Résumé (2 de 2) de la préface du livre Social-démocratie 2.0 : le Québec comparé aux pays scandinaves
(Résumé rédigé par Chantale Lapointe)
Dans la préface rédigée par Pierre Fortin, on observe plusieurs similarités entre le Québec et les pays Scandinaves : la noirceur et le froid en période hivernale, certes, mais aussi des ancêtres communs, des populations de tailles comparables et une approche égalitaire en matière de gestion publique, pour ne nommer que celles-là. Mais quelles sont les ressemblances et les différences entre le Québec et trois des pays scandinaves (la Suède, le Danemark et la Finlande) en ce qui a trait à la gestion publique? Quelles leçons peut tirer le Québec de ces pays socio-démocrates? Afin de répondre à ces questions, une quinzaine d’auteurs ont mis la main à la pâte pour rédiger les seize chapitres du livre Social-démocratie 2.0 : le Québec comparé aux pays scandinaves.
Le chapitre 1 s’attarde sur le modèle social-démocrate que l’on retrouve en Scandinavie, les principaux engagements à sa base et les impressionnantes retombées qu’il a connues, notamment en ce qui concerne la croissance économique, la justice sociale et l’efficacité dans le secteur public. Le chapitre 2 vient ajouter une composante au modèle : la mondialisation. On démontre que, contrairement à une idée répandue, le modèle social-démocrate peut très bien survivre à ce phénomène, notamment grâce à la variation du taux de change et à la bonne gestion des risques économiques et sociaux.
Le chapitre 3 traite des différences et des similitudes entre les trois pays scandinaves et le Québec. À l’aide d’indicateurs (croissance économique, emploi et inégalité du revenu), on situe d’abord le Québec par rapport aux pays scandinaves. Ensuite, on discute de certaines différences pour tenter de les expliquer (ex. : éducation, productivité, exportations, finances publiques).
Deux chapitres apportent quant à eux une composante historique au modèle social-démocrate. En effet, le chapitre 4 se concentre sur les fondements historiques du modèle suédois et l’influence qu’a eue le Parti social-démocrate de la Suède, qui a dirigé le pays de 1932 à 1976, sur ce modèle. Le chapitre 5 se penche sur la concertation syndicat-patronat-État et sur un « […] modèle de négociation […] basé sur les hausses de salaire dans le secteur compétitif exposé à concurrence internationale.» (Paquin et Lévesque, 2014, p. 9) On mentionne que les diverses parties impliquées dans les négociations se montrent fort sensibles aux conséquences macroéconomiques de leurs décisions, une attitude que le secteur public québécois aurait intérêt à adopter.
Trois chapitres traitent d’aspects politiques. Le chapitre 6 porte sur le développement des compétences civiques, un phénomène important en Scandinavie et peu présent au Québec. Ce développement est notamment possible grâce à l’éducation citoyenne, les cercles littéraires, les médias et les librairies populaires. Le chapitre 14 s’attarde sur les femmes et la représentation parlementaire, plus importante en Scandinavie qu’au Québec. Les principales raisons expliquant cette différence reposent sur le fait que les femmes scandinaves détiennent le droit de vote depuis plus longtemps que les Québécoises et qu’elles seraient avantagées par le mode de scrutin proportionnel ainsi que par la présence de mouvements et de partis féministes. Le chapitre 16 discute de l’impact de la montée des appuis aux mouvements et partis d’extrême droite, une réalité à laquelle doit faire face la social-démocratie en Scandinavie.
Le chapitre 7 avance que le Québec pourrait s’inspirer de la Scandinavie pour réformer sa fiscalité. En Scandinavie, « on ne cherche pas à jouer à Robin des bois – prendre aux riches pour donner aux pauvres. On redistribue plutôt la richesse en égalisant l’accès des classes sociales aux services publics. » (Paquin et Lévesque, 2014, p. 10-11) Pour y parvenir, on fait notamment appel à la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) sociale. Dans le chapitre 8, il est d’ailleurs question de la TVA au Danemark, où les taxes à la consommation élevées viennent pratiquement complètement remplacer les cotisations sociales.
Le chapitre 9 se penche sur la gouvernance pétrolière au Québec et en Norvège. On y mentionne que l’État norvégien a initialement fait appel à des compagnies privées pour exploiter des gisements de la mer du Nord, mais qu’il a ensuite pris la relève. Une part importante des revenus issus de cette ressource sont investis à l’étranger afin de protéger le marché manufacturier d’une devise trop forte, mais, aussi, pour léguer une partie des revenus aux générations à venir.
Deux chapitres s’attardent sur la solidarité sociale. Le chapitre 10 porte sur les systèmes de retraite québécois et suédois. En effet, en Suède, on note un plus haut taux de cotisation au régime de retraite public qu’au Québec, soit 18,4% depuis 1994 contre un taux attendu de 10,8% en 2017 au Québec. Le taux de remplacement du salaire des citoyens y est également plus important : 60%, contre un taux de 25% au Québec. Toutefois, contrairement à la Suède, on trouve au Québec de nombreux régimes de retraite d’employeurs. Malheureusement, une minorité de travailleurs en bénéficient. Le chapitre 15 discute quant à lui de la lutte contre la pauvreté au Québec. On y affirme qu’entre le début des années 1990 et le milieu des années 2000, le taux de pauvreté des familles québécoises monoparentales et biparentales a diminué. Toutefois, alors que le taux des familles biparentales avait rejoint les taux scandinaves (environ 2.5%), celui des familles monoparentales était de 25%, un taux beaucoup plus élevé que le taux moyen des pays scandinaves (moins de 10%).
Enfin, trois chapitres sont consacrés au système d’éducation. Le chapitre 11 précise que sept universités scandinaves se taillent une place parmi les 100 premières dans un classement international émis par l’université Jiao Tong de Shanghai, contre une seule au Québec (McGill). Les universités scandinaves se démarquent notamment en recherche, sont souvent dotées d’une vocation internationale prononcée et comportent habituellement de nombreux établissements spécialisés. Le chapitre 12 traite de la réforme du modèle universitaire suédois dans les années 1990, dont le contrôle étatique a fait place à une supervision et à une reddition de compte basée sur des contrats de performance. Le chapitre 13 se concentre sur les excellents résultats obtenus par les Québécois et les Finlandais de 15 ans en mathématiques et en lecture lorsqu’évalués en 2012 dans le cadre de l’enquête du Programme international pour le suivi des acquis des élèves de l’Organisation de coopération et de développement économique. On suggère que le Québec aurait intérêt à s’inspirer de la Finlande et à mettre sur pied une Commission externe indépendante responsable de l’éducation au primaire et au secondaire, éloignant ainsi l’éducation du politique.
En conclusion, le Québec peut tirer de belles leçons des pays scandinaves et de leur approche sociale-démocrate. Pourquoi ne pas s’inspirer de ces peuples pragmatiques qui considèrent que le bien commun est la responsabilité de chacun, d’autant plus qu’ils connaissent du succès, tant au niveau social qu’économique?
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PAQUIN, Stéphane et Pier-Luc LÉVESQUE (2014). Social-démocratie 2.0 : le Québec comparé aux pays scandinaves, Presses de l’Université de Montréal, pages 7-14, ISBN (papier) 978-2-7606-3398-8, ISBN (PDF) 978-2-7606-3399-5, ISBN (EPUB) 978-2-7606-3400-8.
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Vu éré 2015