Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • Des citoyens qui mettent la main à la pâte


    Il y a quelques jours, nous avons eu la chance de rencontrer deux spécialiste dans le domaine du budget participatif : madame Isabelle Gaudette, Chargée de projets et développement pour l’organisme Centre d’écologie urbaine de Montréal et monsieur Normand Lalande, Directeur général adjoint de la municipalité de St-Basile-le-Grand qui ont eu la générosité de partager leurs connaissances théoriques et pratiques. Nous avons pu comprendre un peu mieux le fonctionnement, les avantages et les limites de cette approche.

    Premiers constats
    Le budget participatif, c’est une approche intéressante et rafraichissante. En effet, comment ne pas être en accord avec le désir d’impliquer réellement les gens dans un processus décisionnel d’une ville ou d’une organisation. Le budget participatif dépasse la simple consultation puisqu’il demande l’implication du citoyen dans l’ensemble des étapes de réalisation du projet. C’est pourquoi qu’on invite la population à donner des idées en respectant des critères et un budget déterminés. En contrepartie, l’organisation s’engage à réaliser ce dit projet dans l’année suivante.

    Origine du budget participatif
    Cette idéologie est née au Brésil dans la ville Porto-Alegre en 1989. À cette époque, le maire de cette municipalité souhaitait faire participer la population aux différentes décisions. Par la suite, cette idée fut reprise dans de nombreuses autres municipalités partout dans le monde. À titre informatif, en 2014, il y avait entre 1269 et 2774 projets issus de budgets participatifs. Comme le mentionnait la conférencière, cette idéologie est une réponse au manque d’équité et de respect des besoins de base de la population et aide à canaliser une forme de colère parmi les membres de ces communautés. Au Québec, le plateau Mont-Royal depuis 2006-2008 et la municipalité de St-Basile-le-Grand sont les pionniers dans le domaine.

    Fonctionnement du budget participatif
    Le budget participatif n’étant pas qu’une simple consultation, mais bien un cycle réparti sur une année dans lequel le citoyen est impliqué complètement tout au long du processus. L’objectif est de donner un pouvoir au citoyen en lui permettant de prendre de vraies décisions. Pour y arriver, un budget réel doit être libéré par la municipalité. Comme M. Lalande l’expliquait, un pourcentage du budget d’immobilisation doit être prévu afin de permettre la réalisation des projets. La première étape consiste à faire la collecte d’idées lors des assemblées publiques ou sur plateforme internet. Cette étape consiste à recueillir les idées tout en respectant les critères d’admissibilités connus des gens et en respect des règles et lois régissant l’organisation ou la municipalité. La deuxième étape consiste à développer les projets. À cette étape, une équipe de citoyens impliquant nécessairement la personne qui a présentée le projet et de membres de l’organisation travaillent ensemble dans le but d’analyser et d’enrichir les projets reçus. Par la suite, il y aura regroupement et élimination des projets selon des critères d’admissibilité du projet établis. À la suite de cette étape, différents projets seront conservés pour la suite du processus. Une équipe de spécialistes travaille alors à chiffrer les projets et s’assurer que ceux-ci respectent le lois et règlements. C’est à ce moment que tout est en place pour passer aux votes. À titre d’exemple, la municipalité de St-Basile-le-Grand offre la possibilité de voter de façon électronique (par l’entremise d’un code d’accès unique) et en papier. La plage horaire de vote et les lieux de votation doivent être connus afin de permettre d’atteindre le plus de gens possible. Les citoyens de plus de 16 ans pour certains projets et de 10-17 ans pour les autres projets votent pour les cinq projets qui les intéressent davantage. Une valeur est alors accordée selon l’ordre choisi. Le projet qui obtiendra le plus haut pointage est celui qui sera réalisé. Il doit alors être adopté par le conseil municipal et une annonce officielle est réalisée. L’étape de la réalisation est alors arrivée…un suivi et une évaluation de la réalisation du projet sont donc réalisés. Le cycle de un an est complété…

