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ENP7505 été 2015 Social-démocrate 2.0 - Résumé du chapitre 13 - La Finlande, le Québec et le PISA: une rencontre inattendue

  Rédigé par Natasha Caron

 

Le Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) de l’OCDE évalue la performance des élèves de 15 ans des pays membres sur les acquis de leur éducation primaire et secondaire. Ce chapitre rédigé par Guy Pelletier part d’une analyse comparative limitée des résultats des élèves québécois et finlandais à ces épreuves, de 2000 à 2012, pour faire une analyse des facteurs influant la performance des élèves et tenter de comprendre comment les contextes et facteurs socioéconomiques influent sur la réussite scolaire. L’auteur se penche ensuite sur les systèmes d’éducation finlandais et québécois et sur les principaux défis auxquels ils devront faire face.

Entre 2000 et 2009 «Le Québec affiche un très bon rendement en mathématiques et, même s’il n’a pas connu de variation significative au fil du temps, le nombre de pays qui statistiquement l’ont devancé a diminué et est passé de deux en 2003 à un seul en 2009, Hong Kong/Chine». Au cours des années 2000, le Québec continue d’avoir des résultats élevés. Toutefois en 2006, la Finlande et Hong Kong/Chine le devance, puis en 2009 s’ajoutent la Corée et le Japon, qui ont amélioré leur rendement. En lecture, le Québec demeure au-dessus de la moyenne des pays de l’OCDE, mais il n’améliore pas son rendement. La plupart du temps la Finlande et le Québec ont des résultats très serrés en regard des autres pays participants et se situent dans le meilleur groupe. En 2012, l’étude révèle que les élèves québécois et finlandais dominent les autres pays nordiques en mathématique et en lecture. Avec le temps, malgré leurs constantes performances supérieures à la moyenne, d’autres pays (surtout asiatiques) les surpassent et les déclassent.

La Finlande est un pays dont les caractéristiques sociales, économiques et physiques se rapprochent de celles du Québec, en plus des bons résultats de leurs élèves aux enquêtes PISA. Avec une population de près de six millions, huit au Québec, la Finlande possède elle aussi une majorité d’habitants vivant dans le sud de son territoire et en zones urbaines. En Finlande on parle finnois à 93% et suédois à 6%. Au Québec, on parle français à 83% et anglais à 10% (langue maternelle). Dans les deux cas, la protection de la langue dominante et de la culturel a joué un rôle important à cause de leur situation géographique. Les politiques sociales, économiques et éducatives de l’État occupent aussi une place prépondérante. Dans les années 1960, tous deux ont connu d’importantes réformes en éducation et en couverture sociale. Les gouvernements successifs ont favorisé un partage équitable de la prospérité en croissance.

Les deux systèmes d’éducation comportent des éléments de centralisation : le parlement énonce les principes généraux de la politique en éducation et définit la législation et la réglementation. Les compétences du ministère de l’Éducation incluent la remise des cahiers de charge aux enseignants et l’élaboration des programmes-cadres. Les deux ont aussi des éléments de décentralisation avec des directions régionales. Au Québec, on perçoit une taxe scolaire par le biais de commissions scolaires sous la gouverne de citoyens élus. En Finlande, ce sont les communes et les municipalités qui administrent. Dans les deux cas, le personnel enseignant, de direction d’établissements et les bâtiments relèvent des autorités locales. Les enseignants sont toutefois libres de choisir leur méthode pédagogique. Les principaux appareils de pilotage des ministères de l’Éducation sont de type normatif (les mécanismes de surveillance des activités et de rencontre des objectifs prédéfinis). Par contre, on tend de plus en plus vers un pilotage à l’évaluation de la formation, menant davantage à une décentralisation. Avec la Loi de l’administration publique de 2000 au Québec, ‘’il y a un alignement stratégique encore plus important entre les ministères et les organismes de première ligne de prestation de services publics par une contractualisation basée sur une gestion axée sur les résultats’’ (MELS, 2009).

