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Analyse du débat pré-électoral - Charles-Olivier Picard

L’exercice du débat politique pré-électoral du jeudi le 1er Octobre 2015 nous a permis de voir en action un réel cas de démocratie participative. En effet nous avons pu voir des candidats des cinq partis principaux échanger sur des sujets d’enjeux actuels pour les Canadiens mais aussi de l’avenir. Il est clair qu’un exercice comme celui-ci est significatif d’un État de droit. Nous avons constaté que les candidats étaient très interpellés dans cet exercice de participation à la démocratie et que c’était bel et bien ancré dans les mœurs et les valeurs canadiennes.


Quelles sont les origines du débat pré-électoral au Canada?

Premièrement il faut distinguer le débat pré-électoral du débat en chambre législative comme de notre système parlementaire canadien. Le débat pré-électoral prend sa place en dehors des mécanismes du système parlementaire. Il s’agit plutôt d’une tribune <>.

Dans l’histoire des sociétés démocratiques, le débat a passablement toujours eu sa place, comme par exemple il a été présent en Grèce antique et aussi pendant les républiques françaises. Le Canada n’en fait pas exception malgré sa monarchie car elle est constitutionnelle. Pour résumer simplement, le citoyen peut s’impliquer au processus décisionnel par représentation au sein des assemblées législatives par le biais de son droit de vote envers un candidat qui aspire devenir député. C’est donc pour se faire connaitre et soumettre leurs propositions que ces candidats participent à un débat pré-électoral. Bien évidement avant l’arrivée en force des médias de masse, ceux-ci étaient donc plus modeste sur la portée des informations transmises. Les débats s’apparentaient donc à de grands rassemblements populaires et les journaux en relevaient les points majeurs. Évidemment l’accessibilité à l’information n’étaient pas la même pour tous et provoquait donc ainsi des inégalités. Et ce sans mentionner que le suffrage universel n’a pas toujours été comme on le connait aujourd’hui (Accessibilité du droit de vote aux femmes ou aux immigrants en guise d’exemple).

Dans notre contexte actuel, le débat pré-électoral a beaucoup plus de visibilité et d’accessibilité. En effet il a pu profiter de la transmission radiophonique jusqu’à la télévision, tout en conservant des rassemblements populaires (tel qu’observé dans le cadre du cours).


Comment est profitable le débat pré-électoral?

Sous l’angle d’analyse du système-client, qui est le client de cet exercice? Instinctivement il est clair que c’est l’électeur. Par le débat, celui-ci peut se former une opinion à partir des discours des différents candidats basés sur un programme électoral ou encore à partir des échanges entre les candidats face à une prise de position. L’art de la rhétorique devient donc un outil important pour les candidats.

Mais l’électeur, est-il le seul à bénéficier d’un cet exercice? La réponse à cette question est non! En effet, les candidats eux-mêmes (et leur formation politique par association) en bénéficient aussi. Le débat leur permet de présenter des propositions selon leurs estimations des désirs exprimés par la population par le biais de diverses techniques de collecte de données (Exemple : Sondage sur les intentions de votes et d’enjeux importants, analyse des événements marquants de l’actualité, observation des idéologies politiques). En ce sens il n’est pas rare de voir certains candidats ajuster une opinion en cours de campagne électorale pour ainsi favoriser un meilleur résultat lors du scrutin. En conséquence il peut apparaître des prises de position non-prévues et purement fortuites. Dans la présente campagne électorale, la question du Niqab quand à son port lors des cérémonies de citoyenneté en est un exemple. Malgré le fait que certaines formations politiques y voient là une tentative de manipulation du discours électoral, il n’est demeure pas moins que la prise de position à cet effet n’était pas nécessairement prévue et un ajustement a été nécessaire pour avoir une position claire (si possible) au sein des débats pré-électoraux.


Forces et limites du débat pré-électoral

Tel qu’expliqué plus haut, l’évolution du pouvoir médiatique a été assez favorable pour la place du débat pré-électoral dans la société. Comme par exemple au Canada, depuis quelques décennies, il est plus facile d’avoir accès à quelques débats télévisés avec les chefs des formations politiques principales ou encore aussi avec certains de leurs candidats sur diverses tribunes. Considérant que peu de gens lisent l’intégralité d’un programme électoral, le débat public et accessible permet à l’électeur de se former une opinion plus facilement et rapide. Et évidemment, ceci s’applique aussi aux acteurs politiques qui ont la possibilité de passer leurs messages à plus grande échelle.

Malgré les nombreux aspects positifs de l’exercice du débat pré-électoral, il est important cerner certaines limites face à celui-ci. On parle souvent des limites techniques; la cacophonie quand tous parlent en même temps, ce n’est pas toujours tous les partis qui y sont invités, rôle d’un modérateur parfois abstrait, le temps limité qui évite de parler de certains sujets… Bref l’exercice n’est pas parfait. Néanmoins ces lacunes techniques ne sont pas toujours présentes et elles n’entrent pas nécessairement en conflit avec la finalité visée qui est d’informer les électeurs. Toutefois, un autre type de limite existe et celles-ci sont à propos du contenu. Et celles-ci peuvent être dommageables à la finalité visée qui est d’informer adéquatement l’électeur. Il y a plusieurs exemples qui répondent bien à cela. Ceux-ci peuvent être : détourner les questions en ne répondant pas réellement à celles-ci (importance d’un bon modérateur), trainer ses adversaires sur des sujets tendancieux et faibles d’intérêts, manipuler les statistiques pour mettre en évidence une réalité qui n’est pas nécessairement vraie, amener un débat fondé sur des idéologies plutôt que sur des faits (manipuler les idées). Bref plusieurs exemples existent, et ceux lorsqu’ils prennent trop de place, peuvent miner la crédibilité de l’exercice.


Conclusion

Le débat pré-électoral fait partie des mœurs et coutumes des Canadiens comme exercice de participation à la démocratie. Il a ses forces mais aussi ses limites. De plus en plus on aperçoit le débat voit évoluer vers d’autres formes par la présence des réseaux sociaux (Ex : Twitter pour publier des idées et des articles, Facebook pour partager des hyperliens et des idées). C’est nouvelles façons de communiquer l’information amènent cependant de nouveaux enjeux. On donc peut se demander si le débat traditionnel va exister encore bien longtemps avec ces plateformes de transmission de l’information en temps réel.


Charles-Olivier Picard
Gestion Participative et défense des droits
Publié le 10 Octobre 2015

Commentaires

  • Desc débats qui servent donc à ...réfléchir

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