    Conditions nécessaires pour la réussite
    Comme monsieur Lalande le disait, le citoyen doit être au centre du processus, mais il doit aussi travailler en équipe avec les élus et les spécialistes de l’organisation. Un projet peut être intéressant, mais ne pas répondre aux lois, aux règles budgétaires ou à toutes autres règles (architecturales, sécurité, etc.) qui sont moins connues des citoyens en question. Dans le fond, le défi est de jumeler le savoir spécialisé et le savoir populaire.
    Ensuite, l’élu doit accepter l’influence du citoyen. À cet égard, l’élu doit accepter de déléguer une partie de son pouvoir décisionnel et budgétaire au citoyen puisque ce n’est plus seulement lui qui prend les décisions. Il doit faire preuve d’écoute, de dialogue et il doit s’engager dans un projet à long terme. Il doit aussi travailler à ce que le plus grand nombre de citoyens s’engagent dans le processus.

    Avantages du budget participatif
    Naturellement, il y a de nombreux avantages qui ont été mentionnés par les deux conférenciers et qui font la démonstration que cette façon de faire doit indéniablement se réaliser à davantage d’endroits. Pour ma part, la plus importante est le développement d’une culture citoyenne. En effet, puisque la participation au cycle du budget participatif ne se limite pas uniquement à l’électeur standard ayant plus de 18 ans, mais bien à un plus grand nombre de citoyens. C’est une occasion unique pour tous de travailler en collaboration. Dans certaines municipalités, on permet même à des enfants de 10 ans de participer à l’ensemble du processus….Existe-t-il une meilleure façon d’inculper des valeurs démocratiques que par une expérimentation in situe ? Ces expériences permettent possiblement de former une future génération de citoyens ou peut-être même de politiciens engagés. Trop souvent les jeunes ne se sentent pas écoutés, entendus dans leurs revendications, leurs demandes, c’est une excellente façon d’y remédier. Ensuite, je trouve que le budget participatif, lorsque le citoyen s’implique à fond, permet un accès à des connaissances (lois, règlements diverses) qui sont normalement réservées qu’aux spécialistes. Cette transparence permet aux citoyens de se bâtir une opinion basée sur des bases solides et non pas seulement sur des jugements ou des rumeurs. La confiance et par le fait même le taux de satisfaction du public envers les élus sont naturellement augmentés.


    Limites du budget participatif
    Lors de la rencontre, les deux intervenants semblaient en désaccord sur le fait qu’il arrive qu’un citoyen présente un projet poussé par un organisme ou une association. M. Lalande mentionnait qu’il fallait trouver une façon de contourner cette problématique puisqu’il y voyait une problématique de force du nombre alors que Mme Gaudette disait que c’était adéquat, car au moins les gens y participaient. Pour ma part, je crois que le budget participatif ne doit pas servir aux intérêts des groupes de pression ou des organismes. En effet, la force du nombre pourrait faire en sorte que les résultats soient biaisés. Le cynisme envers la politique est en partie causé par les influences des groupes de pression. Il ne faudrait pas que le budget participatif soit teinté dans ce sens, sinon, encore ici, le citoyen va se blaser et n’y participera plus. Si les groupes sociaux et communautaires s’emparent de ces budgets, le citoyen n’aura plus de droit de regard, la participation et l’intérêt diminueront progressivement. Une deuxième limite est la valeur donnée au budget participatif. Je comprends que nous ne puissions libérer 100% du budget d’investissement, mais est-ce que 1% est vraiment suffisant. Nous comprenons qu’il faut entretenir les infrastructures et que nous devions conserver des sommes pour cela. Cependant, je verrais très bien une augmentation du pourcentage afin de solliciter davantage le citoyen. Il serait aussi intéressant de diviser davantage les projets. Un budget dédié et voté par les enfants, un autre pour les adolescents, un autre pour les adultes et enfin un dernier pour les ainés. Faisant en sorte que tous les citoyens soient concernés diminuant ainsi la possibilité de conflits générationnels. Pour y arriver une augmentation du budget prévu est nécessaire puisque si on divise encore la petite tarte, les montants seront dérisoires et ne susciteront plus autant la participation citoyenne.