La réussite de la Finlande a exercé de fortes pressions sur son système d’éducation suite aux premières épreuves en 2000 puisqu’elle avait été une révélation internationale grandement valorisée et médiatisée. Les économistes néolibéraux dominants disaient que ses politiques et pratiques d’éducation étaient contraires à celles de l’époque. Cette réussite n’est pas tributaire de tests systématiques de la performance, mais s’inscrit dans le fondement de politiques et de pratiques reposant sur des mécaniques de régulation coopérative et d’apprentissage et sur une forte valorisation des enseignants. Il faut s’inquiéter avec l’évolution des politiques d’éducation actuelles, compte tenu que les changements d’orientations en Finlande et au Québec peuvent influencer à la négative leur système d’éducation qui ne sont pas à l’abri d’un recul.

L’auteur suggère que la réussite finlandaise est grandement attribuée à la valorisation du métier d’enseignant et à l’importance qu’on a accordée au «développement des compétences collectives» plutôt qu’exclusivement aux résultats quantitatifs. Il déplore en passant le peu de couverture médiatique au Québec qu’a suscité la bonne performance des jeunes québécois aux enquêtes du PISA, contrairement à celle des médias finlandais qui y accordent une très grande place. La haute qualité du système d’éducation finlandais a été mise en valeur par son succès alors qu’un pays comme les États-Unis sous de fortes influences néolibérales où le système d’éducation coûte plus cher, ont eu des résultats désolants aux différentes épreuves internationales, les conduisant à des tentatives successives de réformes telles No Child Left Behind (2001) et Race to the Top (2009) influencées par des groupes de pression ultraconservateurs. Au Québec, réformes, politiques et pratiques sont très similaires avec celles de la Finlande qui s’inspirent du mouvement du School improvement, encore dominant dans le système québécois, mais toutefois mais mis en péril par des politiques publiques vers une «gestion axée sur les résultats» qui relève davantage du School effectiveness. Même scénario pour la Finlande qui, pour conserver son rang dans les enquêtes PISA et sa popularité, veut maintenir sa performance et pourrait tomber dans le piège. Depuis la Loi 88 de 2008 au Québec, le ministère de l’Éducation, les commissions scolaires et les écoles doivent se lier de «contrats de performance» à indicateurs quantitatifs qui ne font pas consensus (MELS, 2009). C’est une conception de l’éducation importée des États-Unis. On tend vers une homogénéisation des politiques d’éducation malgré la différence marquée des pays, de leur histoire, leur culture, etc., qui est encouragée par des épreuves comme celles du PISA entre autres.

Selon L’auteur, «le Québec serait plus vulnérable que la Finlande à certains jeux et enjeux du pouvoir politique», notamment parce qu’il a une organisation des programmes et que l’évaluation ne relève pas comme en Finlande, d’une agence «externe» au ministère de l’Éducation, ce qui empêche une distanciation du politique de l’éducation et une autonomie conséquente. D’avoir une agence externe augmenterait grandement la capacité d’adaptation du système à mieux évoluer avec les changements en éducation et éviterait une politisation démesurée de l’éducation côté technique ou pédagogique. Contrairement à la Finlande, la couverture médiatique négative du système d’éducation québécois le protège d’un «branding» qui coûte cher à maintenir, mais pas d’une commercialisation intérieure de l’enseignement privé (26 % au Québec) qui contribue à dévaloriser l’enseignant du milieu public.

La Finlande sera bientôt aux prises avec des problèmes majeurs d’accès aux études secondaires et postsecondaires (professionnelles supérieures et universitaires) par manque d’options de formations de courte durée. Les diplômés du secondaire devront attendre de 2 à 3 ans avant d’entrer dans une université ou une polytechnique. Cela désintéresse plusieurs jeunes adultes au regard d’études postsecondaires. Au Québec, tout diplômé du secondaire et du Cégep a accès à des études universitaires, pas toujours à son premier choix, mais il a toujours accès et n’est pas mis en attente. Par contre le décrochage scolaire se produit après l’âge 15 ans, surtout chez les garçons alors que les Boomers partent pour la retraite en masse, il risque de manquer de main d’œuvre qualifiée.

 

 

PAQUIN, Stéphane et LÉVESQUE, Pier-Luc (2014). Social-démocratie 2.0 : le Québec comparé aux pays scandinaves, Presses de l’Université de Montréal, 370 pISBN (EPUB) 978-2-7606-3400-8.

 

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