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DISPARAÎTRE OU ÊTRE ASSASSINÉES DANS L’INDIFFÉRENCE DU GOUVERNEMENT CANADIEN : LE TRISTE SORT DE 1181 FEMMES AUTOCHTONES.

par Brigitte Ste-Marie

 

On les surnomme les filles invisibles. Elles ont fait l’actualité quelques fois, mais sans plus. En 1980, les femmes autochtones représentaient 9% des victimes d’homicides canadiennes. En 2012, alors qu’elles ne constituaient que 4% des femmes au Canada, elles représentaient près du quart des femmes assassinées. Le nombre de femmes assassinées est en baisse au Canada, mais pas chez les femmes autochtones. (GRC (2014))

 

Des faits troublants et très préoccupants. Pour l’Organisation des Nations Unies, pour Amnistie internationale, pour les regroupements de femmes autochtones, pour Human Rights Watch Canada… (Elkouri 2014). Vous avez bien lu : l’ONU a bel et bien mandaté 2 enquêteurs au Canada en 2013 à ce sujet. Ces enquêteurs, Nicklas Bruun et Barbara Baileyont écrit dans leur rapport  : «La violence infligée aux femmes autochtones prend souvent sa source dans les profondes inégalités socioéconomiques et dans la discrimination à laquelle leurs communautés font face, qui remontent à l'époque de la colonisation». (Agence France-Presse Genève; rapporté par La Presse, 6 mars 2015). Gênant pour un pays ayant incorporé à sa constitution une Charte des droits et libertés. Gênant pour un pays ayant adhéré à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.

 

Ces organismes ci-haut mentionnés réclament une commission d’enquête publique afin de comprendre la marginalisation vécue par ces femmes (et leurs communautés) et rétablir leurs droits bafoués.

 

En 2013, une commission parlementaire spéciale a été mise sur pied et a rédigé un rapport. Les néo-démocrates et les libéraux (entre autres) ont dénoncé la version finale du rapport, en 2014. .Une version finale « édulcoré », tel que rapporté par Radio-Canada au printemps dernier. Mais les conservateurs au pouvoir persistent et signent : c’est un refus catégorique à une commission d'enquête publique. Ces crimes sont des crimes comme les autres, laissons la police faire son travail, point à la ligne, dixit le gouvernement fédéral actuel. Le travail de la GRC auprès des autochtones est par ailleurs ouvertement critiqué.

 

Pourquoi une commission d’enquête publique?

 

Une commission d’enquête publique nous permettrait de comprendre la nature systémique de ce haut taux de prévalence de disparitions ou assassinats et voir au-delà du crime : pauvreté, violence, agressions sexuelles, toxicomanie, etc. Les peuples autochtones doivent être impliqués dans ce processus plus approfondis et participer aux solutions. Accompagnons-les dans leur quête d’autonomie, dans le développement de leurs ressources humaines. Comme le mentionnait prof Trudel, une nation qui n’a pas les moyens de développer ses ressources humaines se retrouvent aux prises avec des problèmes sociaux divers.

 

Les représentantes de la Mission permanente du Canada à l’ONU, rencontrées à NY par notre classe le 20 mars dernier, nous ont mentionné l’importance d’utiliser les médias pour continuer à exercer de la pression sur le gouvernement canadien. Sommes-nous prêts à le faire? Et si toutes proportions gardées, ces femmes étaient blanches? Nous serions probablement tous dans la rue à dénoncer ce phénomène. Le gouvernement de Stephen Harper n’a pas le monopole de l’indifférence.

 

« Qui se soucie de nous qui avons la peau brune? Est-ce que ça intéresse quelqu’un? J’aimerais bien le savoir. Parce que c’est un meurtre. Et ces deux hommes sont toujours en liberté, libres de torturer d’autres personnes. Où est la justice pour notre peuple? Elle n’existe tout simplement pas, n’est-ce pas?

(Brenda Bignell, témoigne au nom de sept membres de sa famille disparus ou assassinés-Rapport de la commission parlementaire spéciale (2014), p.14). »

« Lorsque je vois une autre mère, un autre enfant, un autre frère, un autre fils porté disparu ou assassiné ici au Canada, il me semble que tout le monde se fiche des gens comme nous à la peau foncée. Tout le monde s’en fiche. On doit se débrouiller seul. […] Nos enfants sont ciblés […] Il faut arrêter cela. Je vous implore. Il y a longtemps, longtemps que je le fais. Je vous implore de nous soutenir. Faisons du vacarme et changeons la situation au Canada.

(Susan Martin, mère de Terrie Ann Dauphinais assassinée le 29 avril 2002 à Calgary Rapport de la commission parlementaire spéciale (2014), p.14) »

 

 

RÉFÉRENCES

 

 

AGENCE FRANCE-PRESSE (2015) L'ONU exige une enquête sur les femmes autochtones violentées dans La Presse (page consultée le 10 mars 2015) (en ligne)

http://www.lapresse.ca/actualites/national/201503/06/01-4850016-lonu-exige-une-enquete-sur-les-femmes-autochtones-violentees.php

 

AMNISTIE INTERNATIONALE (2014) Le programme politique du gouvernement du Canada n’est pas à la hauteur sur le plan des droits humains dans Actualités et communiqués, (page consultée le 25 mars 2015) (en ligne)

http://www.amnistie.ca/sinformer/communiques/local/2014/canada/programme-politique-gouvernement-canada-nest-pas-hauteur

 

COMITÉ PARLEMENTAIRE SPÉCIAL (2014) Femmes invisibles : un appel à l’actionUn rapport sur les femmes autochtones portées disparues ou assassinées au Canada (document pdf consulté le 15 février 2015)  (en ligne)

http://www.acatcanada.org/download/412_IWFA_Rpt01-f.pdf

 

ELKOURI, Rima (2014), Les filles invisibles dans La Presse (page consultée le 1er février 2015) (en ligne)

http://www.lapresse.ca/debats/chroniques/rima-elkouri/201405/07/01-4764353-les-filles-invisibles.php

 

GENDARMERIE ROYALE DU CANADA (2014) Les femmes autochtones disparues et assassinées : Un aperçu opérationnel national (document pdf consulté le 25 février 2015) (en ligne)

http://www.rcmp-grc.gc.ca/pubs/mmaw-faapd-fra.pdf

 

HUMAN RIGHTS WATCH CANADA (2013) Ceux qui nous emmènent : Abus policiers et lacunes dans la protection des femmes et filles autochtones dans le nord de la Colombie-Britannique, (document pdf consulté le 24 février 2015) (en ligne)

http://www.hrw.org/sites/default/files/reports/canada0213fr_forinsertWebFull.pdf

 

MISSION PERMANENTE DU CANADA À L’ONU, rencontre avec la mission universitaire de l’ENAP le 20 mars 2015 à New York.

 

RADIO-CANADA ET LA PRESSE CANADIENNE Pas d'enquête publique sur les femmes autochtones assassinées dans Politique (page consultée le 23 février 2015) (en ligne)

http://ici.radio-canada.ca/nouvelles/politique/2014/03/07/001-autochtones-violences-rapport.shtml

 

 

TRUDEL, Rémy (2015) : notes du cours Principes et enjeux de l’administration publique ENP 7505

Commentaires

  • Une tragédie en effet Mme Brigitte. L'urgence d'agir.

  • C'est révoltant. Nous qui pronons l'inclusivité de notre société choisissons de fermer les yeux sur cette tragédie

  • Pour un pays qui se veut ouvert et à l'avant-garde de la protection et du respect des droits fondamentaux c'est scandaleux. Belle amorce d'une dénonciation en tout cas Brigitte!

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