    Application dans mes activités professionnelles
    Comme directeur d’école, il est évident que cette pratique ouvre des portes fort intéressantes. Impliquer les élèves, les parents, le personnel dans un processus de décision quant à une partie du budget est fort intéressant. Je suis actuellement à justement préparer une démarche dans ce sens. Développer une culture participative dans quelques choix budgétaires de l’école sera un atout et d’un intérêt indéniable.


    L’ensemble des municipalités devrait mettre en place un système axé sur le budget participatif. Ceci pourrait faire en sorte que quelques personnes désillusionnées reprendre le gout à la politique favorisant ainsi une démocratie plus saine et plus active.


    Jason St-Yves

  • Film "Demain". Pour le gestionnaire de demain... par Sophie Gascon - ENP 7930

    Le 29 septembre dernier, était présenté à l’auditorium de L’ÉNAP de Montréal le documentaire «Demain». Ce film réalisé par Cyril Dion et Mélanie Laurent fut récompensé en 2016 par un César pour le meilleur documentaire. Ce documentaire aborde avec brio différentes réalisations citoyennes.
    C’est à la suite d’une publication annonçant l’éventuelle disparition de l’humanité que les deux réalisateurs, aussi enquêteurs pour les fins du film, ont voulu parcourir divers pays dans le but d’exposer des projets de gestion citoyenne et participative ayant eu un impact au sein de leur communauté.
    Partant du constat que l’Être humain vit actuellement différentes crises : environnementales, économiques et sociales. Par leur film, les réalisateurs nous démontrent au contraire, la volonté de certains individus de changer les choses et d’intervenir dans leur milieu afin d’améliorer leurs conditions.
    Ce documentaire nous présentait 5 projets.
    Un des projets présenté était un projet d’agriculture. Cette nouvelle approche d’agriculture expose une nouvelle exploitation des terres arables par la diversification des cultures. Leur projet démontre que les récoltes sont plus abondantes et n’épuisent pas les terres. De plus, en utilisant des plantes compatibles et complémentaires, ces nouveaux agriculteurs ne courraient pas à l’utilisation d’aucun produit chimique. Ce projet a su démontrer qu’en exploitant et en utilisant cette nouvelle méthode d’agriculture, les habitants de cette communauté pouvaient aussi s’auto-suffire au niveau alimentaire.
    Dans d’autres projets, le documentaire nous démontre que certaines entreprises et que même des communautés peuvent produire et fonctionner avec des énergies alternatives et renouvelables. L’énergie solaire, la géothermie et les éoliennes sont des exemples d’énergies utilisées dans certains projets.
    Dans un autre exemple, celui-ci d’ordre économique, on nous montre l’exemple de plusieurs communautés ayant instauré leur propre système monétaire et favorisant les achats et productions locales.
    Dans ce film, c’est cet exemple de projet qui m’a le plus étonné. Je ne croyais pas qu’une telle chose était possible. Je connaissais le Bitcoin, argent virtuel, utilisé dans certains commerces mais de là à être utilisé à grande échelle, je ne croyais pas que certains pays pouvaient accepter ce type d’échange monétaire. Apparemment, par leur expérience et comme le documentaire l’explique, ils ne peuvent l’interdire.
    Le documentaire nous présente aussi des exemples de crédits alternatifs offerts par des banques ayant une gestion éthique et responsable des projets qu’elles financent.
    Un projet sur la démocratie nous est présenté par les deux réalisateurs. Un ancien ingénieur a décidé de transformer sa communauté de 5000 habitants. Son village aux prises avec des problèmes de violence, de commerce illicite et de pollution cet homme proposa aux habitants une nouvelle démocratie participative afin de contrer ces problèmes. Le nouveau système de gouvernement local qu’il proposa impliquait tout le monde dans son projet de gouvernance. Il proposa entre autre des projets impliquant une mixité des castes. Pour enrayer ce problème de pollutions ce sont les villageois eux-mêmes qui ont participé à la réparation des services d’assainissement, des routes et des éclairages. Ce village ainsi que d’autres villages avoisinant se sont regroupés afin de créer une zone de libre échange des productions locales. L’argent recueilli par ces échanges est donc réinvesti directement dans le développement local des villages.

