Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Le dos large de l'État

Le dos large de l’État

 

 

Cette semaine je me suis senti interpellé par un texte d’opinion de Mme Nathalie Provost dans le journal La Presse du mercredi 28 octobre 2009. Cette dernière, qui est la mère de deux adolescents, était très inquiète suite à un accident ayant coûté la vie à une jeune fille de 14 ans à St-Jean-sur-le-Richelieu.

 

Les circonstances de cet accident sont absolument inacceptables : 12 jeunes mineurs reviennent d’un party dans 2 véhicules différents. Comme il n’y a pas assez de sièges, 2 jeunes filles prennent places dans le coffre arrière d’une des voitures. Les 2 conducteurs se mettent à faire des manœuvres dangereuses (course, dépassements dangereux, vitesse, etc.) puis il y a un impact entre les 2 véhicules et celui contenant les adolescentes dans son coffre termine sa course contre un arbre après avoir fait une embardée. Une des jeunes filles est tuée sur le coup en étant éjectée et l’autre est gravement blessée et n’est toujours pas hors de danger au moment d’écrire ces lignes. La boisson n’est pas en cause mais la drogue oui, en partie, puisque la majeure partie de la responsabilité revient au comportement des jeunes conducteurs âgés de 17 ans.

 

Vous me direz que ce n’est pas la première fois que les jeunes font des choses insensées et dangereuses au volant et qu’il y a eu d’autres accidents de ce genre (beaucoup trop à mon avis), c’est vrai mais c’est là que les propos de Mme Provost m’interpellent. Elle demande l’aide de l’État face à cette situation car elle craint pour la vie de ses 2 adolescents (un de 18 ans et l’autre de 16 ans). En fait Mme Provost se sent dépassée par les événements puisque l’État investi plusieurs millions de dollars dans des campagnes de sensibilisation et dans la prévention auprès des jeunes et ses garçons ne portent aucune attention à ces messages. Et voilà qu’elle écrit : « Ce serait donc à nous parents, de prendre la responsabilité (encore une autre!) de répéter, répéter et répéter encore à nos jeunes (tous les jours s’il le faut) que la vitesse tue et que la prudence est primordiale…si on tient à sa vie? » et elle termine son texte en disant : « Je continuerai sans relâche à mettre mes jeunes en garde mais aidez-moi S.V.P.! Un projet de loi musclé qui va bien au delà de simples cours de conduite est devenu incontournable.»

 

Mme Provost représente malheureusement une partie de la population, de plus en plus nombreuse, qui s’en remet à l’État pour régler tous les problèmes sociaux du monde. Est-ce son rôle ?

 

Lors de la révolution tranquille au Québec, le peuple du Québec s’est défini un État qui ne laisse tomber aucun citoyen et un système de justice sociale pour l’ensemble de la population ce qui a mené, jusqu’à ce jour, à la création de grands systèmes tel que la gratuité scolaire, l’assurance-maladie, l’assurance médicament et l’assurance automobile pour ne nommer que ceux-là. Bien sûr ils ne sont pas parfaits mais ces systèmes ont été mis en place par l’État afin de permettre à tous les citoyens de bénéficier des mêmes services peu importe le salaire gagné ou le niveau social dont il est issu.

 

L’État a aussi le rôle d’assurer une paix sociale et elle le fait en créant des lois qui relèvent d’un ministre et qui sont appliquées par des travailleurs (fonctionnaires, agents de la paix, etc.) de l’État. Or beaucoup de gens seraient probablement prêt à monter au barricade si, par exemple, il y avait une loi instaurant un couvre-feu pour la conduite automobile des jeunes et qu’un de leur enfant, pris à faire du temps supplémentaire au travail, se faisait arrêter par la police qui lui donnerait une contravention et saisirait son véhicule (souvent le véhicule de ces mêmes parents) parce qu’il dépasse d’une demi-heure le couvre-feu.

 

Il est vrai que le droit et les lois amènent une paix sociale et permettent à la société de fonctionner plutôt que de se retrouver dans l’anarchie. Cependant l’État n’est pas le parent de tous les enfants. Il s’assure que ces derniers puissent évoluer dans la société comme n’importe quel individu, avec ses droits et avec ses devoirs. Or le devoir parental n’est pas le devoir de l’État. Et oui nous sommes responsables de notre comportement et du comportement de nos enfants et ce n’est pas vrai que nous allons nous substituer à ces responsabilités pour que l’État s’en occupe. Après ça est-ce que l’État devra intervenir dans les cuisines car l’obésité chez les jeunes est alarmante ? « Venez-moi en aide car mes enfants ne mangent que du « junk-food » et je ne peux plus prendre de responsabilité supplémentaire car je suis épuisé».

 

De plus il est démontré que plus il y a des règles, des règlements ou des lois qui encadrent différents domaines de la société, moins il y a de place pour le jugement des travailleurs de l’État qui doivent appliquer ces lois, règlements ou directives de façon égale à l’ensemble de la population.

 

L’État a tenté à plusieurs reprises de serrer la vis dans différents domaines relevant de sa juridiction telle que la sécurité routière mais dans notre système démocratique, le domaine judiciaire est une entité à part du domaine politique Ainsi, malheureusement ou heureusement, certaines lois ou règlements instaurés par l’État n’ont pas été suivis par les tribunaux qui les ont invalidés ou rendus complètement inapplicables. Pire encore, la population n’y voit qu’une façon détournée de faire de l’argent sur le dos des contribuables.

 

Assez de tout rejeter sur l’État et ses travailleurs. Plusieurs personnes sont devenues complètement individualistes, comme Mme Provost. Ils ne regardent que leurs besoins et leurs préoccupations à eux et lorsqu’ils n’ont pas la réponse, ils mettent ça sur les épaules de l’État afin qu’on leur vienne en aide, qu’on règle leurs problèmes personnels et surtout qu’ils puissent se déresponsabilisées. Nous avons encore une responsabilité et des devoirs en tant que personne vivant dans une société en compagnie d’autres personnes.

 

L’état est suffisamment présent dans notre système démocratique. Avant de vouloir plus d’interventionnisme, les gens devraient regarder les exemples de systèmes communismes avec ses avantages et surtout ses inconvénients. Ils se rendraient rapidement compte que, dans notre système, l’État assure une stabilité économique et sociale dont nous n’avons rien à envier à quiconque et qu’il est grand temps de reprendre nos responsabilités de citoyen et surtout de parent.

 

Publier par Guirrycat

Commentaires

  • Quel bon texte Guirrycat, un réel plaisir à lire.

    Sans avoir lu l'article de Mme Provost, je suis en accord avec plusieurs idées avancées dans votre argumentation. On y percoit l'équilibre fragile entre "interventionnisme" de l'état et responsabilisation individuelle ou bien entre "les intérêts collectifs" et l'individualisme. Même si nous sommes à mon avis très loin du "communisme", la place que prend l'état québécois mérite d'être questionnée lorsque qu'opposé à la responsabilisation. Toutefois, une loi a parfois le mérite de sensibiliser ou d'éveiller la responsabilité des gens. On s'y conforme par obligation au début et ensuite on adhère aux principes et aux valeurs qui la sous-tendent. C'est une question d'équilibre.

    Martin B.

Les commentaires sont fermés.