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Résumé du chapitre 3 du livre Social-démocratie 2.0 : le Québec comparé aux pays scandinaves

(Résumé rédigé par Chantale Lapointe)

 

Introduction

Des réformes seront requises au Québec afin que les citoyens de cette société égalitaire puissent conserver leurs acquis.  Or, la Suède, la Finlande et le Danemark se sont trouvés dans une situation semblable dans le passé et ont connu beaucoup de succès en apportant des modifications à leur système.  En se basant sur des indicateurs économiques et sociaux, où se situe le Québec par rapport à ces pays?  Comment expliquer les différences entre le Québec et ces derniers?  Voilà les thèmes abordés par Stéphane Paquin, Luc Godbout, Pier-Luc Lévesque et Jean-Patrick Brady dans le présent chapitre.

I.  Où se situe le Québec par rapport à la Suède, à la Finlande et au Danemark?

Tout d’abord, il y a lieu de situer le Québec par rapport aux trois pays scandinaves.  Pour ce faire, trois indicateurs sont utilisés.

1.      La croissance réelle du PIB par habitant au Québec

Afin d’évaluer la croissance économique du Québec et des pays scandinaves, l’évolution du produit intérieur brut (PIB) réel par habitant entre 1989 et 2011 a été étudiée.  On note que les quatre pays ont connu une croissance, bien que celles de la Suède (41,9%) et de la Finlande  (38,5%) étaient supérieures à celles du Québec (30,9%) et du Danemark (29,7%).

2.      Le marché du travail et le taux d’activité

Les statistiques révèlent que, en 1992, le taux de la population âgée de 15 à 64 ans ayant un emploi au Danemark, en Suède, en Finlande et au Québec était respectivement d’environ 82%, 79%, 73% et 71%.  En 2009, ces taux étaient d’environ 80%, 79%, 75% et 78% respectivement.  Le Québec regagne notamment du terrain sur la Scandinavie grâce à la hausse du taux d’emploi chez les femmes, qui était bien inférieur à celui des pays scandinaves au début des années 1990 mais qui est venu le rejoindre en 2010.  De plus, dans la première moitié des années 1990, une baisse du taux d’emploi féminin a été notée en Scandinavie.

3.      Les inégalités

Les inégalités dans les quatre nations ont été étudiées en utilisant le coefficient de Gini, un coefficient variant de zéro (pays parfaitement égalitaire) à un (pays parfaitement inégalitaire) où, en réalité, après impôts et transferts, un pays fort inégalitaire se situe à environ 0.6 et un pays fort égalitaire, à environ 0.25.  À la fin des années 2000, bien que le coefficient du Québec avant impôts et transferts fasse bonne figure par rapport aux pays scandinaves (0.449 au Québec contre une moyenne de 0.435 du côté scandinave), la Scandinavie fait mieux après impôts et transferts (0.303 pour le Québec contre une moyenne de 0.255 pour les pays scandinaves).  La Scandinavie assure donc une meilleure redistribution des revenus.

II.  Comment expliquer les différences?

Comment expliquer les écarts de performance économique et d’inégalité des revenus entre les pays scandinaves et le Québec?  Afin de répondre à cette question, six facteurs sont analysés.

1. L’éducation

Contrairement à une idée populaire, il n’a pas été démontré que le haut niveau d’éducation des Scandinaves explique les écarts notés entre le Québec et la Scandinavie.  Il est vrai que le financement de la recherche et du développement par rapport au PIB est supérieur dans les pays scandinaves et que la proportion des investissements provenant du privé y est plus importante.  Toutefois, il est tout aussi vrai que, en 2008, le taux des personnes âgées de 25 à 64 ans détenant un diplôme universitaire était sensiblement le même dans les quatre nations, variant entre 20% et 25%.  Aussi, bien qu’il soit difficile de déterminer si la qualité de l’enseignement universitaire est supérieure en Scandinavie, force est de constater que les étudiants du Québec âgés de 15 ans font bonne figure par rapport aux Scandinaves dans les tests du Programme international pour le suivi des acquis des élèves de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE).

2. Le travail et la productivité

Bien que les quatre nations travaillent sensiblement le même nombre d’heures par année, on constate que le PIB par heure travaillée est beaucoup plus élevé en Scandinavie (entre 47.9$US et 51.3$US en Scandinavie contre 42.5$US au Québec).  La productivité au Québec est donc moindre qu’en Scandinavie.  De plus, le nombre élevé de brevets déposés par la Suède et la Finlande témoigne du caractère innovateur de ces pays, un aspect que pourrait améliorer le Québec.

3.      Les exportations

On constate que le solde commercial des pays scandinaves a pratiquement toujours été positif entre 1990 et 2010 (seule la Finlande a connu deux années légèrement déficitaires).  Or, sur cette même période, le Québec a pour sa part connu une majorité d’années déficitaires.  La dépendance du Québec au pétrole a un impact considérable sur les importations du Québec alors que l’exportation aux États-Unis se montre ardue.  Le Québec doit trouver moyen de rendre ce solde positif.

4.      L’équilibre budgétaire

En 1993, les déficits budgétaires de la Suède, de la Finlande et du Canada en fonction de leur PIB étaient de 11.2%, 8.3% et 8.6%.  Entre 1997 et 2008, le solde financier moyen était de +1.1%, +3.3% et +1.0% respectivement, celui du Danemark étant de +2.0%.  Bien que le Canada ait amélioré ses finances publiques, les pays scandinaves ont fait preuve d’une plus grande rigueur budgétaire et la réforme au sein de leur État a été plus importante qu’au Canada.

5.      La gestion de la dette

À titre indicatif, en 2009, la dette des pays scandinaves en fonction de leur PIB se situait entre 51% et 52%, alors que celle du Canada était d’environ 84%.  La moyenne des pays de l’OCDE était de 92.5%.  Pour ce qui est du Québec, bien que plus difficile à évaluer étant donné qu’il ne s’agit pas d’un pays souverain et que les données ne figurent donc pas parmi celles de l’OCDE, il est évalué qu’elle se situait alors entre 85% et 94%. Un résultat bien au-delà de ceux des pays scandinaves.

6.      Les dépenses publiques et la taille de l’État

Entre 1990 et 2005, les dépenses publiques des trois pays scandinaves en fonction de leur PIB ont diminué de 19%, 21% et 25%, contre 16% pour le Canada.  Dans les pays scandinaves, cette réduction est surtout liée à une baisse des effectifs dans le secteur public.  La déréglementation des marchés publics, la sous-traitance au privé et la concurrence entre des filiales du public avec le privé sont autant de stratégies ayant été utilisées pour réduire les dépenses publiques et la taille de l’État.

Conclusion

Le Québec a tout intérêt à étudier les réformes ayant pris place dans les pays scandinaves, qui constituent des exemples en ce qui concerne la croissance économique et la redistribution des richesses.  De plus, ces États font preuve de grande transparence et veillent à lutter contre la corruption.  La confiance élevée des Scandinaves envers leur État se traduit souvent par une meilleure acceptation des réformes et des mesures prises par ce dernier (ex. : hausse de taxes) comparativement au Québec, où la perception qu’ont les Québécois de leur gouvernement n’a rien de reluisant.

 

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PAQUIN, Stéphane et Pier-Luc LÉVESQUE (2014).  Social-démocratie 2.0 : le Québec comparé aux pays scandinaves, Presses de l’Université de Montréal, pages 75-96, ISBN (papier) 978-2-7606-3398-8, ISBN (PDF) 978-2-7606-3399-5, ISBN (EPUB) 978-2-7606-3400-8.

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