    Le film aborde aussi un projet novateur dans le domaine de l’éducation en Finlande. Le système pédagogique a été réformé s’adaptant spécifiquement à chaque étudiant. Les enseignants adaptent leurs interventions aux besoins de l’élève. La relation élève-enseignant est très différente à l’enseignement québécois. Les enseignants Finnois sont en présence constante avec leurs élèves ce qui favorise une meilleure connaissance entres eux. Par ces méthodes pédagogiques différentes, le taux de réussite scolaire des jeunes Finnois s’est nettement amélioré au cours des années et constitue un des meilleurs au monde.
    Ce film avait comme prémisse, d’apporter un nouveau message positif aux discours entendus sur les différentes crises mondiales. Il est vrai que ce film rempli très bien sa prémisse. Il fait la preuve que des solutions et que des alternatives aux crises actuelles sont possibles.
    Ce documentaire revient aussi remettre en perspectives l’intervention des institutions étatiques dans la résolution des diverses crises du Monde.
    Ces projets dépeints et les personnes touchées par ces crises n’ont pas attendu l’assistance de personne ou une intervention gouvernementale. Elles se sont mobilisées et ont fait leur part pour changer les crises dans leur communauté. Ne serait-ce pas là la solution à ces problèmes ou ces crises mondiales ?
    La gouvernance du 21e siècle ne pourrait-elle pas se traduire par «l’empowerment» de ses communautés ? Je crois qu’il serait tout à fait possible pour des instances publiques (gouvernements, villes, sociétés, etc.) de concéder certaines décisions et octroyer un plus grand pouvoir à ces citoyens ou usagers.
    De cette façon, les décisions prises en lien avec les besoins ou problèmes des communautés pourraient peut-être mieux répondre aux besoins des populations. Je crois pertinemment, et aussi avec la force du groupe, que «l’empowerment» des citoyens pourrait faire émerger des solutions alternatives. Les exemples du film en sont la preuve.
    Dans la gestion participative, le rôle de l’État n’est pas évacué. Il est tout simplement redéfini. Cette redéfinition du rôle de l’État se traduirait par un rôle de facilitateur. Facilitateur en étant un fournisseur de ressources comme en offrant des ressources, humaines, matérielles ou financières. C’est dans un accompagnement des communautés dans la réalisation de leurs projets ou dans l’octroi de financement que pourrait fournir les instances.
    La gestion participative pourrait aussi être une solution pour contrer le cynisme politique actuel. Elle pourrait redonner aux gens le pouvoir perdu par une lourde bureaucratie et une gestion centralisée.
    Les exemples de gestion participative sont multiples. Il est réconfortant de voir la réussite de projets tels que présentés dans ce film. Cela fait présumer d’un autre sort pour l’humanité. Malgré les messages pessimistes entendus depuis des années, je crois tout comme les réalisateurs qu’il y a encore de l’espoir pour notre futur. En tant qu’intervenante en éducation travaillant sur l’engagement communautaire je suis heureuse de voir qu’il y a encore des gens prêts à s’engagés pour le bien de tous. Je suis persuadée que l’État devrait plus s’enquérir de l’action citoyenne pour changer les choses. C’est en changeant les choses localement que l’on en vient à changer les choses globalement.
    Je recommande donc ce film à tous les gestionnaires de l’administration publique. Il est selon moi précurseur de la gestion de demain.

    Sophie Gascon
    Étudiante à la Maitrise à L'ÉNAP