Blog: Crise de réfugiés syriens aux portes du Canada et du Québec?
Blog: Crise de réfugiés syriens aux portes du Canada et du Québec?
Par Fatouma Haidara, MAP-ENP7505
Par Fatouma Haidara, MAP-ENP7505
La crise syrienne qui a commencé depuis 2011 a dépassé toutes les prévisions et attentes des politiques aussi bien qu’au niveau national qu’international. Elle a généré des proportions inestimables de réfugiés et migrants. Elle a particulièrement affecté les pays voisins et les frontières européennes. Ce qui a conduit les pays occidentaux à agir et à prendre des décisions non planifiées.
Aujourd’hui, le problème des migrations ne laisse personne indifférente. Il se retrouve dans toutes les discussions géopolitiques, économiques, socio-culturelles, internationales et j’en passe. Au Canada, le sujet s’est même invité dans le débat politique des élections fédérales. Il est si passionnant et les idées si divergentes qu’on pourrait animer plusieurs débats regroupant tous les représentants socio-politiques sans convenir à une entente concluante.
En effet, le nombre total de réfugiés ayant fui le conflit en Syrie vers les pays voisins s'élève désormais à plus de quatre millions, confirmant que cette crise de réfugiés est la plus importante au monde depuis près d'un quart de siècle dans le cadre du mandat du HCR. Après les toutes dernières arrivées en Turquie et une récente mise à jour des statistiques par les autorités turques concernant les réfugiés déjà présents dans ce pays, le nombre total de réfugiés syriens dans les pays voisins atteint désormais plus de 4 013 000 personnes. Par ailleurs, au moins 7,6 millions de personnes sont déplacées à l'intérieur de la Syrie. Nombre d'entre elles sont dans des situations précaires et des lieux difficiles d'accès. (Selon UNHCR).
« C'est la plus importante population de réfugiés générée par un seul conflit en une génération. Cette population a besoin d'un soutien de la part du reste du monde mais, au lieu de cela, elle vit dans des conditions désastreuses et s'enfonce dans la pauvreté », a déclaré le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés António Guterres.
Tragiquement, et sans aucune fin en vue à la guerre de la Syrie qui est désormais dans sa cinquième année, la crise s'intensifie et le nombre de réfugiés augmente. Le cap des quatre millions survient à peine 10 mois après que celui des trois millions ait été atteint. Au rythme actuel, le HCR prévoit que le chiffre d'environ 4,27 millions pourrait être atteint d'ici la fin 2015. Sources http://www.unhcr.fr/559e2ca6c.html
Le Canada et les réfugiés :
En général quand on parle de réfugiés les gens ne font pas la différence avec un immigré.
Un immigré est celui qui a quitté son pays d'origine pour s'installer dans un autre pays. (Larousse). Selon la Convention de Genève, pour être considéré comme un réfugié, vous devez, à la satisfaction de la Commission de l’immigration et du statut de réfugié, établir que : -vous vous trouvez hors du pays dont vous avez la nationalité ou, si vous n’avez pas de nationalité, hors du pays où vous avez votre résidence habituelle,
-vous craignez avec raison d’être persécuté en raison de votre race, de votre religion, de votre nationalité, de votre appartenance à un groupe social ou de vos opinions politiques du fait de cette crainte, vous ne pouvez ou ne voulez-vous réclamer de la protection de ce pays ou retourner dans ce pays.
Rappel historique :
Quand on parle d’immigration, de terre d’asile pour les réfugiés dans le monde, on pense au Canada. Pour élucider cela, ci-dessous quelques dates qui ont marqué historiquement le système canadien d’octroi de l’asile.
• En 1776 : 3000 loyalistes fuyant l’oppression de la révolution américaine
• En 1830 : des polonais fuyant l’oppression russe et en 1858 : l’occupation prussienne
• Entre 1891 et 1952 : trois vagues de migrations ukrainiennes
• Entre 1947 et 1952 : 250000 européens de l’est et du centre s’installent au Canada
• En 1980 : plus de 60000 réfugiés vietnamiens
• En 1986 : le Canada reçoit de l’ONU la médaille Nansen pour sa tradition humanitaire exceptionnelle d’accueil des réfugiés
• En 2010, des réfugiés de plus 140 pays ont été réinstallés ou se sont vu octroyés le droit d’asile au Canada.
Parmi les pays du G8, le Canada comptait la plus forte proportion de population née à l'étranger (20,6 % c’est à dire au Canada, 1 personne sur 5 est née à l'étranger). Cette part est bien supérieure à celle de l'Allemagne (13,0 % en 2010) et des États-Unis (12,9 % en 2010). En dehors des États membres du G8, la proportion de la population du Canada née à l'étranger était devancée par celle de l'Australie dont 26,8 % de la population totale est née à l'extérieur du pays (en 2010) selon l'ENM de 2011.
Au 1er juillet 2015, la population du Canada était estimée à 35 851 800 personnes. La population du Québec qui représente 23.6% de la population canadienne est estimée à 7903001. Et pour la première fois, le nombre de personnes de 65 ans et plus a dépassé celui des enfants âgés de 0 à 14 ans.
