Quand Denis Coderre twitte sur sa prostate - Congrès FPJQ 2017 : Vie privée, intérêt du public et excès de zèle
Quand Denis Coderre twitte sur sa prostate
Congrès FPJQ 2017 : Vie privée, intérêt du public et excès de zèle
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Montréal, le 17 mars 2017 – Pendant que le maire de Montréal, Denis Coderre, gazouillait sur sa prostatite avec ses 284 511 abonnés Twitter, 270 journalistes participant au congrès 2017 de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) ont échangé sur la vie privée des politiciens et l’intérêt du public à l’information, les 15 et 16 mars derniers à Saint-Hyacinthe.
L’actualité regorge de situations exposant la vie privée des personnages publics. Le gazouillis du maire Coderre relève d’une exposition volontaire, mais cette visibilité est souvent non désirée, comme en témoigne le cas de la ministre David, qui a fait les manchettes, en novembre 2016, avec une vidéo la présentant dans une situation fâcheuse à l’Assemblée nationale. Bien que son geste mal avisé ait été posé dans un lieu qui n’a rien de privé, l’abondante couverture médiatique de cet impair par les médias d’information a été au cœur des échanges lors d’un atelier sur la frontière entre l’information d’intérêt public et l’anecdote.
Quand un élu a un comportement critiquable qui n’a rien à voir avec ses fonctions, cela devrait-il devenir une information digne d’intérêt public? se sont demandés les participants. « La réponse varie selon les journalistes et les médias, ce qui témoigne du flou actuel entre le droit à la liberté d’expression et le droit à la vie privée », comme l’a indiqué le président de la FPJQ, Stéphane Giroux.
Liberté d’expression et vie privée : une frontière poreuse
«Hyperréactivité des outils de communication, fonctionnement des médias, intérêt des adversaires politiques, curiosité: entre domaines public et privé, tout concourt à rendre la frontière plus poreuse. Dès lors, où placer la limite? La réponse diffère selon les pays et les cultures », a expliqué Catherine Vincent, journaliste au Monde.
La France avait auparavant la réputation d’être « compréhensive » face à la vie privée des politiciens. Mais, en 2014, des photos du président Hollande ont fait le tour du monde. « Découvrir notre président enfourchant son scooter pour rejoindre sa belle peut faire sourire ou hausser les épaules… Mais en quoi ce marivaudage nous concerne-t-il? Nous éclaire-t-il sur la manière dont il gouverne ? Dont il décide de l’orientation à donner à nos impôts, à notre économie, à nos valeurs sociales ? Là est toute la question, qui justifie – ou non – que les journalistes se mêlent des affaires privées des politiques », a-t-elle souligné lors d’un atelier traitant de la liberté d’expression.
Et si nos politiciens étaient les artisans de leur malheur?
Les politiciens ne sont-ils pas responsables de cette tendance? « L’homme politique doit acquérir une valeur symbolique et « performer » dans les médias. Il doit incarner une histoire, dans laquelle doivent être connectés des éléments privés et des éléments publics. Que serait le mythe Obama sans l’image de sa famille idéale? », a pour sa part expliqué Christian Salmon, chercheur au Centre de recherches sur les arts et le langage.
Devenir un homme politique, c’est aussi renoncer à sa vie privée
«Toutes les vies ne sont pas égales et elles n’ont, ni ne peuvent avoir, le même poids sur la balance de l’information. C’est le cas des personnes qui décident de faire de la politique. Un choix qui impose automatiquement de renoncer à une grande part de sa vie privée de citoyen. Qui décide de se mettre au service de la collectivité doit devenir transparent, en tout cas plus transparent que les autres ». Ces propos de Velia Lacovino, directrice éditoriale du quotidien italien Futuro Quotidiano résument bien le consensus qui s’est formé à l’issue du congrès. Cependant, « cet impératif de transparence a des limites et M. Coderre, a récemment prêché par excès de zèle », de conclure le président de la FPJQ.
La FPJQ en bref
Fondée en 1969, la Fédération professionnelle des journalistes du Québec est une association démocratique sans but lucratif qui rassemble environ 2 000 journalistes dans plus de 250 médias et qui a pour mission de défendre la liberté de presse et le droit public à l’information. C’est la principale organisation journalistique au Canada. Ses membres pratiquent tous les métiers de l’information : reporters, recherchistes, réalisateurs, animateurs, chroniqueurs, photographes de presse, etc.
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Source : BM
Directrice des communications
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Commentaires
Voilà un sujet "brulant" qui se prête bien à une analyse de communication !