et malheureusement, ce n’est pas à la portée de tous. Il serait d’ailleurs intéressant de voir « réagir » les dirigeants des entreprises du secteur privé s’ils étaient confrontés à cette même réalité.
Autre fait important lorsqu’on mesure les deux systèmes, on s’attarde à la lourdeur administrative du secteur public. Encore là, si on veut examiner les deux secteurs, au moins, ayons la décence de le faire sur une base similaire. On ne compare pas une PME de 50 employés à un établissement de santé de 3000 employés. À ce compte, les institutions financières sont aussi d’une lourdeur administrative imposante et aux dernières nouvelles, elles étaient dans le secteur privé n’est-ce pas ?
Ce qu’il faut retenir dans tout cela, c’est que les deux secteurs manœuvrent en étroite collaboration et que tout cela nécessite des prouesses d’imagination et d’ouverture d’esprit pour les gestionnaires, tant du privé que du public. Mais vouloir les comparer entre eux serait injuste, tant pout l’un que pour l’autre. Chaque système possède ses avantages mais aussi ses défauts.
D’un collègue de classe qui a eu la chance de travailler des deux côtés de la médaille.
Je ne partage pas toutes les idées de mon prédécesseur quand il dit, à propos de la compraison entre secteur privé et public, : « il s'agit de recoupements boiteux et inappropriés».
Certes, il est difficile de distinguer le secteur privé du secteur public comme par exemple, il est difficile de savoir si une parcelle de terrain faisant l'objet d'un titre foncier individuel appartient toujours à l'Etat ou au détenteur dudit titre. Toutefois, la difficulté ne signifie pas impossibilité. D'ailleurs la grandeur d'un homme se mesure par sa capacité à résoudre les difficultés. Donc, la distinction entre le service privé et public présente un intérêt voire indispensable pour plusieurs motifs.
D'abord, il faut retenir que le secteur public est marqué par un encadrement juridique rigide. Nous sommes dans l'Etat de droit, le droit s'applique à tous, que vous soyez député ou simple citoyen ; c'est la primauté du droit. Tout est transparent. Par exemple, la mise en place d'une commission d'enquête sur le processus de nomination des juges au Québec s'inscrit dans le cadre de la tranparence dans le secteur public. Aussi, le fait que les jugements soient publics s'inscrit également dans ce cadre. Dans le secteur privé, la transparence est une mouche.
Quant à la reddition de compte, il faut que le gestionnaire public sache que les fonds mis à sa disposition proviennent de la cotisation des contribuables et conséquemment, il doit rendre compte de l'utilisation faite de ce fonds. Cela évite du coup le détournement des deniers publics. Malheureusement, on constate aujourd'hui, nobnostant l'existence de la reddition de compte, le détournement des deniers publics par certains gestionnaires. Par exemple, on parle actuellement de prise illégale d'intérêts de l'ex-président de la République Française quant il était maire de Paris entre 1977 et 1995 ( confère France24 du 01/10/2010).
Dans le secteur privé, la reddition de compte, à mon sens, n'existe pas.
Comme autre point de divergence entre les deux secteurs, nous pouvons noter la compexité du secteur public par rapport au secteur privé quant à la prise de décision, à la gestion des ressources humaines etc.
En définitive, s'il est vrai que le système de gestion du domaine privé est différent de celui du domaine public, il n'en demeure pas moins l'utilité d'une étude comparative entre les deux notions dans la mesure où elles ont des points communs comme la contribution à la création de richesses./.
Comparer le secteur public et privé, revient à comparer deux secteurs totalement différents. Les points de différence sont multiples examinons-en deux :
D’une part, si les finances du secteur privé sont perçues directement des recettes des ventes, ces recettes généralement peuvent couvrir les coûts qui sont facile à calculer du fait que ses produits sont marchandables sur le marché. Alors que le secteur public offre des produits qui sont indivisibles, et donc, dans ce cas il est très difficile de parler de marché où les échanges se font de façon libre. Par ailleurs, dans ce cas il y’a des administrations publics qui n’ont pas de recettes comme par exemple l’administration pénitentiaires. De ce fait, on peut dire que le secteur public à des ressources limités (notamment les taxes), mais il a des dépenses illimités. De là, vient la première difficulté de comparer entre les deux secteurs.
D’autre part, l’administrateur public n’est pas aussi libre de sa réaction comme le manager du secteur privé. Au public toute réaction ou décision est encadrée par des lois juridiques, des autorisations administratives sans oublier les contraintes budgétaires. La réaction du manager public devient moins flexible. Le public qui ne comprend pas ses contraintes; condamne l’administrateur public de rigidité de travail.
À mon avis, le travail de l’administrateur public est beaucoup plus stressant car il est contraint interagir avec trois contraintes :
- Des ressources limitées
- En face de lui un grand public, des groupes de pressions, des médias...
- Son travail est très encadré par des lois légales et des directives de ses supérieurs
Donc on est loin du privé où le gestionnaire est productif tant que l’entreprise fait des bénéfices.