LE LOISIR MUNICIPAL, AU CŒUR DU DÉVELOPPEMENT DES VILLES DE DEMAIN ?
Selon le Livre blanc municipal 1 produit par l’Union des municipalités du Québec (UMQ) en 2012, tout porte à croire que l’administration publique municipale, particulièrement le secteur de la culture, du loisir et de la vie communautaire, aura une place de choix dans la gestion des municipalités de demain. D’entrée de jeu, le Livre blanc énonce une vision qui s’apparente à celle des administrateurs en loisir, à savoir que « la municipalité de demain contribue à la fierté et au sentiment d’appartenance de sa population, tout en étant ancrée dans les valeurs démocratiques et de solidarité qu’elle partage avec les municipalités québécoises de toutes tailles ».
La double proximité des administrateurs municipaux
Tout comme le développement durable où le respect de chacune des sphères (social – environnement – économique) est essentiel à la réussite de sa définition, l’administrateur municipal, quant à lui, représente l’une des pièces essentielles du « casse-tête » de l’organisation municipale puisqu’ils apportent une dimension singulière. De par sa proximité avec les citoyens, l’administrateur municipal développe une unicité propre à sa communauté et conséquemment, les citoyens peuvent se reconnaitre plus facilement au sein de leur organisation municipale. De cette manière, les citoyens développent une plus grande fierté d’appartenance et devient plus facilement solidaires aux enjeux locaux.
Cette connaissance du « comportement citoyen » associé à la dynamique locale, tels la vie démocratique, l’usage des parcs, l’animation culturelle et la pratique d’activités familiales, est une expertise que les intervenants de l’administration municipale possèdent aussi en raison de leur double proximité 2. En effet, le croisement de la proximité des citoyens en lien avec la proximité des élus municipaux amène des défis de conciliation non négligeables au sein des opérations municipales. À titre d’instance décisionnelle, les conseils municipaux orientent leurs décisions en fonction des recommandations de l’administration publique, mais aussi, en fonction de leur vision et de leur perception du besoin des citoyens qu’ils représentent. Cette particularité administrative peut donc créer certaines tensions internes puisque la perception des besoins peut être comprise différemment entre les élus et les administrateurs municipaux. La conciliation de cette double proximité devient donc un enjeu pour les administrateurs publics afin d’assurer une meilleure réponse aux besoins des citoyens et surtout, pour assurer la singularité de leur milieu de vie.
Une singularité à quel niveau ?
Mais jusqu’où faut-il aller dans cette singularité ? Dans un contexte de mondialisation, où l’ensemble des administrations municipales doit s’adapter constamment aux évolutions sociotechniques, tout en répondant à la croissance des exigences provenant des différents ministères du gouvernement, sans compter les enjeux sociaux ou environnementaux qui dépassent parfois les bornes territoriales et qui confrontent les municipalités malgré eux dans leur réalité, comment veiller à ce que la cohésion et la vitalité régionales puissent assurer un niveau de vie adéquat pour les municipalités qui ont des enjeux totalement locaux ? Comment la singularité locale d’une municipalité peut favoriser un mode de vie bénéfique à l’occupation du territoire régional ?
Voilà une série de questions complexes dont les enjeux restent majeurs, mais où les réponses ne peuvent être pures et absolues. Mais à travers cette complexité, l’administrateur public doit trouver des solutions et en tirer profit pour le bénéfice public. De cette manière, la double proximité (citoyen / élus) devient donc un avantage considérable dans l’administration publique municipale.
La démocratie participative – un fondement conforme au loisir municipal
À ce titre, l’administrateur municipal en loisir peut se démarquer. Il fait des liens, met sur pied des comités de travail, réunit des gens de divers horizons autour d’une même table, marie expérience et connaissances pour mettre à profit les compétences de tout un chacun parce qu’il n’a pas de modèle sur mesure. Le modèle québécois en loisir public n’a aucune loi, aucun décret 3. Rares sont les règlements municipaux qui définissent ou encadrent les structures de fonctionnement précis, d’un système de production de biens et de services en loisir public. Mais l’Association québécoise du loisir municipal, dans le cadre d’un projet d'énoncé de politique du loisir au Québec, propose et défini trois principes sous-jacents au développement du loisir public 4:
1)Le citoyen est et doit être l'acteur principal de son loisir.
2)La maîtrise d'oeuvre en loisir doit être confiée au niveau le plus près du citoyen, c'est-à-dire à sa communauté locale.
3)La qualité de vie du citoyen repose sur une mise en commun de toutes les ressources dont peut disposer la communauté
Il faut donc comprendre que l’offre de service en loisir est produite majoritairement par la société civile et non par la municipalité. L’administrateur en loisir soutien et favorise le déploiement de cette offre de service en maximisant les ressources publiques disponibles. Ainsi, lors de l’aménagement d’un parc ou d’un plateau sportif, il est courant de voir un intervenant en loisir se retrouver au sein d’une équipe d’ingénieurs, d’urbanistes et d’architectes en raison de sa connaissance sur la pratique d’activité de loisir. Maintenant, non seulement cette notion est requise, mais il devient essentiel de le voir aussi en amont des projets domiciliaires, des plans d’urbanisme ou même à la planche à dessin de certains chantiers d’infrastructures, puisqu’il capte une dimension importante au sein l’administration publique, celle des besoins de la population à desservir.
Grâce aux mécanismes de concertation et de participation citoyenne existants, la démocratie municipale se distingue de façon originale de son pendant fédéral ou provincial.5 Par le truchement de leurs politiques d’intervention sociales en loisir et en culture, les administrateurs du loisir municipal impliquent les citoyens et reçoivent constamment, soit à titre individuel, soit comme membre d’association civique, des points de vue de citoyens bénévoles (ou non) qui participent à l’animation de la vie collective locale. Leurs points de vue, qui traitent de sujets aussi divers qu’il y a de champ d’intervention municipale, se retrouve ainsi entre les mains des administrateurs du loisir municipal et peuvent être favorablement exploités pour le bénéfice de l’organisation municipale.
Enfin, si la démocratie participative est porteuse de la capacité d’agir d’une municipalité, ses administrateurs en loisir public deviennent une pièce indispensable du casse-tête que constitue le développement des villes de demain!
PAR BENOÎT SIMARD, RÉCRÉOLOGUE (Blogue #2)
1 Union des municipalités du Québec (2012), Livre blanc municipal – L’avenir a un lieu, http://www.livreblancmunicipal.ca.
2 MICHAUD. N. et coll. (2011) Secrets d’États?, chapitre 25, page 600
3 THIBAULT. A. (2006) Le loisir public et civil au Québec, chapitre 3, page 126
4 http://www.loisirmunicipal.qc.ca/userfiles/file/1.3-Texte_fondateur.pdf
5 MICHAUD. N. et coll. (2011) Secrets d’États?, chapitre 25, page 593
Commentaires
Benoit nous fais réfléchir en effet sur l'importance du facteur loisir dans nos milieux de vie.