Pourquoi la question des réfugiés, voire de l’immigration soulève-t-elle des débats nourris?
Dans l’émission de France 2 « Ce soir ou jamais! » Drame de Lampedusa, Peut-on accueillir la misère du monde? Que je vous suggère vivement de voir et écouter sur YouTube (https://www.youtube.com/watch?v=FA9AsKtnVH8), j’ai noté quelques points qui m’ont paru très intéressants sur la question d’immigration :
-Que la question posée (Peut-on accueillir la misère du monde?) est immorale et que l’immigration est inéluctable.
-Que l’histoire des migrations est une histoire de la mondialisation.
-Qu’entre 1850 et 1914, l’Europe a envoyé plus de 50 millions de population dans le monde et que rien ne peut arrêter celui qui décide de partir.
-Que les USA qui sont la 1ère puissance mondiale est un pays d’immigrant.
-Que l’immigration est un facteur d’innovation.
-Que 9 sur 10 des migrations se font à l’intérieur des différents continents. La migration est un phénomène marginal et exceptionnel. En général 97,5 % de la population mondiale est sédentaire. Les migrations sont en général des migrations de proximité.
-Que les flux de migrations s’inversent au cours du temps.
-Que la Vision de l’Europe est de se protéger et c’est pour cela qu’ils ont triplé le budget du fond triton de protection des frontières.
Pourquoi a-t-on peur d’accueillir des réfugiés?
Il existe un écart entre la phase de prise de décision d’un gouvernement à recevoir des réfugiés et la phase de les faire venir sur le territoire. Ceci pourrait s’expliquer pour différentes raisons en liens avec certains principes administratifs à respecter tels que : Tout doit être approuvé, l’État de droit est fondé sur la distinction et l’indépendance du Législatif, de l’Exécutif et du Judiciaire, les revenus et les dépenses constituent les Finances publiques (le coût de prise en charge des réfugiés), la mondialisation (abolition des frontières économiques, exceptions culturelles, libre circulation des biens, services et personnes, respect des spécificités linguistiques, …).
En plus de cela, il faudra tenir compte de certains enjeux :
-Sécuritaire : la dimension sécuritaire a pris le dessus sur toutes les autres dimensions. D’ailleurs ce qui explique le retard de prise en charge des
-Économique : il a été estimé qu’un refugié coûtera à peu près 35000 dollars? (à vérifier?) pour leur réinsertion. Il faudra mettre en place des systèmes d’accueil et d’orientation.
-Socio-culturelle : la peur de l’autre, de l’inconnu et surtout les informations nourries par les medias sur ces populations, la peur des tensions sociales dues aux différences culturelles.
-La xénophobie, la progression du nationalisme (l’extrême droite), l’islamophobie
Qu’est ce qui a motivé cette grande mobilisation autour de la crise des réfugiés syriens maintenant?
Depuis le déclenchement de la guerre en Syrie en 2011 et les conséquences qu’elle a engendré en matière de perte de vie humaine et déplacement de populations, le monde entier est resté muet, sourd et indifférent. Selon l’UNHCR, le nombre total de réfugiés ayant fui le conflit en Syrie vers les pays voisins s'élève désormais à plus de quatre millions, confirmant que cette crise de réfugiés est la plus importante au monde depuis près d'un quart de siècle dans le cadre du mandat du HCR. Après les toutes dernières arrivées en Turquie et une récente mise à jour des statistiques par les autorités turques concernant les réfugiés déjà présents dans ce pays, le nombre total de réfugiés syriens dans les pays voisins atteint désormais plus de 4 013 000 personnes. Par ailleurs, au moins 7,6 millions de personnes sont déplacées à l'intérieur de la Syrie. Nombre d'entre elles sont dans des situations précaires et des lieux difficiles d'accès.
Mais, qu’est qui a suscité une telle mobilisation autour de la crise des réfugiés syriens?
Questions que tant de gens se posent sans être capable de trouver des réponses. Cependant j’ai noté quelques hypothèses (suivant l’actualité) :
-Le discours du Pape François devant les élus américains : « Moi aussi, je suis fils de ce grand continent », « fils d’immigrés », a plaidé en faveur des migrants, alors que ce dossier a suscité une surenchère de proposition radicale dans le rang des républicains. «Traitons les autres avec la même passion et compassion avec lesquelles nous voulons être traités » a conseillé le Pape. (Le monde du 25 sept. 2015 par Stéphanie Le Bars et Gilles Paris).
-« la mort du petit Aylan Kurdi mort noyé sur une plage turque envoie un message qui porte à agir face au sort de tous les enfants victimes innocentes du conflit armé syrien qui a forcé jusqu'à présent plus de quatre millions de Syriens, des personnes civiles, à prendre la fuite.
-L’engagement et la générosité de l’Allemagne de Angela Merkel de recevoir à bras ouvert plus de 75000 réfugiés. Est-ce qu’elle a eu un impact sur la décision des pays occidentaux à prendre en charge eux aussi ces réfugiés ou à s’engager? Je me suis posée cette question.
-Les valeurs sociétales de solidarité et de partage, la compassion et l’impartialité;
-Les conventions internationales de protection des droits des enfants, le droit d’asile, la convention de Genève sur les réfugiés;
-La mondialisation
Tout ceci s’articule à la décision du gouvernement du Canada et du Québec à prendre eux aussi à leur tour des réfugiés.
C’est ainsi donc qu’en septembre 2015, le gouvernement fédéral du Canada a décidé d’accueillir 10000 réfugiés ensuite a revu à la hausse ce taux à 25000 réfugiés d’ici la fin de l’année 2015. Mais le gouvernement fédéral (conservateur) de Harper a vite ralenti le processus. Quant au gouvernement du Québec, il a décidé d'augmenter substantiellement le nombre d'admissions de réfugiés syriens qui étaient visées en 2015. J’ai noté des déclarations de certains ministres :
-La ministre Christine St-Pierre a déclaré « L’ampleur de cette crise interpelle tous les Québécoises et les Québécois. Nous avons tous été profondément touchés par ce que nous avons vu ces derniers jours. Nous ne pouvons pas rester les bras croisés. Voilà pourquoi notre gouvernement annonce aujourd’hui qu’il se joint aux efforts de la communauté internationale afin de soulager les populations touchées par cette grave situation ». Aux 1200 admissions déjà prévues, s'ajoute un objectif de 2 450 pour un total de 3 650 cette année. Ce nouvel objectif comprend les admissions de 1800 réfugiés parrainés et de 650 réfugiés pris en charge par l'État, pour lesquels le Québec demandera la collaboration du gouvernement fédéral, notamment en ce qui a trait aux vérifications sécuritaires et aux démarches administratives. (Selon Christine St-Pierre en conférence de presse du 9 septembre 2015).
-La ministre Kathleen Weil a déclaré aussi : « Nous sommes en action depuis plusieurs mois, notamment avec la collaboration de mon collègue ministre du Travail et ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale, M. Sam Hamad, et les mesures exceptionnelles que nous proposons aujourd'hui répondent aux demandes des Québécoises et Québécois qui veulent faire plus pour soutenir les réfugiés syriens dispersés dans divers pays ».
Qu’est-ce que l’immigration pourra apporter au Canada et au Québec?
L’immigration peut apporter gros même si les défis sont énormes pour le départ. Elle pourra compenser le problème de vieillissement de la population, de la main d’œuvre, de croissance. Selon Maxime Pedneaud-Jobin, maire de Gatineau, « L'immigration, c'est une source de prospérité, de croissance. C'est précieux, même, si on veut remplacer notre main d'œuvre à long terme. »
La question se pose tout le temps et les divergences de réponses se multiplient. Je sais une chose : les grands pays ont été bâtis par une population immigrante!
Qu’est-ce que le Québec et le Canada pourront faire pour accueillir des réfugiés?
Il s’agira de mettre sur pied une cellule de crise interministérielle pour permettre de suivre l'évolution de la situation et d'assurer les liens avec les ministères et organismes impliqués, notamment le ministère de l'Immigration, de la Diversité et de l'Inclusion, le ministère de la Santé et des Services sociaux, le ministère de l'Éducation, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, le ministère du Travail ainsi que le ministère de l'Emploi et de la Solidarité sociale. Cela permettra aussi au gouvernement du Québec d'arrimer ses actions avec celles du gouvernement du Canada.
En conclusion
Après toute cette analyse, je me suis posé cette question : l’accueil des réfugiés est-elle la solution pour la souffrance de ce peuple?
Je pense que c’est toujours un plus d’atténuer la souffrance d’un individu ou une famille. C’est toujours utile de prendre quelques refugiés qui ont pris le chemin du déplacement. Par ailleurs, je pense que le plus gros reste à faire pour ceux qui ont eu le courage de rester en espérant sur un miracle de survie.
Pour cela, je propose qu’il faudra :
-Arrêter les logiques de guerre dans le moyen orient
-Encourager les logiques de paix.
-Développer d’avantages d’ouverture, d’approches de négociation,
-Des stratégies de partage de valeurs et de considérations pour les autres.
-Aller de plus en plus vers des projets de développement que de chasser des dictatures qui sont souvent préférable à l’instabilité et à l’insécurité que leur départ engendre. Je fais allusion à la déstabilisation de l’Irak et de la Libye par les grandes puissances mondiales.
Et enfin, je compte sur la générosité des québécois et des canadiens à faire face à ce grand défi d’accueillir les réfugiés et de faciliter la réinsertion des nouveaux venus. Mais je pense que pour un pays qui a su capitaliser de grandes expériences dans la gestion de migrants de tout ordre, ce défi sera relevé sans problème majeur. Je demande à tous les Québécois et Canadiens de continuer à cultiver leur esprit de générosité et d’ouverture pour passer cette crise. Et enfin de soutenir le nouveau gouvernement élu qui avait défendu cette thèse durant toute la campagne électorale.
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